JOURNAL D'YPRES ET DE L ARRON DISSE1IENT.
Vires acijuirit eundo.
INTÉRIEUR.
Maurice.
ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 3 francs 50 c. Provinces, 4 francs.
INSERTIONS: Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne 50 centimes.
Le Progrès parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
YPRES, le 30 Septembre.
La fin des vacances approche, il y a redoublement
de calomnies, d'attaques injustes, d'assertions mensongè
res l'encontre du collège communal. Un facétieux cor
respondant du Journal des Bazilcs s'est chargé de cette
sale besogne. Il est singulier de le voir patauger dans les
calculs les plus fantastiques pour prouver que le collège
communal coûte la ville 15,850 francs, et pour y par
venir, il entremêle le subside accordé par l'état avec celui
de la ville et le produit du minerval. Pour la vingt-ct-
unicmc fois, nous allons convaincre le Journal des Bazi-
les, ses rédacteurs et ses correspondants effrontés, de
flagrant délit de mensonge. La ville fournit au collège
un subside de 11,850 francs. Le minerval produit une
somme de 4,000 fr. et l'état accorde un subside de 3,000 fr.
Totall8,850 fr. Il s'en suit que le collège communal ne
reçoit delà caisse communale que 11,850 francs. Mais le
roué correspondant du Journal des Baziles conteste
la véracité des chiffres il sait comment le clergé sait
grouper les chiffres et nicme les escamoter quand il tient
soutirer de l'argent h l'autorité civile, et il suppose gra
tuitement que tout le monde agit avec cette mauvaise
foi propre aux jésuites et aux rats d'église. On a beau con
tester l'exactitude des revenus du collège, il n'en est pas
moins -certain «pie le-produit du minerval a été de plus
de quatre mille francs par an, et si quelqu'un veut s'en
assurer, il peut trouver au secrétariat de la régence et
chez le receveur de la ville, les preuves de cette alléga
tion. Quant aux boursiers qui sont admis au collège
communal, de tout temps cela a été pratiqué et c'est
une mesure éminemment populaire. Le conseil communal
fixe le nombre de bourses, le collège échevinal les con
fère, et jamais on n'a senti le besoin de recourir b la
Loye pour peupler le collège communal, et nous défions
le correspondant de prouver la fausseté de ce que nous
avançons.
Mais cet aimable correspondant, dont la spécialité
paraît être de dénicher des pensionnaires pour
Charentonvoudrait-il nous faire connaître le budget du
collège épiscopalle nombre de sujets qui y sont admis
pour rien, d'autres reçus prix réduit, et serait-il assez
complaisant de faire connaître, non pas fictivement, mais
avec les pièces l'appui, les ressources de cette institu
tion Quand on daigne s'occuper avec tant de sollicitude
du collège communal, on ne peut trouver mauvais que
des pèresde famille dont nous sommes l'organe, manifestent
le vœu d'être un peu plus éclairés sur l'administration et la
direction du collège épiscopal. Mais il est probable que
le charmant correspondant serait le premier trouver ces
VII. L'ÉTOILE OU MARI. (Suite.)
A ce cri insensémais qui partait du cœurcette
action aussi imprudente qu'imprévue, Amélie tressaillit
ses lèvres si fraîches et si vermeilles devinrent blanches
et tremblèrent; ses joues se couvrirent d'une pâleur mor
telle, et elle fut obligée, pour se soutenir, de s'appuyer
sur la table qui était près d!cllc. Mais cette émotion si
vive et si poignante ne dura qu'un instant comme si la
noble femme eût puisé dans le sentiment de ses devoirs
une force surnaturellecomme si elle eût recommandé
aux battements de son cœur et au trouble de ses traits
ses joues reprirent leurs vives couleurset son frontsa
fierté. Regardant le coupable prosterné ses genoux
Monsieur, lui dit-elle avec dignité, vous êtes l'ami
de mon mariil ne saura rienni moi non plusde cet
accès de folie; tâchez vous-même de l'oublier, sinon ne
me revoyez jamais
Et elle sortit du boudoir laissant le malheureux Maurice
accablé de honte et de douleur. Il y resta quelques mi-
exigcnces outrecuidantes et répondrait brutalement ces
curieuxqu'ils n'ont rien y voir.
C'est un parti pris chaque rentrée des classes, de
publier et de propager que le collège communal décline
ne se soutient que par l'argent, etc., et d'autres fariboles
qui servent tromper les parents sur la valeur réciproque
des deux institutions d'instruction moyenne. Il est cepen
dant avéré que le collège communal depuis cinq ans, a
toujours vu augmenter progressivement le nombre des
élèves et, nous le répétons, la centaine sera dépassée pour
l'année scolaire 1848 49.
Libre au correspondant du journal clérical de prôner
l'instruction qu'on donne dans les établissements ecclé
siastiques, nous n'avons rien en dire, pour un bon motif,
c'est que personne n'est admis la juger et que les résul
tats n'en sont point du tout brillants. Si le collège de
Poperinghe a produit deux bons élèves, ce que nous
sommes loin de contesternous devons aussi ajouter que
ce sont les seulsqui aient fait leur chemin parmi tous
ceux formés dans cettp institution depuis son existence.
En finissantnous devons l'avouer que nous ne pou
vons concevoir comment nos adversaires ne comprennent
pas le tort qu'ils se font, en répétant toujours les mêmes
assertions fausses toujours réfutées. 11 fut un tempsoù
pareille tactique avait un succès merveilleuxmais au
jourd'hui on ne s'y laisse plus prendreet ce qui le
prouvec'est que chaque année des élèves du collège de
S1 Vincent de Paul quittent coUcjnstitution, pour con
tinuer leurs études au collège communal. Si une certaine
contrainte n'était exercée sur grand nombre de pères de
famille, il y a longtemps que le collège ecclésiastique au
rait cessé d'existerfaute d'élèves.
Le Propagateurdans son numéro du 26 Août dernier,
avait qualifié d'illégale, la nomination de M. Amand
Laheyne, comme médecin adjoint de la garde civique de
cette ville, parce qu'il n'était pas diplômé docteur en
médecine.
La dépêche de M. le Ministre de l'intérieur du 31 Août
dernier, 2° d°, n° 42,799, vient de donner cette asser
tion aussi maladroite que ridicule, une éclatante désap
probation, en maintenant Ypres comme dans les autres
localités, le choix dont on a cru dignes les sujets diplômés
par les commissions médicales provinciales.
Si ces derniers ont parfois le déplaisir de rencontrer
des dépréciatcurs avides, ils ont en revanche la satisfac
tion de trouver parmi les hommes qui nous gouvernent
des arbitres équitables aplanissant les tracasseries qu'on
leur suscite.
A l'égard de M. Laheynenous sommes heureux de
répéter que nous avons accueilli favorablement sa nomina
tion comme médecin de notre milice citoyenne, assurés
que nous sommes que par son expérience, fruit d'une
carrière honorable, il suppléera amplement la modestie
de ses titres.
nutes insensible et muet, ne trouvant pas une plainte, et
persuadé que, parvenu au dernier degré de l'infortune,
rien ne pouvait y ajouter désormais. Il se trompait. Des
pas se firent entendre. C'était Alfred G... qui entrait vi
vement dans le boudoir.
Relève-toi, Maurice, relève-toi, et prépare-toi
l'orage qui te menace.
Que veux-tu dire?
On t'a vunous étions làdans le jardinfumer
nos cigareset le baron avec nous.
Tant mieux s'écria Maurice avec rage, tant mieux
il va me demander raison... c'est ce que je veux.
Lui il est ravienchanté et plus glorieux que ja
mais, ce n'est pas avec l'épée qu'il songe t'attaquer, c'est
avec ses plaisanteriestu sais quelle est leur trempe: ne
lui donne pas, lui, ainsi qu'à nos compagnons, la joie de
te voir confondu et accablé comme tu l'es en ce moment.
Allons, du cœur, du courage! ncsuis-jc pas là, moi, un
camaradeun barbistc je ne t'abandonnerai pas dans le
danger; mais pour braver celui-ci, il faut aller au-devant
de leurs plaisanteries et les défier le premier.
Correspondance.
Poperinghe, 39 septembre 1848.
Monsieur le rédacteur du Progrès
Nous avons l'honneur de vous adresser l'article suivant
avec prière de vouloir bien l'insérer dans votre n° de
dimanche prochain
Dans une précédente lettre, nous vous avons entretenu
de l'état pitoyable de l'enseignement moyen Poperinghe
encore si arriéré en comparaison du progrès réalisé sous
ce rapport dans d'autres villes; nous avons indiqué som
mairement les améliorations que l'opinion publique ré
clame ce sujet, et nous avons fait voir que cet état si
regrettable pour l'émancipation future de notre cité, n'est
que le résultat de l'impardonnable incurie de nos magis
trats qui croient avoir satisfait tous leurs devoirs, lors
qu'ils ont voté quelque subside en faveur du collège, sans
se soucier- le moins du monde si l'instruction qu'on y
donne répondra aux vœux et aux besoins de la généralité
de leurs administrés. Cet abandon coupable et cette né
gligence complète de ses intérêts moraux n'est pas le seul
reproche fondé, que la ville de Poperinghe soit en droit
de faire l'administration actuelle ses intérêts matériels
ne sont pas mieux sauvegardés, ni en moins grande souf
france. Nous nous dispenserons de nous occuper ici de la
situation précaire de nos finances, et des charges oné
reuses qui ont pesépendant trois années consécutives
sur les habitants de cette villepar suite de l'exécution
forcée d'une œuvre impossible l'extirpation de la men
dicité) entreprise sous prétexte d'ordre et de philanthropie,
malgré l'avis contraire de personnes éclairéesqui n'y
voyaient qu'une épreuve ruineuse pour leurs concitoyens.
Il nous suffira de dire que la classe bourgeoise s'en est
tellement ressentie qu'il sera désormais difficile pour ne
pas dire impossible, de lui imposer de nouveaux sacrifices
en vue de rétablir l'équilibre rompu entre les dépenses
toujours croissantes du budget et les recettes dont les
sources tarissent tous les jours. Pour le moment nous
allons vous entretenir avant tout, de quelques gravesjabus,
et qu'on peut juste titre appeler scandales, qui se com
mettent impunément ici dans l'administration «les travaux
publics.
On s'est toujours étonné, et tout le monde en a fait
l'observation, que les travaux publics au lieu d'être mis
en adjudication, comme cela se pratique partout, soient
constamment exécutés la tâche, et il est surtout remar
quable que l'économie qu'on fait valoir ici comme la
seule raison de cette différente manière d'agir, soit préci
sément le motif qu'on invoque ailleurs en faveur de l'ad-
Maurice, étourdi du nouveau coup qui le frappait, avait
peine reprendre ses sens.
Quoi disait-il son ami en balbituant, on m'a vu?
Oui, par la fenêtre du boudoir, qui était éclairé,
on t'a vu tomber aux genoux de Mme d'IIavrecourt et
celle-ci, avec la dignité d'une femme offensée, te faire de
la main un geste majestueux et dédaigneux qui voulait
dire: Vous perdez votre temps, mon cher ami. Et elle a
raisonpoursuivit Alfred avec chaleur, je t'en avais pré
venu depuis longtempsil n'y a rien faire de ce côté
laisse là cette prude et cette bigotemoque-toi d'elle et
de son marien commençant par celui-ci.
Oui, oui, tu dis vrai, reprit Maurice, qui sentait
le sang lui remonter avec force la tête et au cœur. Oui
c'est une duperie qu'un amour véritable. On ne réussit
rien quand on est vertueux et honnête; voyez plutôt le
baron tout lui sourit, rien ne résiste son étoile. Par
bleu! continua-t-il avec rage, je veux faire comme lui,
je veux essayer aussi du vice et de la débauche, et mon
trer la fortunequi les protègeque moi aussisi je
voulais, je serais digne de ses faveurs.