JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N° 77 G. 8e Année.
Jeudi, 12 Octobre 1848.
Vires acquint eundo.
INTÉRIEUR.
Maurice.
ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 3 francs 50 c. Provinces, 4 francs.
INSERTIONS: Annonces, la ligne 15 centimes.Réclames, la ligne 50 centimes.
Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
être adresse l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
APRES, le 11 Octobre.
Le conseil communal vient de voter le budget pour
l'exercice 1849. Sans offrir un modèle de prospérité, les
finances de la ville sont dans une situation convenable, eu
égard l'époque critique que nous traversons. Aucune
ville, l'aide de ses seules ressources, n'a fait de plus
grands travauxn'a exécuté plus d'améliorations que la
ville d'Ypres, depuis 1856. La construction des casernes
de cavalerie, du manège, le subside pour la construc
tion de la route de Neuve-Église, l'arrangement du palais
épiscopal en palais de justice, le jardin public, l'achat et
l'appropriation de l'ancienne église S' Nicolas en école
communale, l'agrandissement de la cour de cette école,
l'achat d'un terrain dans le bloc des casernes de la cava
lerie, telles sont les améliorations les plus remarquables
qui ont été opérées. Ajoutons que la dette ancienne est
entièrement éteinte et s'il y a une dette nouvelleelle
n'est pas hors de proportion avec les ressources de la ville
et n'a été contractée que dans le but d'aider l'exécution
de travaux publics qui offraient le plus grand intérêt
pour la ville.
Si le budget comprend peu de dépenses d'agrément,
cela se conçoit, d'autant plus que les sommes qui ne sont
pas affectées des dépenses obligatoires, sont utilement
employées et de manière ou rapporter un intérêt, ou
solder un embellissement.
La ville d'Ypres peut être fière de la manière dont elle
est administrée, et qu'on compare sa situation celle
d'autres villes de. son importance et l'on verra une diffé
rence notable. Il est vrai que nous n'avons pas eu jus
qu'ici pour administrateurs des utopistes et des charlatans
qui, sous prétexte de fairemieux,auraienttoutbouleversé.
VILLE D'YPRES. Conseii. Commuai..
Séance publique du Lundi, 9 Octobre 1848.
Présents: MM. le Baron Vandersticiiele de Maures,
bourgmestre, président; Alpu. Vanden Peereboom et
Iweins-Fonteyne, échevins Pierre Beke, Gérard Vander-
MEERsen, Charles Vande Brouke, Boedt-Lucien, Legrave-
rand, Martin Smaelen, Édouard Cardinael, Auguste De
Ghelcke, Ernest Merguelynck. Boedt, avocat, Louis
Annoot, conseillers.
La séance s'ouvre h neuf heures et demie par la lecture
du procès-verbal de la séance du 16 août 1848; la rédac
tion en est approuvée sans observation. Avant d'aborder
son ordre du jour, le conseil décide qu'il discutera le
budget pour 1849.
Un excédant de fr. 2,163-27 en forme le premier arti
cle. Au 2, on fixe le budget particulier de la garde
civique, d'après les propositions de son commandant.
Avant d admettre les chiffresle conseil décide que les
rétributions annuelles dues par les familles aisées n'ayant
pas dans leur sein d'hommes en activité de service dans la
yarde civique, aux termes de l'art. 75 de la loi, seront
arrêtés tous les ans, de manière pouvoir faire face aux
dépenses de la garde civique, sans l'intervention de la
caisse communale. Le budget pour les huit mois de 1848
est fixé en recette et dépense la somme de 1,200 francs,
et celui de l'année prochaine 1,800 francs.
Le produit du minerval du collège communal est éva
lué 4,300 francs, ce qui déduit de la somme de 15,580
fr. portée en dépense la 2" division 5, art. 56, fixe le
subside tic la ville l'établissement d'instruction secon
daire, la somme de 11,280 fr. Les autres chiffres du
des recettes extraordinaires ne donnent matière aucune
discussion, et il est arrêté la somme de fr. 87,840-16,
y compris une somme de 60,000 fr. avancée par le gou
vernement l'intérêt de 4 p. °/0, afin d'aider la ville
maintenir le travail et soulager l'industrie, avance pro
mise, niais non encore reçue.
Chapitre II. 1Le produit net des taxes com
munales est descendu la somme de fr. 100,378-92 en
1847, et en 1848, il ne s'élèvera pas 100,000 francs;
cependant pour 1849, il est indiqué au budget pour
103,000 fr., mais il est csjiérer que celte principale
branche des ressources se relèvera, car tous les approvi
sionnements étant épuises, il est croire qu'au printemps
prochain, il y aura une reprise générale des affaires.
2. Les revenus divers ne donnent lieu aucune
discussion. L'indemnité de casernement est diminuée par
suite du renvoi des miliciens et du peu de soldats qui sont
sous les drapeaux, mais l'indemnité d'établage est légè
rement augmentée, par suite de l'établissement de l'école
d'équitation, dans notre ville. Le produit de la location
des biens ruraux est moindre que le revenu réel de 1847,
mais il est remarquer qu'il y a un anles foins de
l'étang de Dickebusch ont été vendus des prix très-élevés
et exceptionnels.
2" Division. Chap. I. 1Les frais d'administra
tion n'ont subi que de légers changements. Une augmen
tation a été votée pour frais de bureau, de 500 francs,
nécessitée par les élections multipliées que nous avons
eues cette année.
Le crédit pour les literies militaires a été considérable
ment majoré, par suite d'achats qn'on a été forcé de faire,
pour dispenser les habitants des logements militaires, et
(Suite.)
IX. LA. CHAMBRE D'ATHÉNAIS.
Maurice, en sortant du salonavait trouvé le cabriolet
et le jockey d'Alfred qui depuis longtemps l'attendaient.
Monsieur veut-il conduire? avait demandé John.
Nonje n'y entends rien et ne connais point ton
cheval. Mène-moi et le plus vite que tu pourras. 11 me
tarde d'être Paris.
Ouimonsieur. Dans une heure un quartnous y
serons.
Et John lâcha les rênes Lord-Palmerstoncheval
anglais fier et superbe, mais ombrageux, rétif et connu
pour un fort mauvais caractère, qualités qu'il serait in
juste d'attribuer son nom, mais qui probablement le
lui avaient fait donner, et la légère voiture, qui n'était
qu'un tilbury capote, sortit rapidement de la cour, roula
sur la grande route, et Lord-Palmerston dévora l'espace.
Maurice était resté sous l'impression des scènes qui
venaient de se passer la tète en feu, la poitrine oppressée,
et quoiqu'il garda un sombre silence, quoique pas un mot
ne s'échappât de sa boucheil était encore en proie
l'animation fiévreuse que donnent le jeu, le punch et la
colère. Il éprouvait non pas du bonheur, mais du plaisir,
mais un contentement orgueilleux. Il s'était vengé de cet
homme qui l'avait si longtemps froissé et désespéré; il
venait son tour de l'humilier dans sa richesse et dans
ses amours. Il n'avait pu se faire aimer de sa femme, dont
le baron ne se souciait guère, niais il lui enlevait une mai-
tresse qu'il adorait; et celte maîtresse, cette fille char
mante, étaitàlui, Maurice! La fortune la lui avaitdonnée,
et l'amour aussi peut-être, car Athénaïs ne lui avait pas
laissé ignorer le penchant qu'elle avait pour lui, et n'ac
cuserait probablement pas un hasard qui se trouvait
d'accord avec son cœur. Et puis le lendemainMaurice
croyait entendre les félicitations de ses amis sur son
triomphe et leurs sarcasmes sur la défaite du baron.
Tels furent pendant le premier tiers du voyage les
sentimens qui l'agitèrentet puis mesure qu'il roulait
sur la grande route, l'air de la nuit, l'air vif et froid de
décembre venait rafraîchir ses sens, et sa tète si brûlante
et si exaltée devenait plus calme; jusque-là, il n'avait
raisonné qu'avec la passion, et maintenant son esprit plus
tranquille lui permettait d'envisager les choses sous leur
véritable point de vue. Il commençait rougir des scènes
où il avait joué un si grand rôle, il avait presque regret
de son triomphe, et au dernier tiers de la route, il trou
vait honteux d'en profiter il lui semblait, quoiqu'il
eût loyalement gagné au jeu cette jeune fille, que
ensuite pour améliorer ce service qui produit l'intérêt
des capitaux employés.
L'art. 22 fixant le traitement des égards au pain, est
diminué. Autrefois ils étaient trois, aujourd'hui ils ne sont
plus de deux. Même remarque, quant aux égards la
viande qui de trois, sont fixés deux.
L'art. 28 Frais de logement des militaires marchant
isolément, a été majoré de 200 francs, afin de pouvoir
éviter aux habitants l'inconvénient des logements mili
taires.
2. La sûreté publique ne donne lieu qu'à peu
d'observations. Le conseil a attiré l'attention du collège
sur la conduite des agents de police qui demandent être
surveillés davantage.
Le crédit pour l'éclairage sera de 500 francs trop élevé
par suite de l'adjudication de la fourniture d'huile entre
prise 43 florins Un membre fait la proposition de
fournir gratuitement de l'huile l'Académie de dessin et
de soigner l'éclairage de cette institution qui a besoin
d'être fortement soutenue, sous peine de ne plus pouvoir
se rouvrir. La raison en est principalement dans la néces
sité de donner un enseignement plus étendu, l'augmen
tation du nombre des élèves et la diminution du produit
des souscriptions particulières qui de 1400 sont tom
bés 800 francs. Le Conseil consent ce que l'adminis
tration s'oblige fournir l'éclairage gratuitement, sans
cependant devoir entrer dans l'entretien ou le renou
vellement des lampes ou quinquets. 1
Chapitre II. 1. Peu de remarques ont été faites
l'examen des chiffres de ce paragraphe. On a fait ob
server que la rente payée au dépôt de mendicité était
diminuée et l'explication qu'on en a donné est fort sim
ple; la ville r été débarrassée de quelques-uns de ses
pensionnaires habituels au dépôt de mendicité.
2. Les articles concernant le culte n'ont soulevé
aucune objection. Seulement on a fait remarquer que
l'administration communale vote tous les ans, sans y être
tenue par la loi, une somme de 2,200 francs, titre de
subsides, aux vicaires et aux curés des deux succursales.
3. L'instruction publique a donné lieu quelques
observations de la part du conseil. En premier lieu, sur le
crédit consacré l'encouragement des beaux-arts une
somme de 600 francs a été ajoutée pour cette année seu
lement au subside ordinaire de 1,900 francs alloué
l'Académie de dessin, afin qu'elle puisse combler le déficit
qui existe dans sa caisse.
Comme la fin de ce demande quelques explications,
on lève la séance pour la reprendre cet après-midi trois
heures.
c'était un pacte infâme il se reprochait, comme une
indignité d'user de ses droits et de lui ravir ainsi son
honneur, honneur qui avait été acheté avant lui, et payé
par un autre. Enfinen approchant de Parisses idées
avaient tellement changé que, renonçant Athénaïs, il
était décidé renoncer sa victoiremais il ne voulait
cependant pas qu'elle fût inutile, et que le baron, se glo
rifiant de nouveau de sa conquête, pût reprendre ses droits
sur la jeune fille. Il fallait donc chercher un moyen de la
luicnleverà jamais. Une pensée noble et généreuse venait
de s'offrir Maurice. A peine conçueil lui tardait de la
mettre exécution, et déjà il apercevait la barrière et les
premières maisons du faubourg. llàtons-nous! hâtons-
nous disait-il John. Fouette ton cheval. Et John obéit.
Mais soit que l'orgueilleux animal fût indigné d'une façon
d'agir laquelle il n'était pas habitué, soit que les réver
bères de la barrière et le bruit d'une voiture qui passait
alors rapidement l'eussent effarouché, il se cabra, fit volte
faceetmalgré les efforts de John pour le reteniril
partit comme une flèchemais dans la direction opposée
Paris.
Maurice, impatient, désolé, ne savait quel parti prendre,
il se voyait déjà ramené Orsay quand il avait hâteau
contraire, d'achever son œuvre et de courir, pour cela,
la rue de la Bruyère, dont chaque tour de l'oue l'éloignait.