JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
.V 786. 8e Année.
«Vemll, 16 Novembre 1848.
Vires acquirit eundo.
INTÉRIEUR.
Le capitaine Mandrin.
ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 5 francs 50 c. Provinces, 4 francs.
INSERTIONS Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames la ligne 50 centimes.
Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
YPRES, le 15 Novembre.
La plupart des journaux ont reproduit, d'après le
Politiquel'article suivant:
On assure que M. Boedt, représentant d'Yprès, a
envoyé M. le ministre de l'intérieur sa démission des
fonctions de représentant.
Des démarches très-pressantes ont été faites par le
cabinet près de l'honorable représentant, afin de le
déterminer revenir sur une résolution qui pourrait
ramener l'honorable M. Malou la Chambre.
Ces démarches ont été couronnées, nous dit-on, d'un
plein succès, et MM. Frère et Rogier pourront dormir
tranquillesM. Malou ne sera pas la chambre pour
n signaler les chiffres si exacts par lesquels M. le ministre
des finances a essayé d'embrouiller la situation fînan-
cière.
Nous pouvons donner un démenti formel aux asser
tions contenues dans eet article l'honorable représentant
d'Ypres a pu parler dans l'intimité des sacrifices que lui
imposait son mandat de représentant, mais jamais il ne
s'en est plaint, ni manifesté l'intention de donner sa dé
mission; pour quiconque connaît M. Bocdt, une pareille
résolution serait en opposition avec la fermeté et l'in
dépendance de son caractère.
Aucune démarche n'a dès lors dû être faite, ni par les
membres du cabinet, ni parleurs amis, pour faire revenir
M. Boedt d'une résolution qu'il n'a jamais eue, et l'asser
tion du Politique n'a d'autre but que de lancer quelque
lardon l'endroit de M. le ministre des finances comme
si M. Malou était de taille lutter contre M. Frère.
Eh bien que ce journal se rassure, car nous osons lu;
prédire que si, même par d'autres circonstances, une
place de représentant devenait vacante Ypres, M. Malou
n'aurait aucune chance d'être nommé.
Au mois de juin 4848le corps électoral n'a pas
frappé seulement l'homme politique, il a voulu se débar
rasser d'un homme qui, comme fonctionnaire, comme
représentant et comme ministre, a été contraire ses
intérêts matériels, et qui n'a su s'abstenir, dans aucune
circonstance, de rendre sa ville natale victime de ses
rancunes politiques.
Nous le répétons, M. Malou ne serait pas plus élu
aujourd'hui, qu'il ne l'a été au mois de juin 4848 et ce
qui doit consoler du reste le Politique, c'est que l'arron
dissement d'Ypres est sur de trouver dans l'opinion libé
rale des hommes capables, indépendants et désintéressés,
qui seront prêts se dévouer au bien-être du pays, sans
songer faire leurs propres affaires.
Pendant la nuit du 9 au 40 de ce mois, le feu a entiè
rement détruit une maison appartenant M. Lambin-
Verwaerde, imprimeur, Ypres, et habitée par Etienne
I. L'ASSAUT.
Dans une mémorable soirée du mois d'avril 4745, la
jolie ville de Saint-Romain, assise entre les bords de
l'Isère et de fertiles campagnes, florissante par son com
merce et ses fortunes nobiliaires, payait bien cruellement
ses rares prospérités elle venait d'être attaquée par la
bande de Mandrin.
Au milieu des antiques remparts dont la ville était en
core demi-entouréeune porte incendiée avait donné
passage aux brigands. Les soldats de la maréchaussée, les
bourgeois armés la hâte, défendaient pied pied l'entrée
de la rue, tandis que, du haut de la voûte démolie, des
pierres noircies et brûlantes, des charpentes enflammées,
roulaient grand bruit sur les combattants.
Du côté où les flots rapides de l'Isère défendent seuls
la ville, les assaillants avaient trouvé un plus facile accès,
et leur bande inondait déjà le quartier découvert mais,
là aussi, les défenseurs avaient porté la plus grande partie
de leurs forces. Les soldats de troupe régléeexaspérés
d'avoir combattre contre des voleurs armés, répondaient
Van Coillie, fermier en la commune de Vlamertinghe.
Ce sinistre dont la cause ne peut être attribuée qu'à la
malveillance, a occasionné une perte de 4,500 francs.
Le bâtiment, était assuré par la compagnie des Belges
réunis.
VILLE D'YPRES. Conseil éomuxti,.
Séance publique du Lundi, 4 3 Novembre 1848.
Présents MM. le Baron Vanderstichele de Maubus,
bourgmestre, président; Alph. Vanden Peereboom et
Iweins-Fonteyne, échevins; Théodore Vanden Bogaerde,
Pierre Beke Gérard Vandermeersch Charles Vande
Brouke, Boedt-Lucien, Martin Smaelen, Edouard Cardi-
nael, Auguste De Ghelcke, Ernest Merguelynck Boedt,
avocat, conseillers.
La séance est ouverte par la lecture des procès-verbaux
des séances des cinq, neuf etvingt-troisoctobre. La rédac
tion en est approuvée sans modification.
Après plusieurs communications faites en comité
secret, la séance est déclarée publique et M. l'éehe-
vin Vanden Peereboom fait rapport qu'un deuxième
manège couvert paraît indispensable au cours d'équita-
tion, et que même, il est nécessaire d'en construire un
provisoirement, afin de donner tous les officiers et sous-
officiers qui suivent le cours, la latitude de pouvoir con
tinuer les exercices pendant l'imve. Le ministre de la
guerre qui a été consulté, désire voir compléter la con
struction des bâtiments nécessaires au cours d'equitation.
Le collège s'est mis en rapport avec divers entrepreneurs
et l'on a fait le devis de ce que devait coûter un manège
provisoire un entrepreneur s'est engagé le construire
au prix de 5,200 francs, et un loyer de 600 francs par an
pour l'occupation et l'entretien pendant les trois années
subséquentes, si on ne se décide le remplacer l'année
prochaine par une construction définitive. Le Conseil, vu
l'urgence bien constatée de l'établissement d'un second
manège couvert, approuve l'adjudication faite par le col
lège, et ratifie le contrat conclu avec M. Louis Vanden
Broele. La ville a demandé une avance de fonds sans
intérêts au gouvernement pour pourvoir cette dépense,
et des négociations ont été entamées ce sujet.
Sur le rapport du trésorier spécial du fonds pour la
restauration de l'église S'-Martin et de l'avis du collège,
le Conseil consent fournir sur les fonds communaux et
autres, la somme totale laquelle elle est tenue par suite
de l'accord fait avec le gouvernement et le conseil de fa
brique de l'église S1 Martin, pour l'exécution des travaux
de restauration de ce monument.
Sur la proposition du collège, le receveur de l'octroi
sera autorisé délivrer par paquet de cinquantedes
cartes pour l'entrée en ville après l'heure de la fermeture
par une charge violente aux attaques imprévues, bizarres,
tortueuses des brigands. Les habitants des plus fortes
maisons, embusqués dans leurs murailles, faisaient, de
chacune des façades, un rempart d'où pleuvaient sans
relâche des pierres et des brandons, dont la flamme allait
éclairer, au milieu de l'ombre qui commençait tomber,
les corps gisant sur le pavé.
Cette vigoureuse résistance allait triompher, et déjà les
contrebandiers se repliaient sur eux-mêmes en jetant ce
cri sauvage qui leur était propreet qui avait quelque
chose du rugissement des animaux féroces, lorsque sou
dain les assaillants, les défenseurs, les pierres, les mous
quets, le tumulte, le bruit, tout cessa, tout s'arrêta pour
faire place cette acclamation qui partit de toute part:
C'est lui lui!le voilà
Sur le haut d'un bastion qui dominait la ville venait de
paraître Mandrin.
Le sentiment du danger s'efface devant l'ardente curio
sité devoir ce chef de brigands, qui a désolé dix provinces,
qui a porté la terreur de son nom du midi au nord de la
France, et que nul dans la contrée n'a jamais aperçu.
Les contrebandiers ont suspendu le feu, attentifs au
provisoire des portes de la ville. Ces cartes seront payées
cinq centimes pièce, moitié du droit actuel.
Le conseil s'occupe de l'article 2 de l'ordre du jour et
émet un avis favorable sur le projet d'échange d'un jardin
avec une parcelle de pâture et une partie de terre labour,
d'une contenance totale de 86 ares 26 centiares, appar
tenant aux Hospices civils, contre quatre parcelles de terre
sises Ilooghledc, propriété de M. Louis Verlcure.
Le troisième objet l'ordre du jour est la demande du
sieur Valcke-IIage, tendante être autorisé pouvoir
placer, sous la voie publique, des tuyaux en fer de fonte
pour la distribution du gaz aux établissements publics et
habitations privées sur la Place et rues avoisinantes, et
pouvoir obtenir une garantie, pour le cas où l'éçlairage
public et général de la ville serait concédé d'autres
qu'à lui. Le conseil est d'avis d'aecorder l'autorisation en
principe, mais il désire connaître les voies publiques sous
lesquellesle pétitionnaire se propose de placer des
tuyaux. Quant la garantie qu'il demande elle serait
morale de la part de la villemais pécuniaire de la part
de la société qui entreprendrait l'éclairage général de la
ville et consisterait payer une indemnité pour la con
struction de l'appareil et la reprise des tuyaux, d'après
un prix fixé d'avance. Le conseil s'occupera de cette ques
tion une prochaine séanceaprès avoir chargé le col
lège de recueillir les renseignements utiles.
La radiation d'une inscription hypothécaire prise pour
garantie d'une avance de fonds de la caisse pour la re
construction des maisons en bois, est consentie et une
demande de subside sur les mêmes fonds n'est pas dis
cutée, parce que cette question n'est pas régulièrement
instruite.
Le dernier objet l'ordre du jour est de savoir s'il y a
lieu de modifier la disposition relative l'occupation des
bancs au Marché au Poisson, qui accorde la première
place la marchande qui, pendant un laps de temps dé
terminé, a acheté du poisson pour la somme la plus élevée.
On propose de revenir l'ancien règlement, qui donnait
la première place, au marchand ou la marchande qui
achetait le premier panier vendu la minque. Le conseil,
après avoir entendu les explications de M. l'échevin
Iweinstrouve la dernière disposition préférable et la
remet en vigueur.
Sur la proposition de la commission directrice du col
lège communal, toutes les classes qui composent le cours
industriel et commercial et sont l'équivalent d'une école
primaire supérieure, pourront être fréquentées, dater du
l^janvier 4849, pour la rétribution mensuelle de 2 francs
par mois. Désormais les jeunes gens qui voudront ac
quérir une instruction primaire complètepourront la
trouver au collège communal, sans que la rétribution
mensuelle puisse les en empêcher. L'ordre du jour public
commandement qui va se manifester par un signe de leur
maître. De tous les points de la ville les habitants se
mettent aux balcons, se penchent aux fenêtres, montent
sur les terrasses, sur les toits, et tournent des regards
avides du côté du bastion.
Mais leur attente est presque entièrement trompée.
La nuit approcheet la lueur du crépuscule rougit le
ciel sans arriver la terre. On ne voit sur la pointe du
rempart que la silhouette d'un cavalier et de son cheval.
Un chapeau long panache et les contours d'un ample
manteau se découpent seuls autour de cette forme noire,
qui se détache sur la chaude nuance de l'atmosphèreet
semble bordée d'un liseré de flammes par la réverbéra
tion du soleil couchant. Sur cette surface plane et sombre
cependant on voit reluire les armes du brigand, qui, par
1 éclat surnaturel dont on les croit revêtues ou par l'ex
cellente trempe de leur acieront le pouvoir de briller
dans l'ombre.
Auprès du cavalier se distingue aussi la forme d'un
soldat de taille colossale, également voilé par l'obscurité.
Mais les habitants sont tout coup arrachés leur con
templation vaine par le cri: Au l'eu! qui part des