JOURNAL D'YPRES ET DE L ARRONDISSEMENT.
N° 790. 8e Année. Jeudi, 30 Novembre 1848.
Vires acquirit eundo.
INTÉRIEUR.
Le capitaine Mandrin.
ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 3 francs 50 c. Provinces, 4 francs. Le Progrès parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
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YPRES, le %9 Novembre.
EES OCTROIS.
Quelques journaux qui demandent l'abolition des oc
trois, dans nous ne savons quel intérêt, ont adopté une
manière de raisonner des plus plaisantes. Ils trouvent
inutile d'examiner froidement les avantages et les incon
vénients de ce système, ils se bornent proclamer qu'il a
fait son temps, que c'est un vieux débris du moyen-âge
et qu'il pèse surtout sur le peuple. Enfin, ils finissent par
dire qu'il faut en finir avec cette question et la trancher
nettement.
Il est fâcheux que ces braves feuilles qui ne se doutent
de rienn'aient pas proposer un moyen bien simple
pour remplacer les produits de l'octroi dans les revenus
des villes. Il Jn'y a que cela cependant qui pourra leur
faire obtenir ce qu'elles poursuivent avec cet engouement
qui ressemble de la déraison. La recette de la commis
sion nommée, par arrêté royal, pour l'examen de cette
question, ne pourra suffire remplir le vide qui s'opérera
dans les caisses communales par l'abolition des octrois.
D'ailleurs, l'impôt personnel et les patentes, perçus pour
compte des villes et communes, ne produiront pas ce
qu'ils donnent maintenant, sans prendre en considération
que cette perception faite par les autorités communales
tendra jeter de l'odieux sur elles. D'ailleurs ces res
sources indiquées ne sont pas suffisantes et ne pourront
remplacer en aucune ville, le produit de l'octroi. Il faudra
donc une révision de ces lois financières, si on veut les
faire produire davantage, et le mécontentement elles
troubles qui ont accueilli en France le récensement, opéré
croyons-nous, en 1841doit faire prévoir comment pa
reille mesure serait appréciée ici.
C'est un vieux débris du moyen-âge, dit-on. D'accord.
Mais toutes nos lois financières ont une origine plus an
tique encore et cependant on paye et on payera toujours.
Cet argument n'en est donc pas un, car si tout ce qui est
vieux doit être mauvais', quoi servirait l'expérience?
Mais nous voici au grand argument: les octrois pèsent
sur le peuple Eh bien celui là encore n'est pas juste.
Nous disons, nous, que la pratique prouve qu'il ne pèse que
très-peu sur le prolétaire et qu'il frappe surtout la classe
aisée. Du reste, nous sommes d'avis que les denrées de
première nécessité ne doivent pas, pour autant que faire
se peut, être passibles de taxes municipales. Mais cela est
ainsi dans presque toutes les villes et là où la mouture
existe encore, comme Gandle pain du peuple n'est pas
(Suite.)
iii. UNE BELLE AMAZONE.
Une jeune écuyère, accompagnée d'une femme de
chambre et d'un domestique.cheminait un soir sur la
route tortueuse qui descend des coteaux de Beauvoir. Un
voile de gaze, suspendu un petit chapeau noir orné d'une
longue plume rose, garantissait son frais et gracieux vi
sage une robe de velours vert, ouvrant sur une jupe de
satin blanc, serrait sa taille où se montraient encore les
formes délicates et peine accusées de l'extrême jeunesse,
et retombait sur ses pieds légers posés dans l'étrier. Elle
montait une jolie mule, faite exprès pour elle, et réunis
sant une ancolure élégante l'humeur la plus douce et la
plus facile.
Cette jolie amazone était mademoiselle Isaure de Cha-
vailles, que nous avons vu fuir les bords de l'Isère lors de
l'incendie allumé dans sa maison par les brigands. Elle
s'était retirée en ce moment Saint-Marcelin chez une
de ses parentes, et revenait quelque temps après cette
catastrophe rejoindre son père, qui, maire de Saint-
Romain, occupait un bel hôtel au centre de cette ville.
Eustache et une jeune chambrière venaient côté de
mademoiselle de Chavaillesréglant leurs montures sur
le pas de celle de leur jeune maîtresse.
plus cher qu'ailleursseulement les pâtisseries et le pain
blanc sont un prix plus élevé et supportent seuls le
droitde mouture. Pour lebétail, il en est de même; quand
un boucher abat un bœuf, cinq ou six morceaux se ven
dent plus chers que d'autres et défrayent seuls lé droit payé
l'entrée de la ville.
Dira-t-on encore que ce sont les prolétaires qui achè
tent ces morceaux de choix et ces articles fins? Nous ne
pensons pas qu'on oserait aller jusque là. Mais alors
quoi tendent toutes ces criailleries? D'ailleurs il y a bien
des articles frappés par l'octroi qui ne sont pas d'une
consommation usuelle par la classe pauvre et dont le pro
duit est considérable. Et cependant entendre tous ces
braves journaux, c'est le pauvre, peuple qui supporte la
plus forte part des impositions communales
L'expérience et la pratique sont d'accord pour démon
trer que l'abolition des octrois sera une calamité pour les
villes qui ne sauront comment faire face leurs besoins
et, quoiqu'en disent quelques administrations commu
nales, elles se trouveront forcées, au bout de quelque
temps, de demander le rétablissement des taxes munici
pales, commé cela a eu lieu Paris, où le gouvernement
provisoire a jugé bon de faire de la fausse philanthropie
au dépens de la capitale de la France.
Le concert de M. Otto, chef de musique du corps des
Sapeurs-Pompiers de cette ville, est fixé au 10 Décembre
prochain. Des programmes feront connaître les morceaux
qui seront exécutés.
Le 26 de ce mois, vers les neuf heures du soir, un in
cendie a réduit en cendres la grange contenant la récolte
de l'année, appartenant Pierre-Jean Ampe, cultivateur
Woumen, ce qui lui a occasionné une perte de 1,400
francs.
La cause du sinistre est encore inconnue et rien n'était
assuré.
11 n'est bruit en ville que d'une tentative de fraude de
l'octroiqui aurait été découverte ce matin la porte
S'-Jean. Elle consiste faire sortir par les portes de la
villede la petite bierre, voir même de l'eau, en tonneaux,
que les employés certifient être de la bonne et excellente
bierre. Pour chaque tonne, on bonifie fr. 2-25 l'expor
tateur. L'essai se faisait ce matin sur douze tonnes. Au
reste, cela se pratique depuis que le payement de cette
prime a été résolue, et on prétend encore qu'elle est in
suffisante pour indemniser les brasseurs!
{Chronique de Courtrai.)
La petite cavalcade voyageait paisiblement depuis quel
ques heures un beau soir de printemps répandait ses
éclatantes nuances sur les masses de verduresazurait
mollement l'horizondorait le sable de la route et on
devait arriver Saint-Romain avant la nuit.
La route qu'ils suivaient mi-côte d'une colline boisée
traversait une contrée encore sauvage et déserte cette
époque. On avait droite la hauteur couverte de sapins
que perçaient de loin en loin des pics aigus de roches
blanches gauches'étendait une nappe d'épaisse ver
dure. Cette route, qui semblait paisible et riante, vers
huit heures du soir, au printemps, n'était cependant pas
exempte de dangers.
D'abord, du côté de la montagne, on distinguait, parmi
les bruits du vent, le lointain hurlement des loups qui se
fait entendre ordinairement au coucher du soleil; de
l'autre côté, ce qui semblait une plaine verdoyante n'était
que le sommet touffu de chênes et de sapins qui croissaient
dans des bas-fonds marécageuxet dont la surface trom
peuse cachait des gouffres immenses enfin de toute part
la campagne était ouverte aux bandits quioutre leurs
excursions main armée dans les villes, faisaient de fré
quentes battues dans les villages pendant ces nuits de
sinistre mémoire.
Il se fait tard, dit Eustache si nous pressions le pas
Bon tu as déjà peur dit Fanchetlc en riant.
Il résulte des renseignements renfermés dans le rap
port de la section centrale qui a examiné le budget de la
dette publique, qu'au 1" mars dernier, la somme des
bons du trésor en circulation s'élevait 20 millions 259
mille francs. Depuis lors jusqu'au 1er novembre il en a
été émis pour 571 mille francs, les remboursements effec
tués pendant la même période s'élèvent vingt millions
588 mille francs, de sorte que les bons restant en circu
lation au 1" de ce mois ne s'élevaient plus qu'à 7 mil
lions 245 mille francs.
On lit dans le Journal de Liège:
Il parait que, dans la plupart des sections qui ont
examiné le budget de la justice, une majorité très-forte
s'est prononcée en faveur de la réduction du traitement
de l'archevêque de Malines, (aujourd'hui de 50,000 fr.)
au taux de 21,000.
On a fait remarquer avec raison que ce dernier chif*
fre était alloué aux ministres, et que ces hauts fonction
naires ont supporter au moins autant de frais de repré
sentation que l'archevêque.
Un effet, indépendamment du traitement fixe qu'il
touche de l'État, le prélat est logé et meublé il prélève
4,000 francs pour frais de tournée, pastorale et de secré
tariat, et il jouit d'un casuel considérable.
Ces considérations, dont il serait difficile de contester
la justesse, ont aussi déterminé un grand nombre de
membres de la Chambre proposer de réduire 12,000
francs le traitement fixe des cinq évêques de la Belgique,
qui est actuellement de 14,700 francs.
On obtiendrait ainsi sur ces deux articles du budget
des cultes une économie de 22,500 francs.
Nous voudrions aussi que l'on s'assurât de la néces-
sitéde répartir entre les six grands séminaires du pays 66
bourses d'études de 200 florins des Pays-Bas et 217 demi-
bourses de 100 florins, et que l'on ne perdit pas de vue
que les administrations placées la tête de ces établisse
ments refusent obstinément de soumettre leurs budgets
et leurs comptes l'examen de M. le ministre de la
justice.
Ces administrations veulent être complètement indé
pendantes du pouvoir, même sous le rapport du temporel,
c'est-à-dire de la gestion de leurs biens. Or, dans cette
position qu'elles entendent maintenirnous trouvons
assez étrange que le gouvernement leur octroie, tant di
rectement qu'indirectement, des subsides.
Ecoutez doncj'accompagne mademoiselle et je ré
ponds d'elle son père mais personne ne m'accompagne
et ne répond de moi Je suis seul contre tous les dangers
de la route.
Tu es bien aise que le vent de neige se soit élevé,
répliqua la jeune chambrière, pour mettre sur le compte
du froid ta mine et tes frissons.
Vous avez toujours l'air de me prendre pour un
poltron, mademoiselle Fanchette; et au contraire quand
je pense ces gueux de faux-monnayeurs et de contre
bandiers, il me prend des rages violentes d'aller me
battre contre eux.
Vraiment
Ce soir même, si mon devoir ne me forçait suivre
mademoiselle, je voudrais attendre toute la nuit sur cette
route pour tuer le premier brigand venuet clouer sa
tele notre porte cocherecomme celle d'un loupen
signe de bonne chasse.
La nuit était tout-à-fait tombée.
Eh mais, qu'est-ce que je vois donc là-bas., droite
du chemin? reprit Eustache d'une voix moins assurée...
Je ne sais, dit Isaure, mais on aperçoit en effet trois
formes noires et immobiles.
Et dans ce moment la délicate mule de mademoiselle
de Chavailles fit entendre un long et triste hennissement.
Mon Dieu! qu'est-ce que cela peut être, soupira