EXTÉRIEUR.
On écrit de Poperinghe
Depuis quelque temps le publie s'occupe beaucoup de
la nomination future du nouveau secrétaire du Bureau
de bienfaisance de cette ville. 11 parait que quelques
membres de cette administration qui déjà depuis long
temps auraient dû pourvoir celte place devenue vacante
depuis bientôt un an, ajournent dessein la susdite no
mination jusqu'en 1849, parce que le mandat d'un des
administrateurs quia déjà manifesté, différentes repri
ses, le désir de voir finir ce provisoire, expire au lr Jan
vier prochain. Le but évident de cet ajournement n'est
ignoré de personne on veut nommer cet emploi un
sujet dont la capacité est plus que problématique, mais
qui a donné des gages non équivoques de son dévoue
ment aux hommes qui sont actuellement la tète des
affaires. Or, dans la composition actuelle du Bureau de
bienfaisance, la majorité des votes étant acquise aujour
d'hui son compétiteur M. B., jeune homme capable et
très-zélé et qui a rempli jusqu'ici l'intérim avec honneur,
cette majorité deviendrait minorité par la retraite et le
remplacement du membre démissionnaire dont le vote
est depuis longtemps assuré ce dernier.
Ce résultat serait on ne peut plus déplorable, parce que
d'une part, la faiblesse bien connue de l'administration
exige un secrétaire instruit qui possède les connaissances
administratives que réclame cet emploi, et que d'autre
part, le choix du candidat qu'on semble préférer pourrait
ramener dans l'administration les anciens errements et
abus qui autrefois, lorsque M. F. comptait parmi ses mem
bres, ont excité des plaintes si générales, que force lui a
été de ne plus viser renouveler son mandat. On veut
lui conférer cette place titre de compensation pour sa
place perdue, et aujourd'hui encore il est en possession
d'un autre emploi, apanage exclusif des membres sortants
du Bureau de bienfaisance, qui pour lui, n'est nos yeux
qu'une véritable sinécure.
11 parait que les administrateurs de Poperinghe ne
tiennent aucun compte des avertissements réitérés du
Comité libéral. Tout récemment encore, en dépit de la
loi, un membre bien connu du Conseil communal a livré
pour le compte de la ville une pièce d'huile, au grand
détriment des autres négociants.
Le 5 de ce moison a trouvé noyé dans le canal près
delà commune d'Alreriaghem, un garçon de 9 ans, ap
partenant Pierre Bruneel, journalier au dit lieu.
Cet événement est purement accidentel, l'enfant étant
tombé en jouant le long du canal.
On sait, on répète généralement que la Belgique ne
produit pas assez de blé pour sa consommation mais
ce que l'on oublie de s'expliquer, c'est qu'il y a deux
genres de consommation l'une pour les besoins des po
pulations, l'autre pour le service des industries qui em
ploient les céréales (brasseries, distilleries, etc.) Jusqu'à
ce qu'une bonne statistique agricole et industrielle'établisse
nettement cette distinctionon ne peut pas se prononcer
avec connaissance de cause.
Les documents réunis au ministère de l'intérieur, et
traités approximativement plutôt qu'au point de vue des
véritables notions agronomiques, nous indiquent un
rèta subitement, s'assit au pied d'un arbuste qui le voilait
demi, et accompagna Isaure seulement du regard.
Il avait besoin d'un momentde solitude pour mûrir une
résolution douloureuse qui flottait dans son esprit. Et,
du resteil ne souffrait pas de voir le baron d'Alvimar
auprès de sa belle fiancée. Comme il arrive souventsa
jalousie oubliait l'objet sur lequel elle aurait dû se'porter.
D'ailleurs, un lien occulte, dont la providence gardait
le secret sous les voiles impénétrables, l'unissait cet
homme qu'il rencontrait pour la première fois et il en
éprouvrait l'attrait sans le comprendre; il voyait avec
calme l'éclat et la grandeur de ce brillant étranger près
duquel il devait être tellement effacéet ne sentait point
l'effroi de cette rivalité dangereuse passer au milieu de
ses espérances.
Isaure parcourait les allées embaumées du jardin, unis
sant ses pas ceux du jeune seigneur.
Depu's qu'elle était seule avec lui, elle retrouvait
quelqi c chose de cette aisance qui avait présidé leur
premier entretien, sans cesser d'être éblouie et fascinée
par la puissance inconnue qu'il exerçait sur elle. Tout
s'embellissait autour de lui Elle trouvait ses arbustes
plus frais, ses fleurs plus éclatantes, parce qu'elle appor
tait au milieu d'eux une âme déjà plus développée toutes
les sensationsparce qu'elle les regardait avec des yeux
voilés de trouble, qui leur donnaient ce prestige en
chanté des objets qu'on voit en songe.
Le même charme agissait sans doute sur d'Alvimar,
car en traversant ce labyrinthe de fleurs et de verdure, il
semblait s'énivrer d'air et de bonheur.
Ils arrivèrent auprès du tapis de gazon et s'assirent sur
le même banc où Isaurequelques heures auparavant
était aux côtés de son pèresi pure, simple et naïve cn-
ehiffre de 231,014 hectares cultivés en froment, et produi
sant en moyenne, raison de 17 hectolitres par hectare,
4,091,906 hectolitres; 308,088 hectolitres cultivés en
seigleet donnant 5,433,000 hectolitres (17 hectolitres
par hectare); 55,571 hectares cultivés en orge, produi
sant 1,587,347 hectolitres; avoine, 220,405 hectares,
récolte,6,172,181 hectolitres; sarrasin,32,464 hectares,
récolte 615,101 hectolitres.
La consommation annuelle de tout le pays en froment
et seigle étant évaluée, semailles comprises, 10,558,075
hectolitres, il y aurait un déficit pour ces deux céréales
de 1,032,563 hectolitres.
Et pourtant nous ne recevons que 300,000 hectolitres,
année communede froment et de seigle venant de l'é-
trangre. Comment concilier ces chiffres?
FRANCE. Paris 6 décembre. Le général
Cavaignacl'ouverture de la séance, est monté la tri
bune pour donner l'assemblée les détails des nouvelles
qui sont parvenues au gouvernement, depuis la dernière
dépêche qu'il avait fait connaître, il y a quelques jours
ces dépêches ont mis 3 et 4 jours pour arriver. Plusieurs
ont même passé par Bayonne. Elles confirment ce que
nous avons donné nos lecteurs, savoir:
Le Pape a quitté Rome dans la nuit du 24 au 25 il est
arrivé Gaëte le 26, l'ambassadeur de France est allé le
rejoindre. Le même jour, le roi de Naples s'est rendu
auprès de lui.
Le Ténare est en rade de Gaëte.
M. de Corcclles, envoyé près du Pape en mission ex
traordinaire, est arrivé Marseille le 50 novembre. Ayant
appris dans cette ville par une dépêche de l'ambassadeur
de France que le Pape était en sûreté Gaëte, il s'est
décidé partir pour ce port immédiatement. Le gouver
nement ayant reçu ces renseignements qui lui donnent
l'assurance que Sa Sainteté est libre, a expédié aujour
d'hui même contre ordre aux troupes qui devaient partir.
Des lettres de Naples, du 27, annoncent que le roi de
Naples et sa famille sont venus rendre leurs devoirs au
Saint-Père, et qu'il lui a été donné une garde d'honneur.
Ces lettres disent que la famille royale a fait de grandes
instances près du Pape pour le déterminer se rendre
Naples, ce qu'il a refusé.
La Presse publie en supplément sous ce titre: Deux
déclarations solennelles de M. E. Cavaignacun docu
ment qui nous paraît destiné provoquer de grandes
colères et du scandale.
Le général Cavaignac a dit un jour l'assemblée que
son père siégeait la convention qu'il était heureux et
fier d'être le fils d'un tel homme. Un autre jour, dans
une proclamation l'armée et aux habitants de l'Algérie
En me désignant, le gouvernement a voulu honorer, au
nom de la nation, la mémoire d'un citoyen vertueux,
d'un martyr de la liberté: la mémoire de mon noble
frère est vivante parmi les grands citoyens qui m'ont
choisi.
En réponse ces deux déclarationsla Presse fait la
biographie du conventionnel J.-B. Cavaignac, celle de
Godefroy Cavaignac. 11 fait suivre le tout de citations
empruntées l'enquête sur les événements de juin.
La biographie de J.-B. Cavaignac, nous le montre vo
tant pour la mort de Louis XVI, faisant la convention
le rapport qui a été suivi des exécutions jamais déplo
rables de Verdun, exécutions dans lesquelles périrent
quatorze jeunes filles coupables d'avoir présenté des dra
gées au roi de Prusse. On y trouve raconté l'incident
Labarrère que nous passons sous silence, parce qu'il nous
paraît moins bien établi.
La biographie de Godefroy Cavaignac rappelle qu'il
fant, et où maintenant elle tremblait et pâlissait sous les
premiers frémissements d'une passion inconnue.
Vous avez fait un paradis terrestre de ce petit coin
du monde, dit Alvimar. Maintenant que je le connais, je
posséderais les demeures des princes que je n'en serais
pas satisfait encore, car je n'y trouverais jamais le charme
que vous avez su répandre ici.
Mais avec votre fortune et le goût que vous montrez
pour la nature cultivée vous devez avoir un jardin un
parc même vaste et splendide.
Oui', bien vaste Plus vaste que l'œil ne peut em
brasser, que les pas ne peuvent parcourir sans se lasser:
mais cultivé seul par la main de l'ouragan qui le traverse
sans cesse.
Quoi pas un arbuste que vous ayez choisi et que
vous aimiez?
Il y a un arbuste que j'ai planté et que j'aime: c'est
l'olivier bien jeune encore dont j ai pris la tige sur la
route où je vous ai vu pour la première fois. Vous en sou
venez-vous?
Oui tous les détails de cette soirée ont toujours été
présents ma mémoire... et je sens que maintenant j'y
penserai bien plus encore.
Le jeune homme immobile la regarda longtemps sans
rien exprimer de ce qui se passait en lui. Puis soudain il
se leva, et lui dit avec une certaine brusquerie:
Venez, venez... éloignons-nous d'ici...
Isaure quitta le banc ombragé; mais se trouvant bien
dans cet endroit enchanté pour elle, dont elle goûtait le
bonheur et ne connaissait pas le danger, elle se dirigea
vers la corbeille de rosiers placée au milieu du gazon cir
culaire.
D'Alvimar l'y suivitet ses yeux s'arrêtèrent sur une
était président de la société des Droits de l'Hommeso
ciété dont le butdisait-on alors, était l'abolition de l'ex
ploitation de l'homme par l'homme, la destruction du
privilège révoltant de quelques oisifs qui regorgent de
superfluités et de richesses dérobées la multitude, etc.
M. Récurt, aujourd'hui préfet de la Seine, faisait égale
ment partie de cette société.
Enfin, lescitations empruntées aux dispositions de l'en
quête de juin ont pour but de faire voir que M. E.
Cavaignac, le candidat actuel la présidence, aurait pu
étouffer l'insurrection en juin beaucoup plus rapidement
qu'il ne l'a fait.
On écrit de Marseille, le 5 décembre:
Le départ de la brigade d'expédition a eu lieu hier.
Les frégates vapeur ont pris le large vers 4 heures
du soir par un temps magnifique et ont fait route vers
Civita-Vecchia. M. de Coreelles, envoyé extraordinaire
du gouvernement, était parti la nuit précédente pour
Gaëte où il trouvera le saint Pontife et s'entendra avec
Sa Sainteté au sujet du débarquement des troupes. M.
de Corcclles reviendra ensuite Civita-Vecchia où il
trouvera la division Yiavale commandée par l'amiral
Trehouart.
Le courrier de Lyon, qui arrive en retard, nous ap
prend la nouvelle de la perte du vaisseau le Jemmapest
qui a fait côte dans les parages de Civita-Vecchia. On es
père que ce beau navire pourra être renfloué.
On disait l'Assemblée que les volontaires romains
la poursuite du Pape avaient violé le territoire Napo
litain. On s'occupait aussi du départ de la flotte de Mar
seille annoncé parles journaux de cette ville.
Il paraît que les puissances médiatrices voulaient
forcer la Sicile accepter la médiation que ce gouverne
ment a refusé jusques présent et que l'escadre anglaise
se dirigeait sur Païenne dans l'intention d'arriver ce ré
sultat.
Une collision assez grave a eu lieu dans la soirée de
mardi dernier entre quelques ouvriers belges qui venaient
de se livrer ensemble de copieuses libations. L'un de
ces hommesnous assure-t-onaurait reçu une blessure
assez grave pour nécessiter sa translation immédiate
l'hôpital Sl-Sauveur. La justice informe. Journde Lille.)
Les circonstances actuelles appellent l'attention sur
les membres restants de la famille Bonaparte. En voici la
liste complète, que nous trouvons dans une intéressante
biographie publiée par Mad. Boïeldieu d'Auvigny, bio
graphie d'autant meilleure qu'elle n'a rien de politique
Jérôme, ancien roi de Wesphalie, quatrième frère de
Napoléon.
Les quatre fils de Lucien Charles Lucien et ses fils,
Louis, Pierre et Antoine, Pierre est représentant du
peuple.
Le fils de Louis, ancien roi de Hollande Louis Napo
léon, représentant du peuple.
Le fils de Caroline, reine de Naples Lucien-Charles
Murât et Joachim son fils.
On sait que Joseph, successivement roi d'Espagne et de
Naples n'a pas laissé d'enfants.
Les caricatures continuent pleuvoir. Hier le Jour
nal pour rire montrait le prétendant affichant lui-même
ses placards électoraux, suivi, comme par un chien, de
l'aigle boiteux de Boulogne. Dans un nuage, l'empereur
Napoléon lorgne son héritier, et lui dit d'un air narquois:
Voilà encore mon pointu de neveu qui fait des siennes.
Une autre charge représente M. L. Napoléon qui, de
sa fenêtre de l'hôtel du Rhin, salue le grand stylite de la
place Vendôme du haut de son socle d'airain, l'empereur
rend au prétendant son salut.
Le Charivari montrait hier le vrai Napoléon, grelottant
tout nu et en caleçonet disant son neveu vêtu de sa
redingote et du petit chapeau allons donc, monsieur,
rendez-moi mes hardes.
jeune rose mousseuse qui était seule sur un rosier d'une
magnifique venue, car cette espèce était encore très-rare
en ce temps et difficile obtenir. Isaurevoyant l'atten
tion qu'il donnait cette fleur, la coupa et la lui tendit.
Ah dit-il avec une sorte de douleurpourquoi
l'avcz-vous coupée?.. Je.pouvais la voir sur sa tige et
respirer son odeur.
Ici elle était tout le monde, répondit la jeune fille,
tandis que maintenant son éclat sera pour vous seul et
son parfum vous suivra partout.
Oui, mais elle va mourir.
Eh bien mon Dieu mourir pour ce qu'on aime,
n'est-ce pas le meilleur destin?
Et vous croyez que cette rose m'aime
Oui, dit-elle en mettant sa main sur son cœur.
Elle semblait dire ainsi: Tout doit vous aimer, les êtres
lesplus simples doivent avoir une âme pour l'élever vous.
D'Alvimar parut faiblir sous le poids d'une émotion
violente il se retira de quelques paset s'appuya contre
un arbre en croisant les bras. De là il contempla Isaure
avec une expression étrange toutes les nuances qui se
succédaient ordinairement sur son visage s'y confondaient
en ce moment ses yeux humides de larmes lançaient les
éclairs de la violence; il y avait sur ses traits l'empreinte
du pieux dévoument, de l'adoration suppliante, et en
même temps ils se couvraient du nuage formé par de som
bres pensées et par une résolution implacable et cruelle.
Elle aussi... elle m'aime! murmura-t-il d'une voix
concentrée. Eh bien le sort est jeté...
Isaure, ne comprenant rien ces étranges parolesde
meurait interdite et muette, quand une voix se fit entendre
dans le feuillage.
li faut rentrer, mon enfant, la rosée est très-mau-