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PRUSSE.L'assemblée constituante s'est tronvéeen
nombre Brandebourg, dans sa séance du 1er décembre.
Deux cent soixante-deux députés se sont trouvés réunis,
mais les difficultés ne se sont guère trouvées aplanies par
cette circonstance. Cette élévation subite du chiffre des
membres présents était due l'arrivée d'environ 80 dé
putés du centre et du centre gauche. Ces députés ont im
médiatement déclaré, par l'organe de M. Schneider,
qu'ils n'étaient venus que parce qu'ils avaient été indivi
duellement convoqués par M. Unruh, qu ils persistaient
considérer comme président de l'assemblée et ayant,
par conséquent, seul le droit de faire une convocation
régulière. Or, comme cette convocation individuelle n'é
tait pas encore parvenue, ont-ils dit, h environ cent mem
bres de l'assemblée, ils ont demandéque celle-ci s'ajournât
au lundi suivant. Cette proposition ayant été rejelée par
145 voix contre 115, les 80 membres se sont aussitôt
retirés et l'assemblée ne s'est pas trouvée en nombre.
M. Simons a repris alors sa motion présentée dans une
des séances précédentes, et tendante ce que le minis
tère appelât les suppléants de tous les membres absents,
y compris même ceux des 80 députés qui venaient de se
retirer. La discussion a été très-vive et, en fin de compte,
la proposition a été rejetée, 72 voix seulement sur 156
membres présents ayant voté pour1 contre et 82 dé
putés s'étant abstenus.
Bnt.vDEBOiBG, 2 décembre. La conduite tenue
hier par la gauche a excité une égale indignation dans tous
les partis. On ne s'était pas attendu, de la part des repré
sentants de la nation, cette conduite indigne, ce man
que de patriotisme. Les paroles conciliantes de M. Borre-
mann n'ont eu aucun effet, et les espérances conçues
depuis avant-hier au sujet de l'aplanissement pacifique de
conflit sont anéanties. Nous sommes plus que jamais
convaincus que, au milieu de la passion aveugle, dans
laquelle la gauche persiste sans égard au bien de la na
tion, et avec la résistance opiniâtre qu'elle oppose toute
réconciliationil est devenu impossible de régler avec
cette assemblée les droits les plus importants du peuple
et de la couronne. Nous espérons que le gouvernement a
reconnu son devoir et saura agir Encore quelques jours,
et nous apprendrons la suite Que le peuple comprenne
aussi son devoir! (Gaz. de Cologne.)
AUTRICHE. Vienne28 novembre. Le dé
part des troupes pour la Hongrie, fixé hier, a été de
nouveau ajournéparce que, dit-on, les négociations
Ollmulz font espérer un aplanissement pacifique et
qu'on veut en attendre le résultat. Le. public ne connaît
rien de positif ce sujet, on dit seulement que, du côté
des autrichienson insiste sur la livraison de Kossuth
tandis que les Hongrois demandent qu'il lui soit permis
de partir librement pour l'Amérique.
Francfort, 4 décembre. MM. de Vinck et de
Gagern sont arrivés ici hier matin, de retour de Berlin.
Ils n'ont pas reçu de promesses positives, mais bien des
espérances, qui dépendent cependant de l'arrivée de
certaines circonstances. La médiation du pouvoir central
a été rendue plus difficile par la proclamation du vicaire
de l'empire au peuple allemand. L'assertion que M. Léo
est chaque jour auprès de S. M. est repoussée mais il est
regrettable que les adjudants soient admis plus près du
roi que des hommes comme MM. de llumboldt et de
Gagern.
Il circule ici le bruit que la Bavière, le Wurtemberg,
Bade, la Hcsse-Darmstadtle duché de Nassau se sont
déclarés pour l'élection définitive de l'archiduc Jean la
dignité d'empereur d'Allemagne, et que, si la Prusse s'y
oppose, ces Etats sont résolus rentrer dans l'ancienne
confédération d'Etats.
Le prince delIohenzollern-Sigmaringen est arrivé ici,
pour remettre aux mains du vicaire de l'empire, le gou
vernement immédiat de son pays. (Gaz. de Cologne.)
vaise au coucher du soleil, dit en se montrant la bonne
gouvernante, qui ne voyait en cet endroit d'autre danger
pour la fille chérie que la fraîcheur du soir. -
Cette voix de vieillesse, tombant dans cette solitude
emue et brûlante, était plus froide que toutes les ondes
du ciel. D'Alvimar et la jeune fille demeurèrent quelque
temps en silence, puis ils reprirent avec madame Blondeau
l'allée qui conduisait la maison.
Au fond du salon, M. de Chavailles et le religieux do
minicain qui représentait le père de David, étaient assis
devant une table éclairée de deux bougies, et sur laquelle
étaient posés les parchemins des deux familles.
Ils s'occupaient des affaires d'intérêt relatives au ma
riage qui allait se conclure affaires du reste très-faciles
régler, puisque les deux jeunes gens étaient également
seuls héritiers du nom et de la fortune de leurs parents.
David, toujours absorbé et rêveur, se promenait pas
lents devant la porte vitrée par laquelle il venait d'entrer
au salon.
Le baron d'Alvimar allait se retirer, quand M. de Cha
vailles lui dit d'un ton affectueux
Donnez-nous encore un instant, monsieur le baron.
Un mariage a besoin de témoins, et l'accord que nous al
lons prendre en ce moment en étant la partie la plus im
portante ce sera un bonheur pour nous de vous y voir
assister, vous qui avez paru ici comme le courtois cheva
lier et le libérateur de notre jeune fiancée.
D'Alvimar répondit cette gracieuse demande en s'in-
clinant et en demeurant sa place.
Isaure, que ce moment jetait dans un timide embarras,
demeurait.dcbout et paraissait s'occuper ranger les cartes
et les jetons de la table de piquet, restée l'entrée du
salon.
B—a—a—
Un correspondant du Borsenhalle s'attache éta
blir par des chiffres que, dans les affaires de Vienne, le
nombre des morts, y compris ceux qui ont succombé
leurs blessures, dépasse i ,000 pour les personnes du
civil, et 600 pour les troupes. Rien qu'à l'hôpital général,
il y avait encore, le 15 novembre, 1,200 blessés, et le
nombre des morts, y compris ceux apportés au moment
même de l'action, se montait 566 personnes du civil.
importantes d'autriche.
Abdication de l'empereur Ferdinand.
Nous recevons deux importantes pièces. Elles annon
cent un grand événement, la double abdication de l'em
pereur Ferdinand l°r, etde son frère, l'archiduc François-
Charles, en faveur du fils aîné de celui-ci, l'archiduc
François-Joseph.
L'empereur Ferdinand, né le 19 avril 1793, a été
couronné roi de Hongrie le 23 septembre 1830, ro i de
Bohême le 7 septembre 1836, roi de Lombardie et de
Venise le 6 septembre 1858. Il avait succédé son père
le 2 mars 1835. Il renonce donc au trône impérial après
l'avoir occupé pendant treize ans et demi.
Le prince qui lui succède, l'archiduc François-Joseph-
Charles, est né le 18 août 1850.
Faits divers.
Le duc de Rignagno, le collègue le plus important de
M. Rossi, échappé aux menaces de mort dont l'a pour
suivi l'insurrection victorieuse, est Naples, ainsi que
sept cardinaux. Parmi eux se trouve le cardinal vicaire,
porteur, assure-t-ond'une bulle du Saint-Père convo
quant, en cas de mort, le sacré-collége Malte, afin d'élire
son successeur.
Les dernières nouvelles qu'on ait sur la direction
qu'a prise le Pape dans sa fuite, et qui ont été commu
niquées la séance d'hier de l'assemblée nationale par le
général Cavaignac, annoncent qu'il est arrivé Gaëte, où
le roi de Naples s'est empressé de se rendre avec sa fa
mille pour offrir l'hospitalité au Pontife malheureuxce
qu'il aurait refusé. Le Tenare est toujours sa disposition
dans le port.
Le Moniteur Toscan contient sur la fuite du Pape
des détails qu'il prétend être officiels. Vers une heure du
matin, le Pape en simple soutane, a abandonné le palais
Quirinal, sortant par la grande portela seule des por
tes du palais qui soit ouverte pendant la nuit. 11 a passé
au milieu de la garde civique dans un local du palais où les
officiers de la maison du souverain Pontife ont l'habitude
d'aller et venir librement.
11 s'est rendu S'-Pierrc l'église lui a été ouverte il
y est resté quelque temps. Puis, on croit qu'il s'est em
barqué sur le Tibre pour Fimnicino. Ce sont les ambassa
deurs d'Espagne et de France qui ont conseillé et conduit
fin cette difliclle entreprise. On dit que tous les ambas
sadeurs se disputaient la personne de Pie IX ceux
d'Angleterre et de Russie voulaient le conduire Malte
ceux de France, d'Espagne et du Portugal tenaient pour
la France.
On écrit de.Milan, 28 novembre, qu'un ambassa
deur russe est arrivé, la veille, dans cette ville. Radetzky
lui a envoyé sur-le-champ une garde d'honneur autri
chienne, il a refusé.
L'ambassadeur a accepté un piquet de la garije muni
cipale, après avoir demandé s'il y avait de la garde muni
cipale.
On lit dans le Morning-hérald du 29 novembre
II y a quelque tempsun cheval qui s'était trouvé
la bataille de Waterloo est mort dans la caserne de
police de Keyinstreet, Dublin, où l'on en prenait un
grand soin depuis plusieurs années. Un des sabots de
l'animal a servi faire une tabatière qui a été offerte
D'un côté d'elle était d'Alvimar, assis devant un fau
teuil, et séparé seulement de la jeune fille par un piédestal
surmonté d'une urne antique de l'autre David appuyé
contre la glace de la porte et la tète baissée.
Le jour tombait peine, on n'avait pas encore éclairé
le salon les deux bougies placées sur le bureau n'éten
daient leurs rayons que dans un cercle étroit, et laissaient
presque entièrement dans l'ombre la partie de la pièce
où se trouvaient Isaure, le jeune Marillaect le baron d'Al
vimar; on ne pouvait donc voir les impressions diverses
qui passaient sur leurs visages; d'ailleurs M. de Chavailles
et le père Dominique nclesobservaient pas, occupés qu'ils
étaient parcourir encore du regard les papiers posés
devant eux.
Il ne reste plus, dit le comte de Chavaillesqu'à
fixer le jour de la cérémonie conjugale.
Monsieur de Marillac espèreajouta le père Domi
nique, qu'elle pourra avoir lieu dans la quinzaine.
C'est ma chère Isaure décider de celareprit le
comte; ses moindres désirs ont toujours eu droit de maî
trise dans la maison de son père, et celui-ci plus que tout
autre doit être respecté. Faites-nous donc connaître ta
volonté, mon enfant.
La vive émotion que la jeune fille venait d'éprouver un
moment auparavant avait passé dans son âme comme un
rayon lumineux et brûlant; mais elle ne pensait pas que
cette sensation nouvelle dût rien changer au cours positif
de sa vie. Elle était prête condescendre au vœu que M.
de Marillac avait exprimé par son interprète, et engager
sa parole pour l'époque indiquée, quand d'Alvimar se
pencha près d'elle et, derrière le grand vase antique qui
cachait ce mouvementaux regards, il lui ditàvoix basse:
Au nom du ciel, différez ce mariage
M. Stokcs, commandant de la cavalerie de police. Le
couvercle porte l'inscription suivante Cette tabatière a
été.faite avec le sabot d'un vieux cheval du 18° Hussards
qui se trouvait la bataille de Waterloo en 1815. Lors
que ce corps a été licencié le cheval ayant été acheté
pour le compte de la police métropolitaine de Dublin, a
fait son service jusqu'en juin 1848. Cette tabatière a été
offerte M. Stephen-Stokes, comme témoignage du zèle,
du courage et de l'habilité dont il a fait preuve depuis
dix ans dans le commandement de la cavalerie de police
et aussi pour les soins et l'humanité qu il a eus pour le
vieux soldat de Waterloo.
La boue des rues de Paris vaut 500,000 francs pour
l'adjudicataire qui l'achète en masse, et trois millions
600,000 francs lorsqu'après avoir séjourné dans les pour-
rissoirs, elle est vendue de 5 5 francs le mètre cube.
En 1825, la ville de Paris n'affermait les boues qu'au
prix de 75,000 francs. En 1831, 166,000 francs. Depuis
1845,1e montant de ce fermage s'est élevé 500,000 fr.
mais du bénéfice considérable que fait l'adjudicataire, il
faut déduire les frais de nettoyage des rues, lequel est
pratiqué avec une célérité dont nous ne nous doutons
pas ici.
L'élection du général Taylor, compte président des
États-Unis, est considérée en Angleterre comme un fait
politique important, parce que c'est le triomphe du parti
vvhig qui reprendra les rênes du gouvernement le 4 mars
prochain.
A une vente de livres rares qui a eu lieu récem
ment Londres, les œuvres complètes de Martin Luther,
avec une préface de Melanchton, édition de Wittemburg,
1750-17 57, ont été vendues 111 liv. st. 5 shill. (2,800 fr.)
Marché d'Ypres, du 9 Décembre.
Les prix du froment ont subi peu de changement au
marché de ce jour. Il y a eu une hausse de 20 centimes
l'hectolitre. Les prix ont varié de fr. 15-60 16-80; en
moyenne fr. 16-20. 512 hectolitres ont été exposés en
vente.
Le seigle s'est vendu avec une baisse de 40 centimes
l'hectolitre. 90 hectolitres se sont écoulés aux prix de fr.
9-60 fr. 10-40; prix moyen 10 francs.
Une différence de 7 centimes seulement en plus est
survenue sur les prix de l'avoine. 28 hectolitres ont été
vendus aux prix de 6 fr. 6-50; en moyenne fr. 6-25.
Les fèves se sont vendues avec une hausse de 50 cen
times l'hectolitre.81 hectolitres ont été acquis au prix
de fr. 9-60 l'hectolitre.
Les prix des pommes de terre ont baissé de 25 cen
times par 100 kilogr. 4,300 kilogr. se sont vendus
raison de fr. 8-25 les 100 kilogrammes.
État-cinie d'Ypreh, du 3 Décembre au 9 inclus.
Naissances: sexe masculin, 7. Sexe féminin, 5.
Total 12.
Un mort-né du sexe féminin.
Maiuages.Néant.
Décès.Vcrbeke, Maric-Dymphne-Susanne, âgée de
77 ans rentière, veuve de Jean-Jacques Lambin rue de
Baillcul. Claeys, Ives, âgé de 24 ans, journalier, céli
bataire, rue de Menin. Sent, Marie-Thérèse, âgée de
28 ansdentellièrecélibataireMarché aux Bêtes.
ClareboutAnge, âgé de 65 ans, journalier, époux de
Marie-Thérèse Blanckaert, rue de Menin. FcrnéIsa
belle-Constance, âgée de 86 ans, dentellière, célibataire,
rue de Menin. VanSteenePierre-Jacques, âgé de 57
ans, journalier, veuf d'Eugénie-Constancc Vcrhaege,
époux de Natalie-Eugénie Vcrschaeverue du Verger.
Wullaert, Julie-Virginie, âgée de 41 ans, sans "profession,
épouse d'Adolphe-Joseph Boyaert, rue de Menin.
Enfants au-dessous de 7 ans.Sexe masculin 3.
Sexe féminin 1. Total 4.
Isaure tressaillit l'espèce de domination que cet hom
me, si étranger jusque-là, semblait vouloir s'arroger, lui
révéla une partie du danger qui l'enveloppait, et blessa
instinctivement sa fierté. Elle allait pour toute réponse se
hâter de fixer le jour de son union avec le jeune de Ma
rillac... mais dans son léger mouvement de surprise, elle
avait laissé tomber son mouchoir: David se baissa pour
le ramasser et en le lui rendant il resta une minute
demi prosterné devant elle; dans cette position, il lui dit
précipitamment:
Isaure, vous savez si je vous aime Dieu le sait
encore mieux que vous et cependant il le faut je vous
demande comme une grâce de retarder mon bonheurde
différer ce mariage.
La jeune fille mit la main sur son front elle croyait
rêver. 11 lui sembla en ce moment que d'Alvimar avait
la puissance de soumettre son rival lui-même sa vo
lonté; il en acquit ses yeux un prestige surnaturelet
la surprise la tint un instant immobile et palpitante.
Eh bien mon enfanttu ne réponds rien dit M.
de Chavailles.
Après quelques minutes d'hésitation, elle répondit
d'une voix altérée:
J'aurais désiré avant un moment aussi solennel passer
quelques jours de retraite dans le couvent des Ursulines
où j'ai été élevée.
Il n'était pas dans le caractère de son père de s'opposer
ce désir; d'ailleurs, il eût craint de blesser la délicatesse
de celte jeune âme en insistant sur un pareil sujet.
Il fut donc décidé que la cérémonie nuptiale n'aurait
lieu que dans un moisafin de laisser Isaure le temps
de remplir ses pieux devoirs. Et on se sépara.
(La suite au prochain n°.)