JOURNAL B'YPRES ET EiE L'ARRONDISSEMENT.
Jeudi, 21 Déccmlipe 1848.
Vires acquint eundo.
INTÉRIEUR.
Te capitaine Mandrin.
5J° <56. 8e Année.
yr
ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 5 francs 50 c. Provinces, 4 francs
INSERTIONS: Annonces, la ligne 15 centimes.Réclames la ligne 50
Le Progrès parait le Jeudi et le Dimanche,
être adressé l'éditeur, Marché au Beurre.
Tout ce qui concerne le journal doit
On ne reçoit que les lettres affranchies.
YPRES, le 20 Décembre.
bai de la société de mm. les sois-officiers
de la garde civique d'ypres.
Rarement l'anniversaire du roi a été célébré avec
autant d'animation que cette année non-seulement
Ypres, mais si nous devons en croire les journaux, dans
les autres villes du royaume. On dirait vraiment que les
fêtes qui ont eu lieu peuvent servir de témoignage du
bien-être relatif et de la sécurité qu'on trouve en Belgi
que, et c'est aussi pour ainsi dire, une indication involon
taire du bonheur qu'éprouve la nation d'être restée calme
au milieu de la tourmente révolutionnairemalgré les
excitations et l'entraînement de l'exemple des peuples
voisins.
A Ypres, la Garde civique a voulu démontrer qu'elle
avait les mêmes sentiments nationaux que celle des gran
des villeset des fêtes ont eu lieu pour célébrer l'anni
versaire. 'de la naissance du roi, symbole do l'indépen
dance 'et dfe la nationalité belges.' Une société de MM. les
sous-officiers, créée depuis peu de temps, a voulu contri
buer par un bal la solennité politique du 16 Décembre.
Le local du Salon d'Apollon avait été décoré avec beau
coup de goût et transformé en jolie salle de danse coquet
tement ornée avec des fleurs et de la verdure. Au fond
se trouvait le portrait du Roi, au milieu d'un joli trophée
de drapeaux.
Vers neuf heures, le corps d'officiers de la garde civi
que s'est rendu cette fête laquelle il avait été invité
et a été complimenté son entrée par le président M.
l'adjudant sous-officier Ernest Maurau. M. Je major com
mandant lui a répondu, au nom du corps d'officiers, et le
bal a alors commencé, aux cris de vive le roi! vive la
garde civique! Rien de plus émouvant que de voir réunis
dans un même sentiment, ces soldats-citoyens témoignant
par leur franche gaieté, qu'ils sont heureux de pouvoir
célébrer un jour remarquable par les souvenirs qu'il rap
pelle et une fête qui peut être placée sur la même ligne
que celle des journées de Septembre, car si de l'une date le
commencement de notre indépendance, l'autre est celle
de sa consolidation.
Ajoutons que de jolies personnes rendaient les danses
très-animées et que la fête a duré jusqu'à cinq heures iju
matin. Les officiers et sous-officiers du corps des Sapeurs-
Pompiers et les musiciens de ce corps assistaient ce bal
auquel ils avaient été invités par des camarades, car
entre la Garde civique et les Sapeurs-Pompiers, il n'y a
que la tenue qui diffère.
V. LE CAMP DS MANDRIN. (Suite.)
Depuis le moment où le chef des contrebandiers et le
frère de Saint-François avaient commencé cette confé
rence, le feuillage qui les enveloppait s'était souvent en-
Ir'ouvertquoiqu'il n'y eût pas un souffle de ventet si le
prédicateur n'avait pas été si fort entraîné par son élo
quence, et le disciple si fort captivé par ses penséesils
auraient pu entendre souvent, derrière la cloison de ver
dure, une haleine haletante et entrecoupée comme celle
qui s'exhale dans une extrême attention.
Cependant le révérend père avait repris son accent
onctueux et continuait son homélie.
Je sais biendisait-ilqu'il est difficile de renoncer
d'un jour l'autre Satan et ses œuvres; mais si vous
vouliez seulement prendre ce chapelet qui a été béni par
le Saint-Père, elle dire dévotement soir et matin, la grâce
viendrait comme par miracle, et vous brûleriez alors
d'accomplir la pénitence qui pourrait vous remettre entre
les mains de Dieu. Car il s'agit pour vous, mon fils, d'une
conversion exemplaire. Quand on est sorti des voies de
l'humanité pour devenir, non un saint, mais un démon,
quand on a engendré plus de mal soi seul que toute la
BANQUET BE IH1I. LES OFFICIERS
DE LA.GARDE CIVIQUE.
MM. les officiers ont, eux aussi, voulu, l'occasion de
l'anniversaire du roise réunir en un banquet et inviter
lesautorités civiles et militaires. 11 a eu lieu lundi dernier,
au Grand Aigle d'or. Trente sept convives se trouvaient
réunis dans la grande salle des Frères d'armes de l'em
pire. Une table bien ornée et un trophée de drapeaux avec
le portraitdu roi au milieu, embellissaient la salle. Parmi
les invités se trouvaient le commissaire d'arrondissement,
le procureur du roi, le commandant de la place, le lieute
nant-colonel commandant le 10e et le major commandant
le. dépôt du 5". Le premier toast a été porté par M. le
major commandant le bataillon de la garde civique, au
roi et a la famille royale. M. le commissaire, après une
allocution vive et éloquente, a répondu par un toast a
l'indépendance et a la nationalité belge Ils ont été ac
cueillis avecin'.housiasme et au bruit d'applaudissements
répétés.
M. le commandant de place, par une allocution bien
sentie et prononcée d'une voix émue, a proposé de boire
lafraternité de la garde civiqueet de l'armée, en ajoutant
que c'était un élément de forcé pour notre pays. Cette
proposition a excité les plus viies acclamations et M. le
capitaine Coenegracht a répondr -immédiatement en pro
posant le toast suivant: a l'union de l'armée et de la
garde civique! toastquia été chaudemontapplaudi, parce
qu'il était dans les sentiments de tous les convives. Disons
que pendant la fête, la plus franche cordialitéa régné entre
tous les convives et que ce banquet a été un des plus jolis
dont on conservera le souvenir dans notre ville.
Les médailles et récompenses pour l'exposition agri
cole ont été distribuées Dimanche dernier et sont publiées
dans le Moniteur. Aujourd'hui nous donnons la partie
qui concerne l'arrondissement d'Ypres. Disons qu'à cette
occasion, Mr Aimé De Knuydt, membre de la députation
permanente de notre province et Dieryckx, bourgmestre
de Thourout, ont été décorés. M. Demadc, bourgmestre
de Comines et membre du conseil supérieur d'agriculture
l'avait été quelques jours auparavant avec M. Jacques De
Beir, ancien échcvin de Poperinghe, et De Prey, ancien
échevin de Furnes.
Liste des personnes qui ont obtenu des médailles l'ex
position agricole et qui appartiennent l'arrondisse
ment d'Ypres.
Froment roux d'hiver. M. Blootacker, Jean, Brielen,
médaille en argent.
bande des damnés, et fait pleurer la vierge et les anges
tant qu'ils ont de larmes, il n'y a point de remède tant
de perdition que de prendre le sac et la liairc, de se cou
cher sur le lit de cendre, et de dire le med culpà jusqu'aux
portes de l'éternité.
Puis il reprit, avec l'éclat de voix qui convenait la
péroraison
Oui, j'ose vous demander, mon Dieu, d'accomplir
ce miracle! Que celui qui a été le Nabuchodonosorle
Jéhu, le Satil de ce siècleque le capitaine Mandrin enfin
soit désormais le plus humble de vos serviteurs et l'édifi
cation du plus saint des couvents!
A ce motle capitaine fronça le sourcil, son œil lança
un éclair, et il se leva impétueusement.
Va-t-cn dit-il au religieux.
Le bon moine hocha la tète et s'éloigna tranquillement,
en disant:
Ce n'est pas encore pour cette fois mais c'est égal
je reviendrai.
Il s'acheminait vers la partie du camp où les bandits
étaient en récréation, lorsque, quelques pasde la grotte,
et dans un endroit solitaire, il se sentit tiré par sa robe.
Un grand homme, pâle et roux, qui avait suivi ses pas,
lui dit en tendant la main
Froment blanc d'hiver. M. Coppin Fidèle, Brielen,
mention honorable; VcrhelstClément, Zillebeke,
idem;Camerlynck, François, a Proven, idem; Dc-
moor, Brunon, Passchendaele, idem.
Puis. M. VanRenynghe, Hubert, Poperinghe, mé
daille d'argent.
Féveroles. M. Dclbceque, Vlamertinghemention
honorable.
Collection de pommes de terre. M. VerschaevcLouis
Ypresmédaille d'argent.
Lin roui. M. Dochy, Pierre, Passchendaele, mention
honorable.
Colza d'hiver. M. Vandcrmecrscb, J.-B1", Bas-War-
nêton, médaille en vermeil; Dumortier, Pierre,
Comities, médaille d'argent.
Cameliue. M. Vanryekeghem, Gheluwe, médaille
d'argent; Vande Pitte, Joseph, Bccelacre, médaille
de bronze.
Colza d'été. M.De Heegher, Jean, Watou, médaille
de bronze.
Pavot oléifère. M. Dumortier, J.-B. Comines, mé
daille d'argent. M. Dclbecque, Iloulhem, médaille
de bronze. Mispelaere-DuboisComines, mention
honorable.DeMyttenaere, Ignace, Gheluwe, idem.
Houblon. Boucquey, François, Poperinghe, médaille
de vermeil.Sohier, François, Poperinghe, médaille
d'argent. Veys, Louis, Vlamertinghe, mention hono
rable.
Tabac. M. Dumortier, Pierre-François, Comines,
médaille en vermeilIngelbeen, Edouard, Gheluwe,
médaille d'argent; Catteau, Alexandre, Comines,
médaille de bronze;Delrue, Joseph, Wervicq
mention honorable; Forrest, Floriinond, Wervicq,
mention honorable.
Pendant le banquet de MM. les officiers de la garde
civique, la musique du 10e est venu donner une sérénade
et elle a été suivie par la musique de la garde civique.
La première a supérieurement exécuté divers morceaux,
et l'autre, bien que récemment formée, a fait plaisir, car
les progrès qu'elle a fait, fait bien augurer pour l'avenir.
Correspondance.
On nous écrit de Poperinghe
Un arrêté royal, en date du 16 Décembre, vient de
nommer chevalier de l'ordre de Léopold, M. Jacques De
Beir, ancien échevin de la ville de Poperinghe. La satis
faction avec laquelle les habitants de cette ville ont
accueilli cette nomination a été d'autant plus grande, que
jamais distinction honorifique n'a été mieux méritée que
celle que le gouvernement vient de conférer au vénérable
vieillard qui en a été l'objet. Agé de 85 ans, M. De Beir
a, pendant plusd'un demi-siècle, fait partie de l'adminis
tration municipale dont il fut le président l'époque la
plus orageuse de la révolution françaisealors que ces
fonctions au lieu d'être un honneur, n'étaient qu'un
péril pour ceux qui en étaient revêtus. En sa qualité de
Mon père, voulez-vous me donner ce chapelet mer
veilleux dont vous parliez tout-à-l'heure au capitaine, et
qui convertit un homme du soir au matin? Je vous le
paierai six ducats de bonne monnaie.
C'était Faustcr qui parlait ainsi. Le moine le regarda,
fit une petite moue de dédain, signifiant qu'il ne tenait
pas beaucoup acheter cette âme-là au Seigneur. Cepen
dant, il pensa que six ducats figureraient bien dans sa be
sace et céda le rosaire ce prix.
L'arrivée du père Gaspard la récréation des bandits
fut accueilli par de joyeuses acclamations; il s'assit au
milieu des pipes et des cruches de vin, dans la complai
sante intention de. conter aux brigands ces légendes reli
gieuses dont il était fort épris.
Mais chaque saint dont il leur louait la sagesse et
l'abstinencele verre du moine était rempli et vide sans
qu'il s'en doutât, si bien qu'au dernier ujartyr il était
plongé dans la plus délicieuse extase par les vapeurs du
Champagne.
Enfin il se remit sur ses jambes le mieux possiblera
justa ses sandales et sa besace, et prit congé des brigands.
Ceux-ci l'accompagnèrent de leurs salutations amicales.
Adieu, père Gaspard,disaient-ils, nousvous donnons
notre sainte bénédiction... Revenez vite nous voir.