E\TÉRIEIR.
Euils divers.
FRANCE. Paris. 10 janvier. On s'agite très-
fort pour arriver une transaction dans l'affaire de la
proposition soumise par M. Rateau, l'Assemblée na
tionale.
Déjà une majorité imposante parait disposée décider
que l'Assemblée doit fixer dès présent l'époque laquelle
elle se séparera.
Cette décision une fois prisele débat s'établirait sur
la date même de la séparation, dont les termes extrêmes
paraissent être quant présent, le 19 février, indiqué
dans la proposition de M. Rateau, ou le 4 mai, jour pro
posé par M. Pagnerre et consorts.
Selon toute apparence, la date du 4 mai prévaudra les
élections pour la nouvelle législature qui auraient lieu le
15 avril.
En réalité donc l'Assemblée n'existerait plus que jus
qu'au 15 avril, car elle cessera d'être bien réellement, le
jour où la Chambre qui devra la remplacer aura été
nommée.
Quant aux lois organiques faire, on discuterait tout
ce qu'on pourrait en discuter ceci est l'affaire de la direc
tion donner aux débats, et, dans l'intérêt de cette pen
sée, c'est sur MMarrast que se porteront de nouveau les
voix de la majorité.
11 reste toutefois régler préalablement toute chose
l'affaire de la vice-présidence de la République affaire
qui est devenue très-sérieuse, car elle parait porter en
elle-même, suivant certaines intrigues, la solution de la
question ministérielle.
Une portion de la gauche offre ses vœux M. Barrot,
la condition que le cabinet serait modifié par l'accep
tation de MM. Dufaure, Vivien et Lamoricière.
Mais le maréchal Bugcaud et le général Changarnicr
font obstacle cette combinaison qui cependant a de cer
taines chances de succès.
C'est en opposition ce cabinet qu'on a dressé, au
Pavillon Marsan, la liste que je vous transmettais hier.
Je dis le pavillon Marsan, et ce mot sera d'autant plus
juste que déjà dans un certain monde, M. Jérôme Bona
parte, fils, qui parait conduire le parti ultra-bonapartiste,
n'a plus d'autre nom que celui de Monsieur.
Un autre ministère serait encore sur le lapis, MM. Bil-
lault et Senard en seraient 1rs parrains et auraient offert
M. Marrast de s'adjoindre eux.
La question pour les meneurs en ce momentest d'as
surer la direction des élections qui sont inévitablement
très-prochaines.
M. I .ucien Bonaparte, dont l'élection a été cassée par
l'Assemblée est, dit-on au plus mal avec son cousin le
présidentet c'est l'influence de M. Louis Bonaparte
qu'il attribue la lutte qu'il a eu soutenir de lu part
de M. Arri de Padoue, son eompétitcur.
On parle d'ailleurs d'une scène assez vive qui aurait eu
lieu entre parens celte semaine l'Elysée.
M. Grcvyqui a fait hier le rapport qui conclut au rejet
de la proposition Bateaun'est point, comme on l'a dit,
un des partisans du général Cavaignac. M. Grcvy est l'au
teur de la proposition faite contre l'institution île la pré
sidence, lors de la discussion de la Constitution.
M. Arago (Emm.) et le général Leflô ont donné leur
démission de ministres de la république Berlin et Sl-
Pétersbourg.
S. E. le cardinal Giraud archevêque de Cambraiest
parti de Paris la nuit dernière pour se rendre Gaëte près
du St-Père.
Le métier d'orateur-clubistc continue h présenter peu
d'agrément. Trois d'enlr'euxBernardGainez et Dcso-
lins, comparaissaient hier devant la cour d'assises, sous
la prévention d'excitation la haine et au mépris des ci
toyens les uns contre les autres, etc. Déclarés coupa
bles par le juryils ont été condamnés le premier un
mois de prison et 100 fr. d'amende et les deux autres
200 fr. d'amende.
de son poids seul, et ils allaient succomber.
Dans cet instant de détresse, par un mouvement na
turel même des brigands, ils levèrent les yeux au eiel.
Alors, aux rayons de la lune qui versait en plein sa
lumière, ils virent paraître sur le sommet du pic d'Angor
un cavalier aux armes étineelantes et, l'instant même,
comme s'il eût été emporté par la raffale du vent qui fen
dait l'espace, le cavalier fantastique fondait dans le vallon.
Mandrin
Ce cri de joie, exhalé avec une force tonnante du sein
des contrebandiers, roula dans les rochers, alla jusqu'au
chef adoré et s'éleva jusqu'aux nues.
Mandrin! s'écrièrent aussi les troupes ennemies;
mais là ce nom fut prononcé avec un accent de terreur
qui en assourdit le son, comme s'il eût été répété dans le
sein d'un écho caverneux.
Le capitaine était déjà au milieu des siens, et tout
changeait de face autour de lui; on eût dit que sa pré
sence faisait lever de nouveaux soldats du sang qui rou
gissait la terre. Se plaçant la tête de ses braves, et
guidant leurs mouvementsil balaya d'abord la ligne de
soldats dont il était c< rué et repoussa toutes les forces
ennemies vers la chaîne de colline située gauche il s'en
rendit maître, les enveloppa son tour, et, soutenu de
ses gens, dont le eoumgcavait pris en ce moment quelque
Barnabé Chauvelot, prévenu d'outrages publics envers
le commissaire de police au club de la Reine-Blanche a
été condamné par défaut un an de prison et 1,000 fr.
d'amende.
ITALIE. —Un deuxième consistoire a été tenu par
le pape Gaëte, le 22. Il a nommé 8 évêques nouveaux
celui de Gaëte est nommé archevêque.
On écrit de Rome, le 50 décembre: Le ministre de
la guerre a ouvert un nouveau recrutement. Il offre une
prime de 10 écus quiconque présentera l'enrôlement
10 individus remplissant les conditions voulues; le grade
de caporal celui qui en présentera 20, et celui de ser
gent qui en présentera 40. Sera sous-licutcnant celui
qui en amènera 100.»
A Rome, le 30décembre, on ne s'occupait que de l'élec
tion de la Constituante romaine. 11 parait qu'avant le dé
cret de la convocation de la Constituante romainela
majorité de la chambre des députés de Romeavait eu
l'idée de proclamer l'Assemblée du gouvernement qui eût
délégué le pouvoir exécutif trois de ses membres. On
pensait que le prolégat de Bologne proclamerait la Consti
tuante de l'État dans la journée du 1" janvier.
On lit dans la Gazette de Bologne, du 31 décembre:
Le bruit a couru Rome qu'une frégate française faisait
voile pour la Sicile, ayant bord Lucien Murât: celui-ci
va offrir ses services a la Sicile on se doute quelle con
dition.
kovie, 1"janvier.Aujourd'hui sera publié le rè
glement pour l'élection des députés la Constituante.
Hier au soir, nous avons eu une fête civique qui sera
reprise ce soir.
Les députés des cercles de Florence et autres villes de
Toscane sont arrivés ici pour nous aider faire l'instruc
tion politique du peuple.
Hier, presque tous les bataillons de la garde civique ont
fait des promenades militaires avec le drapeau tricolore.
La bannière papale brillait par son absence.
On parle d'un encyclique du pape, arrivée hier, dans
laquelle le pontife déclare qu'il est prêt confirmer les
concessions qu'il a faites pourvu qu'on n'exige rien au-
delà, et revenir Home. Quand la nouvelle serait vraie,
on pourrait bien répondre Pie IX par ces fameuses pa
roles Il est trop tard.
Un Te Deum, au sujet de la constituante, a été chanté
hier dans l'église de Jésus; les autorités civiles et mili
taires étaient mêlées toutes les classes des citoyens. La
cérémonie était saisissante.
3 janvier. - On est dans l'attente d'une troi
sième protestation papale. On dit aussi que de grands
dissentiments se sont élevés entre les cardinaux et le
pontife. 11 parait même que le cardinal Ostini aurait été
frappé d'apoplexie foudroyante la suite d'une discus
sion très-vive. Lambruschini et Antonclli poussent le
pape vers une intervention armée; les autres cardinaux
désapprouvent cette mesure.
Il parait que la Russie s'est mise d'accord avec l'Angle
terre pour qu'aucun empêchement ne soit désormais ap
porté l'expédition du roi de Naplcs contre la Sicile.
Hier a eu lieu une grande démonstration en faveur de
la Constituante. Toutes les troupes y ont pris part.
ESPAGNE.M umiit, 5 janvier. On dit que le
marquis de Santa-Cruzcorrégidor de Madrida donné
sa démission, par suite de la nomination de M. Zaragoza,
comme chef politique de Madrid.
M. Pidal a répondu victorieusement hiertous les
arguments de M. Cortina qui s'était surtout appliqué
critiquer la politique étrangère du cabinet. La séance
d hier, dans laquelle M. Pidal a obtenu ce triomphe par
lementaire, s'est prolongée fort avant dans la soirée,
Aujourd'huidont la séance ne sera pas moins longue
on croit que l'intention de la chambre est de terminer le
plus proraptcinent possible la discussion de l'adresse.
Le commencement de la séance d'aujourd'hui a été oc
cupé par des vérifications de pouvoirs. M. Sartorius a
pris ensuite la parole pour achever la réfutation de M.
Cortina. MM. Donoso, Cortès et Benavidcs prendront part
la discussion.
chose de surnaturelil les força un mouvement rétro
grade. Les soldats trouvant derrière leurs pas des élé
vations de terrain qui s'opposaient leur retraite, se
jetèrent tous dans le passage ouvert entre deux collines;
et làMandrin profitant de leur nombre même qui les
obstruait et gênait leurs mouvements, en fit un carnage
épouvantable.
Les soldats fuyaient, mais en faisant toujours face
l'ennemi, en combattant toujours; ils arrivèrent ainsi sur
le rivage du Rhône.
Les contrebandiers, qui avaient sauté par-dessus les
coteaux avec l'élan facile des bêtes fauves, les enveloppè
rent de nouveau. L'esp3ce qu'ils occupaient sur la grève
devint de plus en plus étroit, et, en reculant sans cesse,
ils atteignirent la bande sablonneuse qui bordait le fleuve!
Une affreuse terreur se fit alors sentir au sein des com
pagnies royales. Les soldats étaient forcés de marcher
en arrière pour continuer faire face aux contrebandiers.
Ceux qui étaient au dernier rang sentaient déjà la terre
prête manquer sous leurs pas, et pensaient qu'ils allaient
s abîmer dans les flots. Ils faisaient des efforts furieux
pour percer ce cercle d'ennemis qui les enveloppaient
d'une double mort I mais tout était vain les contreban
diers combattant auprès de leur capitaine, étaient trop
forts maintenant pour plier.
Le capitaine-général commandant l'armée de Catalogne,
mande de son quartier-général de Vicb, la date du 29,
que Cabrera Eslartus et autres cabécillas, ont attaqué la
ville de Ripoll, le 24. Les carlistes ont pénétré dans la
ville, mais ils en ont été immédiatement repoussés par
une compagnie de chasseurs de Tarragone, formant la
garnison, qui leur ont tué et blessé plusieurs personnes.
Bircom. 2 janvier. Il est arrivé aujourd'hui ici
cinquante-trois blessés Christinosplus un commandant
blessé aussi. Ils avaient avec eux quatre prisonniers car
listes, dont l'un, couvert de blessures, est mort peu
d'instants après son entrée l'hôpital. Les trois autres
ont été mis en chapelle pour être fusillés demain matin.
Ces blessés proviennent d'une action qui vient d'avoir
lieu dans les environs de Lermaentre les troupes de la
reine et un nouveau chef carliste, nommé El Cambor,
qui a levé l'étendard de l'insurrection. Nous ne connais
sons pas encore les détails de cette rencontre.
AUTRICHE. La nouvelle donnée hier de la prise
de Pesth et d'Ofen par les Autrichiens ne s'est pas con
firmée.
Notre correspondant viennois nous écritau contraire,
en date du 5, ce qui suit:
Nous recevons l'instant le dixième bulletin de l'armée
de Hongrie. Suivant ce bulletin, le prince Windischgrœlz
a transporté le4 son quartier-général llia, quatre lieues
d'Ofen. Le 5 janvier, une deputation vint de Pesth pour
négocier, mais le prince exigea que la ville se rendit
discrétion.
Après sa victoire près de Moor le ban a continué sa
marche par Lovas-Berenylde sorte qu'Ofen est entourée
par les avant-postes impériauxsur la rive droite du
Danube. Les feld-inaréchaux Nugentet Dableu marchent
contre Kanisch. Le feld-maréchal Sehliek s'avance contre
Mickolz. Un engagement considérable a eu lieu près de
Sziklo; l'avantage est resté aux impériaux.
Une contribution de guerre extraordinaire de 1,338,293
livres a été imposée vers la fin du mois de décembre,
la province de Milan, afin de pourvoir l'entretien des
troupes autrichiennes, dans cette province.
ÉTATS-UNIS. II est arrivé des nouvelles des États-
Unis, par le paquebot vapeur le Niagara, qui a quitté
New-York le 20. Ces nouvelles sont peu importantes.
Les fêtes de Noël avaient arrêté le mouvement des affaires
législatives et commerciales. La fièvre allumée par l'or de
la Californie ne s'était point calmée; l'émigration conti
nuait.
L'Etat d'Ohio est parvenu arranger ses différends amia-
blemcnt. On avait public des listes d'un nouveau minis
tère sous le général Taylor; mais elles ne paraissent pas
exactes. Autant qu'il est permis d'en juger, le nouveau
président parait plus disposé que la plupart de ses prédé
cesseurs, choisir des ministres, d'après leur mérite et
leur capacité.
La ville de Londres a été dotée d'un nouvel établisse
ment de bains et de. blanchissage pour les classes labo
rieuses, qui a été ouvert le 2 de ce mois.
Cet établissementsitué au centre du district de la
paroisse Saint-Martin-in-the-Ficlds, consiste en un bâti
ment de 130 pieds de largeur. Les cabinets de bains sont
au rez-de-chaussée. Il y en a neuf de première classe et
trente-cinq de seconde classe pour les hommes; cinq de
première classe, et dix-neuf de seconde classe pour les
femmes. Le prix des bains froids est fixé 1 pennv 11
centimes) pour les cabinets de première classe, et 33
pence (33 centimes) pour ceux de seconde classe les
bains chauds se paient le double.
La buanderie est au premier étageet divisée en cent
cellules, destinées autant de personnes, et contenant
chacune tout ce qu'il faut pour faire la lessive.
Cet établissement, le troisième dans son genre, qui
depuis peu de temps a été créé Londres, a été fondé
aux Irais de la paroisse même de Saint-Martin-in-the
Fields, et a coûté environ 5,000 liv. sterl. ou 125,000 fr.
La lune éclairait largement ce funèbre tableau. Les
soldats, pâles d'effroi, sanglants, percés de coups, jetaient
un lugubre gémissement chaque pas rétrograde qui les
approchait du fleuve; ils l'entendaient gronder derrière
eux et n osaient tourner la tète pour mesurer l'espace qui
les en séparait encore dans la crainte de perdre un des
coups qu'ils devaient porter. Mandrin, grand, formidable,
brandissait son sabre flamboyant, se montrait devant eux
comme le génie de la destruction, et les poussait pas
pas dans l'abîme.
Enfin ceux qui étaient au dernier rang tombèrent ren
versés dans les flots. Un cri de détresse, un cri épou
vantable s éleva de la troupe entière; d'autres rangs
tombèrent dans le fleuve leur tour, et des cris plus
déchirants encore s'élevèrent jusqu'aux nues; l'eau bouil
lonna en grondant contre cet amas de corps qui lui bar
rait le passage; enfin un nouveau rang tomba encore, et
Ion n entendit plus de cris de désespoir, plus rien, car
c était le dernier La vague heurta quelques minutes cette
digue de corps humainsen se crouvrant d'une écume
sanglante puis elle bondits'élança par dessus les ca
davres, et ils disparurent pour jamais.
Les contrebandiers restèrent seuls sur la grève.
[La suite au prochain n°.)