EXTÉRIEUR. FRANCE. P iris 27 jatirier. Dès le matin, un grand déploiement de troupes de ligne a eu lieu dans le quartier latin. La garde nationale de la 11' légion n'avait point été avertie. Le cours de M. Lerminier devait se rouvrir. Le collège de France était entouré de troupes. On n'a admis dans l'intérieur que les étudians porteurs de cartes les autres, après avoir été repoussés, ont parcouru le quartier en criant: A bas de Falloux Et là, ils se sont rendus l'as semblée, où quelques-uns d'entre eux ont remis une pé tition, dont M. Martin Bernard s'est chargé, et qui a été déposé sur le bureau au commencement de la séance. En quittant les abords de l'assembléeun groupe de ces jeunes gens s'est dirigé rue de Baune, au bureau de la Démocratie pacifique où, dit-on, on en a arrêté un certain nombre. L'accès de l'assemblée, du côté de la place de Bour gogne, a été tout l'après-midi encombré de curieux quel que peu bruyans. La 110 légion faisait le service de l'assemblée. Les officiers de cette légion se plaignaient assez haut de la négligence qu'on avait mise mettre sur pied la garde nationale en même temps que la troupe de ligne. Si nous en croyons le Siècle, M. Dufaure aurait l'in tention au sujet de la question de dissolution de prendre la parole pour amener les hommes sincères et modérés une transaction raisonnablc.II espère que M. de Lamartine interviendra dans le même sens. On faisait circuler une nouvelle grave. M. Aladenixe chef de bataillon dans la garde mobileun des officiers de Louis-Bonaparte amenés Boulogne et l'un des com pagnons de captivité du prince, avait malgré les antécé- dens, mis ces derniers dans une position très-hostile au gouvernement. M. Aladenixe, ce qu'il parait, s'est en tendu avec les chefs de bataillon, ses collègues, pourtant conservés comme lui dans leurs grades et il s'est rendu chez le général Changarnier. Là une scène vive a eu lieu, et le général a été obligé de faire arrêter M. Aladenixe qui a été conduit l'Abbaye. On annonçait que le ministère allait demander l'auto risation de poursuivre un représentant. Le gouvernement est décidé ne reculer sur aucun point devant les en nemis du repos public. Le journal le Peuple a encore été saisi hier. Son gérant, M. Duehênc, rentrait au bureau, après avoir subi une première condamnation de deux mois S1" Pélagie, quand la nouvelle poursuite lui a été signifiée. L'article qui a motivé la sévérité du parquet est intitulé: La guerre; il se termine par ces mots Louis Bonaparte a posé la ques- «t tion de la dissolution de l'assemblée. Lundi l'assemblée posera la question de la démission du président. P. S. Le numéro du Peuple d'aujourd'hui a encore été saisi. Dans le plus grand nombre des bureaux, les membres les plus modérés de la majorité ont exprimé cette opinion que, s'il fallait faire une loi sur les clubs, l'assemblée n'a vait pas le droit d'en faire une contre les clubs. Le projet de loi qui ordonne la fermeture des clubs a été présenté l'Assemblée nationale de France, dans sa séance de Vendredi, par M. Léon Faucher, ministre de l'intérieur. Un montagnard, M. Cent, s'est écrié après qu'il eut entendu la lecture de ce projet, que c'était dé passer les bornes de l'audace. Samedi, l'urgence réclamée par M.Léon Faucher, en faveur de la loi sur les clubs qu'il avait présentée la veille, a été repoussée par l'Assemblée. La majorité est assez considérable. Sur 760 votants, 418 ont repoussé l'ur gence, 342 l'appuyaient. Une proposition de mise en accusation du ministère pour avoir violé la Constitution, par la présentation de la loi interdisant les clubs, a été déposée sur le bureau du président par M. Ledru-Rollin. dèrent tout bas où était Mandrin. Un signe du gardien leur répondit qu'ils le voyaient devant elles. Le prisonnier murmurait quelques mots dans son som meil c'étaient des accents d'ainour et de regret, auxquels le timbre de sa voix donnait un attrait indéfinissable. Puis Mandrin ouvrit les yeux. 11 avait rêvé que les magistrats prononçaient son juge ment, et le condamnaient aller au supplice sans revoir Isaure. Dans son sommeil, il avait vu ouvrir son eachot, et le son réel s'était mêlé au songe, il croyait voir devant lui en s'éveillant les bourreaux qui venaient l'appeler. En rencontrant la place les figures de deux femmes de l'as pect le plus attrayant et de la physionomie la plus douce, qui s'étaient assises dans le cachot, tandis que la porte se fermait derrière elles, il sentit un soulagement extrême, et les regarda avec l'air de surprise et d'admiration qu'elles avaient elles-mêmes en le trouvant la place de l'être affreux qu'elles avaient imaginé. Ce premier instant avait déjà mis une espèce de lien entre le prisonnier et les charitables femmes et amené la pitié et l'espérance dans le cachot. Mandrin fit un mouvement pour s'incliner devant les bel les visiteuses, maislcs chaînes qui le retenaient firent enten dre leur bruissement, et il retomba sur sa couche de paille. L'agitation des esprits recommence être très-vive Paris. De grandes précautions militaires sont prises. La réouverture du cours de M. Lerminier a encore donné lieu, hier, des manifestations qui heureusement n'ont pas dégénéré en désordres graves. Une demande en autorisation de poursuite contre M. Proudhon, a été adressée l'Assemblée par le procureur général près la Cour d'appel de Paris, raison de l'article du journal le Peuple. Voici le texte de la proposition de mise en accusation des ministres, déposée dans la séance du 26, par M. Ledru-Rollin Attendu que la politique anti-républicaine du minis tère vient de se manifester par un fait attentatoire aux droits des citoyens et au principe fondamental de la sou veraineté du peuple Attendu que le droit de réunion est un droit naturel et un droit politique écrit et consacré dans la Constitution de la République française Attendu que par le projet de loi présenté le 26 Jan vier, sur la suppression des clubs, le ministère s'est rendu coupable d'un acte qui est la violation flagrante des art. 8 et 51 de la Constitution; Attendu que le ministère est responsable de ses actes, suivant l'art. 68 de la Constitution, les représentants du peuple soussignés demandent la mise en accusation immé diate des ministres et leur renvoi devant la Haute-Cour nationale, pour y être jugés conformément l'article 91 de la Constitution. Paris, le 27 Janvier 1849. (Suivent les signatures.) Nous apprenons que des précautions immenses ont été prises par le gouvernement pour maintenir la tranquillité dans Paris, pendant les débats irritants qui vont s'ouvrir l'assemblée nationale. La semaine dernière les comman dants des troupes qui avoisinent Paris ont été prévenus d'avoir se tenir prêts marcher au premier ordre et 3 brigades de réserve ont été organisées. On lit dans un post-scriptum un article du National: On nous annonce ce soir que sur l'ordre de M. Chan garnier, MM. les chefs de bataillons, Duseigneur, Anigni, Bussac, Camusct, ainsi que le commandant du ÎO1- batail lon, ont du réjoindre l'abbaye leur camarade Aladenizc. ANGLETERRE. Lovures, 23 janvier. Les fouilles qu'on a faites dans les ruines de la maison incen diée Lincoln's-lnn, ont été productives jusqu'ici. Les pompiers ont retiié parfaitement intacts des documents et des titres de propriété pour une valeur de près de 1,200,000 francs. Une demande a été adressée la cour du banc de la reine par les conseils de M. Cavan Duffy, un des condam nés politiques, tendante ce que leur client soit libéré sous caution et admis faire devant la cour le serment d'usage. Au départ du courrier on ne connaissait pas encore la décision de la cour. On écrit de Londres On vient de découvrir sur les rivages du détroit de Magellan (Amérique du Sud) de grandes mines de houille. Notre amirauté a reçu des échantillons de ce combustible, qui est d'une excellente qualité. Les journaux irlandais publient le récit d'un acte d'hé roïsme accompli par deux jeunes filles nommées Grâce et Marguerite M'Vergh, qui, s'étant armées de fusils, ont défendu la ferme de leur père contre une attaque faite par une bande d'incendiaires. Un des brigands a été tué par Grâce au moment où il s'approchait d'une meule de foin pour l'incendier. Les journaux des provinces de l'Irlande continuent enregistrer des crimes sans nombre, les incendies, les assassinats sont 1 ordre du jour. 11 est impossible de se faire une idée de l'état actuel du pays. Pour comble de maux, des cas de choléra asiatique sont constatés dans différentes localités. A Belfast, quoique le nombre ait diminué depuis les derniers rapports, il y Madame de Charleville et sa tante lui expliquèrent le motif de leur visite, lui parlèrent avec onction des secours que la religion pourrait lui offrir dans les moments cruels qui se préparaient pour lui, et l'engagèrent vivement y avoir recours. Cet homme qui avait fait une guerre ouverte l'Église, brûlé maints couvents, et repoussé les sermons du bon père Gaspard de toutes ses railleries, n'eut pas le courage de froisser par son incrédulité barbare la religion qui se présentait lui sous une forme si gracieuse: Mandrin, comme tous les hommes fortsétait faible devant les femmes. Il parla de sa vie écoulée, sur laquelle il avait médité pendant ses jours de prison, avec une tristesse qui pùt passer pour du répentir. Je vois avec satisfaction, dit madame de Charleville la fin de leur entretien, que le malheur change bien les âmes. C'est que Dieu envoie ses anges aux malheureux répondit-il en la regardant. Une confession entière de vos fautes pourra les ra cheter. Pour cela il faudrait les connaître, et dans les courses aventureuses sur tontes les terres où le vent a poussé mon drapeau, je n'ai guère eu le temps de me recueillir et de méjuger moi-même. Je ne sais vraiment si dans mes actes avait 25 malades en traitement. Cette affreuse épidémie achève de désoler la malheureuse population de cet infor tuné pavs. ALLER IGNE. Francfort, 24 janvier. L'as semblée nationale discutera lundi la question de l'hérédité du chef de l'empire. Un article de la Gazette des Postes nous assure que ni la question de l'héréditéni celle de l'élection ni enfin celles qui rattachent la dignité de chef de l'empire un temps déterminé ou des personnages différents parmi les princes régnants qui l'exerceraient tour de rôle, ne réuniront la majorité lors de la première lecture. Si l'on parvenait faire adopter lundi prochain l'hé rédité du chef de l'empire, l'exclusion de l'Autriche serait complète. Nous n'attachons pas grand prix une telle résolution, attendu que, d'après nos renseignements, il n'est pas très- probable qu'elle puisse être exécutée dans un prochain avenir, sans le concours de l'Autriche mais nous la croyons dangereuse pour la consolidation de l'unité alle mande, attendu qu'elle placerait la majorité de l'assemblée nationale dans une position sinon hostile, du moins équi voque vis-à-vis des vœux du cabinet de Prusse, qui dans cette question ne s'associera pas l'assemblée nationale si cette dernière ne tient pas compte des demandes de ces tribus. Ainsi, au lieu de réaliser l'unité, on provoquerait une scission entre les exigences pratiques et les résolutions de l'assemblée nationale et l'on arriverait une position qui toucherait une catastrophe. Nous venons d'apprendre que des députés des fractions de la gauche, voulant prendre en considération la voix du peuple qui se manifeste de plus en plus dans la ques tion autrichienne, ont ouvert le débat dans une réunion. Plusieurs organes de la démocratie se prononcent déjà pour l'unité allemande dans le sens de M. de Gagern. Le ministère est décidé déclarer, avant le commen cement de la discussion de la question autrichienne, qu'il en fait une question de cabinet. La réunion de la Cour d'Allemagne prépare une proposition ayant pour but d'empêcher cette déclaration. Gazette Allemande. AUTRICHE.Vii yve21 janvier. La nouvelle prise de Chcmnitz par nos troupes se confirme, bien qu'elle n'ait pas encore été annoncée officiellement au public. Une nouvelle importante si elle se confirme, circule aujourd'hui dans la capitale. On dit que le ban Jellachich a fait son entrée Szegcdin. La ville de Weisskirchen dans le Banal a été ce qu'on prétend bombardée par le général Theodorovich et prise après une résistance. On mande de Pesth que le prince Windischgi'atz s'est rendu Olmutz où il a été demandé. ESPAGNE. KI iurid, 21 janvier. Le Fromento de Barcelone, du 17, donne des détails sur l'échec de Cabrera, qui n'ajoutent rien ce qui a déjà été publié ce sujet. Toutes les lettres, dit ce journal, sont d'accord sur le découragement de Cabrera, qui ne s'attendait pas être poursuivi avec tant d'acharnement. 11 parait que le chef Carliste a lui-même avoué qu'en gagnant Mouseny il n'avait dù son salut qu'au hasard, et que, depuis son arrivée de Franceil ne s'était pas trouvé dans un pareil embarras. C'est en divisant son monde en petites bandes, qu'il a pu échapper au général Concha. Lors de son dé part d'Amer, Cabrera n'avait plus que 500 hommes et 80 chevaux. Les n0' des 18 et 19 du même journal annon cent la soumission d'un grand nombre de factieux aux troupes de la reine, dans la province de Tarragone. On lit dans le Journal des Pyrénées orientalesdu 25 février Nous apprenons l'instant une nouvelle fort impor tante: Roger de Massanet, chef de bande du parti répu blicain, vient de faire sa soumission la reine. Deux cents hommes qu'il commandait ont suivi son exemple. Cette nouvelle est arrivée hier au consulat général d'Es pagne Perpignan. On nous écrit de la frontière des Pyrénées, 19 janvier: Le 18 courant, une colonne des troupes de la reine, j'ai été l'arme dont se servait un mauvais esprit ou l'in strument d'une haute pensée. Maisle tempsestvenud'interroger votre conscience. Ma conscience ne sait pas non plus si le capitaine Mandrin a été plus coupable qu'un capitaine d'armée s'il est plus légitime de batailler aveuglément contre une puissance étrangère dans un but inconnuque de com battre sa propre ambition; s'il est plus beau de faire la guerre pour un roi que de se faire roi de la guerre. Aussi, est-il indispensable de soumettre ces ques tions un saint ministère de Dieu, qui vous éclairera sur l'état de votre âme et les voies de salut qui vous sont offertes. Il me faudrait bien du temps pour éclaircir mes souvenirs, pour me faire l'historien de ma vie, et il me reste peine quelques jours. Consentez seulement vous entretenir avec le con fesseur qui viendra vous assister, et le temps ne sera point un obstacle j'ai quelque influence auprès de la cour suprême, ajouta la dame de charité avec un air de gra cieuse importance, je l'emploierai en votre faveur, et obtiendrai sans doute queles moments nécessaires votre salut vous soient laissés. (La suite au prochain n°.)

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Le Progrès (1841-1914) | 1849 | | pagina 2