JOIHXAL D'ÏPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. V S09. 8e innée. Dimanche, 4 Février 1819. Vires acquint eundo. liTÉItlElK. Le capitaine Mandrin. ABONNEMENTS yrres (franco), par trimeslrc, 3 francs 50 c. provinces, 4 francs. INSERTIONS: Annonces, la ligne 15 centimes.Réclames, la ligne 50 centimes. Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies. ÏPRF.8, le 3 Févrieii. LA QUESTION DES FLANDRES. La chambre depuis trois jours, est entretenue de cette grave question qui, sous de certaines plumes, prend des proportions gigantesques. Le ministère a pu saisir la re présentation nationale des moyens employés pour venir au secours de certaines parties de nos malheureuses pro vinces. Jusqu'ici les orateurs qui se sont succédé la tri bune, se sont plu ne pas se montrer entièrement satis faisant de ce qui avait été fait, mais si la critique est aisée, l'art est difficile, ils n'ont pas même fait entrevoir ce qu'il aurait encore fallu faire. Certains journaux se lamentent sur le sort de nos provinces, et nous les soupçonnons de se servir des Flandres dans l'intention d'atteindre un autre but que celui d'améliorer la position de nos compatriotes. Il y a exagération évidente dans leurs exigences. Sans tenir compte du possible, ils raisonnent comme s'il était facile au gouvernement de relever l'industrie linière de sa décadence ou de la remplacer immédiatement par une industrie quelconque qui remplit le vide opéré dans les salaires par l'avilissement des toiles tissées de fil filé la main. Mais il serait impossible d'y parvenir, quand même on y engloutirait la moitié du budget de l'état. Sans être de l'avis de MM. Deschamps et De llaerne pour le passé, nous croyons que dans la situation actuelle il n'y a rien de plus faire, et nous croyons que ni M. Sinave, ni les autres orateurs, n'indiqueront aucun spécifique plus puis sant que celui mis en œuvre par le ministère. Le discours prononcé par M. Delhougnc dans la séance de jeudi dernier, parait avoir produit le plus grand effet. Cet éminent orateur a rendu justice au ministère et s'est raîtis des mesures héroïques qu'on préconisait. Cette crise en effet, est le produit du temps et d'une modifica tion dans les habitudes des populations, et ce n'est pas l'aide de moyens empiriques, qu'on guérit une crise qui a des causes multiples. Le temps doit être, dans une cure semblable, compté au nombre des remèdes les plus effica ces. Mais il appartenait au gouvernement de ne pas lais ser atteindre la crise l'intensité, que par les palliatifs du ministère catholique, elle a acquise. En effet, l'au mône, toujours l'aumône et rien que l'aumône, a démo ralisé nos populations qui apprenaient du gouvernement lui-même, qu'il n'y avait plus de salut pour lui, que dans la mendicité. Le ministère libéral a fait cesser immédiatement ce systèmeainsi que l'intervention des comités liniers qui ont précipité la décadence de l'industrie qu'ils devaient soutenir, mais en faisant surtout l'affaire des négociants en toile, qui acquéraient la marchandise de ces comités vingt et quelquefois 30 p. meilleur marché que le tisserand libre et fabricant pour son propre compte ne la vendait au marché. Les comités qui avaient besoin d'argent pour continuer les opérations, vendaient tout prix et perte, car le gouvernement, la commune et la province la subissaient et ont ainsi nivelé au bout de peu de temps la position de tous les tisserands. M. Delhougnc a fait justice de ces institutions si chau dement soutenues par M. De llaerne et M. Deschamps, et une fois de plus, a démontré que les ministères catho liques et mixtes qui se sont succédé, n'ont jamais rien compris cette question des Flandres. Cependant il faut être impartial. Il est constant que si le gouvernement avait de suite eu conscience de la gravité de cette révolution industrielle, il aurait pu atténuer la transition et ne pas la laisser s aggraver au point que le découragement avait abattu le moral de la population flamande. Il est espérer que la presse de certaine couleur finira par ne plus agiter cette question comme un aliment d'ir ritation car il faut oser le dire, les journaux en font un texte déclamation sans jamais indiquer aucun moyen pratique de salut, puisque ces estimables feuilles ne se contentent pas d'amélioration et qu'il leur faut un sauve tage en règle. Maintenant le cheval de batnille des journaux de la presse grognarde est la création d'une société d'exporta- tation. Nous approuvons beaucoup une institution de ce genre. Mais comme il faut le concours des capitaux privés, que le crédit est chancelant et que les relations commer ciales sont bouleversées sur toute la surface du monde une société d'exportation qu'on créerait maintenant, ris querait fort de perdre son capital, avant d'avoir pu nouer des relations commerciales suivies avec un peuple trans atlantique quelconque. XII. la prison. (Suite.) Madame de Cliarleville, en disant ces mots, s'était levée et légèrement inclinée sur la couche du prisonnier; une petite croix de cornaline qui était au cou de la dame de charité tomba sur la paille, comme un signe de la rédemp tion offerte au brigand; celui-ci retint la croix entre ses mains, paraissait ainsi prêt accepter le salut qui s'offrait lui sous ce doux symbole, et la jeune femme lui en laissa le gage. Avant de se retirer, la comtesse fit entrer le geôlier, et lui ordonna de transférer le détenti dans un meilleur lo gement. Çe cachot n'est pourtant pas maldit le portc-cles en regardant autour de lui, et en se montrant fort étonné de la Sollicitude de la dame. N'importe, reprit madame de Cliarleville, je vous dis de placer le capitaine Mandrin dans une pièce où il y ait au moins de l'air et de la lumière. J'entends, tout le luxe de la prison!.... mais je ne sais si monsieur le gouverneur... C'est moi, monsieur, dit-elle en dressant son éven tail,qui dirige la prison. - Ah! excusez.je ne savais pas que cette charge.,. Nous 1 avouons en toute humilité, nous ne comprenons plus rien aux comptes-rendus des séances de la chambre des grands journaux de Bruxelles. Souvent ils se réjouis sent aux dépens de quelques députés qui ont parlé ou lu un discours, et de la manière dont on les habille, on di rait vraiment que ces honorables ont professé des opi nions excentriques ou se sont exprimés dans un style burlesque. Ces discours sont imprimés tout au long dans le Moniteur et l'on est fort étonné d'y trouver des idées très-raisonnables rendues dans un style fort convenable. C'est ainsi que MM. Ansiau et Boedt ont été travestis Il ne s'agit pas de charge, les règlements du bureau de charité me donnent la surveillance de cette maison, et on doit s'y conformer mes ordres. Suffit, madame, j'obéirai. Madame de Cliarleville remonta en earosseet tout le long du chemin ne fut occupée que du fameux Mandrin que le sort lui avait réservé l'honneur de sauver en l'autre monde; elle l'appelait tout bas son criminel; la passion de convertir l'agitait des émotions les plus vives elle songeait quelle gloire ce serait pour elle si sa petite croix de cornaline allait opérer sur cette âme pervertie ce que tous les évoques du royaumela bannière en tèten'au raient pu obtenir, et elle voulait arriver ce but du salut de Mandrin tout prix. Dès le lendemain matin elle alla visiter les membres du tribunalpour leur demander de surseoir en la mise en cause, et obtint d'eux ce qu'elle voulait. Xlii LES AMIS. D'après la recommandation de m 'dame de Cliarleville, Mandriu occupait au pr: aller étage de la prison, une pièe, qui avait été la cellule d l'abbé dans l'ancien monastère, et se trouvait un peu pius spacieuse que celle des frères, rangées le long du même couloir. Cette chambre donnait sur une rue adjacente la place aux Clercs -, il régnait sa hauteur une longue galerie, comme en plein carnaval par certains journaux et pour des discours qui, lus dans le Moniteur, ne méritaient ni ce blâme ni les plaisanteries dont on les a assaisonnés. Un autre fait s'est présenté il y quelques jours nous voulons parler de M. De Perceval qui a prononcé un dis cours; quand on en a pris lecture dans le Moniteur, il ne parait pas avoir provoqué les lazzis de l'Indépendance dans son compte-rendu de la séance de mardi. M. De Perceval a dit que le ministère a promis de maintenir l'indépen dance du pouvoir civil et que cependant l'instruction primaire est encore entre les mains du clergé et que l'en seignement moyen ne parait pas devoir être organisé de sitôt. Ces opinions ne sont nullement ridicules et sont partagées par tous les libéraux qui méritent ce nom. Maintenant que le ministère, pour sa défenseallègue le manque de fonds, nous le concevons, mais que le journal tourne en ridicule un député qui émet avee conviction ses vues sur la marche du gouvernement, c'est une inconvenance que nous ne nous expliquons que par une espèce de coalition qui doit exister entre les journaux de Bruxelles, de déprécier la chambre actuelle qui, nous l'avouonsdoit faire son éducation parlementaire, mais au bout d'un certain laps de temps elle vaudra au tant sinon plus que celle qui avait dans son sein des fonc tionnaires. MM. les officiers du 10" régiment, en garnison en cette ville, se proposent de donner un concert suivi d'un bal au bénéfice des pauvres. Les artistes musiciens de ce ré giment jouissent d une excellente réputation musicale et nous croyons qu'on s'empressera de souscrire afin de les entendre exécuter avec cet ensemble qui carac térise cette harmonie, des morceaux bien choisis. Nous apprenons en même temps, que cette fête musicale aura lieu avec le concours de la Société des chœurs; c'est un motif de plus pour oser prédire que les souscripteurs seront nombreux. Ce concert est fixé au Dimanche11 février prochain. Par arrêté royal du 25 Janvier 1849, M. Legraverand est, sur sa demande, démissionné de ses fonctions de conservateur des hypothèques et receveur du droit de succession Ypres. Le fonctionnaire, qui est admis faire valoir ses droits la pensioncompte, trente quatre an nées de services administratifs et huit années de services militaires. Il y a quelques jours, une tentative de vol avec effrac tion a eu lieu la maison de campagne de M. le vicomte du Parc. Les malfaiteurs s'étaient déjà introduits dans l'habitation et avaient fait des perquisitions pour trouver sur laquelle veillait une sentinelle qu'on x-oyait passer devant la fenêtre avec la régularité d'un balancier d'hor loge, et qui de même, marquait le cours du temps au prisonnier. Un autre soldat montait la garde l'entrée du corridor. Parmi les contrebandiers, Mandrin, arrêté seul, n'était cependant pas arrivé le premier la prison de Valence. Bruneau, apprenant le piège dans lequel le brave chef était tombé, avait quitté le camp de Saint-André l'ins tant même, pour venir se livrer la justice et partager le sort de son capitaine. Voyageant nuit et jour, au lieu des courtes étapes que faisait Mandrin, escorté de la maréchaussée, il avait eu le bonheur de se constituer prisonnier temps si bien que le premier objet qui frappa les yeux de Mandrin en en trant sous ces tristes voûtesfut son fidèle Grand'Mous- taehe qui lui dit, avec le salut militaire Présent! mon capitaine; le combat sera rude de main, car il vaudrait mieux avoir en face des milliers d ennemis qu'une douzaine de ces robes noires... Mais n'importe, votre Bruneau y sera vos côtés. Mandrin n avait eu que le temps<ie serrer la main de son vieil ami avec une larme de reconnaissance dans les yeux, et les gardes les avaient séparés. Peu de jours aprèsune trentaine de contrebandiers

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