EXTÉRIEUR.
des matières précieuses, quand l'éveil a été donné la
ferme et les voleurs se voyant découverts ont pris la
fuite. Il parait que les objets qui étaient leur portée,
n'étaient pas leur convenance, car il semble qu'ils n'ont
rien enlevé.
On lit dans YOrgane des Flandres, du 31 Janvier:
Dans la journée d'hier, quelques légères explosions ont
eu lieu dans les ruines du bastion écroulé la Citadelle.
Les pompiers ont fait jouer leurs pompes, et les travaux
de déblaiement ont activement continué.
Il sortait encore ce matin une fuinéc assez épaisse des
débris accumulés dans le fossé de la Citadelle. Cette fu
mée provient du goudron qui a été enseveli dans les
ruines.
Une feuille de cette ville assigne tort la ville de Gand
comme lieu de naissance du sous-lieutenant Bernard, tous
les détails biographiques qu'elle donne son égard sont
faux; il était né Dinant.
L'arrestation des frères Grimonprez, dont nous avons
parlé avant-hier, se rattacherait, dit-on, l'affaire du
sous-lieutenant Bernard. Les cercles de cuivre rouge,
trouvés en leur possessionproviendraient des magasins
de la Citadelle cinq cents de ces cercles auraient disparu
du magasin dont Bernard avait les clés. 11 parait que les
frères Grimonprez auraient fortement compromis cet offi
cier dans leur interrogatoire.
Un journal de Charleroi dit qu'un jeune homme vient
de mourir Florefle en se déclarant le meurtrier du
gardc-chassc dont il a été parlé il y a un mois.
On écrit de Gand, 3o Janvier
Pendant toute la journée d'hier, une foule im
mense s'est portée du côté de la citadelle pour voir
les dégâts causés par l'explosion.
Les soldats ont travaillé activement, sous la di
reclion d'ollieiers du génie, blinder le magasin
poudre attenant la partie du bastion sautée et dont
le mur de l'aile droite avait été mis découvert par
l'explosion. Grâce ces mesures, sagement conçues
et promptement exécutées, ou est parvenu écarter
tout danger ultérieur.
La partie de la citadelle où le malheur a eu lieu,
ressemble parfaitement bien h un fort qu'on aurait
pris après un siège opiniâtre; tout est bouleversé,
mis en pièces, détraqué; et chose singulière, au mi
lieu de cette destruction générale, nous avons re
marqué, dans la chambre des sous-officiers de l'ar
tillerie, qui a le plus souffert, une caraffe en cristal,
laquelle est restée intacte sur un banc.
On a trouvé hors la citadelle une grande quantité
de balles provenant des cartouches renfermées dans
la poudrière qui a sauté.
Au moment de l'explosion, tout le quartier de St-
Pierre et'même la rue des Champs, furent couverts
d'une épaisse fumée, qui répandait une odeur fort
désagréable. La détonation a été eulendue jusqu'à
Lokeren, distance de 5 lieues.
Le major Brialmont, aide-de-camp du ministre
de la guerre, est arrivé hier en celle ville, et a as
sisté aux opérations de l'enquête qui se poursuit
activement.
On ne connaît pas encore la quantité de poudre
que renfermait la cave qui a sauté. L'examen des
papiers du garde d'artillerie Bernard le fera peut
être découvrir.
Les bruits qui courent en ville, continuent
accuser le sieur Bernard d'être l'auteur du malheur
que nous déplorons. On prétend que des soupçons
d'infidélité planaient sur lui, qu'il avait vendu un
grand nombre de cartouches, que le recensement de
son magasin devait avoir lieu hier, et qu'en faisant
sauter, il a voulu faire disparaître les preuves de ses
malversations.
Nous reproduisons ces bruits, parce qu'ils sont
dans toutes les bouches, parce qu'un autre journal
les a déjà produits depuis hier; mais nous n'affir
mons rien;pour nous prononcer, nous attendons
le résultat Je l'enquête qui se poursuit.
Joseph Bernard était né le id Septembre 1809;
il avait par conséqnent 3g ans et quelques mois. Il
était sons-lieutenant garde d'artillerie de 5'classe,
depuis le 9 Avril i84i.
O11 n'a trouvé, comme nous l'avons dit hier, que
quelques débris de son corps. Ni la tête, ni le tronc
u'ont été découverts.
On parle beaucoup en ville d'une sentinelle, qui
placée sur le bastion, auraitété lancée en l'air par la
commotion, et dont le cadavre n'a point été retrou
vé. Nous pouvons assurer qu'aucune sentinelle ne
se trouvait sur ledit bastion.
Un canonier est mort dès hier matin, son arri
vée l'hôpital. C'est le nommé Tanghe, du ir régi
ment d'artillerie.
Voici du reste, les noms des blessés
1° Sorges, maréchal-des-logis au ir d'artillerie,
a* Van Oppen, soldat idem.
3" Van Waenberçh, soldat idem.
Ces trois militaires sont très-grièvement blessés.
4° Dumont, maréchal-des-logis idem.
5° Cordier, soldat idem.
6" Poppe, caporal au 3" de ligne.
7° Meyrinckx, idem,
8° Dendael, soldat idem.
90 Ruysselaere, idem.
io° Buysse, idem.
11° Van Kvvakebeke, idem.
Plusieurs circonstances concourant faire acqué
rir ia conviction que c'est un suicide que l'on doit
attribuer la catastrophe dont la Citadelle vient
d'être le théâtre. Vendredi dernier le» frères Gri
monprez ont été arrêtés sous la prévention de vol
ou de complicité de vol par réeel d'une quantité de
cercles an cuivre rouge provenant de la citadelle et
appartenant l'Etat. Cinq cents de ces cercles au
raient disparu d'un magasin dont les clefs se trou
vaient en la possession du sous-lieutenant Bernard.
11 paraît que les prévenus auraient fortemeut com
promis cet officier dans leur interrogatoire et que
l'inspection du colonel, qui devait avoir lieu hier,
avait principalement pour but la vérification des
registres du sous-lieutenant Bernard; vérification
laquelle il s'est soustrait par une résolution fatale.
(Messager.)
Le nombre des blessés, transportés l'hôpital pa
suite de l'explosion qui a eu lieu hier la citadelle,
s'élève douze. Ce matin aucun n'avait succombé
ses blessures. Ou craint que deux ne passeront pas
a journée.
On nous assure que c'est au dévouement d'un
officier d'artillerie que l'on doit la conservation du
grand magasin poudre, situé proximité de l'ate
lier qui a sauté. Par suite de l'explosion, la porte
qui communique au magasin, avait été enfoncée, et
on craignait au second désastre. Cet officier, qui s'é
tait rendu un des premiers sur les lieux, ne consul
tant que son courage et la conservation de ses com
pagnons, s'est jeté travers la fumée épaisse, et est
parvenu, non sans peine, couper toute commu
nication avec le dehors. Journdes Flandr
sion sur la proposition de M. Rateau qui voulait la disso
lution de l'Assemblée au 10 Mars, sur celle de M. Wo-
lowki, qui fixait ce terme au 13 Avril, et enfin sur celle
de MM. Pagnerre et Bixio qui le reculaient au 4 Mai.
Ce vote, émis avec une majorité de 11 voix, ne signifie
pas que l'une ou l'autre de ces propositions soit adoptée
cela veut dire seulement qu'une seconde délibération
s'ouvrira sur les proposions. La Chambre n'a rejeté que
les conclusions absolues et tranchantes du rapport; elle
s'est réservé un nouvel examen.
La séance du mardi de l'Assemblée nationale a été fort
orageuse la gauche, furieuse d'avoir subi une espèce
d'échec par le vote de la veille a attaqué violement le
ministère propos des mesures militaires "qu'il avait
prises, etc.
La séance de l'Assemblée nationale a encore com
mencé hier d'une manière assez orageuse. II. Sarrans a
interpellé le ministère sur l'arrestation de M. Forestier,
colonel de la 6e légion, et sur la proclamation publiée
par le ministre de l'intérieur. M. Léon Faucher s'est dé
fendu avec énergie. Il a nié toute pensée de coups d'Etat
et a insisté sur l'existence d'un complot qui menaçait le
gouvernement. La Montagne a demandé alors, par l'or
gane de M. Bac, une enquête sur la journée de Lundi.
L'Assemblée ayant passé l'ordre du jour, cette propo
sition d'enquête devra suivre la filière ordinaire de toutes
les propositions et être d'abord examinée dans les bu
reaux.
Les orages de cet incident se sont calmés devant la
deuxième délibération sur le projet de loi tendant
augmenter l'impôt des successions et donations. La com
mission a repoussé le système d'impôt progressif pro
posé par M. Goudchaux, lorsqu'il était ministre des
finances. Plusieurs amendements qui proposaient d'im
poser les rentes ont été rejelés l'article premier du
projet, qui fixe le droit de succession sur les biens meu
bles, en ligne directe, 73 c. p. c. au lieu de 23 c.
droit actuel, a été rejeté.
Un témoin oculaire nous communique le fait suivant:
Hier Lundi, deux heures, des groupes assez considé
rables se sont formés la porte Saint-Denis, t.ois heu
res et demi, ils étaient fort diminués.
A ce moment un cavalier, vêtu d'une blouse blanche,
pantalon noir, bottes vernies, et coiffé d'une casquette
bleue, s'y arrête. Des hommes se détachent des groupes,
s'en approchent, et reçoivent sans doute un mot d'ordre.
Ils retournent immédiatement leurs groupes qui se dis
sipent comme par enchantement.
Cela ne prouvc-t-il pas que les émeutiers étaient en
mesure et n'attendaient que le moment favorable pour
agir? Cela 11e prouvc-t-il pas que c'est le grand déploie
ment des troupes qui les a côntenus? (La Patrie.)
M. H. Passy a annoncé positivement tous ses amis,
que si l'assemblée nationale adoptait en dernier ressort
la proposition de M. Billault pour la fixation préalable
du budget des recettes, il était décidé donner sa démis
sion.
Nous apprenons que les renseignements dont nous
avons déjà parlé du major Poussin, ministre de la répu
blique française aux Etats-Unis, relativement aux mines
d'or de la Californie, vont être envoyés aux chambres de
commerce de nos ports de mer. Ces renseignementson
le sait, contredisent les récits exagérés des américains sur
les immenses richesses de ce pays. En même tempsle
ministre de la marine vient d'envoyer au commandant de
l'escadre française du golfe de Mexique, l'ordre d'envoyer
un vaisseau de guerre, stationner Monterey, pour pro
téger ceux de nos compatriotes qui se hasarderaient en
Californie^
FRANCE.Paris, 30 janvier.L'assemblée na
tionale française, après une séance qui s'est prolongée
Lundi jusqu'après neuf heures du soir, a rejetépar 410
voix contre 403, l'ordre du jour demandé par la coinmis-
égarés du gros de la troupeavaient été arrêtés et con
duits Valence. Ils devaient être jugés et exécutés en
même temps que leur chef. En attendant, on les avait
jetés, les uns dans les cachots souterrains, les autres dans
les cellules voisines de celle de Mandrin.
Eustache, domestique de monsieur de Chavailles, avait
quitté le service de cette maison pour succéder son
oncle dans l'office de geôlier de la prison de Valence. Les
airs de bravoure qu'il se donnait, et affectait d'autant plus
que sa couardise était plus grandelui avaient gagné la
confiance des administrateurs, et valu la place lucrative
qu'il occupait.
C'était donc lui qui avait reçu le célèbre prisonnier
que Valence venait de conquérir. Très-irrité de s'être
laissé tromper par les beaux airs du baron d'AIvimar, et
de lui avoir si souvent ouvert la porte de l'hôtel de Cha
vailles pour perdre sa jeune maîtresse, Eustache se mon
trait on ne peut plus sévère l'égard du détenu il
exploitait pour lui toute la rigidité de la consigne; et
comme un règlement vivant, ne lui adressait jamais que
les paroles de répression affichées sur les murailles de la
geôle.
Le capitaine passait dans sa réclusion des journées d'une
tristesse et d'une longueur indicibles. Depuis que le délai
apporté son jugement lui avait été annoncé par madame
de Charlcvillc, il avait bien obtenu quelques livres, tou
jours par l'intermédiaire de sa protectrice mais c'étaient
des livres de piété dont il ne faisait guère usage. On lui
avait aussi donné ce qu'i.lfallait pour écrire, afin qu'il put
retracer sa confession générale; mais qui écrire?., per
sonne ne l'aimait, ne le plaignait sur la terre, où il n'avait
été qu'un objet d'effroi.
Avec une nature sensible au luxe et au plaisir, Mandrin
n'avait jamais eu de fêtes que les combats avec un cœur
susceptible de vives affections, il avait dû s'en tenir toute
sa vie au rude dévoùment de ses soldats et leur enthou
siasme bruyant, après les victoires qu'il leur jetait cha
que pas.
Son sort avait été changé depuis qu'il avait rencontré
la jeune écuyère attardée sur la route des montagues.
Il conçut pour elle une passion vraie et profonde, qui
domina tout le reste de son âme. Si l'amour a besoin
d'être motivé, celui-ci l'était on ne peut plus dans l'âme
de Mandrin. Né dans les rangs du peuple, jeté ensuite
au milieu des armées et des troupes des bandits, il n'avait
jamais connu de femme digne de ce nom. Lorsqu'il s'en-
I (retint avec mademoiselle de Chavailles sur le coteau de
I Beauvoir, c'était la première fois qu'il échangeait en
La situation se complique chaque jour davantage et la
majorité qui s'est prononcée hier dans l'assemblée natio
nale, contre la loi des clubs, a jeté ce matin dans les es
prits une irritation extraordinaire. Il est évident que le
rejet de l'urgence équivaut au rejet de la loi elle-même et
que le renvoi dans les bureaux n'a eu lieu que pour la
pensée avec une bellenoble et élégante jeune fille et
ces qualités extérieures qu'il possédait lui-même, lui fai
saient un besoin de les rencontrer dans celle qu'il aime
rait. EnsuiteIsaureavec, son innocence laquelle se
mêlait un amour impérieux, et porté bien vite au dernier
degré des sacrifices, était la seule personne qui put
exercer une influence aussi grande sur Mandrin. Pour
celui qui aimait vingt-six ans pour la première fois, il
fallait une femme qui n'eut rien aimé non plus avant lui
et pour le chef de brigands devenu amoureux il fallait
un sentiment épuréplutôt par la passion que par la
chasteté.
Dès qu'il connut Isaure, il oublia presque entièrement
pour elle les intérêts de sa vie sauvage et ses barbares
travaux.
Près d'elle, il s'était laissé saisir et enchaîner, quoiqu'il
put si facilement abattre les premiers soldats qui venaient
l'arrêteret sauter par la fenèire pour échapper aux au
tres, comme il l'avait déjà fait maintes fois dans des cir
constances semblables.
Maintenant, quand sa troupe allait être pendue, quand
il était dans les fers et la veille d'un supplice épouvan
table, c'était toujours elle seule qu'il pensait, et il ne
souffrait que pour elle. (La suite au prochain n°.)