LE JOl'RXAL 1TÏPRES ET DE LARR0\DISSE1IE\T. ETctEE .\4 810. 8e Année. Jeudi, 8 Février f 8 39. IMIIMII H. Le capitaine Mainli'ici. ABONNEMENTS yrres (franco), par trimestre, 5 francs 50 c. Provinces, 4 francs. I Le Prouhês parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit INSERTIONS Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames la ligne 30 centimes. être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies. VI'RES», le 7 Fétkiei. La Chambre des représentants n'a pas eu de séance lundi dernier. Elle n'était pas en nombre. Cependant Tordre du jour indiquait la continuation de la discussion générale du budget de l'intérieur et l'appréciation de la politique intérieure, nous scmble-t-il, méritait que tous les représentants lissent acte de présence. 11 n'en a pas été ainsi la séance a été remise mardi. L'assemblée nationale de France vient, dans sa séance de lundi, 5 Février, d'émettre un vote de confiance daus le ministère Odilon-Barrot, par 401 voix contre 359. A deux jours de distance, l'assemblée a voté le pour et le contre et Ton ne peut trop l'en blâmer, car si elle avait persisté dans son premier vote, un conflit de pouvoir s'élevait entre elle et le président de la république, conflit qu'il était prudent d'éviter. Hier a eu lieu l'expertise annuelle des étalons. La com mission provinciale composée de MM. De knuydt, membre de la députation permanente, président; Surmont, I)c Gracvc, conseillers provinciaux, et Vande Wattyne, mé decin vétérinaire, a procédé l'admission ou au rejet des étalons destinés la monte pour 1849. Neuf seulement ont été amenés devant la commission et ce sujet, nous dirons, que ce nombre est insuffisant pour les besoins de l'arrondissement. Sept ont été admis et deux ajournés, si nous sommes bien informés. Le concours n'a pu avoir lieu, car tous les étalons présentés avaient déjà obtenu le second prix et aucun ne paraissait digne de gagner la première prime. Correspondance. Poperinghe, le 6 février 18*9. Monsieur le rédacteur du Progrès En poursuivant nos recherches sur les réformes et les améliorations introduire dans chacune des parties de l'administration publique qui rentrent dans les attribu tions du conseil communalnous avons été amenés traiter cette fois de l'hygiène et de la salubrité publiques, branche administrative non moins importante que toutes celles que nous avons déjà passées en revue, et qui, offrant un intérêt d'actualité incontestablemérite surtout d'at tirer l'attention de nos concitoyens et d'éveiller la solli citude de nos magistrats communaux. Dans un moment où des épidémies de tout genre, telles que le typhusla dyssenteriela variole, etc., ont tour XIII. LES AMIS. (Suite.) Une nuit Mandrin fut éveillé de la légère somnolence dans laquelle il était tombé par le son faible d'un souffle qui se faisait entendre près de lui... 11 pensa aux aines de ceux qui étaient sortis de ce cachot pour périr dans les supplices, et le froid de la mort sembla effleurer son front, passer autour de lui... mais le léger bruit se re nouvela, et alors étant mieux éveillé, il lui supposa une cause plus positivequ'il voulut aussi connaître. 11 ralluma sa lampe, regarda de tous côtés, et put s'as surer qu'il était absolument seul. Comme il allait éteindre sa lumière, qu'il ne pouvait garder qu'un instant cause du passage régulier de la sentinelle, il aperçut une étroite ouverture pratiquée au-dessus de son lit. il souffla bien vite sa lampe, et dans 1 ombre il entassa tables et chaises les unes sur les autres jusqu'à ce qu'il pût parvenir cette fente de la muraille. C'était une ouverture tailléeobliquemcnt dans la pierre par laquelle l'ancien ablié pouvait observer ce qui se pas sait la nuit dans le corridor des moines, et même, comme par un porte-voix, entendre ce qui s'y disait. Dès que Mandrin eut pu appliquer son œil ce soupi rail, il aperçut la pâle lueur de la lampe suspendue tour fait irruption dans différentes contrées du pays, dans un moment où le choléra même s'est déjà déclaré sur plusieurs points de la Belgique, en présence surtout des instructions ministérielles adressées aux autorités provin ciales et communales dans le but de les prémunir contre I apparition éventuelle de cet^i terrible maladie, le pre mier devoir, certes, de toute administration qui prend cœur le bien-être de ses commettants, est de répondre avec empressement l'appel fait par l'autorité supérieure et de mettre immédiatement tout en œuvre pour écarter autant qu'il est possible l'invasion de semblables fléaux. Jusqu'iciil faut l'avouerpeu de chose a été fait sous ce rapport Poperinghe. L'administration, trop confiante et se rappelant peut-être que la ville a pendant de lon gues années, échappé toute maladie épidémique grave, même au choléra en I 832, parait s'en remettre Dieu et au hasard en s'endormant dans son dulce far niente habi tuel, avec une sécurité qui, en présence des nombreuses causes d insalubrité auxquelles sont journellement exposés nos habitants, pourrait tût ou tard être surprise l'iin- provistc et devenir une fois pour toutes la cause de grands malheurs. Cependant qu'on y prenne garde, les circonstances ne sont plus les mêmes que jadis; le danger de l'invasion d'une maladie contagieuse est maintenant beaucoup plus craindre qu'à toute autre époque. La population pauvre, qui autrefois dans notre ville, égalait peine la moitié de ce qu'elle est actuellement, était alors beaucoup plus vi goureuse et plus robuste parce que, ayant plus de travail, elle était mieux nourrie et n'avait pas été éprouvée par trois années calamitcuscs, telles que depuis longtemps on n'en a vu d'exemple. Or, pour tout esprit observateur, il est évident que la gravité d'une épidémie est en raison directe de l'affaiblissement et de l'épuisement de la popu lation: témoins les maladies épidémiques qui, par suite de la disette et de la misère, ont ravagé l'Irlande et nos Flandres. Et qui peut garantir que dans un temps plus ou moins prochain, sous 1 influence de quelque modification funeste dans la constitution atmosphériquela ville de Poperinghe qui ne se trouve aucunement dans des condi tions plus favorables que le reste des Flandres, ne soit son tour entraînée dans le cercle contagieux? Nous concevons en quelque sorte que le conseil com munal ait jusqu'ici fait fort peu d'attention des questions de cette nature, lesquelles, pour être bien comprises, doi vent être examinées par des hommes spéciaux qui ont fait, des lois de l'hygiène, une étude particulière. Mais maintenant^que* parmi nos conseillers se trouve un iné- Tentréc du corridor, une longue masse brune étendue sur le seuil de sa cellule, et eut bien vite deviné ce que ce pou vait être. Il fit entendre un sifflement aussi faible que celui des moucherons dans l'air, et la forme brune se leva demi. Que fais-tu donc là, mon brave? demanda Mandrin. Moimon capitaine, je dors, je me repose... Ah continua Bruncau en étendant les brasce n'est pas la roche blanche de la montagne sur laquelle j'ai passé de si bonnes nuits Mais enfin c'est égal, je couche auprès de voussur le seuil de votre porteet c'est tout ce qu'il me faut. Pauvre bon camarade! C'est que, voyez-vous, je me défie du retard qu'on met faire notre affaire. Je crains qu'on n'aie peur du lion, tout muselé qu'il est, et qu'on ne veuille s'en défaire sourdement dans la nuit... Et, si je ne peux empêcher le mauvais coup, je veux au moins être là pour le partager avec vous. Tu te trompes, ami, c'est une charitable dame qui a obtenu un sursis en ma faveur. Oh les femmes, je m'en défie! cela ne porte pas bonheur. Mes pauvres compagnonsje vous ai perdus tous Il n'y a rien dire cela, capitaine; l'amour, on sait ce que c'est quand cette petite lumière brille devant vous, fùl-on le plus féroce papillon du mondeil faut decin, nous espérons que la salubrité publique ne sera plus négligée et que celui-ci, pour éclairer le conseil, s'empressera de lui venir en aide par ses lumières, en lui offrant les secours de ses connaissances théoriques et pra tiques sur la matière. Peut-être nos appréhensions paraîtront-elles peu justi fiées et nos observations trop minutieuses aux yeux de certaines personnes quiméconnaissant l'importance des règles hygiéniques, parce qu'elles n'ont jamais été témoins des accidents graves que l'inobservation de celles-ci peut entraîner, et qui, voyant d'ailleurs le centre de la ville et les rues aboutissantes assez bien tenues, pourraient croire que nous nous faisons des fantômes pour le seul plaisir de les combattre. Mais qu'on se détrompe et qu'on ne se berce point de vaines illusions. Il est vrai que nos places publiques, nos marchés et les principales rues de la ville, grâce au louable concours que prêtent les habi tants aisés l'exécution des règlements sur la voirie, sont en général dans un état convenable de propreté et d'as sainissement, notamment en ce qui concerne le curage des ruisseaux et des égouts et l'enlèvement des boues et des immondices. Mais sitôt qu'on quitte la partie centrale de la villequ'on s'engage dans les ruelles étroites où sont relégués les ouvriers et les indigents, on est frappé de la malpropreté et de l'insalubrité qui régnent ordi nairement dans ces quartiers. L'état habituel de ces lieux n'y compromet pas seulement la santé et la vie des malheureux qui s'y trouvent entassésmais forme en outre des foyers pestilentiels préjudiciables la santé publique. En effet, n'y rencontre-t-on pas chaque pas des amas de fumier et d'immondices, des fossés vaseux remplis d'ordures, des mares d'eaux croupissantes et infectes qui répandent souvent une grande distance les émanations les plus malfaisantes? Et cependant n'est-ce pas dans ces lieux oubliés que devraient se porter les soins et la sur veillance de l'autorité? N'est-ce pas là que les épidémies prennent généralement leur origine, et, pour prévenir le mal, ne faut-il pas l'attaquer la source? On sait que le bourgmestre, dans la dernière séance publique du conseil communalpropos du rapport sur la situation de la commune, a signalé lui-même le dépôt de ces fumiers dans l'intérieur des rues habitées comme une infraction aux lois existantes sur la matière. Néanmoins, par une indulgence mal entendue envers les pauvres, il a cru de voir tolérer cet état de choses, pareeque ces immondices constituant un bon engrais, leur procure ordinairement quelque bénéfice. Nous avons été étonnés qu'aucun con- aller s'y brûler les ailes. Heureusement, le mal n'est pas irréparable... vive Dieu! pris et pendus font deux!.. Que veux-tu dire? Qu'en organisant bien l'affaire, il ne serait pas difficile de forcer la consigne et de quitter cette baraque qui a l'air d'une prison pour rire. Une belle nuit, par exemple, vous feriez sauter la serrure de votre porte comme j'en lève chaque soir la mienne la fenêtre est deux pas de nous, et le saut ne serait pas périlleux. Une fois en bas il s'agirait peut-être de tuer quelques soldats qui nous gêneraient au passage mais ensuiteen route pour la montagne, et vive la joie Je pense que ce projet pourrait réussir, ami mais pour mon compte, je ne sais en vérité s'il vaut la peine de sauver ma vie pour recommencer toujours la même chose: des tours de contrebande qui deviennent bien in sipides, des vols de grands chemins dont je commence être bien las, puis après revenir ici finir de même, cette seule différence près de monter sur l'échafaud avec quel ques années de plus sur la tète. C'est autant de pris sur l'ennemic'est-à-dire sur la justice. Et puis, tu sais que, d'après les règlements des con trebandiers nous ne pouvons pas sortir de prison tant qu'il restera un des nôtres. D'ailleurs, Dieu me garde d'abandonner jamais mes braves dans le péril

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Le Progrès (1841-1914) | 1849 | | pagina 1