avec les puissances étrangères, ni la situation du revenu public, ni la condition des intérêts commerciaux et ma nufacturiers du pays ne sont tels que, dans notre opinion, ils dussent être l objet de félicitations adressées S. M., et qu'une grande partie des intérêts coloniaux et agricoles de l'empire souffrent d'une manière toujours croissante et faite pour justifier les plus sérieuses inquiétudes. ITALIE. Les élections n'étaient pas encore termi nées Rome le 24 janvier cependant on en connaissait peu près lec résultats, qui sont de tous points favorables aux hommes de la révolution du 16 novembre; les mem bres qui composent le ministère actuel nous paraissent notamment réélus sans exception. D'après ce qu'annonce un journal de Gênes, l'inaugu ration de l'assemblée ooustiluante romaine italienne au rait lieu le 5 février. On fait déjà de grands préparatifs pour cette solennité. VAlba annonce, sur la foi de nous ne savons quelle autorité, que le gouvernement sarde avait fait notifier au Saint-Père un projet d'intervention en sa faveur. MGio- berti se croirait-il par hasard assez habile pour mener bien une négociation tendant un rapprochement entre Pie IX et ses sujets? Nous croyons, dans ce cas, qu'il se flatte beaucoup. N'ous avons peu de nouvelles de Gaëtc. On sait que le cardinal Giraud, archevêque de. Cambrai, est arrivé dans cette ville le 17, bord du bateau vapeur français le Cato. Des correspondances de Venise, du 22, annoncent que N'icolo Tamasco, chargé d'affaires de Venise Paris, a été, sur sa demande, remplacé dans ses fonctions par le citoyen Valcnlino Passiniqui devra, dit-on, prendre part aux conférences de Bruxelles. La Gazette Piémontaise, du 30 décembre, démenties bruits qui avaient été répandus, Turin sur une pré tendue attaque des Autrichiens contre Venise. On a reçu dans la capitale du Piémont une lettre de Marinichef du gouvernement provisoire de Venisequi n'en dit pas un mot. 1IOXGKIE. Le colonel Jovich, commandant de la forteresse d'Essek, qui s'est rendue aux troupes impéria les s'est suicidé suivant la Feuille constitutionnelle de la Bohême. On dit que Messaros s'est aussi donné la mort volontairement. Les bruits de la prise de kossuth se ré- panden sans se confirmer. Le patriarche serbe llajachich a convoqué, Sclim, pour le 12 février, une commission d'hommes de confiance, chargée d'élaborer la constitu tion de la Vorvodic et de la présenter l'Assemblée na tionale. Le prince Windischgratz qui a quitté Olmulz le 20 janvier, n'est pas encore arrivé Ofcn. On ne sait s'il est en route pour s'y rendre, ou si, comme le prétendent qnclques-uns, il est malade Schœnbrun. La Gazette de Prague, qui nous arrive ce soir, an nonce que le chef de l'insurrection hongroise Kossuth a été arrêté sur les frontières de Galicic et amené Lein- berg. fi sSivs'i% A dater du lr février, tout droit a cessé d'être perçu en Angleterre sur les céréales. Les grains importés de l'étranger acquitteront l'entrée un simple droit de ba- jancc d'un schclling par quarter. De grandes quantités de froment, que l'on évalue près de 1,200,000 quarters (5 millions et demi hectolitres) qui se trouvent dans les entrepôts seront probablement sous peu de jours, décla rés pour la consommation. Toutefois tous les journaux ne redoutent pas une baisse considérable de prix, la suite de l'entrée de cette immense quantité de froment. L'abolition définitive des lois sur les céréales a été cé lébrée hier par un grand banquet donné par l'Anti-corn law-langue dans la salle appelée le Fréc-trade-IIall qu'elle a fait construire Manchester pour y tenir ses meetings monstres. Cette solennité a rappelé les plus beaux jours de la Ligue. Trois mille personnes y assistaient plus de deux long des défilés obscursouvrit la prison de Mandrin et la poussa l'intérieur: comme un passant obligeant ouvre la porte au bon chien qui se dolente et gémit devant la maison de son maître. Lolotte, dont les forces étaient maintenant brisées par la joie, tomba assise sur une escabelle qui était aux pieds de son capitaine, enlaça ses genoux de ses deux bras et se pressa contre lui. C'est toi, ma pauvre enfant lui dit Mandrin com ment as-tu pu arriver jusqu'ici Lolotte le regarda. Son chapeau s'était détaché; la lu mière du jour donnait largement sur son visage, et la tendre exaltation de ses yeux bleus, le bonheur qui ray onnait sur son front pur répondaient assez pour elle. Tu es bien fatiguée, ma douce Lolotte, reprit Man drin en voyant les pieds meurtris de la petite voyageuse tu as bien chaud, tu as bien faim tiens, mange un peu auprès de moi. On venait de servir le dinerdu prisonnier; il posa sur ses genoux quelques aliments que Lolotte mangea avec un appétit parfait et un bonheur indicible. Nous avons dit que Mandrin était occupé écrire mademoiselle de Chavailles. Quand la petite idiote eut fini son repas, il reporta ses yeux sur sa lettre commen cée, et peu peu ses pensées revinrent l'objet qui les absorbait. Laissant une de ses mains Lolotte qui, tou- mille ont pris place aux tables sur lesquelles le dîner a été servi. Les discours prononcés cette occasion remplissent huit ou dix colonnes des journaux anglais. MM. George Wilson, George Vlllicrs, Bright, Cobden, Thompson, tous les vétéranls de la ligue étaient au nombre des ora teurs. Il a été donné lecture d'une lettre de M. Frédéric Bas- tiat, lequel s'excusait de ne pouvoir se rendre l'invita tion qui lui avait été adressée ainsi qu'à un grand nom bre de notabilités étrangères. La lettre de l'économiste français se détermine par le toast- suivant Aux libres rélations entre les nations! A la liberté des marchandises, des hommes et de leurs opinions A la liberté universelle du commerce avec toutes ces conséquences, économiques, politiques et so ciales. A la fin de la séance de la chambre des communes dont nous avons fait connaître hier le commencement, M. d'Is- raéli en proposant au projet d'adresse un amendement analogue celui que lord Stanley a proposé la chambre des lords, a amèrement attaqué la politique du ministère vis-à-vis de l'Irlande, et insisté sur ce point que le dis cours du trône ne fait pas connaître la situation véritable du pays. Il a également blâmé le système politique suivi par le ministère vis-à-vis de l'étranger, et le principe adopté par lord Pnlmcrston de s'imnisccr incessamment dans les affaires d'autres pays, surtout dans la situation actuelle de l'Europe qui nous montre des républiques sans républicains et des empires sans empereurs. 11 a du reste, approuvé le cabinet d'avoir renoncé son projet de faire décréter une dotation en faveur du clergé catho lique irlandais. Un diplomate français a traversé Bruxelles la semaine dernière, allant notifier Vienne la résolution prise par le cabinet de Paris d'intervenir main armée en Italie si les Autrichiens entrent, sous un prétexte quelconque, dans les Légations. On évalue 2,300 par jour le nombre de lettres que reçoit le Président de la République 4 soldats des chas seurs de Vincennes sont occupés de 9 3 heures, au bris de cachets. La plupart de ces lettres conliennciildesdcman- des de place ou d'argent on compte déjà 7,361 deman des de bureaux de tabac, 3,851 bureaux de timbre, et 4,733 bureaux de poste. Dix nouveaux clubs se sont ouverts, dit-on, dans Paris, la suite du vote de l'Assemblée. On parle beaucoup du club que doit ouvrir M. Ledru-Rollin en personne, dans la rue Martel; mais les ouvriers sont forts divisés, on les entend qui disent entre eux: Nous ouvrirons ce club. Eh bien, nous verrons si vous l'ouvriiez. Les meubles qui garnissaient la chambre où est mort M. de Chateaubriand, Paris, viennent d'être transportés au château de Cobourg. Le sieur Barthélémy, dont on a annoncé l'évasion de la prison du conseil de guerre, est arrivé en An gleterre. Un journal annonce qu'il a écrit au pré sident du conseil de guerre pour disculper le con cierge de la prison militaire qui a été arrêté l'oc- siou de sa fuite. Un riche amateur parisien renommé par la protection généreuse jusqu'à la prodigalité, qu'il accorde aux arts et aux artistesavait remarqué dans la bouge de la rue de la Victoire, décoré du titre de salle Chantereiue, une jeune et très-jolie ingé nue. Renseignements obtenus, le nouveau Mécène apprit que l'intéressante Agnès était une jeune ou vrière en passementerie, aussi laborieuse que sage, jours assise à- ses pieds, reposait sa tète sur ses genoux, il continua tracer les lignes qu'il adressait Isaure. Sa lettre finissait ainsi En face du supplice qui m'attend, je ne pense qu'^i vous, je ne vois dans la mort que la douleur de quitter la terre où vous êtes au milieu des malédictions de la foule qni m'environne, et dont le bruit pénètre parfois tra vers les barreaux de la prison, je n'attends que l'anathè- me que vous portez contre moi... Quand je ne serai plus, n'y mêlerez-vous pas un peu de pitié! Votre pitié, Isaure, je l'achèterais s'il se pouvait par des tourments plus cruels encore que ceux qui se préparent... Mais hélas je ne sais même pas sous quel nom l'implorer! L'homme que vous avez connu était un être imaginaire celui qui existe est réprouvé, maudit, en horreur au monde... Ce pendant l'éternité sera peut-être terrible pour moi j'aurais voulu du moins y emporter votre pardon, pour bercer mes douleurs... Mandrin relisait cette lettre demi-voix, et le déses poir qu'elle renfermait donnait son accent une vibration qui allait l'âme. Il sentit une des mains une humidité tiède, et tour nant les yeux, il vit qu'elle était mouillée des larmes de Lolotte. Il lui dit avec douceur, en passant les doigts sur ses cheveux et qni témoignait d'une vocation très-prononcée pour le théâtre. Le digne protecteur ne voulut point s'en rapporter aux certificats de la notoriété publi que, non plus qu'a ses premières impressions il in vita la jeune fille le venir voir en compagnie de sa mère, et, dans celle séance, il tut même de s'assu rer que tout ce qu'on lui en avait dit de l'honnêteté de conduite et de sentiments de la jeune fille et de ses dispositions heureuses n'avait rien d'exagéré. Ce fut alors et l'heure même que fut contracté, pour vingt années, une société en participation, revêtue depuis, de toutes formes légales, et établie entre M. T... rentier; et M11" A..,, mineure, représentée par ses père et mère, et dans laquelle mademoiselle A..., faisait rapport de son talent dramatique, et M. T d'une somme de 5oo,ooo francs, versés la caisse sociale et dont il a retiré reçu en règle laquelle somme de cinq cent mille francs, auxtermesde l'acte, est destinée compléter l'éducation dramatique et sociale de la jeune artiste, qui, dès le lendemain de la signature de l'acte de société, avait voiture, domestiques et maison au grand complet. Or, on nous assure que ce brusque changement de fortune, loin de nuire au talent de la jeune élève de Thalie, n'a fait que développer chez elle des facull-és nouvelles et des instincts jusqu'alors inaperçus aussi ne nous promet-on rien moins, celte heure,qu'une merveille comique qui effacerait tout ce qu'a présenté de miraculeux la tragique qui s'est produite sous le nom de la fille de M. Félix, enfant perdu alors, et qu'on appelle présent la grande tragédienne Rachel. Des personnes bien au courant de cette affaire étrange, dont elles nous garantissent l'exactitude, nous affirment que tout porte croire que les débuts de ce nouveau prodige auront lieu vers le milieu du mois prochain, la Comédie-Française, et que ces débuts, pour les gens même d'en juger, ont toutes les proportions d'un véritable événement drama tique. Le comte Welden, gouverneur de Vienne, a fait venir ces jours-ci devant lui le bourgmestre et les chefs de divisions de la garde nationale, et leur a of fert de leur rendre les armes et de faire occuper les postes par la garde nationale, la condition que, de 24 en 24 heures, les différents postes se livreraient alternativement les mêmes armes. De cette façon, quelques centaines d'habitants seuls auraient été armés, et auraient allégé le service des troupes. Les capitaines ont naturellement rejeté cette offre. Le gouverneur, qui ne s'y attendait pas, s'écria indi gné et que ferez vous donc, si un ennemi se pré sente vos portes? Nous arborerons le drapeau blanc répondit-on, et depuis, cette anecdote, la satisfaction générale, fait le tour de la ville. Les noms de presque toutes les familles de haut rang delà Hongrie sont fortement compromis; on dit même qu'un nom auguste Test également. Kossuth savait empê cher que la Hongrie reçut aucune nouvelle du dehors ce qui prouve, c'est que la comtesse A-y, qui est en correspon dance avec un grand nombre, de personnes est restée très longtemps sans nouvelles, de ce qui se passait hors de la Hongrie, malgré ses efforts pour en avoir. Elle a dû enfin croire ce que Kossuth faisait accroire tout le monde. La comtesse C-y, qui accompagnait au camp des insurgés ses deux fils fanatiques, a perdu la vie. On rap porte beaucoup de scènes épouvantables, suites de cette guerre civile. Qu'as-tu ma pauvre enfant Mais il n'attendit pas sa réponseet l'oublia encore. Il plia la lettre mademoiselle de Chavailles, y mit l'adresse, et la regarda avec une angoisse profonde. O mon Dieu dit-il; elle est là, douze lieues de moi, au couvent des Urselines, et cette lettre ne lui par viendra jamais. Il n'y a personne, personne au monde qui puisse prendre là ce papier et le poser entre ses mains Oh si un ange secourable lui portait ec message de mes dernières pensées, quelle consolation, quel bon heur ce serait pour moi Lolotte se dressa subitement de Tescabelle où elle était assise, et se tint un instant debout côté de Mandrin. Elle était pâle et froide, ses yeux levés au ciel, brillaient d'un éclat extraordinaire un rayonnement inexprima ble, semblait répandu autour de sou visage. Elle répéta avec un accent qui n'avait plus rien de sa voix ordinaire Consolation bonheur Et saisissant la lettre sur la table, elle s'élança hors de la prison. Ya, chere enfant, dit Mandrin en la regardant s'é loigner, et en conservant 1 espoir, bien insensé en appa rence, que celte jeune fille réaliserait son plus ardent désir. Va, sublime enfant, répéla-t-il, ce n'est pas une illusion, tu es vraiment inspirée de Dieu [La suite au prochain >t°.)

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Le Progrès (1841-1914) | 1849 | | pagina 3