.V SU. Se Année. Dimanelse. 11 Février 1S19.
JOIKXAL DÏPRES ET DE L'ARROADISSEMEXT.
Vires acquint eundo.
JLc capitaine Alandriai.
ABOXXEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 3 francs 30 c. Provinces, 4 francs. I Le Progrès parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
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YPRES, le 10 Février.
La discussion générale du budget de l'intérieur est ter
minée et la question des Flandres en a fait, pour ainsi dire,
tous lesfrais.Cela se conçoit: de toutes lesquestions qu'on
aurait pu soulever l'occasion de l'examen du budget de
l'intérieurc'était la plus grave ctccllc qui avait le plusde
litres la sollicitude du pouvoir. Beaucoup d'orateurs ont
été entendus et aucun nouveau moyen pour venir au
secours de nos malheureux compatriotes n'a été indiqué.
A presque tous les orateurs, on aurait pu reprocher de
n'émettre que des idées peu pratiques ou d'une réalisa
tion impossible. M. Delhougne a fuit justice des reproches
qui ont été adressés au ministère, cl il a dit que le cabi
net est en droit de répondre ceux qui l'attaquent pour
n'avoir pas accompli les promesses de son programme
les promesses que j'ai faites, je lestai tenuesmais celles
que mes ennemis ont faites, en mon nom, je n'ai pas (la
les tenir.
La création d'une société d'exportation a fait le fond du
plan que quelques anciens membres de la chambre ont
préconisé pour venir au secours des Flandres. C'était la
panacée de M. Deschamps et le projet d'une institution de
ce genre est son œuvre. Mais, dans la situation actuelle
du commerce et avec les bouleversements politiques qui
labourent les deux continents, une société commerciale
ne pourrait réussir maintenant, et cependant il est de la
plus haute importance de ne pas faire d'essai malheu
reux. Sans tenir compte de la perte des millions qui for
merait le capital de celte société, le plus grand malheur
qui pourrait frapper le commerce, ce serait de rendre une
institution de cette espèce pour longtemps impossible,
car le principe en est juste et nous la croyons indispen
sable pour conquérir de nouveaux débouchés nos
produits.
Les députés qui ont traité la question des Flandres la
Chambreont surtout insisté bien mal proposa notre avis,
pour la création d'une société d'exportation. En fait d'éta
blissements aussi importants et dont les combinaisons de
mandent tant de prudence, on ne fait rien de provisoire
comme a osé le conseiller l'honorable M. Deschamps. Que
la société d'exportation une fois établie et surtout une
époque plus propice aux transactions commerciales, nous
procure de nouveaux débouchés, on n'en doute pas, mais
c'est pour une telle création qu'il est important d'abandon
ner aussi peu que possible au hasard. Si c'est un remède
pour l'avenir, il n'est pas d'une efficacité actuelle.
11 est en effet, de même d'un autre moyen qu'un journal
de Bruges prône comme infaillible, c'est une émigration
[Suite.)
XIV. LA CONFESSION 1)E MANDRIN.
Le père Gaspard devait être au comble de ses vœux
lorsqu'en montant l'escalier delà prison,où il était appelé
pour confesser le grand criminel, il pensait pouvoir enfin
convertir le chef de brigands qui lui avait sauvé la vie
et, selon sa croyancereprendre par la même occasion
son innocence première. Cependant, son pas était lourd
et sa poitrine douloureusement oppressée, sans qu'il sût
quoi attribuer cette tristesse.C'est qu'au fond il aimait
Mandrin, le bon moine 11 l'aimait et le plaignait de tout
son cœur.
Et quand ils se retrouvèrent ensemble, le pauvre père
était plus ému que le condamné.
Cependant, la beauté du jeune homme, qui ressortait
mieux que jamais dans cette sombre prison, rappelant au
religieux le souvenir d'Isaure de Chavailles, remua dans
son sein de récentes et profondes douleurs.
Vous êtes bien bon de venir me voir icipère
Gasparddit le prisonnier.
Ouiouibeaucoup trop bon j'aurais dù refuser
vers une contrée quelconque. On a fait un essai qui a
bien mal réussi. La société de colonisation de Guatémala,
après avoir dépensé des millions, n'est parvenue qu'à
transporter qu'environ sept cents individus, qui ont été
bientôt réduits trois cents, par suite de l'intempérie du
climat. C'est un moyen de faire diminuer la densité de la
population, mais un moyen énormément coûteux. Essayé
sur un petite échelle, il ne produira que des effets im
perceptibles et n'enlèvera que la population la plus va
lide, la plus courageuse, celle par conséquent que le pays
a intérêt conserver. Si l'on veut déplacer la population
flamandequ'on le tente vers l'intérieur du pays. Bien
des terrains ne demandent qu'à être mis en culture et
nous croyons qu'un essai de colonisation la Campinc
pourrait se faire avec des chances de succès. II est prouvé
qu'anciennement ces landes étaient cultivées et nous ne
voyons pas de motifs pour les laisser incultes aujourd'hui.
Quant l'émigration l'extérieur, si elle est volontaire,
le gouvernement pourrait l'encouragermais avant de
tenter une colonisation mère-patrie ou libre, nous esti
mons que le gouvernement serait bien avisé d'en essayer
une l'intérieur. Cela coûtera moins, aura pour effet de
répartir mieux la population sur l'étendue du pays et
le départ des habitants les plus valides n'appauvrira pas
la valeur de la population.
Du reste, nous l'avons dit bien souvent, ce n'est que
par des efforts persévérants et incessants qu'on parviendra
améliorer le sort des populations de la Flandre cen
trale des remèdes énergiques pourraient produire une
amélioration momentanée mais peu efficace. De ce genre,
sont les dons, les aumônes. Mais ce pays souffrira aussi
longtemps que l'industrie linière ne sera pas remplacée
en partie par le tissage d'autres étoffes. Ce pays est trop
peuplé pour (pie les habitants puissent vivre uniquement
d'une occupation agricole. Il faut que l'industrie vienne
leur aide. A la fin du quatorzième sièclequand l'in
dustrie drapière a été perdue pour la Flandre, une crise
analogue a eu lieu et peut-être a-t-cllc été plus poignante,
car la société n'offrait pas alors les ressources qu'elle pos
sède actuellement.
Des journaux s'indignent de ce qu'on ose dire qu'il
faut du temps pour adoucir une crise industrielle aussi
terrible et s'irritent de ce qu'on prêche la résignation
aux malheureux qui en sont frappés. Ils ont l'air d'insi
nuer qu'un soulèvementdes troublesauraient fait
prendre d'autres mesures plus efficaces et que ce n'est
que par la menace qu'on pourrait obtenir des ressources
plus abondantes, mais qu'ils se gardent bien d'indiquer.
Nous le répétons, ce sont des ennemis du peuple, des
travailleursde la classe ouvrière qui tiennent un pareil
i m m» «a—a —m——m" cap—ntag—kmbw
de vous admettre au sacrement de pénitence.
C'eût été justicej'en conviens.
Non pas pour la vie de diable incarné et obstiné que,
malgré mes conseilsvous avez menée jusqu'à ce jour
mais pour un autre crime...
Bien grand, bien involontaire.
Pour vous être introduit dans une sainte maison
sous le nom et l'apparence d'un gentilhomme... En voilà
une fameuse pièce de fausse monnaie Pour avoir perdu
une angélique créature, que j'avais moi-même nourrie de
la manne céleste... car, voyez-vous, il y aurait eu moins
de mal voler, piller, brûler cent fermiers-généraux qui,
au fond ne valent guère mieux que vous, qu'à llétrir cette
rose du ciel.
Je le sais.
Mais enfince n'est pas tout-à-fait votre fautesi
vous êtes beau cavalier, si la femme est faible, si l'amour
est fort.... Etje le vois bienil faudra que ce péché-là
passe avec les autres. Mais aussi, il faut rentrer enfin en
vous-même, et me faire une confession générale de toutes
vos fautes, passées et présentes.
C'est bien aussi quoi je compte employer les der
niers instants qu'il me reste vivre... Mais tenez, père
langage. Du moment que des troubles sont craindre
tout le mouvement vital de la société s'arrête instantané
ment, le crédit s'envole, l'argent se cache, et celui qui
doit gagner sa vie par son travail, ne trouve plus s'oc
cuper. Une gène universelle s'étend comme une lèpre
sur le pays et le plus malheureux, est l'ouvrier qui, sans
épargnes, ne peut chômer sous peine de mourir de faim.
Quant moi, Messieurs, disait, il y a quelques jours,
M. le maréchal Bugeaud, je consacrerai toutes mes
forces, toutes mes facultés, tout ce qui me reste de vie
défendre avec vous l'ordre socialnon pas dans l'in-
térêt exclusif d'une classe priviligiée, mais au contraire
dans l'intérêt de toutes, des riches comme des pau-
n vrcs.... des pauvres encore plus que des riches; car
ces perturbateurs qui arrêtent partout le travail, atta-
quent, il est vrai, le bien-être des richesmais ne leur
enlèvent pas leurs moyens d'existence tandis qu'elles
ii frappent de tout leur poids sur les classes ouvrières
qui, ne vivant que du travail journalier, manquent du
nécessaire aussitôt que le travail est suspendu. Je crois
donc déployer un vrai patriotisme, en me dévouant
tout entier la cause de l'ordre.
Ces paroles sont vraies et l'effet des perturbations so
ciales sur la situation des classes ouvrières est énergique-
inent dépeint par ce peu de mots de M. Bugeaud.
De tout temps, on a pu se convaincre que la presse
catholique, dans l'impuissance de faire prévaloir les
idées qu'elle avait mission de propager, se réfugiait dans
une polémique perfide et de mauvaise foi, et qui ne peut
avoir d'autre effet que de souffler partout la discorde et la
désunion. A l'occasion d'une rectification que nous avons
faite l'égard d'allégations fausses, calomnieuses et men
songères, concernant un professeur du collège, nous
disions, par erreur, que l'indemnité qu'il avait droit de
recevoir comme lieutenant adjudant-major de la garde
civique, était abandonnée au profit des sous-officiers. Cer
tes, il y avait là omission d'un mot, car personne n'ignore
que le cadre des sous-officiers de la garde civique est
composé de façon ce que nul n'a besoin de désirer une
part de cette indemnité. Cela était connu des scribes du
Journal des Baziles, mais ils y ont vu une insulte
exploiter une phrase incomplète qui offrait un sens
qu'on pouvait rendre malveillant pour les sous-officiers
de la garde civique. Ces gens tout confits de charité
n'y ont pas manqué, et le journal du clergé s'est prêté
être l'interprète de ces insinuations, quand la phrase a
été rectifiée. Pour se consoler de s'être fourvoyée, la
Feuille des Baziles croit que les lazzis de certains gobe-
mouches sont pour beaucoup dans cette rectification. Que
Gaspard, comme je serais très-emprunté pour vous faire
une confession générale en règle, je vais vous raconter
rapidement toute ma vie, dont les premières années vous
sont inconnues, et vous noterez là-dedans les faits im
putés de péchés par votre église.
J'y consens.
A peu près comme dans la forêt on marque d'une
croix les arbres qu'il faut abattre.
Suffit, j'en fais mon affaire.
Une sentinelle, comme nous l'avons dit, montait la
garde sur la galerie qui longeait cet étage de la prison
et passait temps égaux devant la croisée: Mandrin,
tenu sous cette surveillance continuelle, put donc prendre
l'humble posture d'un pénitent; il s'assit sur une esca-
belle, aux pieds du pcrc Gaspard etd'un air de pieux
recueillement, commença son récit:
Vous saurez d'abord, mon vieil ami...
Du tout, du tout; il faut dire mon père; nous som
mes en confession.
Eh bien vous saurez d'abord, mon père, que c'est
la vertu qui m'a conduit où je suis.
Je ne m'en serai jamais douté.
Vous allez en juger. Je suis né Saint-Étienne-de-