812. 8e Année. Jeudi, 15 Février 1849.
JOIRML D'ÏPRES ET DE L'ARR0\D1SSEME\T.
Vires acquirit euudo.
Le capitaine Mandela.
ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 3 francs 50 c. Provinces, i francs, j Le Progrès parait le Jeudi et le Dimanche. Tout cc qui concerne le journal doit
INSERTIONS Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne 50 centimes. être adressé l'éditeur,Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
DiTÉlUEllI.
YPRES, le 14 Fi:vRlF.n.
Le Journal des Bazilesen annonçant que
MM. Beke et Th. Vanden Bogaerde ont cessé
de faire partie de la chambre de commerce,
applaudit la détermination qu'ont prise ces
deux honorables négociants. Il nous serait fa
cile de rectifier les motifs qu'assigne cette
résolution le Journal des Bazilessurtout pour
le dernier, qui on en prête qui n'ont pas été
exprimés, mais nous devons hautement pro
tester, au nom du commerce d Ypres contre
l'espèce de satisfaction que le saint journal
éprouve l'occasion de ces démissions.
M. Beke est un négociant honorable qui de
puis trente ans est la tète d'une des maisons
les plus respectables de la localité et qui par
cela même, n'aurait jamais dû s'attendre voir
annoncer avec joie dans le journal du clergé,
et par certains commerçants, la démission qu'il
a donnée.
M. Théodore Vanden Bogaerde s'est occupé
depuis vingt ans, de toutes les questions qui
intéressent l'industrie et le commerce de notre
arrondissement. Dans toutes les discussions, il
apportait celle rectitude de jugement, celte fa
cilité de travail auxquelles ses collègues ont eu
bien souvent recours, et pour causependant
la longue maladie du précédent secrétaire.
Nous regrettons sincèrement que ces deux
honorables membres se soient retirés; mais
puisque le Journal des Baziles croit pouvoir
donner le change sur les véritables motifs de
leur démission, nous croyons, notre tour,
pouvoir dire, pour l'édification de nos conci
toyens, qu'ils ne se sont retirés que devant le»
procédés peu loyaux dont la coterie des mo
dérés ou des indépendantsou des commer
çants, ou des faux libéraux (on peut leur
appliquer toute espèce de qualification, car ce
sont des caméléons,) use l'égard des hommes
les plus honorables de notre cité.
Si nos renseignements sont exactsil paraît que les
membres démissionnaires de la chambre de commerce
seront remplacés par un honorable fabricant de cuirs,
dont on n'a pas voulu jusqu'ici, ou un marchand de plâtre,
mais le candidat préféré est un honorable industriel, dont
l'aisance date de 1851.
XIV. LA CONFESSION DE MANDRIN. [Suite.)
Sa femme, de vingt ans plus jeune, formait un contraste
parfait avec lui. Madeleine, fille d'artisans ne sachant rien
que lire et filer, avait toutes les délicatesses de pensées,
toutes les exaltations poétiques qui n'appartiennent guère
ailleurs qu'aux femmes dont l'imagination a été déve
loppée par le luxe et les arts. Douce, faible, languissante,
elle ne sentait l'existence que pour aimer et rêver: je ne
sais où allaient ses rêves, mais pour son amour, il se
portait tout entier sur son fils, joli petit garçon d'une
année.
Pour premier acte d'autorité sur moi, mon oncle m'a
vait attaché au service de la ferme je faisais les envois,
je portais les sacs d'argent, les lettres, les assignations;
j'étais le valet des valets. Ce lut là que je connus l'inté
rieur de ces infâmes tripots et toutes les roueries em
ployées pour prendre lepluspossible au peuple et envoyer
le moins possible au roi; ce fut alors que je conçus
contre tous ces voleurs dorés une indignation dont ils ont
assez longtemps senti les effets.
Quatre années se passèrent ainsi. Ma condition m'en
nuyait horriblement; j'obéissais mon oncle, qui m'en-
Le Journal (les Bedeaux se bat les flancs de joie, en
annonçant la retraite de deux honorables négociants de
la chambre de commerce. C'est ce que son parti appelle
tout bas: c.xe épumatiox.
Si le Journal des Baziles voulait remplacer sa vignette
par celle de la fable du Serpent et de la Lime, nous adop
terions volontiers celle du Bûcheron et du Serpent.
Plusieurs journaux ont attaqué le gouvernement parce
qu'il avait refusé d'autoriser l'acceptation du legs fait par
M"" de Montmorency, la commune de Vlaraerlinghe.
Nous ne pouvons mieux répondre ces attaques qu'en
reproduisant textuellement le discours prononcé par M.
le ministre de la justice, au sénat, dans la séance du 8
Février dernier.
1t. le ministre de la justice. Messieurs,
1 honorable vicomte Dcsmadet de Biesine demande des
explications sur une donation faite la commune de Vla-
inertinghe par Madame de Montmorency.
L'honorable vicomte Dcsinanet do Bicsme blâme l'in-
terprétention que le gouvernement donne l'art. 84 de
la loi communale, qu'il interprète, lui, en ce sens, qu'il
serait facultatif aux fondateurs de créer leur gré des
commissions administratives et permanentes des hospices
qu'ils érigent.
Mm de Montmorency a fait, en effet, une donation, non
pas de 80 mesures de terre, comme on Ta dit, mais d'une
maison de ferme avec 5 hectares et 47 ares; elle a fait
cette donation dans le but de fonder Vlamerlinghe un
hospice pour les pauvres vieillards et les incurables des
deux sexes. Cette donation, Messieurs, n'a pu jusqu'ici
recevoir l'approbation du gouvernement cause des
conditions illégales que Mme de Montmorency a jugé con
venables d'imposer pour l'acceptation de la libéralité.
Ainsi, dans l'acte de donation soumis au gouvernement,
M"" de Montmorency abandonne ou laisse au curé la
désignation des sœurs de charité qui doivent faire le ser
vice de l'hospice. C'est là une disposition qui est en
contravention formelle l'art. 7 de la loi du 10 messidor
an vu, qui confère aux commissions administratives la
nomination des employés des hospices.
M™" de Montmorency veut aussi quo la commission ad
ministrative puisse autoriser les sœurs de l'hospice y
établir une école gratuite pour les pauvres de la com
mune; c'est une condition en opposition manifeste avec
la loi sur l'enseignement primaire du 23 Septembre 1842,
laquelle charge exclusivement les administrations com
munales de la direction et surveillance de l'instruction
primaire dans les communes.
Enfin, Messieurs, M"10 de Montmorency impose une troi
sième condition: elle veut que la commission adminis
trative de l'hospice soit composée de cinq membres qu'elle
indique d'abord d'elle-même ou de son mari, du curé de
la paroisse, du bourgmestre de la commune et de deux
autres citoyens de la commune qu'elle désigne.
voyait la ferme: j'obéissais aux commis qui m'envoyaient
chez les débitants, auxquels il fallait obéir encore.
Pendant tout le temps que je demeurai dans cette
maison, je faisais mon possible pour consoler et distraire
de ses ennuis la triste Madeleine, et j'y parvenais quel
quefois en carressant son fils, qui avait pris cinq années,
et qui venait dans mes bras au moindre signe, avec un
instinct de tendresse exquis. Je leur prodiguais tous les
soins de l'amitié sans m'inquiétersans in'apercevoir
même des regards irrités que M. Durand jetait sur moi,
dès que j'approchais de la mère ou de l'enfant.
Venons au moment décisif qui changea cet état de
choses.
Je vous ai dit que le souvenir de ces caves souterrai
nes dans lesquelles j'étais descendu une fois, avait laissé
dans mon esprit le désir de les revoir et des illusions
étranges. J'avais vingt ans, lorsque tout coup le pres
tige attaché pour moi cet endroit fut redoublé par la
certitude d'y apercevoir quelquefois, comme par le passé,
de la lumière pendant la nuit, quoique le jour les portes
en fussent constamment fermées, mou oncle ayant conti
nué en défendre l'entrée comme le faisait autrefois mon
père. Cette pâle lueur, qui survivait de cinq années
celui qui l'avait autrefois allumée, me causait une émo
tion palpitante.
Quant la fondatrice, d'après une loi dont l'exécution
n'est pas contestée, c'est-à-dire d'après le décret du 51
juillet 1806, elle a le droit de concourir l'administration
de l'hospice. C'est un privilège que le décret réserve
tout fondateur d'hospice; mais quant la condition de
désigner les autres membres de la commission qui doit
gérer la fondation, elle était inadmissible; il était impossi
ble au gouvernement d'acquiescer une condition con
traire l'art. lr du décret du 7 germinal an xn, qui veut
que les commissions des hospices soient renouvelées
chaque année par cinquième. Ce sont là des dispositions
d'ordre public que l'on ne peut pas enfreindre cl dont le
gouvernement doit maintenir l'exécution.
J'ai fait tout ce qui était en moi pour engager M"10 de
Montmorency modifier ses conditions; j'ai fait inviter
l'administration communale désigner par un arrêté spé
cial, pour membres de la commission de l'hospice, les
personnes mêmes que M"" de Montmorency avait dési
gnées dans sa donation, la condition toutefois du renou
vellement quinquennal enfin,j'ai offert dérégler l'autori
sation de la manière qui se rapprocherait le plus des
intentions bienfaisantes de M1"0 de Montmorency. Cette
dame y avait d'abord acquiescé, et j'avais appris avec
plaisir, par M. le gouverneur de la Flandre occidentale
qu'elle consentait modifier ses conditions et que l'affaire
allait se conclure.
Je ne sais cc qui a pu la faire changer d'opinion; mais
elle est revenue depuis ses premières intentions, et elle
persiste toujours imposer les conditions insérées dans
l'acte de fondation, et auxquelles j'avais demandé les mo
difications que je viens d'indiquer.
La question qui se présente ici, est donc celle de l'inter
prétation de l'art. 84, 2, de la loi communale; c'est
cette question qui a occupé la chambre des représentants
pendant trois ou quatre séances, lors de la discussion du
budget de la justice de l'année dernière.
Le gouvernement, Messieurs,a examiné de nouveau cet
article, il l'a fait examiner par des jurisconsultes éclairés
et tout le monde a été d'accord, que cet article ne peut
recevoir d'autre interprétation que celle qui lui a été
donnée, c'est-à-dire, qu'il ne signifie et ne peut signifier
autre chose, si ce n'est que les fondations qui ont été
créées en vertu des lois existantes, continueraient sub
sister et que les commissions administratives créées par
les actes de fondation, pouvaient continuer régir les
biens de ces mêmes fondations. Cet article, dit en effet
que les conseils communaux nomment les membres des
administrations des hospices et des bureaux de bienfai
sance, et il détermine ensuite le mode de nomination des
membres de ces administrations publiques.
Cet article se termine ainsi:
Il n'est pas dérogé par les dispositions qui précèdent
aux actes de fondation qui établissent des administrateurs
spéciaux.
Messieurs, je crois que ce texte est clair et précis. Il
est évident qu'il ne veut autre chose que le maintien des
actes de fondation antérieurs h la publication de la loi
communale. 11 est impossible de prétendre que le légis
lateur a voulu par ce texte innover toute la législation
Je fouillai longtemps dans tous les coins du logis pour
trouver les clefs des caves; enfin je les découvris dans
une salle basse derrière un vieux tableau, et me promis
d'en faire usage la nuit même, les laissant en place jus-
qu cc moment, afin que la soustraction n'en put être
remarquée.
Mon oncle se couchait; il fallait attendre que tout fut
endormi dans la maison pour effectuer mon projet; et il
était minuit lorsque je pus descendre de ma chambre.
Mon étonnement fut extrême de ne plus trouver les clefs
où je les avais vues; car comme on n'avait pu deviner
mon dessein, il fallait que Dieu ou diable me les eût en
levées, pour me protéger contre un danger ou me contra
rier dans ma tentation.
Au lieu de retourner chez moi, je me dirigeai machi
nalement vers le hangar où était l'entrée des caves. Mes
yeux furent frappés d'une lueur si faible que ce pouvait
être celle d'un ver luisant dans la mousse, mais je ne
doutais pas qu elle ne vint des caveaux travers les pier
res ruinées; je me précipitai vers l'entrée et trouvai en
effet la porte entrebaillée; je l'ouvris hardiment et des
cendis.
Arrivé au milieu de l'escalier, je m'arrêtai tout coup:
1 image de mon père, de sa colère qui semblait maudire
ma présence en cet endroit, reparut mes yeux, et cette