existante, et autoriser les fondateurs venir créer autant
de fondations, c'est-à-dire autant de per-onnes civiles
qu'il leur conviendrait de le faire. Si tel devait être le
sens de l'art. 84 de la loi communale, il faudrait de suite
pré-enter une loi spéciale pour en demander l'abrogation,
car ce serait supprimer de fait toutes les administrations
de bienfaisance qui sont chargées aujourd'hui de la direc
tion de la charité publique. Mais, Messieurs, il ne s'agit
nullement de créer une législation nouvelle, ni d'innover
ce qui existe précédemment. Encore une fois, le législateur
n'a voulu maintenir que ce qui existait précédemment.
Ainsi par exemple, l'honorable vicomte Desinanet de
Biesme a sans doute voulu parler de l'hospice d'Ilars-
camp de Namur.
31. le vicomte Dcsmanet de Biesme.Oui.
31. le ministre de la justice. L hospice
dllarscamp a été érigé en vertu d'un décret spécial de
l'Empereur; une administration spéciale lui a été donnée
conformément aux intentions de la dame fondatrice eh
bien, cette administration subsiste et doit continuer ad
ministrer en vertu du décret spécial qui l'y a autorisée,
et qui a aujourd'hui force de loi. C'est pour ce cas parti
culier, et pour quelques autres qui lui sont analogues,
qu'a été adoptée la réserve finale du 2 de l'art. 84 de
la loi communale.
Maintenant, Messieurs, s'il pouvait y avoir quelque
doute sur l'interprétation de cet article, il suffirait pour
lever ce doute de recourir aux discussions parlementaires
qui ont eu lieu dans la chambre des représentants. Je
n'entrerai pas dans tous les détails de cette discussion,
mais vous y verrez que M. Jullien qui siégeait alors la
chambre, croyant que l'on voulait innover la législa
tion existante et autoriser des nouvelles fondations spé
ciales, au lieu de maintenir celles qui existaient, avait
proposé un amendement pour l'aire déclarer que la dis
position de l'article ne pouvait pas être entendue en ce
sens, mais sur les explications données par l'honorable
M. de Theux et par l'honorable M. Dubus aîné, que la
disposition ne pouvait avoir ni le sens ni la portée que
M. Jullien leur attribuait, celui-ci se déclara satisfait et
retira son amendement, d'où la conséquence que l'art. 84
ne pouvait pas avoir d'autre sens que celui qu'on lui a
reconnu cette époque, c'est-à-dire qu'il n'a fait autre
chose que de maintenir les fondations préexistantes.
Quant la législation, elle est restée intacte; ce n'est
pas par des dispositions de ce genre que l'on innove en
législation. Veuillez remarquer en quels termes cet arti
cle est conçu
ii II n'est pas dérogé, par les dispositions qui précèdent,
aux actes de fondation qui établissent des administrateurs
spéciaux.
Ces termes sont tellement clairs, qu'il n'est pas possi
ble de leur donner une interprétation différente. Vous
voyez que l'article ne dit pas autre chose, si ce n'est que
les actes de fondation sont maintenus et qu'il n'est pas
dérogé ces actes qui établissent des fondations spéciales.
Mais il n'est pas dit qu'à l'avenir des testateurs ou dona
teurs pourront établir leur gré des administrations spé
ciales, et créer des fondations, c'est-à-dire instituer des
personnes civiles en tel nombre qu'ils le voudront, en les
substituant ainsi aux administrations publiques que la
loi a préposées la gestion des établissements de. bienfai
sance et la dispensation des ressources et des secours de
la charité publique.
Ainsi la donation contenait des clauses contraires la
loi cela est incontestable. Que devait faire le gouverne
ment et qu'a-t-il fait? Il a engagé la commune se rappro
cher pour tout ce qui dépendait d'elle des intentions de la
donatrice. La commune a satisfait cette invitation et
elle a choisi comme administrateurs mêmes les personnes
qui avaient été désignées par la donatrice. Satisfaite de ces
concessions, M~e de Montmorency avait fait savoir qu'elle
modifierait ses conditions et qu'elle consentait maintenir
sa donation. Ce n'est que plus tardrevenant sur cette
impression de l'enfance revint tellement vive que je me
sentis trembler sans avoir pourtant la pensée de retour
ner sur mes pas. J'arrivai sans bruit dans l'intérieur.
Tout était dans l'état où je l'avais vu la première fois
le temps ne pouvait rien sur ces murs noirs comme la
nuit éternelle, sur ces fers rouillés depuis des siècles, sur
ces instruments d'alchimie forgés, disait-on, par les
esprits infernaux... Mais je demeurai fixe et glacé en
voyant une femme au milieu de cet antre maudit, entre
tous ces objets sans nom, et devant un alambic où cou
lait une liqueur noire.
Elle fit un mouvement et je reconnus Madelaine.
Mon cœur n'en fut que plus cruellement serréJ'eus
l'idée folle qu'un démon avait pris l'apparence de celte
femme charmante, et que depuis cinq ans je vivais au
près de cet esprit des ténèbres
Comme Mandrin en était là de son récit, un faible
grincement de fer se fit entendre; le père Gaspard, qui
se croyait près d'assister quelque scène infernale, eten
avait déjà le frisson, tressaillit ce bruit, et fit des si
gnes de croix... Cependant ce n'était rien que le geôlier
qui venait annoncer l'heure de la retraite pour tout étran
ger se trouvant la prison, même pour le père confes
seur.
XV. david."
Le lendemain, lorsque le chef de brigands et le bon
moine furent de nouveau réunis et eurent repris leur at-
décision, que la donatrice a fait savoir qu'elle exigeait
l'accomplissement de ses premières conditions.
Ainsi qu'on le voit, le ministre n'avait négligé aucune
démarche pour concilier les intérêts des pauvres avec les
intentions de la donatrice et n'avait mis sa concession
d'autres limites que celles assignées par la loi elle-même.
Il avait même réussi dans ses démarches, puisque Mme de
Montmorency consentait modifier les clauses de sa do
nation. El qui donc a fait revenir cette dame de sa louable
détermination? Qui donc lui a écrit pour 1 engager en
lever aux pauvres un bien qu'elle leur destinait?
Nous pourrions nommer ces hommes. Il nous suffit de
dire que ce sont les mêmes qui, n'écoutant que leurs pas
sions haineuses et aveugles, n'ont jamais employé leur
influence administrative et politique qu'au détriment des
habitants de notre arrondissement et qui ont l'effronterie,
dans cette occurrence, de reprocher au gouvernement les
x-ésultats d'une intrigue que leurs amis eux-mêmes étaient
allés négocier Paris.
VILLE D'VPBES. Covsr.n (omiiiul.
Séance publique du Lundi, 12 Février 1849.
Présents: MM. le Baron Vandersticdele de Magbds,
bourgmestre, président; Iweins-Fonteyne échcvin
Théodore Va.nden Bogaehde Pierre Bkke Gérard Va.n-
dermeerschCharles Vax de Bbouke, Martin Smaelen,
Edouard Cardinael, Ernest Merghelï.nck, Boedt, avocat,
Louis Annoot, conseillers.
La séance s'ouvre par la lecture du procès-verbal de la
réunion du 22 janvier. La rédaction en est approuvée
sans observation.
11 est donné lecture d'une missive de la chambre de
commerce aussi inconvenante dans la forme que peu
exacte pour le narré des faits. Il y a quelque temps un
conseiller et alors en même temps membre de la chambre
de commerce, M. Théodore Vanden Bogaerde fit verba
lement rapport, que cette institution avait sur le compte
de l'exercice 1848 un excédant d'environ G00 francs, et
que la chambre avait l'intention d'employer cette somme
l'achat de métiers destinés former des apprentis-tisse
rands chez un fabricant de cette ville. Mais il demanda
en même temps, si la ville était disposée intervenir et
suppléer par un subside la somme qui pourrait faire
défaut pour couvrir les frais de cet achat. Le Conseil, sur
ce rapport, prit la résolution de demander au gouverne
ment un subside pour achat de métiers avec la coopéra
tion de la ville et du Bureau de Bienfaisance. 1,200 francs
furent alloués par le ministre de l'intérieur, et le Conseil,
dans sa dernière séance, ayant délibérer sur un projet
de règlement, fixant le mode de prêt de ces métiers et
leur achat par les ouvriers, crut utile de demander l'avis
de la chambre de commerce. Cette institution consulta
tive s'est avisée de répondre que la coopération du Conseil
était illusoireque l'achat des métiers avait eu lieu, et
qu'elle faisait observer sérieusement que plus rien n'était
faire.
Le Conseil est d'avis de répondre la chambre de com
merce et puisque sa coopération est illusoire, il est tout
disposé ne plus s'occuper d'elle, mais d'accepter le sub
side de douze cents francs et d'examiner mûrement, si,
malgré l'avis de la chambre de commerce, il n'y a pas lieu
établir un atelier-modèle qui pourrait former des tisse
rands en toute espèce d'étoffe, sans leur faire subir des
retenues sur leur travailpour payer leur apprentissage.
Il est donné communication d'une longue dépêche de
M. le gouverneur, touchant le comité de salubrité et d'hy
giène publique où il regrette que parmi les membres
qui le composent, ne figure pas le membre de la commis
sion médicale de la province. Après s'être étendu fort
longuement sur la nécessité de l'union dans les circon
stances graves qui nous pressent de toutes parts et en
présence du choléra qui nous entoure, ce haut fonction
naire croit pouvoir faire des observations sur l'oubli dans
tilude pieuse de la veille, Mandrin continua ce qu'il appe
lait sa confession.
Madelaine jeta un cri de surprise en me voyant, mais
la joie se peignit sur ses traits. Moi, en contemplant son
doux visage, en entendant sa voix, je perdis soudain mes
extravagantes pensées de maléfice et d'incantation.
L'étonnement, l'émotion de notre rencontre bizarre, fon
dirent la froide retenue qpi présidait ordinairement
nos rapports. Madeleine se jeta dans mes bras, et, pour
la première fois je. la pressais sur mon cœur.
En ce moment son mari était devant nous.
Depuis plus longtemps que moi, et avec un trouble
plus grand, il observait le phénomène de la lumière, noc
turne dans les caves fermées, et c'était cette nuit même
qu'il avait choisi pour éclairer les cruels soupçons que
cette vue faisait naître en lui.
Alors eut lieu une scène où un monde de douleur se
révéla moi, et où cependant ma surprisé fut si grande
qu'elle domina longtemps tout autre impression.
Il est donc vrai, dit Jean Durand en se croisant les
bras et en nous regardant de son œil pâle et glacé, il est
donc vrai que sous mes yeux, dans ma propre maison,
mon neveu séduit ma femme, et qu'elle se livre au neveu
de son mari, au jeune homme qui est presque son enfant!
Je demeurai la figure ébahie, le souflle suspendu.
Vous, misérable, continua mon oncle en s'adressant
moi, vous ne cachiez pas votre indigne amour devant
lequel parait avoir été laissé le membre de la commis
sion provinciale, quand il s'est agi de former le comité.
La religion du gouverneur a été surprise, car le membre
de la commission médicale pour l'arrondissement d'Ypres
a été nommé de ce comité. Mais ayant dù faire un jour,
une vue de lieux avec un médecin militaire délégué par
l'autorité militaire, il s'est dit froissé d'avoir été mis
en contact avec un homme de l'art étranger la ville et
sans autre explication, s'est retiré. Le conseil, sur le rap
port qui lui en a été faita hautement blâmé cette façon
d'agir et a décidé de revenir sur la nomination de ce
membre de la commission médicale provinciale et de 1 an-
nu lier. C'est en ce sens que le collège des bourgmestre et
échevins a répondu au gouvernement provincial.
Par une seconde missive de M. le gouverneur, l'atten
tion de l'autorité communale est attirée sur l'opportunité
d'exercer une surveillance très-sévère sur les étrangers
qui se logent en ville, soit dans des lieux ouverts au pu
blic, soit chez des particuliers ou en garni. Un règlement
sera discuté la prochaine séance que la police sera tenue
de faire exécuter avec exactitude.
Il est encore donné lecture d'une requête d'un sieur
Van Zeebroeck, qui offre d'établir un service accéléré de
messagerie entre Ypres et Courtraimoyennant un sub
side de cinq francs par jour.
Le conseil passe la discussion du règlement sur les
boucheries; chaque article est lu et adopté sans observa
tions. Les principales dispositions sont, que le débit de
viande domicile est permis et qu'une heure avant l'abat
tage, les experts seront prévenus et appelés constater
l'étal sanitaire du bétail destiné la consommation que
la halle aux viandes pour les bouchers de la ville et des
communes environnantes, sans distinction, sera établie
au local dit grande boucherie; que les étaux seront numé
rotés et loués; que les bouchers ne pourront occuper
plusieursunétal, ni un seul en occuper plus d'un. Suivent
diverses dispositions sur la tenue de la halle aux viandes
et ensuite viennent les dispositions concernant les char
cutiers, qui peuvent vendre chez eux, mais après avoir
fait constater l'état sanitaire de l'animal destine être
tué. Les derniers articles comminent la peine de l'amende
et l'emprisonnement contre les contrevenants aux dispo
sitions du présent règlement.
Le dossier concernant le testament de la demoiselle
Liévine Ramoen est renvoyé l'examen du conseil. M. le
ministre de la justice ne croit pouvoir admettre les pro
positions de la commission des Hospices, tendant ac
corder aux parents de cette demoiselle la faculté de pouvoir
désigner des titulaires deux fondations de veuves, sous
prétexte que des distributions d'argent et de bois sont
plutôt dans les attributions du bureau de bienfaisance et
qu'on ne peut charger éternellement au profit des parents
de cette demoisellecette administration de l'entretien
d'une fondation. Comme la commission n'a pas encore
donné son avis, le conseil remet cette question son pro
chain ordre du jour.
Une demande est faite tendant obtenir un subside
pour la reconstruction de l'ancienne maisondes Templiers,
sise rue au Beurre. Comme elle est située dans une des
rues les plus fréquentées de la ville et qu'elle dépare par
sa vétusté, les constructions environnantes, le conseil est
d'avis d'allouer sur le fonds destiné l'encouragement de
la bâtisse, une somme de l,b00 francs.
Le conseil épuise son ordre du jour public, en approu
vant successivement, sur le rapport de M. le conseiller
faisant fonctions d'échevin, Pierre Bckele compte de
l'exercice 1847 et le budget de la salle syphilitique pour
l'exercice 1849; le compte du Mont-de-piété pour 1847
et le budget de cette institution charitable pour 1848.
Depuis environ un an, il n'était, Messines, question
dans les estaminets, que l'un ou l'autre des habitants de
cette ville, ou des environs, avait trouvé les débris d u
lapin égorgé dans sa niche, ou bien un chat inanimé dans
un grenier, et dont tout annonçait que la mort avait été
la suite d'un combat sanglant d'autres prétendaient et
affirmaient que des poules et des œufs leurs étaient en-
moi elle, plus perfide, dissimulait son bonheur sous des
semblants de tristesse... Je ne sais vraiment qui je dois
mépriser le plus, du cynique effronté ou de l'ignoble hy
pocrite.
La jalousie dans cet homme si froid n'avait point cet
accent de rage qui en montre les douleurs et la fait par
donner. Il parlait presque comme s'il eût été étranger
cette cause, et moins en mari outragé qu'en juge impla
cable.
A sa vue, Madeleine et moi nous nous étions prompte-
ment éloignés l'un de l'autre. Mais dans les paroles qu'il
adressa ensuite la malheureuse femme, il la traita avec
tant de brutalité, d'arrogance et de mépris, que je la re
pris sur mon sein pour la protéger contre ces outrages,
comme je l'eusse fait contre des mortels.
Durand, cette vue, sortit de son immobilité de mar
bre. Il voulut nous séparer violemment; et dans un
mouvement inspiré par la cruauté et la colère, il saisit un
des énormes balanciers de fer qui étaient dansées ca
veaux, et l'asséna de toutes ses forces entre nous....;
mais nous étions trop étroitement unis pour que l'un de
nous deux n'en fût pas mortellement frappé... Madeleine
reçut un coup terrible dans le sein, et tomba sur la terre.
Je m'élançai vers elle..., son mari me retint par un
geste et un regard implacable qui voulait dire
Morte, elle est encore ma femme.
[La suite au prochain n°.)