811. 8e Année.
Jendi. 22 Février 18 20.
JOIRML D'Y PRES ET DE LARROYDISSEDEYT.
Vues acquirit euado.
lATFIIÏIXIt.
Le capitaine ASaudriii.
DBM
ABONNEMENTS Y près (franco), par Irimcstrc, 3 francs 50 c. Provinces, 4 francs.
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Le Progrès parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
être adresse l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
ÏPRF.S, le 21 Février.
F.nfin après trois semaines de discussion
le budget de l'intérieur est voté et sans que la
Chambre ail imposé celte branche du service
administratif plus d'économies que celles que le
ministre avait indiquées, en présentant le bud
get. Mais la fin un débat important a eu lieu sur
l'instruction publique; les deux lois sur l'en
seignement primaire et supérieur ont été vive
ment attaquées et on apar un amendement,
voulu mettre le ministère en demeure de mo
difier ces lois, en présentant immédiatement des
projets, ainsi que son plan pour l'organisation
de l'enseignement moyen.
Le ministre de l'intérieur a franchement avoué
qu'il était tout disposé réformer la loi sur ren
seignement supérieur, mais une première fois
il a dit rpie la révision immédiate de la loi sur
l'instruction primaire ne lui paraissait pas indis
pensable. La Chambre n'a pas été satisfaite de
celte déclaration car c'est peut-être l'organi
sation qui laisse le plus désirer. L'instruction
primaire la campagne est dans un état pitoy
able. On paye une multitude d'inspecteurs
tant civils qu'ecclésiastiques et c'est pour em
pêcher systématiquement tout progrès de l in
struclion.
Il est un fait admis aujourd'hui par tout le
monde, c'est que les inspecteurs ecclésiastiques
outre qu'ils n'inspecleut rien, quand ils se mê
lent d'une école, ne le font que dans l'intention
de la désorganiser, et alors il s'agit quelque
part d'une école qui, par exception, est bonne,
où on apprend quelque chose. Hors de là, ces
inspecteurs ne s'attirent aucune besogne, et
comme les inspecteurs cantonnaux civils ne
sont que les doublures des inspecteurs ecclé
siastiques et choisis pour être leurs instruments,
tout ce que ceux-ci n'osent faire, ils l'endossent
aux premiers qui, créatures du clergé, suppor
tent tout l'odieux des vexations qu'on leur
ordonne d'infliger aux instituteurs et aux au
torités communales.
Nous aussi, nous croyons que les défauts de
la loi sur l'instruction primaire peuvent être
corrigés administi alitement. Mais ce n est pas
avec le personnel actuel que les améliorations
peuvent s'opérer par celte voie. M. le ministre
a beau dire, il m'importe peu de connaître la
XV. DAVID. (Suite.)
Le plus âgé d'entre nous n'avait pas vingt-trois ans
nous étions demi-ivres, après de longues fatigues et de
cruelles privations; nous formâmes le dessein d'attaquer
le jour suivant une maison isolée que nous avions remar
quée sur le chemin. La légèreté et les éclats de joie qui
présidèrent au projet de ce premier acte de brigandage
lui donnaient l'aspect d'une folie de jeunes gens, folie qui
du reste s'appuyait sur la plus absolue nécessité, en nous
offrant des ressources pécuniaires dans le moment où nous
étions absolument dépourvus de moyens d'existence.
Vous voyez, mon père, que c'est encore de bons re
ligieux que je dois l'idée première du parti que j'ai em
brassé.
La source la plus pure se noircit en tombant dans
le gouffre ténébreux.
Le lendemain, après nous être reposés dans les lits
rnoilets du dortoir, nous étions tous habillés en moines,
déguisement nécessaire pour pénétrer dans l'habitation
main qui exécute, si la tête qui dirige est sûre.
Dans la pratique, il n'en est pas ainsi, il existe
dans ces rouages un pouvoir latent qui em
pêche 1 exécution des mesures prescrites et si
I on ne peut se dispenser de les exécuter, on les
fausse et la situation est pire qu'auparavant.
Aujourd hui les meilleures dispositions de la loi
sont interprétées dans un sens tout fait opposé,
nous ne dirons pas I intention du législateur,
car elle n a été volée que dans le but de tromper
le pays sur ses tendances, mais l'organisation
d une bonne instruction primaire.
Aussi le ministre est revenu sur ce qu'il avait
dit et il a déclaré dans la séance suivante, qu'une
révision partielle lui paraissait nécessaire sans
elre d avis toutefois, qu'elle dût être immé
diate Il a cité les parties de la loi qu'on pou
vait laisser subsister. Mais il en est d'autres qu'il
est urgent de modifier au plutôt, car l'instruc
tion primaire va de mal en pis. Partout les in
specteurs civils forcent les communes, non pas
choisir un instituteur dans une école normale,
mais, se faisant les commis-voyageurs des pro
duits des écoles normales du clergé, c'est le
sujet de la pépinière ecclésiastique, qu'ils impo
sent aux communes.
Il y aurait un moyen d'améliorer le sort de
I instituteur et de le rendre indépendant du
clergé qui le lient courbé sous le joug parce que
pour vivre, il a besoin, dans notre province, d'être
en même temps sacristain de la paroisse. Ce
serait de diriger son instruction de manière
le rendre apte devenir secrétaire des commu
nes. Il est de fait qu'alors ce serait un fonc
tionnaire tout-à-faitde l'ordre civil et qui n'au
rait rien de commun avec le clergé. Mais il
importe pour que celle amélioration soit pos
sible que les écoles normales soient dirigées
dans un autre sens et que le nombre en soit
doublé. Car qu'on le comprenne bien rien ne
sera plus antipathique au clergé, que de voir
I instituteur échapper, non pas sa surveillance,
mais ses exigences.
D'un autre côté, il serait souhaiter que
chaque commune eut un secrétaire qui y réside
et qui puisse tenir l'élal-civil et être toujours
la disposition de l'autorité communale. Nous
croyons que celte combinaison serait favorable
ment accueillie mais il se passera encore du
temps, avant que son application soit possible.
Il est fâcheux que la chambre n'ait pas per
sisté dans ses intentions primitives et refusé
allocation du crédit pour l'inspection ecclé
siastique. C'est vraiment un hors-d'œuvre et
qui coûte de l'argent. Espérons que la révision
de la loi sur l'instruction primaire nous fera
justice de ce gaspillage et qu'il mettra fin
l'intervention dit clergé dans l'instruction ti
tre d'autorité. Il est en effet difficile s'expli
quer qu'une Chambre ait eu la faiblesse de con
stituer le clergé seul juge de la morale. Pour
la religion, nous lui concédons volontiers sur
ce chapitre la toute-puissance, mais la morale
n'appartient en propre, ni la religion catho
lique, ni aucune autre secte religieuse, ni
même aux doctrines philosophiques. C est une
partie de l'instruction qui appartient toute
société organisée, indépendamment de la reli
gion qu'elle professe et, pour ce motif, le clergé
ne peut êlie seul appelé décider des ques
tions qui peuvent intéresser l'enseignement de
la morale.
Il semble que depuis quelque temps une ma
ladie morale est venue frapper notre pays.
Après avoir fait preuve d'union et d'énergie en
face de la dissolution de la monarchie fran
çaise et des bouleversements des nations qui
nous entourenton dirait que nous sommes
fatiguésd'ètre dans une situation plus prospère
que d'autres peuples et que nous aussi, nous
voulons brouiller les cartes. Tout le monde se
plaint, personne ne veut paraître satisfait, con
tent on gémit, on se lamente, les maux dont nous
ne souffrons pas, on les invente, les esprits sont
inquiets, l'opinion publique est désunie, di
visée, non sur des questions de principes, mais
lar des amours-propres fr oissés. La bannière
de la discorde est arborée. Il n'est plus question
d affaires de parti, on le dirait du moins, mais
au fond, ce sont toujours l'opinion libérale et le
parti catholique qui luttent sous des prétextes
divers. Ce qu'il y a remarquer, c'est que tout
le monde se dit libéral et, comme tels les ou
vriers de la onzième heure, ceux qui patau-
gaient il y a deux ans dans l'ornière catholique
ou de la modération, ne sont pas les moins
exigeants. Mais ce qui leur porte malheur, c'est
que la confiance publique ne leur est pas ac
quise Ces girouettes qui tournent tout vent,
sont des égoïstes qui dans les fouclions qu ils
sollicitent, ne voient que les petits profils qu'ils
peuvent se créer indirectement. Si elles ne rap
portent pas grande chose en ligne directe, il y a
où il s'agissait d'effectuer un liardi coup de main.
Grand Dieu c'est sous notre robe!... notre sainte
robe
Hélas! oui, mon père.
Vous avez bien osé la revêtir!
J'ai même osé m'en servir pour rehausser mes avan
tages personnels: car sous le capuchon, je faisais, je vous
jure, un des plus séduisants uovices qu'on pùt voir.
Continuez, continuez.
Je ne vous donnerai point les détails de cette pre
mière expédition elle fut entourée des circonstances les
plus bizarres. Nous avions pris des robes de franciscains,
sous lesquelles étaient cachées nos armes, pour nous in
troduire dans la maison isolée comptant que grâce ce
déguisementon nous accorderait l'hospitalité sans défi
ance, et que nous pourrions profiter de la sécurité de la
nuit pour dévaliser le logis main armée. En entrant, je
reconnus aux premières ligures qui vinrent nous recevoir,
que cette maison appartenait au fermier général de Saint-
Etienne. Plusieurs commis de la ferme l'habitaient en ce
momentet des douaniers y gardaient un fort dépôt de
marchandises qui venaient de passer la frontière. Ils
étaient deux fois plus nombreux que nous.
Dans une telle position, ce qu'il y avait de mieux faire
était de nous cacher le plus possible sous le capuchon, et
de repartir sans bruit au matin. Mais il n'en fut pas ainsi.
Le vin capiteux que nous versa souper la piété de nos
hôtes, et que nous bùrties largement pour mieux rester
dans notre rôle, noya tout-à-fait notre prudence et lit
épanouir notre physionomie naturelle, beaucoup plus
militaire que monocale. Nous fûmes reconnus et atta
qués. Une fois là, il fallait vaincre ou se faire tuer.
Je ne vous dirai pas les horreurs de cette nuit, où
venus dans cette maison pour une simple soustraction
d'argent, il nous fallut être de prime-saut brigands achevés
et forcenés. Je ne puis vous peindre ce combat entre
quatre murailles, ces coups portés autour des tables ren
versées, sur les débris des flacons, des lampes éteintes,
la seule lueur du foyer; ces cris, ce tumulte courant dans
l'ombre, sur les escaliers où on se battait, sous les com
bles, dans les caveaux, où on se battait encore; ces hom
mes montés sur leurs ballots de marchandiseset les
défendant plus que leur vie; ces femmes éploréesbon
dissant de terreur, frappant l'air de leurs cris; ces chiens