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pour conséquence l'infillration en France de quantités con
sidérables de sel raffiné dans notre pays. Cet impôt pré
levé sur l'étranger entrait pour une large part dans le
produit de l'accise sur le sel, et sous ce régime de nom
breuses sauneries ont été établies le long de nos frontières
du sud.
Maintenant que l'impôt sur le sel réduit 10 fr. en
France, est conservé 18 fr. dans notre pays, ce seront
les sauneries françaises qui feront passer leurs produits
en Belgique.
L'état et les particuliers seront donc gravement lésés
dans "eurs intérêts, si la législature belge ne prend une
ramr-e analogue celle que vient de décréter la Chambre
française.
Pour conjurer le coup qui nous menace, il importe
d'abaisser immédiatement l'impôt de manière que l'infil
tration du sel de la France en Belgique devienne impos
sible. Ce but sera atteint, en réduisant ce droit 10 fr.
les ICO k°\ Il est vrai que notre débouché de la France
restera perdu, mais nous conserverons du moins intacte
notre marché intérieur qui, autrement, nous échapperait
en grande partie.
La perte du trésor sera également moins considérable
que si l'impôt restait fixé comme il l'est actuellement.
D'ailleurs nous pouvons indiquer un moyen pour ren
dre l'impôt sur le sel plus productif, tout en le fesant
supporter d'une manière plus équitable par tous les sau
niers du pays. Ce moyen consiste dans lu prohibition de
l'emploi de l'eau de mer peur le raffinage du sel.
Cette prohibition qui existe en France a été réclamée
de tout temps par les sauniers dont les usines sont éri
gées loin de la mer. Leurs réclamations sont fondées
non-seulement sur les bénéfices résultant de l'usage de
l'eau de mer, et qui provient de ce que le sel contenu
dans cette saumure ne paie qu'une faible partie de l'im
pôt auquel le sel est assujetti, mais surtout sur les abus
auxquels cet emploi donne lieuabus qui n'ont été que
trop souvent signalés et qui naguère encore ont été con
statés par procès-verbaux.
En proscrivant l'usage de l'eau de mer, on fera sup
porter l'impôt tout ce qu'on est en droit d'en exiger
on enlèvera ensuite un petit nombre de sauniers, une
position exceptionnelle et privilégiée, qui leur a permis
de monopoliser 1a fabrication du sel, au détriment de
leurs concurrents établis distance de la mer et en dépit
du principe que l'impôt doit être le môme pour tous.
Si toutefois on recule devant la prohibition de l'emploi
de l'eau de mer, il faut dans ce cas augmenter le droit
dont cette saumure est frappée maintenant, car il est de
toute injustice que les sauniers des villes maritimes ne
soient astreints |qu'au paiement d'une partie de l'impôt
que leurs concurrents acquittent en totalité.
C'est cependant ce qui existe actuellement.
En effet, il est constant que l'eau de mer de 2 1 /4
degrés Bcaumé, densité exigée pour que l'hectolitre paie
20 c., contient 5 k°' de sel par hectolitre. Le droit étant
de 18 p. °/0 par 100 k°" de sel, l'hectolitre d'eau de mer
2 1/4 aurait dû payer jusqu'ici Îi4 centimes au lieu de
20, et si l'impôt était réduit 10 fr. il devrait encore
payer 30 centimes.
Mais il est remarquer que l'eau de mer pèse généra
lement beaucoup plus et qu'il est bien facile de s'en pro
curer toujours de 3° qui ne paie également que 20 cent,
l'hectolitre. Or, cette saumure doit contenir 4 kM de sel
par hectolitre, 18 fr. les 100 k°% elle auraitdû payer72
centimes; 10 fr. elle devra encore payer 40 centimes
par hectolitre, afin que tout le sel y contenu acquitte le
droit.
Pour ces motifs, nous demandons subsidiairement, que
l'eau de mer soit imposée 4 40 centimes par hectolitre,
jusqu'à la densité de 3" Bcaumé. Nous venons avec con
fiance vous présenter les observations qui précèdent,
convaincus que les mesures indiquées sont les seules
prendre pour sauve-garder en même temps les intérêts des
sauniers et ceux de l'État.
AgréezMessieursl'assurance de nos sentiments
respectueux.
les sauniers d'ypres.
réjouissaient avec une espèce de rage; les gardiens de la
prisonarrachés un moment l'ennui de leur triste
existance, se jetaient corps perdu dans l'orgie.
La mort était là présente sous toutes ses faces: la mort
prompte, imminente, terrible, menaçait hautement ces
trente criminels qui allaient rendre compte de leurs mé
faits; la mort, secrète, perfide, s'avançait dans l'ombre
vers ces trois agents de l'autorité qui les bandits allaient
faire payer chèrement la faute de servir la justice.
Mais sa présence affreuse ne pouvait retenir les éclats
de joie bruyants, tumultueux, effrénés; la gaité, les rires,
le tapage résonnaient de toute part dans l'enceinte; les
verres se heurtaient, se brisaient aux rayons du soleil; le
vin rougissait les lèvres, la barbe des buveurs, la table et
le pavé...
Les yeux d'Eustache et de ses compagnons commen
çaient se troubler. Assis eu face d'eux, Mandrin les re
gardait.
Alors le bruit redoubla d'intensité; les toasts, les ehan-
sons bachiques,les hourras de guerre roulaient dans l'air,
retentissaient sous la voûte dans un infernal concert; on
eût dit que les murailles du vieux couvent s'ébranlaient,
que les verroux, les chaînes, les fers de la prison bruis-
saient comme s'ils allaient se rompre et tomber jamais.
Le pauvre Eustache s'était jeté dans l'ivresse la tète la
première; il déraisonnait en plein, n'y voyait plus et s'af-
LE CONCERT DES MONTAGNARDS
DE BAGNÈRES.
Cette soirée musicale qui offrait de l'attrait, parce que
c'était du nouveauavait attiré assez de monde. Les
chanteurs des Pyrénées ont conservé leur ancienne ré
putation et les chœurs qui ont été exécutés ont surtout
fait impression par l'ensemble avec lequel ils sont chantés.
En épisode qui n'était pas annoncé sur l'affiche, a eu
lieu et a produit des sensations diverses sur l'auditoire.
Un avocat de cette ville, connu par son esprit belliqueux
depuis l'exil de Pic IX Gaëte, est monté sur l'estrade
après qu'un hymne avait été éxécuté et a lu une espèce
d'ode, en l'honneur du souverain-pontife et dans le but
de réclamer des nations catholiques leur appui, pour lui
faire rendre le domaine temporel. La lecture de ces vers
a fait sourire le plus grand nombre et ils ont été applaudis
par une minorité connue par l'exaltation de son bigo-
tisme. Cette pièce de vers a été remise par l'auteur au
directeur des Montagnards en guise de souvenir.
Vendredi, 2 mars, dix heures du matin, dans l'église
S'-Nicolas, aura lieu l'exécution de la grand'messe solen
nelle dite
LA MESSE ROYALE DE JÉRUSALEM,
chantée au S'-Sépulchrc Jérusalem, par les 40 Monta
gnards français, pèlerins de Rome et de Jérusalem.
Dans l'intérêt des pauvres pasteurs de la vallée, il sera
déposé l'entrée de l'église, un bassin pour recevoir les
offrandes et une quête générale sera faite par deux jeunes
montagnards.
Immédiatement après, les montagnards français quit
teront la ville, pour se rendre Bruges.
On nous écrit de Messines
Monsieur le rédacteur,
Le Propagateur du 14, n° 3274, contient page 2,
1* colonne. S" entrefilet, un petit article commençant par
ces mots: A l'occasion des dernières élections commu-
nalcs, quelques électeurs de Messines crurent devoir
signaler divers faits contre plusieurs membres de l'ad-
ministration locale, et finissant ainsi Puisse ce
n résultat auquel nous souscrirons volontiers pour notre
n part, éteindre pour longtemps des animosités regret-
tables sans nuire l'examen et au redressement des
griefs réels qui ont pu étrel'objet d'une critique fondée.»
Nous le regrettons sincèrement, surtout pour la vérité
et la justice du Propagateurmais son entrefilet laisse
beaucoup désirer, soit pour le fond, soit pour la forme;
l'inexactitude, les réticences du compte-rendu, pour peu
qu'on le commente, seraient de nature faire quelque
peu révoquer en iloutpi'cuticic sincérité du vœu tinal
auquel, du reste, tous les honnêtes gens, tous tes bons
citoyens, se rallient ici.
D'abord l'officieux auteur de l'entrc-filet en question
oublie de dire que l'Appel aux électeurs de Messines était
anonyme et clandestin, c'est-à-dire, sans nom d'auteur
ni d'imprimeur, ce qui constitue un délit aux termes des
art. 283, 284, 289 C. P. Ensuite cet officieux défenseur
peut d'autant moins cxciper du bénéfice d'ignorance que
cet imprimé sortait des presses même de l'éditeur du
Propagateur. Mais occupons-nous des faits allégués dans
ce factumet voyons si l'intention de nuire et de calomnier
n'était pas patente. On reproche l'administration d'avoir
outre-passé un crédit de 1,100 francs, comme si les an
nées calamiteuses que nous avons traversées, ne justi
fiaient cette irrégularité qui est admise et autorisée par
l'art. 14a de la loi communale, dans des circonstances
impérieuses et imprévues.
Dira-t-oii que les formalités n'ont pas été remplies? A
la bonne heure, mais encore fallait-il le dire et c'eut été
un indice de bonne foidont il faut regretter l'absence
dans l'appel. D'ailleurs, il en est de ce fait co m me de
beaucoup d'autres négligences administratives, les auto
rités communales en supportent la responsabilité mora
lement, tandis que de fait elle devrait incomber au
secrétaire qui, comme on le saitdans les communes
faissait lourdement sur lui-même; le soldat et le porte-clés
tenaient encore, mais leurs tètes se balançaient d'une
épaule l'autre, leurs veux ternes étaient toujours fixés
sur le même point, le rire hébété et l'écume du vin flot
taient sur leurs lèvres.
Charlotte redoubla les libations quelques contreban
diers roulèrent terre comme étourdis par l'ivresse, et
l'orgie éleva plus haut sa voix tonnante et enragée.
Un dernier coup d'eau-de-vie acheva les trois gardiens
leur raison fut entièrement perdue.
Aussitôt Mandrin fait un signe, et tout tombe l'instant
dans le plus profond silence. C'est un calme effrayant et
terrible que celui qui succède ce tumulte.
Les contrebandiers assis et ceux qui sont étendus sous
la table se dressent subitement. Trois d'entre eux passent
derrière les trois gardiens, lèvent sur eux un poignard,
et attendent un nouveau geste du capitaine pour l'abais
ser dans la gorge des victimes.
Tout-à-coup Lolotte s'élance vers eux silencieuse, mais
assurée; elle écarte d'un bras ferme celui des assassins
qui menace Eustache, prend sa place, et, étendant ses
mains sur la tête des deux autres, les protège contre le
eouteau qui va les frapper.
Alors ceux qui sont en face peuvent juger que les trois
buveurs sont tombés dans le sommeil le plus profond et
le plus lourd, effet d'une poudre jetée dans leur vin.
rurales, doivent suppléer généralement au manque de
connaissances administrativesdes conseils et des collèges.
Que l'on applique ce que nous venons de dire Messines
et, la main sur la conscience, que l'on juge de la bonne
foi, de la loyauté de l'auteur principal, suffisamment
connu, de Yappet dont il s'agit.
Maintenant voici le paragraphe ou alinéa 7 qui avait
été déféré en calomnie. Un fait grave mérite dêtre
signalé. La commune possédait un dépôt de sable des-
tiné l'amélioration des chemins vicinaux. Ce sable
vient dêtre détourné de sa destination et enlevc par
qui? et dans quel but? Il est inutile de le dire.
D'abord détourner signifie soustraire frauduleusement
ou voler.
Ensuite, il est prouvé qu'une partie de ce sable dont
alors et encore présent on n'a nul besoin pour 1 amélio
ration des chemins vicinaux, a été du consentement
verbal et puis écrit et certifié, de lia majorité du conseil
communal, prêté dans un moment d'urgence au bourg
mestre et 1 echcvin associés, pour servir confection
ner des briques. Or, prêter implique restituer et par
conséquent il n'y a dans ce cas ni soustraction fraudu
leuse, ni détournement, ni vol. La justice a jugé qu il n y
avait pas lieu suivre mais l'opinion publique est là
pour condamner souverainement les diffamateurs qui
sous le voile de l'anonyme que la justice est parvenue
lever, ont outragé deux honorables magistrats dont la
vie privée et publique est irréprochable, tandis que ceux
qui les ont outragés seraient loin d'oser provoquer une
enquête sur leurs faits et gestes, dont quelques-uns leur
ont valu la réprobation publique.
Reste encore savoir comment il se fait que l'impres
sion de cet appel sans nom d'auteur ni d éditeur n'ait
pas été puni. Car c'est bien là un délit, et il nous semble
que l'officieux auteur de l'article du Propagateur aurait
bien fait de donner quelques mots d'explication.
Depuis quelque temps, des scènes révoltantes et indi
gnes ont scandalisé nos habitants, et leurs auteurs ont
toujours été ou mis hors de cause ou acquittés. L'esprit
public en est préoccupé et affligé, une imperceptible
minorité, la mauvaise queue catholique seul s'en gaudit.
Tout le monde se demande si l'impunité est acquise
celte coterie et s'il n'y a plus de justice en Belgique.
Dans l'intérêt de la vérité et de la justice, nous vous
prions de vouloir bien insérer la présente réclamation
dans un de vos plus prochains numéros.
plusieurs électeurs de messines.
On lit dans le Thieltenaer:
M. Vcydt, ancien ministre des finances, va être nommé,
dit-on, gouverneur de la Flandre occidentale.
On écrit de Menin, 23 février:
Dans l'après-diner d'hier, nous avons vu arriver ici,
escorté par la gendarmerie française, six individus, dont
deux Hollandais et quatre Belges.
C'étaient des insurgés de juin, récemment grâciés et
qu'on expulsait du pays. Conduits d'abord devant l'auto
rité localeils ont été transportés ensuite Courtrai de
vant l'autoritc judiciaire.
On écrit de Gand, 24 février:
Encore une des victimes de l'explosion qui a eu lieu
la Citadelle, a succombé ces jours-ci ses blessures. C'est
le deuxième cuisinier des artilleurs, le nommé André
Van Oppcn âgé de 20 ans, né Lummen (Limbourg).
Le nombre des morts est maintenant de trois.
On lit dans VÉmancipation: La nouvelle de l'entrée
des troupes du roi du Piémont sur le territoire de la
Toscane est arrivée aujourd'hui Bruxelles, une per
sonne bien informée. Le roi de Piémont intervient pour
le grand-duc.
D un autre côté, la Réforme allemandepublie les
lignes suivantes qui lui sont adressées de Vienne, sous la
date du 19 février, l'exemple de la Gazette de Cologne,
nous les réproduisons sous toute réserve:
Et la petite idiote murmure demi voix
Ils dorment!... ils dorment Lolotte s'est amusée
les faire dormir
Mandrin juge l'instant que ce sommeil, mort passa
gère mais paisible, est un bonheur inespéré et la plus
grande chance de salut pour leur fuite; car il est pres
que impossible d'assassiner trois hommes, même ivres et
désarmés, sans que l'un d'eux ait le temps de jeter un cri
et d'essayer une lutte, et le moindre bruit de ce genre
devait amener leur secours les forces de la prison.
Il ordonne tout bas ses gens de déposer leur poi
gnard.
En même temps Lolotte toujours souriante, approche
sa main du trousseau de clés pendu la ceinture d'Eus
tache. Ces clés sont passées dans un anneau en spirale
qu il faut tourner plusieurs fois dans la courroie de cuir
avant de le détacher; mais les doigts délicats .de la jeune
fille opèrent ce mouvement sans faire retentirle moins du
monde le bruit du fer, qui plus que tout autre son, de
vait parvenir l'oreille du geôlier.
Enfin les contrebandiers sont maîtres du terrain ils
peuvent s'ouvrir les portes de la prison, mais le passage
est long et difficile. De cet instant dépend le sort de
tous ces hommes au-delà de cet instant est la vie, la li
berté, la fortune, ou la mort dans les tortures.
(La suite au prochain n".)