-V 827. 8* Année
Dimanche8 Avril 1849.
JOIRYAL DYPRES ET DE L'ARROXDISSEDEYT.
i vi i itn i ik.
JLc capiiaiaic Uandrin.
ABONNEMENTS Y'près (franco), par trimestre, 3 francs 50 c. Provinces, 4 francs. 1 Le Progrés paraît te Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
INSERTIONS Axxonces, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne 50 centimes. être adressé l'éditeur,Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
ÏPRES, le 7 Avril.
Lors de la discussion des budgets de l'inté
rieur et de la guerre la chambre des repré
sentants et au sénat, il a été plusieurs fois parlé
de l'utilité qu il y aurait de créer dans notre
pays des dépôts de remonte, afin, d'un côté, de
venir en aide nos éleveurs et l'agriculture, et
de l'autre, persévérer dans la bonne voie qui a
été suivie par le département de la guerre de
puis quelques années seulement, en achetant,
dans le pays, les chevaux nécessaires notre
cavalerie, dans le but de nous affranchir du lourd
tribut que la Belgique était tenue de payer
l'étranger de ce chef. Toutes les personnes qui
s'occupent de l'industrie chevaline sont con
vaincues des avantages immenses qu'un établis
sement pareil procurerait, tant au département
de la guerre qui ne serait plus obligé de passer
par les exigences souvent exorbitantes des
marchands de chevaux dans les moments de
crise, qu'aux agriculteurs qui pourraient se dé
faire avantageusement et un âge et un prix
convenables des élèves trop légers pour leur
usage.
Mous croyons pouvoir appeler l'attention de
nos représentants et de nos magistrats com
munaux sur celte question, pour qu'ils reven
diquent en faveur de notre ville, un établisse
ment de ce genre, qui ne pourrait être mieux
placé sous tous les rapports et moins de frais,
comme nous allons le démontrer en peu de
mots.
La ville possède de très-belles et bonnes écu
ries qui sont encore inoccupées. Elles sont
saines, puisque nous avons entendu affirmer
que depuis quinze mois, que les chevaux de
l'école d équilation en occupent une partie
aucun n'est mort et que peu y ont été malades.
Les fourrages de nos environs sont d'une excel
lente qualité et, quant aux prairies, nulle part
il n'y en a de plus belles, hautes et basses,
grasses et maigres, très-étendues et entourées
de haies vives.
Quant la direction et la surveillance, nous
croyons qu'on ne pourrait mieux les confier
qu au personnel du cours déquitation, qui
t-
0? {Suite.)
XXI. LES LIONS BLESSÉS.
En approcl t du vallon de Galaure, où devaient être
campés ses soluuts, Mandrin traversait des parages frappés
d'une espèce de bouleversement aux empreintes récentes
les taillis étaient rompus, les pierres arrachées des nappes
de mousse et roulées en désordredes taches noiresse
mées sur les rochesrappelaient les marques éternelles
que le sang imprime sur la pierre et au loindans les
espaces découverts, on voyait se réunir sur certain point
des masses de corbeaux.
Comme il entrait dans l'enceinte fortifiée de rochers
immenses où la troupe devait avoir établi son bivouac,
le chef des contrebandiers vit des foyers éteints, des tentes
déchirées, des chariots renversés, et, au milieu de ce ta
bleau de désastre, six hommes se chaullaicnt autour d'un
tas de bois allumé.
Il s'arrêta pâle et frissonnant.
Bruneau se leva et vint au-devant de lui.
Où est la troupe? dit le capitaine. J'avais ordonné
qu'on vînt m'attendre ici.
La troupela voilàdit Bruneau en montrant ses
compagnons: six hommes au lieu de six cents mais cest
égal, elle y est.
trouveraitainsi une nouvelle occasion d'être utile
l'armée et au pays, tout en perfectionnant l'in
struction des élèves. Mous ajoutons ceci d après
une opinion que nous avons entendu émettre,
que le dressage devrait être le complément de
l'art équestre. Mous n'entrerons pas dans de
grands détails pour prouver les avantages qu'un
établissement de ce genre procurerait notre
ville qui a été longtemps oubliée, et dont le
commercel'industrie et l'agriculture restent
encore en souffrance, faute de chemin de fer
qui nous facilite le transport de nos produits.
Comme un dépôt de remonte, joint l'école
d équitation, serait une véritable économie pour
le gouvernement, nous espérons que M. le
général Chazal qui n'est plus sous ce rapport
son coup d'essai, puisqu'il a pu créer une in
stitution aussi éminemment utile que le cours
d'équitalion, sans la moindre dépense pour le
pays, examinera s'il n'y a pas lieu de réaliser
cette amélioration favorable la cavalerie,
économique pour le gouvernement et utile la
ville d'Ypres. M. le ministre de la guerre a
prouvé depuis qu'il dirige le département de la
guerre, qu il est véritablement doué de l'esprit
d organisation, et nous croyons qu'il saisira cette
occasion de confirmer la haute idée qu on a de
ses talents comme administrateur.
Il y a des feuilles qui poussent l'oubli des
faits un tel point que, sans s'en douter, elles
donnentdes coups de pied aux hommes qu'elles
ont mission de défendre et d'encenser quand
même. C est ainsi que nous voyons les journaux
catholiques crier l'économie comme des for-
eénés, et si les dépenses de l'état sont montées
sur un trop large pied, n'est-ce pas aux hom
mes du parti clérical que nous le devons? Ne
sont-ce pas ces hommes qui, peudant dix-sept
ans, ont dirigé les destinées et les finances de la
Belgique? Si les impôts sont trop lourds, com
me ou le crie avec affeetation, qui le doit-on.
sinon aux fameux financiers catholiques dont
toute la science paraissait consister faire
rendre l'impôt ce qu'il pouvait donner, et en
core cela ne suffisait-il pas, car en quittant le
pouvoir, les ministres catholiques ont laissé un
découvert de soixante millions de francs.
Quant ce qui est de vous attendre ici, capitaine,
dit un autre bandit, nous y sommes venus, quoiqu'à notre
compte l'ennemi doive y être bientôt aussi.
Oh mes soldats s'écria Mandrin en frappant son
front de désespoir.
Us sont morts bravement, c'est tout ce qu'on pouvait
leur demander.
Mais, grand Dieu! d'où sont donc sortis tant d'en
nemis?
De tous les points la fois. Soldats de maréchaussée,
de troupe royale sont venus fondre sur nous en même
temps après nous avoir terrassés ils ouL brûlé les tentes,
les chariots, les caissons; tout ce que les morts laissaient
sur le champ de bataille a été incendié.
Us voulaient en finir avec nous, dit Fauster, qui se
trouvait l'un des six échappés au carnage ils voulaient
effacer de cette terre toute trace des contrebandierset
c'était justice, nous y avions fait assez de mal...
Pour nous autresdit Bruneau après l'entière dé
route, nous nous sommes cachés dans des taunières de
bêtes fauvesoù nous n'étions pas très-bien logésc'est
vrai, mais où nous pouvions du moins attendre, près d'ici,
le retour de notre capitaineet être fidèles au poste qu'il
nous avait assigné.
Fauster gardait, dans cette situation extrême, son
sang-froid habituel et la physionomie muette qu'il s'était
Aujourd'hui que les ministres libéraux ont
repris la succession catholique, mais sous béné
fice d'inventaire, car ils ont démontre, leur avè
nement, qu'il y avait un déficit de soixante
millions qui a toujours été nié par M. J. Malou,
mais qui, actuellement, ne se trouve que trop
évidemment établi, quel est leur premier de
voir? C'est d'éteindre les dettes contractées par
leurs prédécesseurs, soit par l'emprunt ce qui
serait encore ruineux au taux où se trouvent
les fonds, ou par l'impôt. Mais les catholiques
qui n'ont jamais osé demander de nouveaux
impôts, quand ils étaient au pouvoir et préfé
raient accumuler déficit sur déficit, ne veulent
pas que les charges soient aggravées, parce
qu'ils fie veulent pas admettre des remèdeseffi-
caces pour mettre les finances du pays dans
une bonne voie. De toutes les matières impo
sables aucune ne pouvait supporter plus faci
lement un léger droit que les successions en
ligne directe et, certes, on ne pouvait dire que
c'était frapper ceux qui n'avaient rien, puisque
la possession était la base du droit.
Certes, nous ne demandons pas mieux que
de ne pas voir voter de nouveaux impôts. Nous
serions heureux de voir le pays pouvoir suffire
avec les ressources actuelles mises sa disposi
tion. Mais, en présence d'un déficit créé par le
parti catholique et que le libéralisme au pou
voir est tenu de combler, nous pouvons faire
remarquer la tactique des feuilles cléricales qui
crient économie, après que leurs patrons ont
poussé le gaspillage jusqu'à ses dernières limi
tes. Nous devons surtout insister sur l'indigne
mauvaise foi dont font preuve les journaux du
clergé, en hurlantcontre la créationdenouveaux
impôts, quand les chefs de file du parti catho
lique sont repus et qu'en digérant les millions
quils ont coûtés au paysils s'opposentà toutes
les mesures qui pouvaient avoir pour résultat
de boucher les brèches qu'ils ont faites par leur
incurie elleurincapacité, la fortune publique.
Nous avons reçu un projet de doter la Bel
gique d'un institut agricole et forestier, sans
grèver le budget de 1 état, par M. Henri Perkin,
ingénieur civil. Nous nous en occuperons dans
un de nos prochains n°».
donnée; Bruneau montrait toujours le calme d'un noble
coeur qui ne connaît point de malheur insupportable tant
qu'il n'a rien se reprocher. Les quatre autres bandits
accroupis devant le loyerla tête et les membres enve
loppés de lambeaux de toile, entre lesquels filtraient en
core des gouttes de sang, étaient dans un état d'inertie et
d'accablement complet.
Oh mes braves contrebandiers répéta Mandrin
avec angoissec'est moi qui les ai perdus Voilà tout ce
qu'il en reste, six hommes
Et qui n ont pas de quoi vivre, c'est là le pire, mur
mura un des bandits.
Et qui n'ont pas un coin de terre où se cacher, car
1 ennemi va revenir par ici, dit un autre.
C est pourquoi il ne faut point perdre son temps
se lamenter, dit Grand'Moustachemais plutôt employer
le peu de courage qui reste déloger au plus vite.
L'avis était bon sans y répondre, on le suivit l'instant.
La petite troupe se mit en marche les bandits, em
portant leurs gourdes d'eau-de-vie, seule provision qui leur
restât, et Bruneau tenant suspendu sur son dos dans une
espèce de filet son pauvre petit enfant quepar miracle
il avait sauvé du carnage.
Au milieu de ces débris vénérables, du moins par le
courage et la fidélité, car la mort avait respecté les plus
braves soldats de Mandrin, Fauster semblait faire tache