JOIIIML in PUES ET DE L'ARRO\DISSEHE\T. -V 828. 8e Année. INTÉRIEUR. Le capiUiine M;ui<9b*bii. £eu<Si. l£ Avril 1840. Vires aoquint eundo. ABONNEMENTS Y près (franco), par trimestre, 5 francs "0 c. Provinces, 4 francs. INSERTIONS: Annonces, la ligne la centimes.Réclames, la ligne 30 centimes. Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies. Y PUES, le 11 Avril. I.E P1HXI CLÉRICAL EST RESSUSCITÉ. Après les événements de Février, le catholi cisme politique s'était éclipsé. L'épouvante que la révolution de Paris avait jetée parmi les nations, atteignait particulièrement les adhé rents des partis qui s'étaient toujours tournés vers le passé, au lieu de s'incliner devant l'es prit du siècle. Aussi, nos cléricaux s'ahritèrent- ils derrière le libéralisme et jurèrent-ils une nou- veile union sur les bases de celle de UI30, mais avec celle différence que la prépondérance ap partenait au parti libéral. Aussi longtemps que la société même fut menacée en France, nos libé raux du lendemain se tinrent tranquilles et dans leur propre intérêt, prêtèrent un appui non pas sympathique, mais forcé au ministère libéral. Le clergé qui, dans aucun pays du monde, n'est [duslibre, ne voulut pas s'exposer changer son lot contre le régime qui gou verne les affaires religieuses en France. Ses principaux satellites, grands propriétaires et autres, s'apprêtèrent donc subir le ministère libéral comme une nécessité transitoire, et en attendant qu'on lâcherait de le ruiner en travail- lantd'uue manière souterraine, afin de le trouver affaibli, quand le moment sera venu de lever le masque. 11 faut rendre justice l'opinion cléricale, quand elle a adopté un plan de conduite, ou le voit se dérouler avec aisance et sans la moin dre confusion. Pendant qu'à la Chambre, les députés de celte couleur qui y étaient restés, faisaient des humbles salamalecs aux ministres, tâchaient de les circonvenir en toute occasion, et se gardaient bien de laisser percer leurs anciennes antipathies, les petits journaux clé ricaux poursuivaient ces mêmes ministres de leurs lazzis et les abreuvaient de fiel et de ca- lomnies. Jamais guerre plus jésuitique ne fut faite au libéralisme. On fuyait la lutte de prin cipes, on semblait d'accord sur le programme du ministère, mais on s'attaquait aux person nes, on les dénigrait, on prit lâche de les démonétiser. Cela n'a pas eu lieu seulement ici, mais sur presque toute la surface du pays, l'exception des grandes villes, où décidément le parli catholique abmdonne la lutte, certain qu il est de s'y trouver en infime minorité. Quand on réfléchit l'adresse avec laquelle le parti clérical a manœuvré pendant cette trêve, on se reporte involontairement aux scè nes si bien décritesdu Juif errant, les maximes de la Société de Jésus y sont mises en action avec une vérité, qui ne le cède pas au désordre qu'elles jettent dans la société réelle. En effet, le parti clérical n a-t-il pas partout rallié les mécontents, les ambitieux désap pointés, les hommes tarés, perdus de réputa tion que tous les partis devraient rejeter de leursein, et sous un faux masque de modération, ne les a-l-il pas rués sur l'opinion libérale, les encourageant, battant des mains la guerre déloyale que des misérables sans convictions politiques, mais poussés par leur intérêt privé, ont déclaré, non plus seulement au partimais aux personnes qui se sont toujours distinguées par leur attachement au libéralisme. C'est ainsi que procèdent les enfans de Loyola. Quand la bitte de front est dangereuse et difficile, ils ap pellent la stratégie leur secouis et tâchent d envelopper leurs adversaires dans leurs replis tortueuxi, comme l'avoue fort gracieusement le Journal des Baziles. Dana ces derniers temps, il était assez facile de voir que la trêve allait bientôt expirer. Des symptômes d'opposition se faisaient remarquer la Chambre, l'on cherchait tous les movens de susciter des difficultés au ministère. Dans le parti libéral, si tous sont unis sur certaines questions de principes, dans les affaires maté rielles, il y a des avis divers, des opinions diffé rentes même des systèmes qui s'excluent sont professés par des députés libéraux. On a lâché de tirer parti des nuances qui existent dans la majorité et, dans une occasion déjà, nos amis politiques ont été dupes des intrigues du parti clérical. Ce n est que par l'union qu'on par viendra déjouer les espérances que nos ennemis politiques fondent sur le défaut de cohésion du libéralisme. Nous faisons des vœux pour que les députés libéraux la Chambre ne donnent jamais aux journaux du clergé l'occa sion de constater que le libéralisme n'a su pro filer de sa victoire et conserver son influence, parce que ses adhérents ont manqué d abnéga tion et d esprit de conciliation. Suite XXII. LE DERNIER COMBAT, Les contrebandiers reprirent enfin leur route. La peur, si nouvelle pour eux, avait brisé ces êtres de fer au bout de quelques instants de marche ils furent obligés d'entrer dans un bois pour se reposer. D'ailleurs, quelque dis tance les séparait encore de l'endroit du Rhône dans le quel ils avaient aperçu de loin des bateaux amarrés, et ce trajet devant se faire sur des'chemins assez fréquentés, il était plus sur d'attendre le soir pour l'entreprendre. Ils prirent quelques gouttes d'eau-de-vic, seul soutien qui leur restât,et s'endormirent dans la chaleur étouffante de l'atmosphère pour attendre la nuit. Mais la nuit vint avant 1 heure, car l'orage que les con trebandiers avaient pressenti en sortant de Galaure com mençait envelopper la terre de ses ombres. La petite troupe de Mandrin se remit donc en marche, cherchant les endroits les plus couverts, et se séparant pour ne pas attirer l'attention. Le site était affreuf; "il n'y avait de tous côtés que des roches enlacées, hérissées d'épines, cl des précipices sans fond. Une campagne aura lieu bientôt, cela se fait pressentir. La question de l'enseignement moyen sera mise bientôt l'ordre du jour. Les modifications sont présentées la loi sur l'en seignement supérieur et la Chambre a pour ainsi dire mis le ministère en demeure de ré viser la loi sur l'instruction primaire. Ce sont des questions vitales pour le parti clérical qui jusqu'ici a pu les faire résoudre dans son sens. Mais pour ce motif, il est important que le ca binet libéral en saisisse la Chambre au plutôt et qu'elles soient résolues dans un esprit plus équi table que celui qui a animé le ministère De Theux qui a présenté la loi sur l'enseignement supérieur, et le cabinet Nothomb auteur de la loi de 1J5\'2 qui s'est laissé fouler aux pieds par l'épiscopat. Le Journal de Bruxelles vient de publier le ma nifeste du parti clérical qui, comme Malborough, oa-t-eu guerre. Il lève le masque et nous croyons utile de reproduire les sauvages excitations du saint journal. Comme parti politique, les catholiques sont prêts tous les sacrifices, ils sont les premiers souhaiter que les vieilles dénominations disparaissent mais comme croyants, comme pères d'une famille chrétienne, comme enfants de l'église, ils sauront défendre leur liberté, leurs droits constitutionnels, les garanties qu'ils avaient obte nues, avec la même constance et la même énergie qu'ils l'ont fait contre les tentatives de Joseph II en 178!), contre les mesures du roi Guillaume en 1823, et contre la minorité libérale du Congrès en 1831. Ils donneront volontiers leur confiance aux ministères qui assureront ces droits, ils combattront par devoir ceux qui voudront ou directement ou hypocritement les leur enlever. Ils ne consentiront pas échanger leur liberté comme en Belgique contre la liberté comme on la voulait naguère en Franceet telle que la veulent, au fond, ceux qui, nos idées si libérales de 1830, prétendent substituer les idées réactionnaires de 89, au point de vue des cultes, de la bienfaisance publique et de l'enseignement; oubliant que la Constituante de 90 a violé la liberté des cultes par la constitution civile du clergé, qu'elle a méconnu le droit de propriété par la confiscation des biens de l'église et de la noblesse, qu'elle a voulu confisquer aussi la sainte cha rité au profit d'un aride monopole légal, et qu'elle n'a professé l'égard de la liberté de la famille, de l'ensei gnement, que ces principes de centralité despotique, d'absorption payenne que Condorcet et plus lard Danton ont proclamés dans leurs lois et contre lesquels notre Constitution de 1831 proteste hautement. Nous désirons que ceci ne soit pas considéré comme une jpenace l'impression câline et rélléchie sous laquelle nous écrivons, éloigne toute pensée de ce genre; mais Les voyageurs pressaient le pas, mais sans autre senti ment que l'instinct, car quel que fut le bouleversement affreux de la nature, les malheureux n'avaient point d'abri sur terre où arriver quand mcine ils pourraient gagner maintenant les barques désirées, la tempête les rejetterait toujours sur le rivage. Us avançaient et ne voyaient toujours autour d'eux que des rochers, des cyprès, des sentiers rocailleux jetés travers les abîmes. L'orage commença éclater. Le ciel était entièrement couvert de nuages uoirs il s'élevait tout-à-coup de vio lentes rafales]iuis tout redevenait subitement calme mais de ce calme étouffant qui semble exprimer l'effroi de la nature haletante. La nuit était profonde, mais des éclairs immenses par taient se croisaientse succédaient sans cesse et leur clarté bleuâtre, les roches blauches s'élevant sur le fond noir des cyprèssemblaient de pâles fantômes le front sillonné d'une lueur livide. Quand les feux de l'orage venaient cesser un instant, de longs grondements de tonnerre partaient du haut des monts, roulaient dans les ténèbres cl allaient se perdre dans le fleuve. Puis les éclairs renaissaient plus intenses 1 et de puissantes rafales venaient après la l'oudrc pour ren verser ce qu'elle avait marqué de son trait de feu. En ce moment la pluie cesse subitement, quoique l'o rage gronde encore; un nuage s'ouvre; la lune éclaire l'étendue, et sa lumière on voit uue Jigne.de soldats rangés sur le chemin. La brigade de maréchaussée, après s'être abritée de l'ouragan sous des rochers, quittait cette retraite la pre mière éelairciedu temps pour retourner Saint-Valiicr lorsqu'elle se trouva face face avec les bandits. Le moment est venu pour ceux-ci de mourir comme ils le veulent, les armes la main mais ils comptent bien vendre chèrement leur vie. Les soldats de maréchaussée sont encore quelques pas, ils écoutent les ordres du brigadier. Un étroit plateau se trouve mi-côte d'une immense roche escarpée. Mandrin dit ses gens de le suivre sur cette hauteur et s'y élance le premier. Grâce leur agilité sauvage, les b andits peuvent le suivre, et la lune éclaire leur dangereuse ascension. Une fois arrivés là, ils arment leurs fusils, leurs pisto lets, et attendent. Leur position est si favorableleur attitude si déter minée, qu il est permis de craindre et de balancer avant de les attaquer; mais une compagnie éntière ne peut re-

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