-V 830. 8e AiiEice. JOIRAAL D'VPRES ET DE L'ARROVDISSEHEM. Vires acqurnt eundo. Le capitaine Mandrin. ABONNEMENTS A'près (franco), par trimestre, 3 francs 50 c. Provinces, 4 francs. INSERTIONS: Axxosces, la ligne 15 centimes.Réclames, la ligne 50 centimes. Le Progrés parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies. EXTÉRIEUR. Y PRES, le 18 Avril. Les Chambres vont reprendre leurs travaux, et la seconde partie de cette session sera plus importante que la première. Car, outre qu ou examinera les budgets pour 18.50, plusieurs large pour suffire sa detination. M. Henri Perkin signale un mode de pouvoir suppléer l'action du gouvernement et il propose une souscription nationale et philanthropique par action de 240 francs, payable en quinze an nuités, raison de lGfrancs paraît. Les jeunes gens seraient admis dès l'âge de 12 16 ans, et j i i l~ resteraient six ans I institut. Après ce temps, projets de la plus liante portée, et enti autres I 7° 1 r - m us seraient renuusa leurs familleset recevraient ceux sur les trois degrés de l'enseignement feront l'objet des discussions de la législature. Nous croyons qu'il est urgent de s'occuper de l instruction publique, car renseignement de l'étal n'a jamais été organisé jusqu'ici. Le parti catholique, après avoir dû subir une organi sation quelconque, s'est ingénié faire voter des lois sur l'enseignement qui sont éminem ment vicieuses, dans le but de faire donner la préférence par les pères de famille ses établis sements prives. De loules parts la nécesulé d'un enseigne ment professionnel se fait comprendre. On commence concevoir qu'il ne suffit pas d'avoir des collèges où on apprend le latin, le grec. I histoire, et ainsi de suite. L'importance d'un enseignement agricole et industriel sera bientôt généralement sentie et des projets d'établir des écoles d'agriculture sont déjà formulés et n'au ront croyons-nous aucune difficulté se réaliser. Un ingénieur civil, M. Henri Perkin, a sou mis au gouvernement un projet d'institut agri cole calqué sur les plus grands établissements de ce genie de France et d'Allemagne. Ce qui n'e»l pas dédaigner, c'est que d'après son plan cette école ne grèverait point le budget de l'état. C'est un appel fait au capital privé de tous les amis de l'agriculture, de tous ceux qui croient que notre industrie agricole a con quis tous les peifeclionnements que la routine et l'expérience peuvent fournir, et qu'il est temps d'appeler la science son secours, si l'on ne veut la voir rester stalionnaire. Le gouvernementdans le moment actuel, ne pourrait ériger, faute de ressources finan cières. un institut-modèle sur une échelle assez Suite XXIII. -D» VOLEUR ET UN HONNÊTE HOMME. La captivité de Mandrinramené dans la prison de Valencen'avait plus le même aspect que sa première arrestation. Ce n'était plus cette cellule bien éclairée, visitée par de nobles dames, sœurs de charité, plus ce grotesque geôlier dont on se jouait si facilement, plus ces promenades au préau pendant le jour, ces entreliens avec un ami fidèle pendant la nuit: mais un cachot souterrain, des gardes cuirassés de fer, une affreuse solitude; ce n'é tait plus surtout ce pressentiment souriant et léger d'un prochain retour la liberté, mais cette impression sinistre qui, semblable l'ombre qu'un événement lugubre jette rait devant lui, assure de son approche. Des caveaux, creusés Sbus l'ancien monastère, avaient autrefois servi recevoir les corps des moines, habillés et assis dans leurs bières, qu'on inhumait ainsi dans les pre miers temps monastiques. Débarrassés des ossements qui les encombraient depuis qu'on avait pris l'usage d'enterrer les religieux dans le préau, ces caveaux n'avaient pas été ouverts jusqu'au moment où, en cherchant quels cachots seraient assez profonds et assez surs pour enfermer le chef des contrebandiers et ses compliceson pensa les jeter dans ces souterrains. Pour y arriver, on traversait un labyrinthe de profonds couloirs gardés par des soldats on descendait un escalier un trousseau complet plus une dot proporti onnée leurs talents et leur bonne conduite. rdles sont les principales données du projet de M. H. Perkin qui s'est adressé au gouverne ment pour lui demander son patronage. Mais le ministre lui a répondu qu'un pareil établis sement était du ressort de l'industrie privée et que l'état ne pouvait se mettre la tète d'une entreprise de ce genre, quand méine son utilité et ses bienfaits seraient constatés. Mais il pour rait la soutenir et l'aider, s'il y a lieu, par un subside, afin de lui faciliter la voie pour at teindre son but. Nous avonsreçu une brochure de M Frédéric Digand, auteur d'un nouveau système financier communal ou abolition complète de droits d'octroi dans les villes et des cotisations per sonnelles dans les campagne*. Il s'occupe actu ellement du défrichement des bruyères et des moyens de coloniser l'intérieur cent mille ha bitants des Flandres. Nouscroyons que l'auteur est dans le vrai et que le seul moyen de porter un remède efficace la misère qui décime les Flandres, est de répartir plus convenablement sa population trop dense, du moment que l'in dustrie qui faisait vivre autrefois splendidement tisserands et fileuses,est irréparablement déchue. Il est constant que les profits de l'agriculture ne peuvent suffire l'entretien de ces habitants qui ne trouvaient dans les occupations agricoles jadis qu'un accessoire et qui le sol manque pour s'y adonner entièrement, aujourd hui que l'industrie leur fait défaut. Du reste, le terrain non cultivé en Belgique ne manque pas. Dans la Campine, il y en a assez pour établir une population nombreuse et le étroit et tortueux, puis on trouvait d'autres corridors ré gnant sous les premiers également garnis de gardes, et qui aboutissaient aux portes des cachots. Le dernier caveau, au fond de ces couloirs, était long, étroit, étouffé de maçonnerie; des pilliersqui s'avançaient au milieu le divisaient en plusieurs parties ou chambres mortuaires. C'était là qu'habitait Mandrin. Il portait l'habit de prisonnier, une longue enveloppe de hure grise, serrée d'une ceinture de cuir, les fers aux pieds et aux mains il pouvait seulement s'asseoir sur une escabclle et faire quelques pas dans le cachot. L'eau et le pain de chaque jour étaient déposés près de lui sur la terre. Une lampe de fer descendait de la voûte niais lorsqu'elle avait épuisé sa faible portion d'huile, ou lors qu'une chauve-souris l'éteignaiten volant, le prisonnier restait dans de profondes ténèbres. En arrivant la conciergerie, où on l'avait d'abord dé posé avec ses compagnons, Mandrin avait cherché des yeux son fidèle Bruneau et pour la première fois ne l'a vait point trouvé près de lui... Bruneau s'était sauvé il avait accepté le salut, quand ses frères allaient mourir! Cetabandon avait cruellement serré le eœur du capitaine; il regrettait, non pas seulement pour lui, mais pour l'honneur du cœur humain, pour Bruneau lui-même, que cet homme n'eût pas accompli jusqu'au bout sa vie de dévoûment. Un matinc'était la veille du jour où Maudrio allait défrichement des bruyères est devenu possible, aujourd'hui qu l'aide de l'irrigation on a trouvé le moyen de faire croître sur place, la nourriture desbesliaux et par conséquent d'aug menter la production des engrais. D ailleurs les sables de la Campine peuvent former une cou che de terre végétale assez facilementen les mélangeant avec I argile qui forme le sous-sol. Le travail de l'homme parviendrait bientôt changer ces landes infertiles en un terrain pro ductif. Mais nous croyons que c'est l'industrie privée qui doit surtout exécuter ces améliorations. La mission de l'État nous paraît devoir se borner une surveillance efficace et un encouragement pécuniaire au moyen desubsides. C'eslungrand défaut que possède le citoyen belge, qui est ce pendant émancipé depuis quelque temps, que de ne pouvoir rien entreprendre, moins que l'Étal n'intervienne, de ne rien essayer sans l'i nitiative du pouvoir exécutif. Il faut un peu plus de confiance et surtout plus de hardiesse, et nous en manquons essentiellement en fait d'entreprises commerciales et industrielles. Il se peut que cela soit de la prudence, mais dans tous les cas ce n'est point ainsi qu'on arrive faire de grandes choses. Ce malin nous avons trouvé, au 18 avril, la terre couverte de neige. La température que nous avons depuis quelques semaines est détes table pour la végétation. Aussi est-elle arrêtée. Le peu de fruits qui ont pu échapper aux gelées tardives du mois de mars, seront alteiuls cette fois. coup sur Par arrêté royal eu date du 11 avril, le sieur J. Van Alsteyn inspecteur général du trésor public, vient d'être mis en disponibilité pour un an sans traitement, par mesure disciplinaire. Celle mesure a été prise, dit-on, par suite d irrégularités graves constatées dans des dé clarations relatives aux inspections dont est chargé ce fonctionnaire. Le receveur des contributions directes de la ville d'Ypres invite instamment les contribuables qui jusqu'ici paraître pour la première fois, au tribunal; il était assis sous la clarté de la lampe, et appliqué une occupation qu'il s'était donnée depuis quelque temps. A l'aide d'un clou arraché de la murailleil gravait lentement sur la plaque de fer qui retenait la chaîne son bras gauche, quelques mots d'adieu qu'il adressait Isaure, avec l'es pérance que ce triste gage pourrait lui être remis lorsqu'il ne serait plus. La porte de son cachot s'ouvrit sans qu'il tournât les yeux de ce côté, croyant que le geôlier venait faire sa ronde habituelle, mais il entendit devant lui une voix qui lui dit: Je ne croyais pas avoir tant de bonheur. Mandrin avait retrouvé son vieux compagnon. Il le serrait dans ses bras. Non, vrai, répéta Bruneau en regardant son capi taine avec adoration, je ne pensais pas avoir tant de bon heur Croiriez-vous qu'ils m'ont donné le cachot qui est là, voisin du vôtre, et qu'ils me permettent de vous voir une fois par jour Oh! c'en était fait de ces doutes cruels! Maintenant, Mandrin pouvait croire l'amitié jusqu'à son dernier jour cette confiance redoublait son courage et y répan dait une douceur infinie. Te voilà, Bruneau, dit le prisonnier avec une larme de reconnaissance mais tu viens donc te livrer volontai rement, car tu n as pas été arrêté avec nous? hes soldats ne m'avaient pas aperçu je me suis décidé rester libre quelques jours de plus que vous, parce que j avais quelque chose faire en c« monde avant

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Le Progrès (1841-1914) | 1849 | | pagina 1