Faits divers.
On s'entretenait avec douleur de la mort de M. Dupont
(de l'Eure), qui a succombé cette nuit une attaque de
choléra. M. Dupont (de l'Eure) était âgé de 83 ans. Il
avait fait partie depuis 1797 du plus grand nombre de
nos assemblées législatives; il avait été ministre de la
justice en 1830, et président du gouvernement provisoire
en 1848.
M. Dupont (de l'Eure) laisse un héritage des plus mo
destes, une propriété de 50,000 fr. environ dont il fut
gratifié par souscription en 1813, par les électeurs de la
Seine-Inférieure et de l'Eure, jaloux de compléter son
cens électoral.
M. Od. Barrot a annoncé ce matin l'intention de de
mander la Chambre, dès demain, le vote d'une pension
titre de récompense nationale, au profit de la famille
de Dupont (de l'Eure).
On s'occupait également, dans les groupes de repré
sentants, du démenti semi-officiel donné aux bruits qui
avaient couru sur une altercation (sic) survenue entre le
président et son cousin.
On disait en effet qu'une explication avait eu lieu
entre M. L. Bonaparte et le fils de l'ex-roi de Westphalie,
et que, dans la vivacité de la conversation, l'ambassadeur
révoqué de France Madrid aurait dit l'élu du 10 dé
cembre qu'il n'avait pas plus de titres au choix de la
France que n'en aurait eu M. de Morny.
On ajoutait qu'un duel avait dû avoir lieu entre les
deux cousins, mais que le conseil des ministres s'y était
opposé.
Il y a encore des doutes sur l'occupation de Rome par
l'expédition Oudinot. On assure toutefois que la nouvelle
d'une bataille sur la route de Civita-Vecchia Rome n'est
pas confirmée. On ajoute que le pape a enfin promis la
France de rétablir les institution^ libérales qu'il avait
déjà sanctionnés.
On écrit de Toulon
Un jeune ouvrier de cette ville, M. Marius André,
représentant du peuple, qui avait cru devoir protester
energiquement contre l'absurde et fatale doctrine du
droit au travail, et qui, pour ce fait, avait été pendu en
effigie par la populace démagogique de cette ville, vient
d'être, propos de ses opinions politiques bien connues,
l'objet et la victime d'un épouvantable guet-apens dont
il n'a échappé que par miracle. Les républicains rouges,
furieux de trouver un ouvrier qui ne fut pas un adepte
des doctrines de MM. Louis Blanc et Proudhon, ont voulu
cette fois, perdre en réalité M. Marius André. Il n'a dû
d'échapper aux mains de ces misérables que grâce l'in
tervention courageuse de quelques citoyens, indignés de
cette infâme lâcheté. Une instruction judiciaire est com
mencée. (Le Pays).
KOI I.VMtl'. Amstkrham2 mai. Hier la
seconde Chambre des" États-généraux a adopté par 51 voix
contre 8, le projet de loi qui défend d'aliéner les pensions.
Les abus de l'usure avaiept fait une nécessité urgente de
cette loi. D'ailleurs il n'y a pas aujourd'hui des nouvelles
politiques de grand intérêt.
Vous savez la situation délabrée où se trouve la fortune
du roi trop libéral, feu Guillaume II. Aujourd'hui les
journaux contiennent une annonce de M. Ragay, tréso
rier du feu roi La Ilaye; il appelle devant lui tous les
débiteurs et tous les créditeurs de la maison. Certaine
ment, cette manière d'agir ne contribuera pas faire res
pecter la mémoire.du feu roi.
Déjà le nouveau roi a fait des économies dans le budget
particulier de son père. Entr'autres je puis vous garantir
que M. le docteur Wap, ci-devant rédacteur du Noord-
Brabander et de feu le journal de Nederlanden, recevait
annuellement du roi 1,800 fl. et M. Verhulst, componiste
La Haye, annuellement 1,000 fl. Eh bien, les pensions
de ces messieurs ont été supprimées. On s'attendait la
continuation de mesures de ce genre: en effet, feu le roi
avait donné plus qu'il ne pouvait le faire. Aussi Tilbourg,
où une masse d'ouvriers continuaient des années tra
vailler pour le compte du roi, la plupart ont été congé
diés ce qui le fait sincèrement regretter. Néanmoins
une lettre de. Tilbourg, datée de hier, m'apprend qu'une
trentaine d'ouvriers, pères de famille, ont reçu d'autre
travail.
3 mai. Il y a aujourd'hui entièrement absence de
nouvelles politiques. Les discours des cercles roulent
seulement sur le baron David-Henri Chassé, qui est mort
dans la nuit du premier mai Breda, après une maladie
de quelques jours, et âgé de 84 ans.
Toute l'Europe connaît les faits mémorables du vieux
lieutenant-général, dont les actions militaires ont eu lieu
plusieurs fois sur le territoire belge. C'est pourquoi vos
lecteurs ne liront pas sans intérêt la biographie suivante
du défunt, que j'ai pu puiser des sources certaines,
dont vous pourrez garantir l'exactitude:
Le général Chassé est né Thiel, le 18 mars 1765; âgé
de 10 ans, il entracomme cadet, dans le service mili
taire. En 1781, il fut promu au grade de lieutenant; en
1787, celui de capitaine en 1793il devint colonel et
prit part en 1796 la guerre en Allemagne, sous les or
dres du général Dandels. A l'occasion du débarquement
des Anglais et des Russes dans la Hollande septentrionale,
en 1799 il'développa de grands talents militaires et fit
preuve d'une bravoure extraordinaire. En 1800, il était
présent au siège de Wurzburg. Dans les guerres contre
l'Autriche et la Prusse, en 1805 et 1806, il se distingua
particulièrement.
Mais le général Chassé s'est acquis surtout une grande
renommée dans la guerre en Espagne,-où il commandait,
en qualité de général-major, la brigade Néerlandaiseet
où il donna de belles preuves de bravoure, principalement
dans les combats Durango, Missa d'Ibor, Talavera de la
ReynaOcana et auprès du Col de Maja, où il sauva le
corps d'armée du comte d'Erlon. Le roi Louis le nomma
baron l'empereur Napoléon le promut au titre d'officier
de la Légion-d'Honneur. Appelé en 1814 d'Espagne en
France, il se distingua de nouveau Bar-sur-Aube, et y
fut blessé. Après la chùte de Napoléon, il retourna dans
sa patrie, et fut nommé en 1814, par le roi Guillaume 1er,
lieutenant-généralOn connaît la part glorieuse que Chassé
a prise la bataille de Waterloo, lorsqu'il fit avancer, la
fin de la bataille, au moment le plus décisif, sa division
et chassa la garde française des hauteurs. L'attitude du
général Chassé dans la révolution belge, et la défense
héroïque de la citadelle d'Anvers est trop connue pour en
parler ici.
Il fut nommé, au mois dejuillet 1831 général de di
vision d'infanterie; quelque temps après, grand'-croix de
l'ordre militaire de Guillaume, et après son retour de
France, en 1834, commandant de la forteresse de Breda,
commandement qu'il conserva jusqu'en 1839. En même
temps il fut nommé membre de la première Chambre des
États-Généraux.
Les derniers jours de cette vie utile et glorieuse se sont
écoulés Breda dans un doux repos.
AUTRICHE. La Gazette nationale, de Berlin, du
lr maidtt savoir que la direction du chemin de fer de
le Haute-Silésie avait reçu la veille de Berlin une dépêche
télégraphique signée du ministre de l'intérieurM. de
Manteuffel, annonçant que trente mille hommes de
troupes russes devaient être transportés de Cracovie en
Autriche par MislowitzCosel, Ratibor, Oderberg, etc.
au moyen du chemin de fer de la Haute-Silésie.
ITALIE. On nous communique une lettre écrite
par un officier de l'expédition française en Italie. Elle
nous paraît curieuse plus d'un titre. Nous en extrayons
les passages suivants
Nous pensions rester Civita-Vecchia, il n'en est
rien il parait positif que nous allons Rome, on assure
même que nous entrerons dans la ville éternelle.
Quand cette nouvelle a circulé dans nos rangs, la
surprise a été grande. Ce n'étaient pas là les termes dans
lesquels l'expédition s'était engagée. Quel pouvait être le
motif de ce revirement subit? Je sûis allé aux informa
tions, et voici ce que j'ai recueilli
A Gaëte, les choses ne sont pas tout fait ce qu'il
faudrait qu'elles fussent. Le Saint-Père, qui, il y a quel
que temps, était tout dispnsé se laisser diriger par
l'influence française, semblerait en ce moment, disposé
pencher d'un autre côté.
M. d'Harcourt qui l'on ne saurait refuser un esprit
des plus brillants; des plus vifs, mais plus apte la cri
tique qu'à l'application pratique, a vainement déployé les
ressources de son habileté. 11 a senti que, dans ces der
niers temps, on ne prêtait qu'une oreille distraite ses
conseils, jadis écoutés avec tant d'empressement.
Aussi, avant que l'escadre quittât Toulon, le gouver
nement français avait été averti par sen ambassadeur
que si l'expédition gardait Civita-Vecchia l'attitude
purement expectante qu'on lui avait d'abord assignée, le
retour du Pape Rome serait exposé s'accomplir dans
des conditions qui ne sauvegarderaient pas un égal de
gré, l'ordre et la liberté. Des instructions qu'on pourrait
appeler deux fins, auraient donc été données M.
Oudinot, dont il faut croire que l'opinion est la même
que celle de M. d'Harcourt, puisque voilà que nous nous
mettons en route.
La petite armée d'expédition est, du reste, pleine
d'enthousiasme; l'attitude au port d'arme ne la satisfait
qu'à demi. L'action lui sourit davantage. Espérons que,
dans peu de jours, elle fera retentir, Rome, ce cri ras
surant Vive la France Vive Pie IX Vive la liberté
Une scène épouvantable vient de se passer Angou-
lême. Il y a trois mois environ, M. A..., épicier, intenta
M. B...lieutenant de la compagnie d'artillerie de la
garde nationale, un procès en adultère devant le tribunal
de notre villeet obtint contre ce dernier et sa femme
une condamnation six mois de prison, avec amende et
dommages-intérêts.
Appel de ce jugement fut interjeté par les deux parties,
et l'affaire devait être plaidée, le 2 Mai, devant la cour
de Bordeaux.
Le 22 Avril, M. B..., commandait le poste de la garde
nationale et se promenait sur le parc avec un de ses amis,
M. M... La nuit était obscure, M. A... passa près de son
adversaire et le coudoya assez rudement; mais celui-ci
qui avait reconnu son agresseur, continua sa promenade.
M. A... s'attacha alors ses pas en l'injuriant et en le me
naçant. Perdant enfin patience M. B. pria sou ami de
l'aider s'emparer de ce furieux, et ce dernier le saisit
au collet. M. A... sortit alors de sa poche un couteau-
poignard et en frappa la main qui le tenait au collet; le
coup porta sur le pouce maisarrêté par l'os, il ne fit
qu'une blessure légère, M. B... saisit son tour M. A...,
qui lui brisa son poignard sur la figure en lui partageant
le menton; puis, jetant son arme devenue inutile, il sortit
un pistoletet lui en tira un coup |lans la poitrine. La
balle, entrée par le côté gauche, quatre pouces environ
du cœur; sortit du même côté, près de l'épaule, en la
bourant les os, sans pénétrer dans l'intérieur du corps.
M. A... s'enfuit alors par la rue d'Arcole, et le blessé se
réfugia dans le posteoù des médecins furent aussitôt
appelés et lui donnèrent les premiers secours. Les bles
sures, fort heureusement, n'offrent pas de danger.
La police et la gendarmerie se sont mises la recherche
de M. A..., qui était rentré dans son domicile, et une
heure après ce terrible drame, il était sous les verroux.
Le Salut puhlic nous apporte le curieux canard qu'on
va lire:
Un crocodile dans le Rhône.Un incident d une na
ture assez singulière est venu, dans la journée du 23 de
ce mois, attirer l'attention des habitants des bords du
Rhône, vis-à-vis de Tain. Vers deux heures, le gendarme
Dorey se promenant le long du fleuvecrut apercevoir
un corps humain entraîné par le courant. Son premier
mouvement allait être de se jeter la nage, mais un exa
men plus attentif lui fit reconnaître que ce corps n'était
autre que celui d'un énorme animal qui, au lieu de suivre
le cours de l'eau, cherchait se rapprocher du bord.
Le gendarmeaidé d'un autre habitant, se mit alors
en mesure de s'emparer de cet amphibie, qui, d'après la
forme et les proportions de sa tête, semble appartenir
l'espèce des crocodiles. Ce qui donne plus de force cette
supposition, c'est que deux coups de fusil tirés sur lui a
une distance de trois mètres, n'ont produit que fort peu
d'effet et qu'il n'a semblé grièvement atteint que par une
énorme pierre qu'on lui a jetée la tête au moment où il
touchait la rive.
Du restequoique blessé mortellement peut-être, il a
pu replonger et disparaître sans que les habitants qui l'ont
poursuivi soient arrivés le retrouver.
La tête de cet animal a la grosseur d'un veau, et son
corps, la proportion d'un baril.
L? présence d'un semblable amphibie dans les' eaux
du Rhône semble assez surprenante un fait arrivé, il y
a deux ans, pourrait peut-être l'expliquer. Un crocodile
se serait échappé d'un bateau sur lequel on le conduisait
Lyon.
Un journal de Belgique raconte l'anecdote suivante
dont il certifie l'authenticité.
Un jeune homme, ou plutôt un enfant de 13 ans,
avait été placé en qualité d'apprenti dans une maison de
commerce. Sa tante vint le voir dans l'établissementet
se fit un plaisir de s'adresser lui pour une amplctte.
Elle demanda une paire de bas de soie. Le commerçant
novice présente une paire de bas de cinq francs. Cela
n'est pas corsé, assez fourni, dit la tante; je désire
quelque chose de meilleur, même en payant plus cher.
Le neveu passe la paire de bas sous le comptoir et la
représente sa tante en lui disant: Ceci vaut mieux;
mais cela coûte sept francs. La tante paya les sept francs,
et se retira enchantée.
Mon ami-, dit l'adolescent le commerçant, specta
teur de cette scènevoilà qui est admirable. Vendre sa
tante, avec tant de savoir-faire, et 13 ans Si tu con
tinues, je te donnerai ma fille en mariage.
VARIÉTÉS.
le dernier mot du système de m. proudhon. Voici le
fait très-véridique qui s'est passé l'autre semaine dans le
cabinet de mon homme d'affaires
Cet honorable citoyen possède, outre ma confiance,
celle du rival de Dieu.
Or donc, quelques jours avant qu'il ne s'éclipsât, M.
Proudhon entra dans le cabinet de M. Savec un sac
d'écus sous sa redingote.
L'homme de loi ouvrit de grands yeux cette étrange
apparition du capitalsur le bras de son ennemi mortel.
Mon cher monsieur, fit M. Proudhon sans sourcil
ler, j'ai amassé un petit pécule, et je désire le placer
bon endroit
Comment! vous! s'écria l'homme noir tout stupé
fié... Mais la propriété n'est donc plus un vol?
L'attaque était brûle-pourpoint. Savez-vous ce que
répondit M. Proudhon.
Allons, voyons, monsieur!... parlons sérieusement!
Et ils se prirent parler sérieusement.
Comment voulez-vous placer? sur l'État.
Non, non, ce monsieur manque de garanties.
Sur la banque?
-Vous vous moquez de mQi La Banque... j'en sors.
Voulez-vous acheter une propriété?
Non Yimmeuble me paraît ménacé.
Alors il ne vous reste qu'à placer sur hypothèques.
En avez-vous de solides?
Oui.
Une première?
Oui.
Et M. Proudhon plaça sur première
Mon avoué m'avoua que jamais il n'avait eu faire
un bailleur de fonds plus méticuleux et plus acharné.
(La Mode.)
Dixmcde. Marché aux grains du 7 Mai 1849.
SORTE
DR CRtM'g.
NOMBRE
d'heciolitre3
PRIX
PAR HE TOLITRE.
FR. C.
FR. C.
41
17 25
18 50
8
9 50
10 00
410
8 27
8 96
58
6 00
6 81
34
10 00
12 30