EXTÉRIEUR. journal qu'ils soudoyent et rédigent sous le toile de l'anonymeont voulu précéder l'Asso ciation et sous prétexte de commerce et d'in dustrie, ils ont accouché d'un avocat-proprié taire pour les représenter. Jusqu ici ils n'ont arboré d'autre bannière que celle de la modé ration^ nuance de la girouette qui tourne tous vents et met en position de servir tous les partis. Aussi la modération leur a-l-elle permis de faire cause commune avec le parti clérical et de s'entendre avec le Journal des Baziles comme larrons en foire. Ce dernier a même adopté, pour faire acte d'abnégation, le candi dat des Caméléonsmais jl savait ne passe tromper que le candidat devait lui convenir, car autrefois la feuille cléricale avait eu des accointances très-intimes avec l'avocat-proprié- taire candidat du commerce et de l'industrie. L'Association libérale s'est assemblée jeudi eiernier, et son comité a présenté, au choix de la société, M. Pierre Beke, conseiller communal Ypres et négociant, comme candidat provi soire. M. Beke est jeune, actif, capable, aimant le travail et déjà initié dans les détails adminis tratifs par suite des fonctions d'échevin qu'il remplit ad intérim pendant l'absence de M. Alph. Vanden Peerebooro. D'une consistance politique éprouvée, d'une probité politique et privée l'abri de tout soupçon, M. Beke réunit toutes les sympathies non-seulement de ses co religionnaires politiques, mais même dans les rangs des électeurs sans opinion arrêtée, il trou vera des adhérents qui lui donneront leur voix et leur appui. Ce choix de l Association est par faitement accueilli par la très-grande majorité du corps électoral et nous croyons que ce can didat sera élu sans difficultéquoiqu'en puis sent dire et faire les soi-disant commerçants et industriels qui ont commencé renier leur principe pour servir des ambitions personnelles. L'Association libérale dont on semblait mettre en doute l'intervention dans cette lutte électo rale, a noblement répondu nu défi qui lui était lancé. Elle prouvera une fois de plus que les efforts de ses adversaires coalisés ne prévaudront pas contre elle et que l'union de ses mem bres et le dévouement son principe, la feront triompher des efforts et des embûches de ses ennemis. SOCIÉTÉ OE L'UNION LIBÉRALE de l'arrondissement .d'yphes. Séance du Jeudi17 Mai 1849, sous la présidence de M. Carton, père. La séance s'ouvre 4 heures par la lecture du procès- verbal, il est approuvé sans observation. M. le président prie MM. les membres du comité élus «la dernière séance, de vouloir prendre place au bureau. Les membres présents défèrent cette invitation et vont s'asseoir autour du président. M. Carton fait connaître que le but de la réunion est le choix d'un candidat définitif pour l'élection d'un con seiller provincial, en remplacement de M. Donny, décédé. Cet honorable membre de la députation permanente était un fonctionnaire qu'on remplacera difficilement, car M. Donny était doué d'une grande activité et d'une remar quable aptitude au travail. Rompu aux affaires depuis sa tendre jeunesse dans l'administration, peu d'hommes possédaient mieux cette partie si difficile des rouages d'un bon gouvernement. Serviable, probe, M. Donny qui a été le candidat de l'Association, et un de ses mem bres, est resté fidèle aux opinions politiques qu'il a pro fessées de tout temps. Le comité a senti combien il lui était difficile de pourvoir au remplacement de cet homme distingué. Mais enfin il a cru avoir trouvé le candidat qui convenait le mieux pour remplir la place laissée vide par M. Donny, et il a fait des instances près de M. Beke, conseiller communal et négociant pour l'engager accepter la candidature la prochaine élection. M. Beke s'est rendu ses désirs et a accepté. 11 pense qu'il est inutile de s'étendre sur les qualités de M. Beke, et les titres qu'il peut avoir votre estime, les applaudisse ments qui se sont fait entendre, quand son nom a été proclamé, démontrent combien ce candidat possède vos sympathies. M. Beke est jeune, actif, d'une grande aptitude au travail, serviable, d'un caractère affable mais ferme; il connaît les rouages de l'administration par suite des fonctions qu'il occupe temporairement l'Hôlel-de-ville et comme avocat et ancien commis-greffieril est initié la science de la jurisprudence. D'une probité poli tique et privée sans tâehc, M. Beke représentera digne ment ses commettants au conseil de la province et c'est avec confiance que le comité le présente vos suffrages. Cependant, ajoute Mle président, le comité ne veut pas peser sur vos décisions et je vous rappelle qu'aux termes de l'art. 10 du règlement, chaque membre a le droit de pré senter un ou plusieurs candidats qui sont admis la majo rité par assis et levé, sur la liste des candidats provisoires. Ensuite l'Association vote au scrutin secret pour le choix du candidat définitif et les noms qui sortent de l'urne la majorité des suffrages sont les élus de l'Association et doivent être soutenus et appuyés par elle. Le président suspend la séance pendant quelques instants afin de donner MM. les membres de 1 Asso ciation la facilité de se concerter et d écrire leurs bulle tins. A la reprise de la séance M. le président demande si des membres désirent faire la présentation d'autres candidats; personne ne demandant la parole, M. le pré sident fait connaître qu'il sera procédé par scrutin secret au choix du candidat définitif. Environ quatre vingts membres sont présents. Ils viennent au bureau déposer leur bulletin entre les mains du président qui les jette dans l'urne. Le dépouillement constate que 78 membres ont voté et que M. Pierre Beke a obtenu l'unanimité des suffrages. En conséquence, M. le président proclame M. Pierre Beke, conseiller communal Ypres, candidat définitif de l'Association libérale de l'arrondissement d'Ypres. Ce ré sultat est accueilli par des applaudissements réitérés. M. le président consulte l'assemblée pour savoir quand elle croit utile d'avoir une seconde séance avant le jour de l'élection, afin de se concerter et de décider s'il n'y a pas de mesures prendre Divers jours sont proposés mais la réunion préfère le Vendredi, 25 Mai, sept heures du soir, l'Aigle d'or. La séance finit par une allocution du président, qui engage les membres ne pas trop se fier sur les sympa thies que rencontre partout le candidat de l'Association. Il sera nécessaire d'être vigilants et actifs, car nos adver saires probablement ne négligeront aucun moyen pour le triomphe de leur cause, et il est important de ne pas nous laisser surprendre par des leurres qu'on pourrait mettre en avant. Serrons nos rangs, dit-il, usons de toute l'in fluence que possède l'Associationcar plus le triomphe sera brillant, plus il sera fatal nos adversaires. On nous annonce que. M. De Vrière, le nouveau gou verneur, a manifesté l'intention de faire une tournée dans l'arrondissement d'Ypres. Il logerait chez M. le bourgmestre. Ce serait un événement remarquable pour nos habitants, car depuis longtemps nous n'avons vu figure de gouverneur dans nos murs. Les correspondances et les journaux de Paris nous permettent de donner les résultats des élections sur un certain nombre de points de la France. Nous avons, par voie extraordinaire, les élcctionsdans le département du Nord, sauf celles de Douai, dont nous n'avons reçu qu'un résultat partiel. Nous avons supputé le nombre des voix reportées sur chaque candidat, afin d'offrir nos lecteurs un tableau général. Ce tableau n'a pas un caractère officiel mais il démontre que les hommes modérés l'emportent, et que la cause, de l'ordre triomphe. Les nouvelles d'Italie sont assez favorables le vent tourne la pacification. Celte circonstance, jointe l'im pression produite par l'aspect général des élections, a raffermi les cours de la Bourse cl amené une hausse. (Observateur.) Il résulte d'un article publié par le Moniteurqu'une nouvelle convention postale est intervenue avec la France, et qu'aux termes de cette convention la taxe par lettre simple, affranchie, est réduite 40 c., quelle que soit la distance parcourir, sauf le cas où cette distance serait de 30 kilom. et au-dessous. Dans ce cas, la taxe sera ré duite 20 c. La convention n'aura force de vigueur qu'après qu'elle aura été convertie en loi, par l'assemblée de France. On écrit de Gand, 15 mai On a retiré hier de la rivière la Lys, près du Snepken, le cadavre de M. J. Speelman, inspecteur de l'adminis tration des contributions directes, douanes et accises. On dit que depuis quelque temps, il était atteint d'aliénation mentale. FRANCE. Paris, 16 mai. Le dépouillement des votes a continué encore aujourd'hui. Au moment où je vous écris, 274,000 bulletins ont été dépouillés. Sur ces 274,000 votants, la majorité est acquise 24 des can didats portés sur la liste de l'Union électorale. Il n'y a pas un des hommes du National. Les votes de la ban lieue et ceux connus des départements vous arriveront en même temps que ma lettre par les journaux que vous recevez. Vous remarquerez partout la même répulsion pour ce parti bâtard dont M. Marrast était la dernière expression. Il y a un an, pareille époque, les événements du 15 mai leur créèrent une espèce de dictature. Le mois de mai 1849 sera le dernier mot de la France leur égard. Les représentants sont inondés de renseignements sur les élections qui leur arrivent des départements; mais ces renseignements, presque toujours puisés dans l'esprit de parti, ne sont point exacts. Je n'en veux d'autres preuves que les chants de triomphe poussés, ce matin, par tous les journaux socialistes, au sujet des élections de Paris. M. le due d'Aumale sera décidément nommé en Algé rie en compagnie de M. Emile deGirardin, Je viens de lire la lettre que ce dernier a adressée ses électeurs de l'Algérie. Après avoir témoigné de ses sympathies pour sa colonisation, M. de Girardin leur promet de ne jamais le séparer d'eux, de n'accepter ni place ni emploi quel conque. Cn fait curieux ressort de cette lettre de M. de Girardin c'est que du 12 au 20 décembre dernier, il a refusé successivement, d'être préfet de police, ambassa deur Naples, et directeur général des postes, le tout avec promesse, s'il acceptait, de le nommer ministre. Les bruits les plus contradictoires circulent même dans la salle des Pas-Perdus on disait que les deux frè res Dupin n'étaient pas nommés; que M. Dupont (de l'Eure) ne l'était pas non plus. Je crois que ce dernier bruit ne sera pas confirmé; l'égard de M. Crémieux, le fait me parait plus certain. Un représentant me lisait tout l'heure une lettre qui lui annonçait le succès des candidats socialistes dans les départements de l'Est. Un autre député prétendait que dans le Midi les légitimistes ont une grande majorité. On assure que M. Proudhon est venu Paris pour soigner lui-même ses intérêts électoraux. Après avoir habité Genève sous un faux nom, en se faisant passer pour professeur de mathématiques belge il s'est rendu Lyon, où il a demeuré chez une sœur de l'illustre Greppo mais bientôt le souci de sa nomination et, d'autres assurent, son amour pour M"0 Dorothée Pla passementière de la rue S'-Denis, l'ont bientôt ramené Paris. Là il est arrivé déguisé en ecclésiastique; mais reconnu par un rival au moment où il sortait de la maison de M,u Dorothée, et dénoncé immédiatement aux agents de police, ce n'est qu'avec la plus grande peine qu'il a pu se dérober aux poursuites. Votes de l'armée. Si l'on en croit les détails, assez précis d'ailleurs, re cueillis par l'Estafette, les votes connus d'un assez grand nombre de régiments établiraient ce fait qu'il fallait craindre sans pourtant qu'on pût prévoir qu'il se pro duirait sitôt, que les soldats inclinent vers les candidats socialistes. Sur 997 votants, le 50° de ligne aurait donné 798 voix Pierre Leroux, 807 Ledru-Rollin, 799 Perdiguier, 981 Boichot. Ceci s'est passé Paris. A Rouen, il s'est trouvé dans le 28» de ligne 128 votants appartenant au département de la Seine. Boichot a eu 105 voix. Les autres candidats socialistes ont également obtenu la majorité des suffrages. Dans le 45° de ligne, Bordeaux, les voix se sont dis séminées; mais le plus grand nombre appartient aux candidats socialistes. Sur 109 suffrages, le maréchal Bugcaud n'a obtenu que 13 voix. Le 9° légeren garnison Caena voté pour la liste socialiste du Calvados. Dans l'Orne, Perpignan, Chàlons-sur-Saône, enfin Lyon, les résultats sont les mêmes. On lit dans la Liberté: L'imrucnse majorité de l'armée a voté pour les can didats socialistes. Le gouvernement ne fera pas connaître ce vote, nous en sommes certains d'avance: cela se comprend. Quant nous, en publiant ce fait si gravenous ne voulons pas effrayer, nous voulons avertir. L'Echo delà frontière, journal modéréde Valenciennes, confirme en ces termes les tendances de l'armée mais il les explique ainsi Les manœuvres des propagandistes portent leurs fruits: les jeunes recrues du 34° ont été travaillées, au vu et iip su de la police et de la population, dans les ca sernes sur les remparts, dans les rues et jusqu es dans les corps-de-garde et même cn faction aussidans le re levé des votes qui vient d'être fait des soldats de ce corps appartenant au département du Pas-de-Calais, la majorité est en faveur des socialistes. I. entrée de M. Léon Faucher dans le cabinet du 10 dé cembre a été un malheur pour le ministère et pour la Franceet nous craignons qu'il ne soit plus possible de réparer le mal qu'il a fait avec les meilleures intentions possibles. On connaît M. L. Faucher de longue date, c'est un homme d'une probité privée toute épreuve, mais dont le caractère porte l'empreinte d'une, raideur exclu sive qui ne convient nullement un homme d'état. En arborant le drapeau de la résistance, il ne s'est pas con tenté de lutter contre les efforts des révolutionnaires et des socialistesil a voulu opposer des mesures violentes de réaction aux efforts non moins violens des socialistes, et il est parvenu, par ses conseils imprudens, compro mettre tout le ministère et mécontenter l'opinion pu blique. Si les socialistes sont parvenus recruter quelques partisans parmi les soldats et les ouvriers, c'est grâce aux mesures adoptées sous l'inspiration de M. L. Faucher, son caractère est si bien apprécié la chambre qu'il n'a' pas même été défendu hier par ses collègues, au sujet de la malencontreuse dépêche qu'il a envoyée aux départe ments. C'est seulement par courtoisie que M. Od. Barrot est venu prononcer quelques paroles en faveur de M. L. Faucher. Le conseil des ministres, dès qu'il a eu connaissance de la dépêche télégraphique de M. L. Faucher s'est pro noncé contre lui, et il a décidé que, pour éviter des in terpellations dangereuses, il donnerait sa démission avant la séance. M. L. Faucher s'y est refusé, et il a déclaré qu il voulait donner des explications devant l'assemblée. Aucun ministre ne devait le soutenir, mais M. 0. Barrot voyant la position difficile de son collègue, est monté

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Le Progrès (1841-1914) | 1849 | | pagina 2