JOURNAL D'APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
.V 813. 9' Année. Dimanche. 3 Jssîn 19.
Vires acquint eundo.
INTÉRIEUR.
EATÉREEXR.
ABONNEMENTS Yprès (franco), par trimestre, 3 francs 50 c. Provinces, 4 francs. Le Progrès parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
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Y PRES, le r Juin.
Quelques journaux ont annoncé que la ses
sion législative serait terminée vers le 10 au 15
juin, mais nous avons lieu de croire qu'elle
durera plus longtemps et que le projet de loi
sur l'enseignement supérieur dont on vient de
désigner le rapporteur, sera discuté. La Cham
bre sera très-bien inspirée si réellement elle
prolonge ses travaux, pour examiner une ques
tion devant laquelle on a souvent biaisé et
qu'une bonne fois, il importe de rayer de
l'arriéré parlementaire. Les lois sur l'enseigne
ment sont des plus importantes et précisément
celles qu'on a attendu le plus longtemps. Nous
croyons qu'il sera favorable la bonne coordi
nation des trois degrés de l'instruction publique,
qu'une même législature les réglemente et qu'il
soit bien entendu qu'on en finira dans la ses
sion prochaine avec les intolérables prétentions
des catholiques qui, non-seulement, refusent
l'état la jouissance de la liberté de l'enseigne
ment inscrite dans la constitution, mais en
sont tellement jaloux qu'ils ue la croient concé
dée, que pour qu ils en jouissent exclusivement.
11 est des scribes qui depuis quelque temps
attaquent, injurient avec un acharnement qui
ne peut être désintéressé, car le métier est trop
méprisable, des personnes qui ont toujours
joui de l'estime de leurs concitoyenset que nulle
calomnie, nulle diffamation ne leur fera perdre.
Quand les thèmes manquent, ils en inventent
et c'est ainsi qu'un journal, rédigé par des dif
famateurs patentés, a partagé des places et des
fonctions dont quelques-unes ne sont pas
vacantes, entre des personnes alliées et qui
paraissent être en butte aux plus indignes
suppositions de la part de quelques envieux
étiques sur lesquels on n'a qu'à jeter un coup
d'oeil, pour découvrir les passions odieuses qui
les inspirent. Entre autres cumuls attribués
ces hommes qu'ils veulent éclabousser
ils supposent qu'un d'entre eux sera échevin
de la ville et membre de la députation perma
nente. Celui qui a écrit ces lignes, doit être ou
stupide ou d'une méchanceté infâme. Slupide
puisqu'il annonce un cumul en dépit de la loi
DEUX ELEVES DU COXSERVATOIRE.
Suite.
Le comte Hyacinthe de Verneuil était un jeune homme
de vingt-deux ans, doué de qualités éminentes. Son exté
rieur offrait un mélange de noblesse originelle et de mo
destie craintive. Il avait un cœur excellent, de» manières
parfaites. Joignez cela tous les avantages de la naissance
et de la fortune, vous comprendrez sans peine qu'il était
l'idole de tous les cercles aristocratiques. La comtesse
douairière de Verneuilsa mèreavait de bonne heure
formé son âme toutes les hautes conceptions de la pensée,
toutes les délicatesses du sentiment. Lorsque Hyacinthe
retrouva Paul, son ami de collège, dans un état voisin de
la misèreil ne lui offrit pas sa bourse mais il trouva
moyen de lui être utile sans lui faire sentir cette supé
riorité de la richesse, toujours humiliante pour le pauvre.
La médisance avait trouvé moyen de flétrir cette noble
conduite.
On supposait au jeune homme un intérêt cache sous
le manteau du dévoùment; on lui prêtait d indignes
manœuvres de séduction qui se trouvaient cent lieues
de son caractère. Le monde avait deviné juste en disant
qu'il éprouvait de l'amour pour Marie; mais dès lors
qu'elles n'étaient pas justifiées, ces insinuations se trou-
et qu'il ignore que ces fonctions sont incompa
tibles d'après l'art. 97, 6 de la loi provinciale:
méchantsi n'ignorant pas celte disposition de
la loiil prête des personnes qu'il veut dif
famer, des projets dont l'exécution est impos
sible. Qu'il choisisse le misérable, dont la plume
écrit des articles qu'il n'oserait pas avouer, car
la lâcheté est la compagne de l'infamie.
Jeudi dernier, ont eu lieu Elverdinghe. de»
fêtes magnifiques l'occasion du mariage du
fils du bourgmestre, M. le comte d'Ennelières
d'Hust. Une entrée triomphale avait été mé
nagée au jeune couple et le village entier était
décoré et pavoisé d'une façon brillante. Un
cortège composé de fils de fermiers montés sur
des chevaux de trait de race flamande, a été
la rencontre île M. d'Hust jusqu'au cabaret le
Coinprès de la ville d'Ypres. Depuis cette sta
tion jusqu'à Elverdinghe même, on ne voyait
le long de la route que des portes triomphales.
Des discours ont été prononcés pour célébrer
la bienvenue des jeunes époux ils ont été
accueillis par des applaudissements unanimes.
Mais ce qu'on ne peut simuler, c'est l'air de
contentement et de bonheur et les sentiments
affectueux qu'exprimaient les traits des habi
tants d'Elverdinghe, qui s'étaient donné beau
coup de mouvement pour célébrer dignement
une fête qui se gravera dans leur mémoire. Une
brillante illumination a terminé les réjouissan
ces qni ont eu lieu en l'honneur de M. d Husl
et de sa jeune et aimable dame. N'oublions pas
de mentionner que la musique de la garde
civique d'Ypres a prêté son concours aux habi
tants d Elverdinghe et qu'elle a fait partie du
cortège.
Un journal, publié Louvain sous les aus
pices de l'université catholique, le Courrier
de Louvainpublie un article en faveur du
suffrage universel et proclame ouvertement
qu'on ne doit pas tarder dintroduire celte
amélioration dans notre système d'élection
sous prétexte de fraternité évangelique.
A la suite du mouvement révolutionnaire qui a éclaté
dans ses états, le grand-duc de Bade s'était réfugié en
France, Haguenau. Avant-hier, les journaux de Paris
annonçaient que ce prince était parti après avoir pris des
vaient, par là même, calomnieuses.
Jamais Hyacinthe n'avait franchi la limite des plus
strictes convenances; jamais une parole, jamais un regard
n'avaient fait connaître Marie le secret de son cœur.
L'artiste lui ayant présenté comme sa femme légitime'
celle qui n'était encore que sa maîtresseHyacinthe ne
voyait sucun motif de mettre en doute la sincérité de
cette déclaration. Il eût cru descendre dans sa propre
estime en faisant la moindre tentative pour renverser le
bonheur conjugal de Paul.
L'amour de Marie pour ce dernier devenait, chaque
jour, plus vif et plus tendre. Après avoir rendu son amant
a la vie, la jeune fille s'était livrée sans réserve ses ca
resses. Confiante en la promesse sacrée que Paul lui avait
faiteen face du cielelle attendait qu'il lui plut de la
rendre irrévocable. Marie hâtait de tous ses vœux cette
heure suprême, qui la mettrait en paix avec sa conscience
mais l'artiste ne lui parlait plus de mariage... et, par
cette délicatesse exquise que l'on ne trouve que dans le
cœur des femmeselle cachait le plus ardent de ses dé
sirs, dans la crainte, en le manifestant, de faire celui
qu'elle aimait un reproche tacite d'indifférence.
Marie avait partagé les mauvais jours de Paul; elle
l'avait soutenu dans les transes pénibles du décourage
ment. Quand l'heure du triomphe eut sonné pour lui,
passeports pour la Belgiqueet hier les journaux du
Luxembourg disaient qu'il était passé par Arlon se ren
dant Bruxelles, où il était effectivement arrivé avant-
hier. De Bruxelles, il s'est rendu Broges et est descendu
chez M. J. Cruyt, 1 Hôtel des Flandres. Le grand-duc
voyage sous le nom de comte de Lindenau.
La police d'Anvers a arrêté hier soir, 9 heures et
demiedans un hôtel de cette ville, pour défaut de pa
piers un ancien membre du gouvernement révolution
naire de Posen. On suppose qu'il sera embarqué pour
Londres, par le prochain bateau vapeur.
La semaine dernière une jeune et jolie servanfe de
Liège, en faisant une commission en ville, reçutà la figure
le contenu d'une petite fiole qui lui brûla horriblement
la face, c'était de l'acide suifurique qu'un individu venait
de lancer sur elle.
L'auteur de ce lâche guet-à-pens vient d'être arrêté.
C'est une femme, ancienne cuisinière, maintenant garde
de couche et garde malade, laquelle poussée par une fu
neste jalousie l'occasion de relations qu'elle soupçonnait
exister entre son amant, jeune homme attaché comme
domestique chez un officier supérieur de notre garnison,
et la malheureuse jeune fille, s'est laissée entraînera se
venger de celle-ci, qui ignorait complètement les soupçons
dont elle était l'objet.
A l'effet de pouvoir mieux se soustraire l'investiga
tion de la justice, l'accusée s'était affublée d'habillements
d'hommes, avec une pipe la bouche.
La justice est maintenant saisie de l'instruction de cette
affaire, qui a ému, juste titre, la population.
Nous apprenons que la victime de cet attentat a perdu
complètement l'œil droit sa figure porteen outre, des
traces considérables, occasionnées par le liquide corrosif.
On écrit de Bruxelles:
Avant-hier, des petits garçons, jouant ensemble, se sont
pris de querelle et l'un d'eux a porté un coup de couteau
dans le bas-ventre de son camarade. La blessure n'est
pas mortelle, mais l'enfant blessé a dû être transporté
tout de suite l'hôpital. Le coupable a été arrêté et mis
sous mandat de dépôt.
De mauvais plaisants ont eu la détestable fantaisie de
répandre quelques cartouches, avant-hier, dans la salle
de danse hors la porte de Bruges, Gand, et d'y mettre
le feu au moyen d'une mèche. Par suite de l'explosion
des cartouches une femme a eu sa robe brûlée en plusieurs
endroits, et le feu a pris au pan de l'habit d'un jeune
homme. Heureusement on n'a pas eu d'autres accidents
déplorer.
FRANCE. P iri§, 30 mai. Les journaux rouges
s'étaient montrés fort irrités de ce que la législative aurait
inauguré la session sans crier vive la république. Cet
oubli a été réparé hier par l'unanimité des représentants,
elle trouva de délicieuses paroles et de charmants sou
rires pour le féliciter du succès.
Alors Paul énivré tombait aux genoux de la jeune fille,
et lui jurait que ses plus belles inspirations étaient pui
sées dans ses regards. Pouvait-elle soupçonner ces doux
élans de la tendresse? Pouvait-elle croire qu'elle serait
jamais victime d'une trahison?
Cependant vint un jour oû Paul trompa Marie.
A son retour d'Allemagneil avait fait dans les salons
de Bade la connaissance du vicomte de Rochebrune et de
la baronue Héloïse de Chàteauucuf, sa sœur. Ces deux
personnagesqui portaient un nom sonore et menaient
un train splendideaccablèrent Paul d'attentions et de
prévenances.
Le vicomte voulut qu'il acceptât une place dans sa chaise
pour revenir Paris, et la baronne l'attira chez elle, sous
prétexte de prendre des leçons de piano.
C'était une femme jeune encore, mais qui possédait
au suprême degré l'art de la coquetterie. Elle était veuve,
position laquelle certains hommes trouvent des attraits
irrésistibles. On l'eût prise pour une Espagnole, sa che
velure noire et brillante comme l'aile du corbeau. Son
visage avait la pureté de lignes et le noble profil d'une
Romaine. Elle était Anglaise parla flexibilitéde la taille,le
vaporeux de la tournure, et Parisienne pour le caractère.