mais les deux grandes fractions qui divisent la chambre, ont profilé de celte occasion pour commencer leurs atta ques réciproques et l'on peut augurerla passion dont les montagnards ont déjà fait preuve, que les débats gar- lcmcnlaires seront fort orageux. C'est en vain que la majorité a prouvé dès les premiers pas qu'elle appartenait l'opinion modérée, les socialistes croientdéjà, parleurs violences, pouvoir exercer une pres sion sur l'assemblée. Qu'on lise l'article que public ee matin le citoyen Proudhon, dans le journal le Peuple. Il établit que son parti compte 12 millions d'adhérens eu France, c'est-à-dire le tiers de la France. Nous occupons, dit le citoyen Proudhon, 50 places u fortes. Nous sommes plus spécialement répandus dans 20 départements; dans les provinces les plus arriérées nous formons une minorité imposante que les repré- sentants de la Montagne, si le pouvoir repousse nos vceux légitimesosent prononcer le mot de résistance légale et dans 50 villes et bourgs, le personnel du gou- vcVnemcnt sera bientôt renouvelé, et 24 millions de paysans socialistes ou non socialistes cesseront de payer l'impôt, et 80,000 jeunes soldats refuseront le service. Il serait heureux pour le pays que la question sociale reçut une pareille solution; le plus sur moyen d'en finir avec cet abominable système d'impôt serai; de le briser d'un seul coup. Nous savonsnous autres socia- u listes, le moyen de pourvoir au budget... Que le peuple y réfléchisse donc et que les représentants y prennent garde. La révolution est en leurs mains, le sort de l'hu- inanité peut être décidé en un instant..., s'ils osent! De l'audace donc; encore de l'audace et toujours de l'audace Au moins avec M. Proudhon, on sait immédiatement quoi s'en tenir, il fait connaître tout crûment les arrière- projets de son parti et l'on doit être avisé que les socia listes tendent, comme but de leurs premiers efforts, faire refuser l'impôt et le service militaire, afin d'avoir ensuite un prétexte pour dépouiller ceux qu'ils appellent les riches. Le président du conseil doit, dit-on, lire l'assemblée, des dépêches très-importantes de Rome et de Gaëte, par MM. Mercier et de la Tour d'Auvergne. Il parait que ces dépêches jettent un grand jour sur les affaires d'Italie qu'elles simplifient d'une manière complète. Les négociations ministérielles ne sont pas beaucoup plus avancées qu'hier. Le président de la république per siste demander que le nouveau ministère accepte la per sonne de M. de Falloux, l'instruction publique, et celle de M. le général Changarnier, en qualité de commandant ■en chef de la 1" division militaire. Il paraitque toute la phalange légitimiste de l'assemblée se groupe autour de M. de Falloux et que le président espère, par sa présence dans le cabinet, d'assurer le con cours de cette fraction de la chambre. M. Dufaure a refusé péremptoirement de subir ces deux conditions. MOd. Rarrot ne veut pas rester au ministère moins d'avoir M. Dufaure pour collègue. M. le niaréehal llugeaud n'a pas pu parvenir jusqu'à présent réunir autour de luipour former un nouveau ministère, des hommes dont le nom ait assez d'autorité pour obtenir la majorité de l'assemblée. On nous assure que la combinaison ministérielle sui vante a clé arrêtée ce matin: M. Odilon Barrot, justice; M. Dufaure, intérieur; M. dcltcmusat, affaires étrangères; M. de Falloux, instruc tion publique; M. le maréchal Bugeaud, guerre; M. de Tracy, marine; M. Passy, finances; M. Lacrosse, travaux publics; M. Buffet, commerce. Dans une réunion qui a eu lieu hier soir au palais d'Orsay, 2 pu 500 représentants, présidés par M. Molé ont décidé que le parti modéré, auquel ils appartiennent, était invité porter ses voix pour M. Dupin ainé, comme candidat la présidence de l'Assemblée. MM. Denis Be noît, Desèze, Baroche, Jules de Lasteyrie et Daru seront présentés comme candidats la vice-présidence. Ce soir Cette beauté cosmopolite fit essuyer Paul le feu roulant de ses oeillades et ne tarda pas l'attirer ses pieds. Un jourcédant au délire de la passion l'artiste s'ou blia jusqu'à faire la baronne une déclaration brûlante... Mais tout coup la jolie veuve s'entoura des retranche ments de la plus farouche vertu. Elle joua la grande dame outragée et pria Paul de mettre un terme ses visites et ses leçons. Fort heureusement le vicomte apaisa ce bouillant courroux de sa sœur. Iléloïse de Chàteauneuf consentit pardonner l'audacieux artisteet quelques mots adroits de M. de Rochebrunc firent comprendre celui-ci que la baronne ne donnerait son cœur qu'avec sa main. Plus amoureux que jamais, Paul saisit avidement l'es poir qui brillait ses yeux. Sans doute, il n'avait pas de titres offrir la sœub du vicomte; mais l'illustration du talent vaut bien celle de la noblesse... D'ailleurs il marche grands pas sur le chemin de la fortune. L'ingrat oubliait Marie, la jeune fille, qui lui avait pro digué tant de preuves de dévoùmcnt, Marie qu'il adorait autrefois connue l'ange du premier amour! Il maudissait intérieurement la folie qu'il avait commise en la présen tant pour sa femme dans les réunions qu'il fréquentait. on doit s'occuper des candidatures aux fonctions de se crétaires et questeurs. On lit dans la Sentinelle de la Marine et de l Algérie: L'Akbar donne les résultats suivants des votes, connus le 22, pour l'Afrique française; Emile de Girardin 1,550 voix, Henri d'Orléans 1,452; De Ilanee 1,519 Emile Barrault t ,503 Henri Didier 1,242 Bodichon 928 De Prébois 186; F'. Barrot 104. Le bureau de la deuxième section a décidé que les bul letins portant le nom d'IIcnri d Orléans étaient inconsti tutionnels. Le premier bureaucomposant le bureau central a annuité cette décision. On lit dans le Toulonnais Le bâtiment vapeur le Narval, arrivé sur notre rade, venant de Civita-Vecehia avec des dépêches pressées pour le gouvernement, a apporté des nouvelles qui ne manquent pas de gravité. Les propositions faites au gouvernement romain par M. de Lesseps, au nom du gouvernement de la république française, ont été rejetées. Cependant, tout fait présumer que l'armistice, qui expire le 23, a été re nouvelé, car notre envoyé demande de nouvelles instruc tions. Il n'était, du reste, nullement question de reprendre les hostilités. On assure Civita-Vecchia que le général Oudinot a invité le général d'Aspre, qui marchait sur Rome la tête d'un corps de 14 15,000 autrichiens, de ne pas avancer. Les Napolitains n'avaient fait aucun mou vement. Le gros de l'armée française est campé près de Rome. On assure que le colonel du 22' léger est mort d'une attaque d'apoplexie. PAYS-BAS. I l IIvvk, 29 mai. Voici ce que l'on dit au sujet delà crise ministérielle: La démission de M. Baud a été suivie de celle de M. Donker Curtius, pré sident du conseil on ajoute que d'autres démissions sui vront. On désigne M. Wichers comme successeur de M. Baud. Ce soir, il y aura conseil des ministres dans lequel une décision sera prise, mais on pense généralement que le ministère tout entier se retirera en présence de l'oppo sition qu'il rencontre dans le sein de la seconde chambre des Etats-généraux. La position est grave. C'est le premier acte significatif que le nouveau roi est appelé poser. Opérera-t-il un retour vers le parti rétrograde, nominera-t-il un minis tère Opten Hoof ou même Van Hall, ou fera-t-il un pas en avant vers l'extrême gauche, vers un ministère Thor- becke, dont l'avènement est certain dans un avenir plus ou moins éloigné. On se préoccupe beaucoup de la situa- lion et l'on attend avec anxiété que le roi prenne une détermination. Un autre événement moins grave vient compliquer en core la position. On a le pressentiment qu'il s'agit de concentrer de nouveau un corps d'armée sur nos frontières, parce que le ministre de la guerre vient d'ordonner aujourd'hui même, que les miliciens de 1847, qui sont encore en ser vice, n'obtiendront pas leur congé, et que ceux auxquels le congé aura été délivré auront regagner immédiate ment leurs corps. Il se trouve ici des personnes qui affirment que le duc d'Aumale a passé incognito quelques jours dans notre ville. Je ne voudrais pas prendre sur moi de garantir l'exactitude de cette nouvelle. Si le duc d'Aumale est venu dans notre ville, je ne comprends pas le motif pour lequel il aurait gardé un incognito aussi sévère. On lit dans le Hamlelsblud: Des lettres de commerce, reçucs'de S1 Pélcrsbourg annoncent que 20,000 hommes de troupes russes sont arrivées Rével, pour aller au secours des danois. ANGLETERRE. Loxdkrs, 28 mai. Une émeute des plus graves a eu lieu, le 10 de ce mois, New-York A la suite d'une querelle entre Macrcady, le grand tragédien anglais, et M. Forrest, aeteur américain, une partie de la population de New-York a pris fait et cause pour ce dernier et s'est ameutée devant la salle de spectacle où Macready devait jouer ce jour-là. Les émeutiers menaçaient de mettre le feu au théâtre. Il a fallu, pour les disperser, faire avancer un détache- Doit-il aujourd'hui s'accuser de mensonge? Ne blesscra- t-il pas les lois rigoureuses des convenances en rétractant ses premières déclarations? Si la haute société, dans la quelle il était reçu revenait un jour de son erreur, elle ne lui pardonnerait jamais sa fraude, et le chasserait hon teusement. D'abord il essaya de séquestrer Marie et de la faire ou blier: mais on avait pris en affection la gracieuse enfant; il fallut la produire de nouveau. Le matin même, Hyacinthe lui annonçait que la com tesse, sa mère, comptait sur Mme Derville, comme sur le plus bel ornement de sa fête. Paul tremblait de rencontrer Héloïse dans les salons de Mm5 de Verneuil. La veuve n'y était pasmais son frère s'y trouvait. Nos lecteurs se rappellent que le vicomte vient d'entraîner Paul l'écart. Je suis désolé, mon cher, dit M. de Rochebrune avec une ironie mordante, que vous n'ayez pas encore présenté votre femme la baronne... Elle n'aurait pu qu'être infiniment flattée de voir ce joyau précieux Peste! pourquoi donc avez-vous eu le singulier caprice de le dérober jusqu'alors nos regards?—Mais, dit Paul en balbutiantje vous jure, vicomte.Assez, monsieur Ne cherchez pas justifier votre indigne conduite. Vous savez que Mme de Chàteauneuf eût refusé d'accueillir ment de milice qui a été obligé de faire usage de ses armes. Plusieurs décharges de mousqueterie ont été fai tes et vingt personnes ont été tuées dans la foule. Ma cready, pour échapper la fureur du peuple, a dû s'enfuir Boston. A la suite de ces désordres, une enquête a eu lieu et il a été déclaré par le jury que les militaires n'avaient fait que leur devoir. ITALIE. Roue, 20 mai. Jeudi des troupes avaient été envoyées contre les Napolitains. Aujourd'hui dimanche, nous ne savons encore rien, bien que les évé nements se passent une petite distance. Dans la nuit de jeudi vendredil'armée a envoyé demander des renforts et des voitures. Nous avons reçu des blessés, mais pas en assez grand nombre pour employer les voitures mises en réquisition. I! est certain que les Napolitains se sont concentrés Velletri, point très-favorable pour sou tenir une attaque. On dit que nos troupes, divisées en deux colonnesl'une passant par Sezze et l'autre par Rcltuno ont cerné les Napolitains et leur ont coupé la retraite en encombrant la route des marais pontins d'ar bres et d'obstacles. D'autres disent au contraire que les nôtres se seraient laissé*T9ceulcr au mont Pincio et qu'ils ne pouvaient par venir s'ouvrir un chemin; il est certain qu'il doit y avoir eu quelque action. Vendredi matin on apercevait avec de bonnes lunettes d'approche de la fumée du côté d'Albano, mais on ne sait si c'est le résultat d'un incendie ou d'un combat. La Gazette nous apprend qu'Alhano a été évacuée par les Napolitains. (Avenire.) Le roi de Naples a regagné avec ses troupes la frontière de ses états la suite du dernier combat qu'il a eu soutenir Velletri contre le corpsde Garibaldi. On disait Marseille, que ce prince avait pris cette détermination, lassé qu'il était de rester inactif la prière du général Oudinot mais il est permis de supposer qu'il doit y avoir été conduit, par l'issue peu favorable pour ses troupes, du combat de Velletri, car il est difficile d'admettre que ce soit précisément la suite d'une victoire qu'il s'est décidé la retraite. D'après une lettre de Turin, la ville de Bologne aurait été occupée par les Autrichiens le 15, après une lutte sanglante. Reddition de Païenne. Par le paquebot de l'état de Scamandrearrivé de Malte, Marseille, nous recevons des nouvelles de Naples du 14: Nous apprenons par cette voie que Palerme s'est rendue sans conditions et pacifiquement au roi de Naples. L'armée napolitaine a pris possession de cette place le 14 de ce mois. Une amnistie générale, pour tous les délits politiques, a été accordée par le roi de Naples. Voici un résumé des détails que publie sur cet événement le Journal Constitu tionnel des Deux-Siciles, organe officiel du gouvernement napolitain La dépulation des habitants de Palerme qui avait offert la soumission de cette ville, avait sollicité une amnistie pour tous ceux qui avaient pris part l'insur rection de la Sicile. Le lieutenant-colonel Nunziante avait été chargé d'aller trouver le roi de Naples Velletri, et de lui demander cette amnistie. Pendant son voyage, le parti exalté Palerme, secondé par les insurgés du de hors, que l'armée napolitaine, avait chassés de leurs positions s'est soulevé de nouveau. Malgré la garde na tionale qui désavouait cette levée de boucliers, il s'est emparé de la ville, et le lieutenant-colonel Nunziante, son retour, a trouvé Païenne en proie la plus affreuse anarchie. Les deux partis s'étaient livré bataille, et celui de l'insurrection avait dû faire usage de l'artillerie pour do miner le reste de la population. Le colonel se hâta de se rendre au quartier-général espérant que le général en chef, en proclamant l'amnistie, calmerait les esprits et donnerait de la force aux hommes d'ordre. Mais avant qu'il ait pu arriver près du général Filangieriles in surgés de Palerme ont attaqué les avant-postes de l'armée l'homme qui ne pouvait devenir son époux... et cependant vous avez continué vos poursuites! Je ne veux pas tran- cherici dudon Quichotte.... Mais la baronneestma sœur: c'est vous dire que l'injure que vous lui avez faite m'est personnelle... Vous devez me comprendre! Paul jeta des yeux égarés autourde lui; son visage était couvert d'une pâleur effrayante. 11 se rapprocha de l'o reille du vicomte, et murmura ces mots, que l'autre en tendit peine: Je ne suis pas marié! - Voulez-vous m'échapper par un subterfuge, monsieur?—Ah! dit l'ar tiste en se redressant, je vous prie de croire, vicomte, que je ne suis pas un lâche Le plus ardent de mes vœux est d'épouser la baronne. Trouvez un moyen de me sortir de la situation difficile ou je me trouve, sans me perdre aux yeux du monde.... et je l'emploie sur le champ! Rochebrune se frappa le front, réfléchit quelques se condes et dit Paul: C'est bien! vous allez, ce soir, annoncer votre prochain départ pour l'Italie.. Faites en tendre surtout que vous emmenez votre femme. Un mois après, toutes les personnes chez lesquelles le pianiste avait conduit Marie, recevaient une lettre, sous cachet de deuil, datée de Florence. Cette lettre annon çait la perte douloureuse que venait de faire M. Paul Derville dans la personne de Marie Aubert, femme Der ville son épouse. {La suite au prochain n°.)

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Le Progrès (1841-1914) | 1849 | | pagina 2