JOlltVAL D'YPRES ET DE L'ARROADISSEMEYT.
Vires acqujrit eundo.
.V 844. 9' Année.
Jeudi. 7 Juin 1840.
DEIX ELEVES DU CONSERVATOIRE.
ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 3 francs 50 c. Provinces, 4 francs.
INSERTIONS: Annonces, la ligne 15 centimes.Réclaxes, la ligne 30 centimes.
Le Progrès parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
lATÉlUElR.
YPRES», le 6 Juin.
Par arrêlé royal du 4 Juin, le collège élec
toral de l'arrondissemeut d'Ypres est convoqué
pour lé mardi, 19 de ce mois, neuf heures du
malin, l'effet d'élire un sénateur.
A l'occasion de la grue du bassin de celle ville,
les soi-disant commerçants, industriels, etc..
ont plaidé la nécessité de son remplacement I
pour donner une couleur commerciale et in
dustrielle leur carré de papier. Ils se sont
donc élevés avec force contre celte vieille car
casse espagnole qui offusquait la vue d'une
ruine et il semblait voir l'ardeur et la
passion qu'on mettait battre en brèche cette
pauvre grue qui n'en pouvait maisque le
commerce et la ville allaient être voués une
décadence complète, si l'on ne remplaçait au
plus vite cette machine.
Le Progrès a répondu que c'était une amé
lioration exécuter, mais que pour cette année
cela était impossible, attendu que les ressour
ces financières de la ville ne permettaient pas
cette dépense. Le Conseil dans sa dernière
séance, a autorisé le collège des bourgmestre
et écbevins, prendre des dispositions néces
saires pour remplacer la grue actuelle par une
nouvelle en fer de fonte d'un grand modèle.
Il est tellement positif qu'une pareille dépense
ne pourra se faire l'aide des ressources ordi
naires prévues pour 1849, que le Conseil, si l'on
donue suite immédiatement au vote qu'il a émis,
sera appelé ouvrir un crédit extraordinaire
régulariser sur l'exercice prochain Or c'est là
une façon d'administrer qui n'est admissible
que dans les occasions urgentes, et pour des
gens qui prêchent l économie, il semble drôle
qu ils engagent l'administration sortir des li
mites de son budget inoins de circonstances
extraordinaires. Nous croyons donc n'avoir dit
que la vérité, quand nous avons avancé que le
budget de la ville ne prévoyait pas cette dé
pense et que les fonds pour la solder n'étaient
pas alloués.
Il parait que le tarif de la grue sera aussi l'objet
des critiques des soi-disant commerçants et in-
Suite.
III.
Hyacinthe se trouvait dans l'appartement de sa mère
lorsqu'un domestique vint présenter, sur un plateau d'ar
gent, la lettre de faire part.
Le jeune homme la prit pour en faire la lecture la
comtesse-; mais peine eut-il jeté les yeux sur la pre
mière ligne, qu'il porta la main sur son cœur, fit entendre
un gémissement sourd et perdit connaissance.
Madame de Verneuil s'empressa de sonner ses gens et
parvint, avec leur secours, rendre son fils l'usage de
ses facultés. Hyacinthe ouvrit les yeux et le premier re
gard qu il jeta sur sa mère était si rempli d'égarement
que la comtesse craignit pour la raison du malheureux
jeune homme. Dans son trouble, elle avait oublié la
lettre, qui gisait entr'ouverte sur le tapis. Elle la ramassa,
voyant que ses questions n obtenaient aucune réponse, et
la parcourut, en poussant son tour une exclamation
douloureuse.
Morte morte dit enfin le jeune homme qui joignait
les mains avec désespoir. Ouimorte répéta la com
tesse. Pauvre jeune femme si jeune, si belle, si remplie
de qualités adorables
Hyacinthe, entendant M"* de Verneuil faire l'éloge de
Marie, sentit son cœur un peu soulagé du poids énorme
duslrielsquinedemandent pasmieux qued'atnir
toute espèce de facilités gratis, quitte les porter
eu compte au consommateur comme s'ils les
avaient payées. Celte taxe qu'on qualifie d exor
bitante s'élève cinq centixes par cent kilogram
mes. Ainsi c'est un demi franc pour mille
kilogrammes et c'est beaucoup trop au gré
de certains charlatans. Nous devems ajouter
que le produit de la grue varie entre 150 et
200 fra ncs et que les trois quarts de celte som
me sont payés par des négociants qui ne sont
pas de la ville et qui ne se plaignent pas de
payer trop cher, le service que la grue leur
rend
Un incendie a éclaté Wytschaete, mais sans
produire grand dommage. La cause de cet acci
dent est inconnue.
Le service funèbre de M. le sénateur Edouard
Malou avait attiré un nombreux concours de
personnes. La famille du défunt était présente
celle cérémonie. Levêque de Bruges y assis
taitainsi que l'ex-miuislre des finances. Du
restele Journal des Baziles avait annoncé
l arrivée en ville de ces personnages remarqua
bles, au son de la grosse caisse et sans oublier
les coups d'encensoir.
Hier, sur une motion d'ordre de M. Delfosse, la dis
cussion sur le projet de loi relatif l'enseignement supé
rieur a été fixée au 18 juin. La Chambre a ensuite discuté
et adopté le budget du département des finances et a ou
vert la discussion sur un projet de loi relatif aux droits
de douanes sur les bandages de roue et les axes de loco
motive. La Chambre a entendu ensuite un rapport de M.
Toussaint, au nom de la commission des pétitions.
La section centrale, chargée de l'examen de la loi sur
l'enseignement supérieur, s'est encore réunie hier et a
consacré plusieurs heures de séance l'examen des dis
positions de la loi qui se rapportent l'organisation du
jury.
Dans cette séance, M. Delfosse a été nommé rapporteur
de la section centrale.
Liste des personnes qui résident dans l'arrondissement
d'Ypres, appelées faire partie du jury de la 2° série
de la seconde session.
1Forrest, fabricant, Wervicq.
2. Boedt, notaire, Ypres.
3. Vanden Broucke, Pierre, Langemarck.
qui l'oppressait. Il prit la main de sa mère, la pressa con
vulsivement contre ses lèvres et fondit en larmes.
Tu l'aimais! s'écria la comtesse, en jetant ses bras
au cou de son fils. Oh dis, mon enfanttu l'aimais!
Oui, murmura le jeune homme au milieu des sanglots
qui lui déchiraient la poitrine. Mon Dieu! mon Dieu ne
plus la revoir! Hyacinthe, mon ami.... du courage!
Peqser que la tombe s'est refermée sur elleque son
doux et beau visage est flétri par la mort!... Pitié pitié,
mon Dieu Rendez-la-moi, ne fût-ce que pour une heure...
que jepuisseau moins lui dire combien elle était aimée
Marie pauvre Marie!.... Ses yeux sont éteints, son cœur
a cessé de battre... Elle est morte
Devant une pareille douleur, toutes les consolations
devaient échouer.
La comtesse pleura longtemps avec son fils. Lorsqu'elle
le vit plus calme, elle ne chercha pas le distraire brus
quement de ses regrets. Elle lui parla de Mrae Dervillc;
elle évoqua la sainte et pure image de cet ange adoré.
La religion seul offre un asile contre le désespoir. Mme
de Verneuil rappela son fils aux divines croyances dont
elle avait entouré son berceau. Hyacinthe pariait de mou
rir.... Mais avons-nous le droit de nous débarrasser de
la vie, quand elle nous pèse? Veut-il renoncer l'espé
rance de revoir là-haut, celle qu'il aime?
Un jour, Hyacinthe dit la comtesse
Allons prier sur la tombe de Marie
4. Vande Lanoote, Pierre, négociant, Poperinghe.
5. De Schodt, Pierre, cultivateur, Bocsiughc.
On écrit de Liège, 1er juin
Hier, vers six heures du soir, la compagnie des pon
tonniers a construit, en peu de temps, un pont de
bateaux sur la Meuse, en face de la fonderie de canons.
Ce pont, établi avec une précision et un ensemble de
manœuvres qui fait honneur ce corps, a ensuite donné
passage 16 pièces de canon de 6 et de 12, avec leurs
attelages, qui l'ont franchi sans accident, et l'ont repassé
de même. Plusieurs officiers supérieurs assistaient ces
manœuvres qui doivent, ce qu'on assure, se renouveler
lors de la visite du roi la fonderie.
Parmi les essais d'artifices auxquels se livre chaque
jour notre école de pyrotechnie, on en remarque un qui
mérite d'être signalé: c'est une bombe-à parachute, des
tinée éclairer les camps ennemis en temps de guerre.
Celte invention ingénieuse, due l'un des artifipiers,
consiste en une bombe en bois dans laquelle se trouve
enfermé le parachute. La bombe lancée la distance et
la hauteur donnée, éclate, et un ressort déploie le para
chute et embrasse en même temps une boëte qui éclaire
avec une forte intensité; l'appareil reste ainsi suspendu
pendant quelque temps, et descend ensuite lentement.
On s'occupe Liège, avec une activité sans égale, de l'or
ganisation des fêtes qui doivent être offertes au Roi et
la famille royale. Il vient d'être décidé que tous les chefs
de missions étrangères même les intérimaires, seraient
invités, il pnruît qu'ils seront logés chez les principaux
habitants, qui se sont empressés de mettre leurs maisons
la disposition de l'autorité communale. La plupart des
membres du cabinet assisteront également ces fêtes.
Jamais Liège, même au temps de ses princes-évéques,
n'aura vu autant de ministres et diplomates réunis dans
ses murs.
On lit dans la Chronique de Courtrai
Paret, l'atroce et cynique assassin de sa femme a été
conduit ce matin en vigilante devant M. le juge d'instruc
tion. C'est avec un cynisme et un sangfroid extraordinaire
qu'il avoue son crime. Il ne témoigne seulement pas le
moindre regret. Après la perpétration de ce crime inoui,
qui nous rappelle celui du duc de Praslin Paris, Paret
dit au bourgmestre de la commune, en tenant une chan
delle d'une main et en indiquant de l'autre main le cadavre
de son épouse Le voilà il n'y a plus rien y faire. Je
ne pouvais vivre plus longtemps avec elle. Je vais main
tenant fumer une pipe et manger quelques tartines. Ce
qu'il fit en effet.
COUR D'ASSISES DE LA FLANDRE OCCIDENTALE.
Présidence de M. Saney.
Audiences du 31 mai, Ir et 2 juin.
Le nommé Vital, barbier, fils de Pierre, âgé de 40 ans,
charpentier et boutiquier, né et domicilié Roulers, con-
Et la bonne mère fit l'instant même les préparatifs du
départ.
La santé du jeune homme était altérée. La mort de
M°" Derville l'avait frappé comme un coup de feudre, et
les médecins ne connaissaient pas de remèdes ces souf
frances de lame, qui minent les organisations les plus
fortes et finissent par les détruire. La comtesse de Ver
neuil espéra que les voyages et le doux climat de l'Italie
rétabliraient son fils.
Ils coururent la poste grandes guides et bientôt ils
se trouvèrent dans cette ville d'où se trouvait datée la
lettre de faire part.
Le premier soin du jeune homme fut de visiter les
hôtels. H s'informa de Paul Derville, pianiste distingué
parla d'une jeune Française morte récemment sur les
lieuxChacun ignorait ce qu'il voulait dire. On se
rappelait, la vérité, Paul Derville, lequel avait donné
plusieurs concerts très-courus, mais personne ne connais
sait sa femme du nom de Marie. Les registres de l'état-
civil prouvaient que, depuis trois ans, aucune Française
n'était morte Florence. Hyacinthe apprit en outre que
le pianiste ne paraissait pas éprouver le moins du monde
le chagrin d un homme qui vient de perdre une épouse
chérie. Compagnon de voyage du vicomte de Rochebrune,
il menait joyeuse existence en courtisant assidûment la
sœur de ce dernier.
Tous ces détails firent au jeune homme un mal affreux.