V 846. 9' innée. Jou«li, 14 Juin 18 19.
Société «le U nion libérale
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«lu Congrès.
Le neveu d'un Connétable.
m. DE LANGUE,
ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 3 francs 50 c. Piioyincf.s, 4 francs.
INSERTIONS: Annonces, la ligne 15 centimes.Réclames, la ligne 30 centimes.
Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies»
DF. L,ARRO?tniSSEMF.?iT D YPRF.S.
I)r l 'tssnninuv ijuekile, poir i'éleCTIO*
»E 11 iriii, 10 JtllV 1849.
IHtl. les électeurs sont priés de formuler
niusi leur suffrage, afin d'éviter les éijui-
voques.
MU. les membres de l'Association sont
informés qu'une assemblée générale est
convoquée pour Samedi, 1G .luin 1849, 8
heures du soir, l'estaminet de I'Iigee n'oit.
roui LE COMITÉ:
Par ordonnance le vice-président,
le secrétaire, KEIVGIAF.BT »E GHEIXVELT.
E. MEUGHia.vvrK.
li^TKKMEi4ÏT"
YPRES, le 13 Jluin.
Le sénateur qui nous avions confié le mandat
de représenter l'arrondissement d'Ypres, dans la
première Chambre législative du pays, a laissé, par
son décès, un vide qu'il sera difficile de combler.
Aujourd'hui, nul ne peut le nier, la société est en
travail et ce travail donnera jour des améliorations
ou k des bouleversements qui abîmeront la société
elle-même.
Le torrent des idées perverses et destructrices
roule dans le vieux monde, par toute l'Europe,
notre Belgique seule n'est pas atteinte par le fléau,
parce qu'elle a su jusqu'ici opposer pour digues le
progrès et la liberté en tout et pour tous. L'avéne-
ment du ministère libéral, en temps utile, a sauvé
incontestablement le pays. De l'aveu même de l'un
des anciens ministres, la Belgique aurait cessé d'être,
malgré les efforts du parti libéral belge, le véritable
parti conservateur après tout, parce qu'il date de
l'époque, elle aurait cessé d'être si le 24 février
avait trouvé, côté de notre roi constitutionnel, la
mître et la crosse.
On aura beau dire et beau faire, la société ne
rétrograde jamais, elle suit le mouvement des idées,
elle marche, elle progresse opposer des digues, c'est
créer un obstacle momentané, qui, facilement
rompu, donne ces idées un cours toujours plus
actif et souvent désordonné.
1.
LE SOUPER.
Il y a 44Q anspareil jour et pareille heure, qu'à
Paris, rue de la Ferronnerie, dans un brillant hôtel
crénelé, pignons historiés, façade couverte de figu
rines saillantes, se trouvaient réunis vingt deux jeunes
seigneurs de la plus haute noblesse.
C'était toute la fleur de la chevalerie.
Le plus âgé, qui pouvait avoir trente ans, était Mon
seigneur Archambaud fils de Guy-Durennelcomte du
Donjon.
Archambaud qui, depuis la mort de sou père, avait
hérité de ses titres et dignités, était un de. ces élégants
de la cour qui avaient le privilège de modifier les modes
la mesure de leurs propres fantaisies.
Ce soir là, il était vêtu avec plus de luxe encore que
d'habitude.
Il portait un chapeau bleuorné de diamants dont
l'écharpe descendait jusqu'à sa ceinture. A travers l'ou
verture de son mantel, on apercevait un justeaucorps de
velours bleu, qu'une cordelière d'orassujétissaità la taille.
Des pantalons collants d'étoffe verte et des souliers pail
letés la pointe plusieurs fois recourbée, complétaient ce
costume d'une richesse extrême.
L'intérêt général exige donc que l'on facilite ce
mouvement, qu'on le guide. Cet intérêt est le notre
a tous, puisqu'il est général.
Nous croyons devoir soumettre ces réflexions
non-seulement a nos lecteurs, mais tous ceux qui
ont assez d'intelligence pour comprendre combien
la réaction doit provoquer un mouvement d'action
violente vers d'autres aspirations, dans un moment
grave, nous dirons même,suprême pour la Belgique.
Depuis que le parti libéral avait pris la direction
des affaires du pays, le vieux parti catholique s'était
tenu l'ombre, il paraissait avoir compris que son
temps était passé, que le ministère actuel conser
vateur avant tout, pouvait seul sauvegarder la pro
priété nationale et l'indépendance belge elle-même;
pour la première lois depuis 114*7 un fait contraire
se produit et c'est notre arrondissement d'Ypres
qui le voit apparaître.
Le journal le Propagateur, organe avoué du parti
de la réaction, propose, aux suffrages des électeurs,
pour les prochaines élections au sénat, un homme
drapeau de ce gui fut et ne peut plus êtreun
homme qui, depuis trente ans, par ses actions, a
prouvé qu'il ne comprenait pas son siècle. Loin
de nous la pensée d'attaquer M. Malou-V&nden
Peereboomcomme homme privé,la lutte est placée
sur le terrain des questions de principes, non-seu
lement du principe politique, maisdu progrès social.
M. Matou-Panden— Peereboom est le passé, la
réaction; nous, nous voulous le progrès,l'avenir, et
c'est pour ce motif que nous combattrons M. Malou,
de toute l'énergie de notre conviction sincère et
loyale et que nous appelons nous, autour de notre
drapeau libéral, tous les hommes d'avenir.
Dans les circonstances où nous sommes pla
cés, la candidature de M. Malou est une véritable
imprudence, au point de vue de la société belge.
M. De Decker, lors de l'avènement du dernier
ministère catholique, a dit que cette procréation
politique était un anachronisme ou un défi. Nous
disons que la candidature de M. Malou est aujour
d'hui et l'un et l'autre. Anachronisme, pareeque M.
Malou n'a jamais compris son époque, qu'il date,
par ses convictions, du temps de la patrioterie de
Joseph II défi parce qu'il veut se poser comme
un fantôme devant un ministère qui a sauvé la
nationalité belge.
Les élections du 19 Juin auront une importance
très-grande elles démontreront si le parti du passé
veut renaître, si le clergé veut quitter encore l'arène
sacré pour l'arène politique, si, en Belgique,on veut
s'exposer tous les périls d'un bouleversement
atiarchique, que la réaction doit infailliblement
Pour toute arme, une fine épée d'acier brunie pendait
son côté concurremment avec son escarcelle, brodée de
perles diversement nuancées.
Afin d'achever le portrait de ce personnage, nous ajou
terons qu'il était, ainsi que le rapportent les chroniques
du temps, d'une taille haute et bien prise. L'expression
de sa physionomie respirait un air de franchise insouci
ante; de longs cheveux chatain-clair, descendant carré
ment sur ses épaules, encadraient sa figure joyeuse que
pas un pli ne venait rider. Enfin, des yeux bleus veloutés,
de petites moustaches tordues, des mains patriciennes
achevaient de perfectionner ce modèle qu'un peintre du
quinzième siècle eût été heureux de bien traduire sur
toile avec sa poésie vivante, son charme, son abandon.
Si le comte Archambaud du Donjon avait ainsi appelé
son aide, tout le prestige de son goût, c'est qu'il rece
vait ce soir là et donnait chez lui souper.
En l'honneur de la réconciliation du duc d'Orléans
frère du roi Charles VIet du duc de Bourgognecomte
de Flandre et d'Artois, surnommé Jean-sansPeur, il avait
réuni tout ce qui portait le mieux la soie et le velours
et il se trouvait, lui vingt deuxième, pour faire honneur
ses invités.
Il avait fait orner la hâte les salles déjà somptueuses
de son hôtel.
Pour que le lecteur se fasse une idée des décors inté-
amener, enfin si 011 veut combattre l'avenir par
anachronisme, opposer au siècle un défi.
CANDIDAT LIBÉRAL.
Si nous ne savions de quoi sont capables
nos adversaires politiques, nous pourrions nous
étonner qu'ils aient songé opposer un can
didat M. De Langue, qui de 11127 1831,
jouissait de la confiance des catholiques qui
ont puissamment aidé faire la révolution. IL
est vrai qu'à l'époque du congrès Y union fut
brisée par le fait des catholiques qui avaient
laissé tirer les marrons du feu par les libéraux,
mais avec la prétenlion de les croquer seuls.
M. De Langue est un homme qui, depuis 1810,
croyons-nous, a été investi de fonctions publi
ques. Licencié en droit de l'université de l'a ris
il devînt auditeur du conseil «l'état et peu de
temps après sous-préfet auditeur, Bruges.
Ap t'ès la décadence de l'empire français, il
rentra dans la vie privée, mais vers 1820 il fut
nommé membre des états-généraux et soutint
pendant dix ans la lutte avec l'opposition de
celte époque. M. De Langue fil toujours preuve
(1 une remarquable fermeté dans ses convictions
et d une rare indépendance de caractère. Il
était dans les rangs de l'opposition un des
membres qui ont soutenu le plus énergique-
menl les droits delà nation belge. M. De Langue
a toujours professé des opinions sagement libé
rales, et en 1831 il appartenait celte fraction
du congrès qui a puissamment contribué
inscrire dans notre Constitution ces disposi
tions libérales qui ont peut-être sauvé la Bel
gique de la tourmente dont souffre l'Europe.
.Mais cela ne lui fut pas pardonné. Aussi l'hom
me qui, pour I élection du congrès, avait obtenu
presque l'unanimité des voix, n'en obtint qu'un
nombre minime l'élection pour la Chambre
des représentants en 1831. Le clergé qui,
celte époque, faisait les élections comme il
voulait, avait donné le mot d'ordre et il fut
fidèlement exécuté.
Rentré dans la vie privée jusqu'en 1836, il
fut alors élu membre du conseil communal
la réorganisation des communes, et là il vota
seul pendant quelque temps, contre le subside
rieurs, nous allons brièvement dépeindre la pièce où se
trouvait en ce moment la réunion.
Elle était tendue d'un drap d'azur avec un semis d'é
toiles, de distance en distance, se trouvaient disposées
sur cette draperie, une hauteur d'environ cinq pieds
des étagères d'argent massif, sur lesquelles reposaient une
quantité d'objets précieux de toute formede toute di
mension, de toute couleur. Des portières en brocard
masquaient les boiseries. Entre les deux croisées vitraux
coloriés on voyait, sur une console, un vase, haut de trois
pieds, dû au travail d'un habile artiste Florentin.
Pour faire pendant ce vase, vis-à-vis, dans un des
angles de la cheminée, avait été placé un dressoir sur
chargé de vaisselle de grand prix.
Le milieu de cet appartement, était occupé par une
table recouverte d'étoffe de samisparsemée de fleurs de
lys d'or. Cette table paraissait plier sous la profusion des
mets recherchés qu'elle supportait. Un hanap d'argent
ciselé, débordant de vin épicé, était placé devant chaque
convive.
Des valets, portant écusson, circulaient pour présenter
des aiguières ceux qui voulaient se tremper les doigts.
Tel était peu près l'aspeet de cette pièce, de laquelle
s'échappaient, par les croisées entrouvertesdes rires
assourdissants.
Depuis un moment qu'on s'était nfis table, le bruit