pavé par la ville un collège ecclésiastique
dans le but de faire crouler rétablissement
laïc dïnslruclion moyenne dirigé par l'autorité
commuuale. En 11137. proposé par le parti
libéral pour la mission de représentant, il fut
élu après un scrutin de ballottage avec M. Jules
Malou. Il resta la Chambre jusqu en 1311.
époque laquelle une santé chancelante le força
d'engager les électeurs de reporter leurs suffra
ges sur un autre candidat.
Par la mort inopinée de M. Edouard Malou,
M. De Langue a cru pouvoir encore être utile
la ville, et l'arrondissement d'Ypres, et il s'est
décidé faire connaître, par la voie d'un journal,
qu'il accepterait le mandat de sénateur s'il était
élu. Souvent on se plaint de ne pas trouver
les hommes, quand une place est vacante,
pour lui, il a cru qu'il était de son devoir de
ne pas laisse!- ignorer qu'il était disposé ac
cepter celle mission. C est aux électeurs libé
raux voir maintenant si M. De Langhe est un
candidat qui, par ses antécédents et sa vie po
litique, mérite la confiance et les sympathies
du libéralisme. L'Association libérale a pro
noncé, elle a admis définitivement ce candidat.
A tous les libéraux maintenant de faire tous
leurs efforts pour faire triompher le principe,
car qu'on ne s'y trompe pas, c'est l'opinion
libérale qu'on veut vaincre en la personne de
M. De Langhe, comme l'opinion catholique
veut triompher en la personne de M. Malou.
Les individus doivent disparaître dans des lut
tes aussi sérieuses, les sympathies personnelles,
les affections, la reconnaissance même doivent
fléchir devant le succès de son parti. Les can
didats dans une telle occurrence sont des hom
mes-principes. Il ne s'agit plus de M. Malou ni
de M. De Langhe; il s'agit pour l'opinion libé
rale de triompher. Restons unis, serions nos
rangs et la victoire est nous!
Un journal de cette ville accuse M. De Langhe
d'avoir été un adversaire des chemins de fer, dans
un intérêt personnel.
Cette assertion est faite dans le but de jeter de
l'odieux sur ce candidat, car rien n'est moins vrai,
«t toutes les déclamations débitées par cette feuille
portent faux. Nous devons dire que M. De Langhe
n'a jamais été en position de devoir émettre un vote
public sur la question des chemins de fer et, dans
des conversations particulières, il a souvent exprimé
le regret (pie le chemin de fer d'Ypres h Courtrai
n'ait pas été construit. C'est donc lui prêter des
opinions qu'il n'a pas. Quant au canal dont il n'au
rait pas voulu, 011 avance encore une contre-vérité
flagrante, car M. De Langhe a fortement appuyé le
creusement du canal de l'Espierre qui devait faci
liter le transport des houilles dans nos contrées,
bien que pour d'autres motifs, cette construction
ne fût peut-être pas sans inconvénients. Dans tous
les cas, ces deux rectifications prouvent que M. De
Langhe, quoique grand propriétaire de bois, n'est
pas disposé sacrifier les intérêts généraux ses
intérêts particuliers.
Quelques personnes colportent la candidature de
M. Boedt,avocat et conseiller communal, qui a dé-
egggl-.
allait croissant, mesure que les têtes s'échauffaient; ce
qui devait, vu l'heure avancée, faire étrangement mau
gréer les voisins.
Défait, pour quelqu'un qui n'était pas partie intégrante
du royal banquet, c'était chose fort peu récréative en
tendre que ces immodérés et longs éclats, que ces cris
bruyants et saccadés: ajoutant surtout ce désagrément
le tapage que faisait une meute de parleurs, assemblés
dans la rue, en face de l'hôtel.
Ces parleurs avaient entendu, en passant pour se rendre
dans les basses rues de la cité, les vibrantes joyeusetés
des vingt deux amis et comme propos de désordres
ils ne le cédaient h personne, ils s'étaient en conséquence
arrêtés pour faire chorus au dehors; chacun d'eux éle
vant sa voixàson plus haut diapason, hurlant, trépignant
pour faire rager le guet.
Par le Christ s'écria le comte Archarabaud en s'a-
dressant communément ses invités, si vous n'adoucissez
pas de moitié le timbre de votre parole, messeigneurs, je
crains fort que votre larynx ne se déchire.
Et depuis quand, répondirent la fois plusieurs
chevaliers qui commençaient trouver chaud ie vin de
Brétigny, depuis quand celui qui donne une fête, empê-
ehe-t-il qu'on oublie chez lui la raideur de l'étiquette?
Hugues de Clisson, neveu du connétable de France,
s'écria son tour, sur un ton dérisoire:
As-tu peur, Archanibaud, que Tanneguy-Duchalel,
eapitr.ine des archers de la prévôté en notre "bonne ville
sisié. C'est une faute grave, si ce n'est une tactique
pour faire, sous un masque de libéralisme, échouer
le parti libéral. Car qu'on ne s'y trompe pas, la lutte
sera ardente, les libéraux auront combattre d'un
côté le clergé qui fera voter tour de bras pour le
père de son évêque, et ensuite en ville, les brouil
lons omnicolores qui suscitent des difficultés, en
veniment des faits futiles. L'élection qui se prépare,
quelqu'en soit le résultat, aura une portée immense
qui pèsera eu bien ou en mal sur les destinées de la
ville et de l'arrondissement.
Depuis quelque temps les nombreuses courses de
certains brouillons pronostiquaient que nousaurions
du nouveau pour l'élection d'un sénateur, mais on
ne pouvait prévoir le plat de leur métier que réser
vait la queue du parti clérical. A tout prix il fallait
lutter. Les soi-disant commerçants, négociants, les
Bazilet ont déniché un candidat auquel personne
ne songeait, et qu'on supposait plus disposé finir
une carrière laborieuse dans les douceurs de la vie
privée, que de l'abréger par les agitations de la vie
publique. Enfin, M. Malou-Fanden Peereboom s'est
laissé mettre sur les rangs, engagé par des hommes
influents que nous serions curieux de connaître,
mais qui jusqu'ici, ne daignent le patroner que dans
les journaux, sans qu'on puisse savoir le nom des
parrains de celte candidature.
Oui, M. Malou- Fanden Peereboomle chef du
parti catholique, l'homme qui était la cheville ou
vrière de cette opinion en ville, celui contre lequel
nous avons lutté pendant treize ans, qui s'est pré
senté plusieurs fois pour être du conseil communal,
et qui a toujours échoué, l'individu chez lequel les
conciliabules du parti clérical se tenaient, ce per
sonnage se met sur les rangs! Ancien banquier,
ayant cessé les affaires et quitté la ville pour des
motifs qu'on a attribués généralement au dépit de
voir échouer la candidature de M. son fils, vers la
fin de sa vie, il sollicite les suffrages de ces mêmes
concitoyens qu'il a quittés en secouant la poussière
ie ses souliers, et en s'écriant ingrate patrie; comme
si la ville et l'arrondissement avaient eu se louer
et de lui et de ses hien-aimés fils. A-t-on oublié
que quand M.Jules Malou était ministre, la garnison!
de la ville a été diminuée et qu'on a eu l'impudence
d'imprimer que c'était parce que l'esprit de la ville
était trop libéral, qu'on lui infligeait cette punition?
Ne se ressouvient-on plus que si M. Jules Malou
avait voulu le chemin de 1er d'Ypres Courtrai
eût été construit en même temps que celui de
Courtrai Bruges? Quels sont les bienfaits, les
justes demandes que la famille Malou nous a fait
obtenir? Pour la ville, pour les concitoyens qui
n'appartiennent pas au parti catholique, les récla
mations les plus justes étaient oubliées; les promo
tions les plus méritées étaient réfusées. On semblait
se faire un malin plaisir de faire du tort aux habi
tants de la ville et de l'arrondissement et de léser
leurs intérêts. Cependant il y a des gens qui s'en
vont prônant les bienfaits que M. Malou et ses fils ont
fait pleuvoir sur la ville d'Ypres et sur son arron
dissement, maiscesonl des bienfaits payés. M. Malou
en qualité de banquier, faisait son métier en avan
çant de l'argent,etencore en refusait-il quelque fois
et l'on croit par motif politique. Les plus chauds
partisans de M. Malou sont quelques-uns de ses
anciens clients. Mais qu'on nous permette de le
dire, la reconnaissance qu'on peut devoir M
Malou pour des services de banque, ne doit engager
de Paris, vienne de par le roi, frapper sur tes épaules
pour te faire payer le bruit que nous faisons?
Comme ce nouveau personnage doit jouer un rôle im
portant dans le cours de cette histoirenous allons l'es
quisser en quelques mots.
Il n'y avait la cour, qu'une seule personne susceptible
de contrebalancer le faste du comte Archambaud c'était
Hugues de Clisson. Si l'un d'eux échouait dans une in
trigue, ou un tournoi, l'autre mettait son amour propre
réussir, afin de constater, ()ar là sa suprématie.
En un mot, ces deux hommes cotoyant la même route
de luxe et d'amour, ayant l'un et l'autre même ambition
dans l'avenir, se gênaient sans se l'avouer.
Hugues de Clisson avait accepté l'invitation équivoque
d'Archambaud, parce qu'il se proposait de la lui rendre
le lendemain, mais plus grandiose, plus princière, en
profitant avec adresse de remarques qu'il se ménageait
de faire et disons-le aussic'était quelque peu pour faire
parade de ses éperons de chevalier, qu'il avait, de la veille
seulement, le droit de porter.
Hugues de Clisson avait mis lui aussi, toujours par
esprit de lutte, son costume le plus brillant.
Pardessus son pourpoint de brocart d'or, était passée
une robe courte de velours violet, ouverte sur le devant
et dont les manches fendues et pendantes étaient encom
brées de broderies. Sa taille était serrée par une ceinture
en mailles d'acier, soutenant une épée au pommeau da
masquiné -qui devait son poli au mouvement qu'il avait
personne changer les opinions politiques, et le
parti libéral ne doit pas être tenu de solder le prix
des services que M. Malou a pu rendre quelques
individus.
N'eu déplaise aux feuilles qui prônent la candi
dature de M. Maloula ville et l'arrondissement,
loin d'avoir se louer de la famille Malou, peuvent
juste titre proclamer qu'ils n'ont eu subir que
des avanies de leur part. Dans toutes les occasions
où les intérêts de la ville et de l'an ondissement
étaient en jeu, ils ont été souvent sacrifiéset toujours
méprisés, et cependant c'est cet homme qu'on veut
envoyer au Sénat, comme on nourrit l'espoir de
voir le fils recevoir un nouveau mandat des élec
teurs d'Ypres. Quand il n'y avait aucun motif de
rancune, quand le parti clérical faisait élever son
enfant chéri, Electeurs, on négligeait vos intérêts,
on les laissait en souffrance. Maintenant que vous
avez refusé vos suffrages au lils, élever le père c'est
vous désapprouver vous-même, c'est méconnaître
vos intérêts, c'est la rancune et le désir de faire du
tort la ville et l'arrondissement quia fait surgir
celte candidature incroyable.
SOCIÉTÉ OE LTMOX LIBÉRALE
de l'arrondissement d'ypres.
Séance du Mardi12 Juin 1849, sous la présidence
de M. Keingiaert de Gheluvelt.
La séance est ouverte six heures un quart. L'assemblée
est nombreuse. M. le secrétaire est prié de donner lecture
du procès-verbal de la dernière séance dont la rédaction
est approuvée. M. le président fait connaître le motif de
la convocation, et rappelle que par la mort de M. Edouard
Malou le collège électoral de la ville et de l'arrondisse
ment d'Ypres est convoqué pour procéder au choix d'un
nouveau sénateur. La mort inopinée de M. Malou a été
vivement regrettée. Cet honorable sénateur a rendu pen
dant une assez longue carrière tous les services qu'il a
été en son pouvoir de rendre sa ville, natale et l'arron
dissement qui l'avait élu. C'est une grande perte pour ses
concitoyens qui estimaient ce caractère franc, affable et
dont la qualité la plus éinincnte était d'être servïable
pour tous ceux qui invoquaient son appui.
Le comité s'est assemblé plusieurs reprises pour s'oc
cuper du choix d'un candidat en remplacement de M.
Malou. Par une lettre adressée l'éditeur du journal le
Proçjrès, M. De Langhe, ancien membre du congrèsa
fait connaître aux électeurs d'Ypres que s'il-était élu, il
accepterait la mission de représenter l'arrondissement
d'Ypres au sénat. En présence de cette déclaration, le co
mité a cru pouvoir s'aboucher officieusement avec M. De
Langheafin de savoir s'il voulait être le eandidat de
l'Association, et s'il accepterait son patronage. M. De
Langhe a répondu qu'il agréait volontiers le patronage
de l'Association, et qu'il était décidé courir les chances
de la lutte, car le comité venait d'être informé qu'un can
didat clérical serait opposé au candidat de l'Association.
Dans une séance subséquente du comité, il s'est décidé
faire choix de M. De Langhe pour son candidat et le
présenter aux suffrages de' l'Association.
M. Comyn demande la parole et croit ne pouvoir ap
puyer ce candidat; il propose au choix de l'assemblée
M. Boedt, avocat et conseiller communal de la ville
d'Ypres. Il s'étend sur les qualités de cet honorable mem
bre de l'Association, et sur les services qu'il a rendus au
libéralisme. M. Boedt a toujours été élu par l'opinion libé
rale, et il habite noire ville. C'est pour ces motifs qu'il a
cru devoir faire la proposition d'inscrire M. Boedt sur la
liste des candidats provisoires, afin que l'Association
puisse le désigner comme candidat définitif.
Un membre du comité demande la parole pour expli
quer les motifs qui ont engagé le comité a présenter M.
De Langhe comme candidat. Cet ancien membre du con
grès a fourni une carrière honorable dans toutes les
contracté d'y porter la main. Une chaîne d'or pendait
son cou. Les plis de son chaperonde même étoffe et de
même couleur que sa robe, étaient assemblés par un seul
diamant d'un prix idéal.
Son pantalon collant, également violet, dessinait les
muscles délicatement prononcés de ses jambes et allait
mourir dans des bottes ornées d'éperons.
Quant lui, c'était un beau jeune homme de vingt
quatre vingt cinq ans, de même taille peu près que
le comte Archambaudseulement au lieu des cheveux
chatain-clair d'Archambaud, les siens étaient d'un noir
bleu ses yeux foncés surmontés de sourcils finement
arqués, son teint pâle et brun son front large et décou
vert, ses moustaches couleur d'ébenier, tout cela lui don
nait une beauté mâle dont Archambaud eût pu se
montrer jalouxsi lui-même ne lui eût pas été souvent
préféré.
Il y avait encore entre eux cette marque distinctive qus
Hugues de Clissoncomte de Tangres, seigneur de la
Tour, empruntait gros intérêts pour satisfaire ses pro
digalités; tandis que Archambaud, sans endommager son
capital, pouvait largement suffire ses dépenses; faute
d'autres avantages, Archambaud se prévalait bien de cette
supérioritémais Clisson ébloui lui-même par l'éclat de
ses propres libéralités, ne remarquait pas, ou feignait de
ne pas remarquer cette ligne séparative.
Ceci expliquérevenons la conversation au point où
nous l'avons interrompue. (La suite au prochain n*.)