AUX ÉLECTEURS.
84J. 94 Année.
Dimanche. 17 Juin 1840.
JOIRAIAL D'YPRES ET DE L'ARRO\DISSEME\T.
Vires acqrarit eundo.
Société <le l'Union libérale
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DAN®IBAT
INTÉRIEUR.
Lc neveu d'un Connétable.
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DE L'ARRONDISSEMENT D'ÏPRES.
De l'AssoutTiov libémle, poie l'éiectio*
de Mtnoi, 19 Jn\ 1H19.
91. Et F. I.AA'GIIE ancien membre
«lu Congrès.
I»1U. Ic» électeurs sont prié» «1e fornmter
Ainsi leur sulTrage, afin d'éviter les équi
voques.
IIU. le»' membre» de l'Association sont
informé» qu'une assemblée générale est
convoquée pour feamrdi et Lundi, 16 et lit
Juin 1S 19, H heure* du soir, l'estaminet
de I'Aigle u'ou.
FOÏÏK LE COMITÉ:
Par ordonnance le vice-président,
le secrétaire, KCCVCIAEltT DE (iRELITELT.
E. iliCHGHELTVeK.
APRES, le 16 Jtuln.
Électeurs, vous êtes appelés, mardi prochain,
vous réunir pour faire choix d'un sénateur
en remplacement de M. Ed. Malou, décédé. Deux
candidats sont sur les rangs. L'un, M. De Langhe
que vous avez élu plusieurs reprises autrefois,
et comme membredu Congrès et comme repré
sentant; l'autre, M. Malou, frère du sénateur
décédé, homme honorable d'ailleurs, mais sans
antécédents politiques. Pour faire partie d'une
assemblée comme celle du Sénat qui doit être
essentiellement au pouvoir modérateur, il est
utile que vous choisissiez des hommes qui ont
vieilli dans les carrières publiques. Ces hommes
possèdent une expérience des affaires qu'on ne
peut leur contester. A ce titre, M. De Langhe
mérite vos suffrages, car dès 1010, il a été mêlé
activement aux affaires du pays. Sous le point
de vue de l'opinion, M. De Langhe mérite en
core vos préférences, car jamais il n'a appar-
i.
LE SOUPER. Suite.)
La manière un peu dégagée dont Hugues de Clisson
avait interpellé le comte Archambaud, parut produire
sur ce dernier un effet mal sonnant; aussi s'empressa-t-il
de répondre
Une pareille crainte pourrait tout au plus monter
au cerveau d'un chevalier armé d'hier; parce qu'un che
valier si frais émoulu, n'a fait encore nulle part ses preuves.
Clissou ramena avec la mainles bouts de sa mous
tache dans sa bouche; pendant un instant on comprit,
la tension des muscles de son visage, qu'il les mordait
avec colère.
A partir de ce moment, Clisson ne prit plus aucune
part ce qui se dit et parut absorbé dans une pénible
méditation.
On s'entretint de la trêve que venait de rompre l'An
gleterre, etdcla guerre prête éclater. Henri de Lancastre
ne fut nullement ménagé, chacun en parla sa manière,
comme d'un téméraire qui serait lestement renvoyé du
sol Français, s'il osait y mettre les pieds en ennemi.
Bientôt Archambaud, remarquant la taciturnité de
Clisson, se tourna de nouveau vers lui, et lui dit d'un air
dégagé
Or ça chevalierqu'est devenue ta faconde habi
tuelle? on dirait, sur mon âme, tellement tu parais absorbé,
que tu récites tout bas tes patenôtres, comme un chanoine.
tenu une opinion extrême. Libéral et haute
ment connu pour tel dans sa longue carrière
législative, il a toujours défendu une cause qui
pendant dix-sept ans a été calomniée par des
adversaires haineux, et jamais il n'a dévié de
'cette modération dans les principes libéraux
qui ont fait la force de notre opinion. Son
concurrent, au contraire, appartient cette
fraction extrême du catholicisme-politique
jnous pouvons même dire de l'ultramontanisme,
et le choix d'un pareil personnage serait dan
gereux l'époque actuelle, laquelle il faut
des hommes qui admettent et facilitent le pro
grès, tandis que ceux de la nuance de M.
Malou se mettraient carrément en travers et
reculeraient au lieu d'avancer.
Électeurs, on vous engage élire le père pour
le dédommager de ce que le fils n'a pas été élu
aux dernières élections. Mais que deviez-vous
au fils? Quelle reconnaissance pouviez-vous lui
devoir? Nous ne dirons pas. quels sont les bien
faits que l'arrondissement lui doit, mais seule
ment les justes vœux qui ont été exaucés pen
dant sa carrière de représentant et de ministre
Le chemin de fer, nous ne l'avons pas. Aucune
ville de l'importance d'Ypres ne se trouve dé
pourvue de voie de communication ferrée. Un
moment nous avons pu nourrir l'espoir de voir
un railway nous relier celui de l'État, mais on
a laissé échapper le moment favorable et au
jourd'hui cet espoir est évanoui. La diminution
de la garnison d'Ypres qui ne demandait que
le même effectif que sous le ministère de
M. Nolhomba eu lieu sous le ministère
De Theux-Malou. Cependant si les prédéces
seurs de M. Malou pouvaient faire celle faveur
la ville d'Ypres, il était du devoir de M,
Malou de la continuer. Mais on a laissé échap
per le motif de cette avanie faite la ville
d Ypres il fallait la punir pour son esprit li
béral. La question des tabacs paraît avoir été
exploité dans un sens favorable M. Malou
Mais, honnêtes électeurs, quand M. Malou dé
fendait si chaudement la cause des tabacs
c'était le gouvernement de la province
d'Anvers qu'il prenait d'assaut. Si M. Malou,
Clisson continua garder un silence obstiné.
Archambaud reprit, en appuyant avec intention sur
chacune de ses paroles
On dit, et ce sont de mauvaises langues, que le vieux
Jacob désire vivement te voir. Ce qu'il y a c'est que ta
dernière fête était si écrasante de magnificenceque le
due d'Orléans, régent de France, t'en a presque disgracié,
tellement il en a pris rancune.
Ces ironiques attaques avaient été comme le point de
départ de bruyants éclats.
Le comte Archambaud en revînt aux tribulations que
faisait naître en lui, le bruit qui allait toujours croissant.
Les voix se mêlaient confuses, tumultueuses on eut dit
un orage dans toute sa fougue.
Comme la responsabilité morale de cette saturnale pe
sait sur sa tête, Archambaud s'ingéniait en arrêter l'élan.
Sa physionomie s'éelaircissait ou se rembrunissait, me
sure qu'il croyait rencontrer un moment de calme ou qu'il
désespérait d'en trouver.
Enfin, désolé du peu de ressources de son imagination,
il s'écria, en étendant les deux bras comme un orateur
qui veut imposer silence une assemblée
M'est avis messeigneursque nous ferions mieux,
au lieu de gaspiller ainsi notre temps, de fouiller l'au-
monière de notre mémoire pour en extraire un souvenir
inédit. Chacuntour de rôleraconterait le sienplai
sant ou sombre; et pour éviter les lenteurs, il ne serait
accordé que dix-sept minutes, pour faire rire ou pleurer.
en concurrence avec M. Van Renynghe, n'a
pas été élu au scrutin de ballottage, c'est une
leçon juste et méritée que les électeurs de l'ar
rondissement d'Ypres lui ont infligée pour avoir
négligé les intérêts de ses commettants, même
pour les avoir contrecarrés.
Quant au blâme que d'autres localités ont
manifesté de l'élimination de M. Malou, on ne
doit pas en tenir compte. En premier lieu, les
seuls juges de leurs mandataires sont les
mandants et si d'autres collèges électoraux
déplorent la non-élection de M. Jules Malou
qu'ils le choisissent, nous n'en serons pas jaloux.
Le collège électoral de l'arrondissement
d'Ypres, se rendrait ridicule si aujourd'hui,
après avoir éliminé le fils, il portait ses suf-
fragessur le père qui n'a pas de titres invoquer
celte marque de confiance; ce serait se con
tredire, se donner un soufflet soi-même que
de voter pour le père, dont la rancune et la
haine ne seront pas moindre notre égard,
car les personnes du tempérament de MM.
Malou n'oublient jamais.
Quels sont les autres titres que l'on fait va
loir en faveur de M. Malou? Que c'est le père
de 1 évêque. Eh! nous avons pressenti depuis
longtemps que le nom de l'évéque serait appelé
jouer un fameux rôle dans notre arrondisse
ment. C'est l'aide du nom de Ievêque qu'on
tâchera de tromper les électeurs qui ne deman
dent que la paix et la tranquillité et qui, sans
s'en douter, se poseront en adversaires du gou
vernement actuel et de l'ordre constitutionnel.
L'opinion libérale ne doit plus faire de pro
testations. Son candidat est connu elle a
fait ses preuves. La direction qu'elle a impri
mée aux destinées du pays, depuis la tour
mente du 24 Février, a suffisamment démontré
sa sagesse et sa prudence, car on est arrivé
douter que la Belgique ait pu se maintenir, si
les hommes de la couleur de M. Malou eussent
été aux affaires. Il ne s'agit plus de protesta
tions, il s'agit de faits et le principe d'économie
a été mis en pratiqueautant que cela a été pos
sible, mais si tous les abus n'ont pas été extirpés,
c'est que Rome n'a pas été bâti en un seul jour.
On avait écouté le début de cette proposition avec sang-
froid, mais, dès que le comte Archambaud eut achevé de
formuler sa pensée, les exclamations les plus folles, le*
plus hétérogènes, partirent des différents pointsde la salle
comme autant de ilèehcs lancées par un même nombre
d'arbalétriers.
Les uns approuvèrent la motionespérant y gagner
une histoire pour la conter le lendemain au lever do la
reine les autres, tout en consentant la chose proposée,
se récrièrent l'envi de cet original d'Archambaud, qui
limitait aussi étroitement le cadre d'un récit.
Hugues de Clissonobstinément retranché dans son
impassibilité, fut le seul qui ne plaça pas son mot:
Archambaud reprit
Est-ce accepté? Messeigneurs
Oui répondit au nom de tous, le banneret Enguer-
rand de Savoisy mais croix-Dieu parle toi-même d'abord,
pour nous donner l'exemple.
Fiat volontas! dit Archambaud.
Amen, acheva le banneret.
Après s'être rafraiehi de trois bols d'hypocras qui s»
succédèrent presque sans interruptionArchambaud du
Donjon commença en ces termes:
Vous savez tous, messeigneurs, le résultat de mon
dernier tournoi vous savez tous que madame la reine
Isabelle de Bavière, m'a octroyé avec infiniment de gra-
cieuseté sa main baiser....
Et l'on a même remarqué que tu y collais ta lèvre,
plus longtemps que ne le permet l'étiquette du baise-maiu,