TROUBLES A PARIS. de la plupart des dépenses. Nous ne pouvons les apprécier que par des comptes spécifiant chaque objet, et ceux qu'on nous présente ne sont pas établis de cette manière. 4° Formation de fonds particuliers qui se dérobent notre investigation. Je citerai le fonds de l'industrie nationale employé souvent favoriser les industries qui ne méri tent aucune protection; le fonds des prisons pour lequel on fait des emprunts sans notre assentiment; et ce syn dicat d'amortissementadministration universelle et oc culte, se mêlant de tout pour tout embrouiller. Je n'entrerai pas dans les détails. Je me bornerai faire deux observations de ce genre. Les monnaies, malgré nos plaintes souvent répétées, le gouvernement ne parait pas disposé revenir du système désastreux de" la loi de 1816. Il n'en est pas moins no toire que notre monnaie d'argent disparait pour être fondue. Un de mes amis a vu la monnaie de Lille un tonneau rempli de pièces de trois et d'un florin, et comme il en marquait sa surprise, un employé lui répondit: il faut que votre gouvernement soit bien bon (j'adoucis beaucoup l'expression) pour battre une monnaie que nous avons intérêt fondre aussitôt qu'elle parait. Cependant cette absence de monnaie d'argent oblige la classe peu aisée perdre plus qu'un pour cent dans le paiement de ses contributions qu'elle doit faire en argent de France reçu d'après les anciens tarifs et qu'on ne peut recevoir autrement. Ma seconde observation de détail porte sur les dettes du gouvernement connues sous le nom d'enga- gères. Je ne vois aucun fonds destiné la liquidation de ces sortes de dettes qui étaient tellement sacrées que le titulaire de l'emploi pour lequel elles avaient été ver sées ne pouvait en être dépossédé sans avoir préalable ment remboursé. Plusieurs même étaient hypothéquées sur tel ou tel domaine de l'État. Il parait qu'il a été conclu un traité avec l'AutriyJke en vertu duquel ces créances doivent être liquidées par notre gouvernement. Jusqu'ici nous n'envoyons pas les résultats; cependant il ne suffit pas de faire justice tôt ou tard. Il faudrait la faire aussitôt que possible. C'est en attendant cette justice que le fils du titulaire d'un de ces emplois vient de mourir dans un hôpital après avoir vu vendre la forêt domaniale qui ser vait d'hypothèque sa créance. Si je passe aux recettes, je trouve des augmentations considérables dans les im pôts sur nos produits indigènes dont quelques-uns sont des objets de première nécessité, tandis qu'on persiste ne pas vouloir imposer les denrées coloniales dont la plu part peuvent être considérées comme objets de luxe. Je ne vois figurer dans les recettes ni les 4 pour cent imposés sur les donations que reçoivent les établissemens de bienfaisance, ni les produits des barrières sur les -grandes routes, ni les legs. Dans le mémoire du gouver nement, on ne dit rien sur la légalité de ces impôts. Il me parait cependant que les demandes faites cet égard dans plusieurs sections méritaient au moins une réponse. Vous voyez, Nobles et Puissans Seigneurs, que je n'aurai pas de peine puiser dans les budgets eux-mêmes les mo tifs de mon vote; mais je les trouve aussi en dehors, et la maxime point de redressement de grief point de subsides, me parait devoir ici recevoir son application. Je suis en tièrement de l'avis de ceux qui regardent cette application comme un moyen extrême mais je diffère d'opinion avec eux lorsqu'ils pensent que le moment n'est pas venu d'en faire usage. En effet, N. et P. S., quels moyens n'avons- nous pas tentés pour parvenir au redressement de ces griefs qui, quoiqu'on dise, ne sont pas imaginaires. Si nous faisons des observations en sectionon n'y répond pas ou on y répond d'une manière évasivequelquefois inconvenante. Si nous en faisons la matière (l'un des dis cours en séance publique, on n'y a aucun égard. Si nous faisons une adresse respectueuse au Roi ou un projet de loi, la première chambre vient interposer son veto. Si nous proposons des renvois aux ministres, l'esprit de convenance vient nous arrêter comme si une pareille considération devait empêcher l'accomplissement de ce qu'on regarde comme un devoir. En vérité, N. et P. S., je ne vois plus d'autre moyen notre disposition que le refus des subsides. La patience qu'on nous conseille me paraît être son terme, et après quinze ans de résigna tion il doit être permis de cesser d'attendre. On me dira que les griefs sont si nombreux qu'il est impossible de les redresser tous immédiatement. Voilà pourquoi dans la note que j'ai remise en section, j'ai insisté sur trois points principaux: responsabilité ministérielle reconnue par le contre-seing et la communication des ministres avec la Chambreliberté de l'enseignement, liberté du langage. Je ne les développerai pas. Ils l'ont été ou le seront par plusieurs de nos collègues mieux que je ne pourrais le faire. Je me bornerai dire que pour le moment je n'in siste pas sur le redressement instantané d'autres griefs, persuadé que si l'on montre de bonnes intentions et qu'on y coordonne les faits, nous devons beaucoup attendre de l'avenir.Mais mon refus de subsides sera-t-il absolu? non, N.-ct P. S. Citoyen, ami de ma patrie, je dois éviter tout ce qui peut troubler son repos. Aussi par cette con sidération, je suis prêt voter des lois transitoires, seul moyen légal d'empêcher l'interruption du service public, et ce dans l'espoir que le gouvernement fera les réflexions les plus sérieuses avant la présentation d'un autre budget, et qu'il se convaincra que le malaise qu'éprouve la nation doit être calmé par on changement de système et qui ne peut l'être par des concessions illusoires. Le receveur des contributions directes d'Ypres, informe le public qu'il n'y a rien de changé aux jours fixés pour la perception des contributions, qui continuera d'avoir lieu, comme par le passé, pendant les trois derniers jours de la semaine et non autrement, ainsi que cela est dit en marge de tous les avertissements. M. le ministre de l'intérieur a fait un appel au dévoû- ment des élèves des facultés de médecine des universités, qui voudraient accepter la mission d'aller seconder, dans le Ilainaut, les hommes de l'art qui prêtent leurs soins aux malades atteints de l'épidémie régnante. Nous appre nons que six élèves en médecine de l'université de Gand ont répondu généreusement cet appel de M. Rogier, et se sont mis la disposition de M. le gouverneur du Ilainaut. (Indépendance.) La septième réunion sémestriclle des actionnaires du chemin de fer de la Flandre occidentale, a eu lieu le 5 juin Londres, sous la présidence de M. P. Richards. Le rapport qui a été lu établit que les recettes pour le sé- mestre finissant le 31 août 1848 ont été de 6,019 liv., et les dépenses de 3,993 liv.; que les dépenses pour le sémestre finissant le 28 février ont été réduites 5,307 liv., et les recettes pour cette même période, qui est la moins productive île l'année, se sont élevées 5,714 liv. Il y a sur la période correspondante de 1847- 1848, une diminution de recettes de 1,098 liv., ce que les directeurs attribuent au mouvement révolutionnaire qui a eu lieu en France, au mois de février 1848. Les directeurs estiment que les dépenses d'exploitation ne peuvent pas être réduites au-dessous de 10,000 liv. par ance qui fixe moins de 300 liv. par mille, et qu'il faut y ajouter une somme pour le renouvellement du matériel. Le directeur-gérant fait observer que la diminution des recettes qui a été de 16 p. c. pour le sémestre finissant au mois de février, ne s'est pas fait sentir seulement sur le chemin de fer de la Flandre occidentale, mais sur toutes les lignes de la Belgique, où elle a été d'environ 13 3/4 p. c. Il espère que les transports des boissels et autres marchandises pour le Ilainautprendront celte ligne en partant de Bruges, aussitôt que la branche principale sera complétée par le gouvernement. M. Lindo, avait demandé la nomination d'une com mission d'enquêtechargée de prendre connaissance de toutes les affaires de la compagnie et de son adminis tration générale. Mais sur l'observation du président que les directeurs sont en négociation avec le gouverne ment belgeet que la nomination d'une pareille com mission pourrait être nuisible aux intérêts de la com pagnie, cette motion a été écartée. Le président a aussi annoncé que les engagements de la sociéié sont réduits de 200,000 45,000 fr. Le rapport des directeurs a été ensuite approuvé. TROUBLES A PARIS. Ainsi que tout le faisait prévoir, des troubles graves ont éclaté Paris. L'Assemblée législative, qui ne devait pas siéger hier, s'est déclarée en permanence au départ du courrier, elle délibérait sur un projet de loi qui venait de lui être présenté, tendant mettre Paris en état de siège. L'industrie sucrière de la France se préoccupe en ce moment d'une importante découverte due un chimiste belge, M. Mclscns, de Louvain, professeur notre école do médecine vétérinaire, qui a trouvé un procédé en vertu duquel on obtient du jus de betteraves ou de cannes dix p. °/0 de plus de rendement que par les procédés ordinaires. Le célèbre chimiste Dumas, dont M. Melsens est l'élève et l'ami, a donné cet égard des explications la commission d'agriculture de l'assemblée nationale de France. Le Journal des Ariennes annonce qu'un orage épou vantable a éclaté vendre divers midi et a ravagé toutes les récoltes des villages de Namoussart, Marbay, Maisoncellc, Ebly, Gcncvaux, Witlimont et l'Eglise; la foudre est tombée sur un arbre. Dimanche dernier, un ouvrier, père de trois enfants, demeurant Menin, étant dans un état d'ivresse, voulut monter l'escalier pour aller se coucher, mais il tomba la renverse, et lorsqu'on le releva il n'était plus qu'un cadavre. EXTÉRIEUR. FRANCE.Paris, 12juin. Depuis 3 jours, 6,000 hommes de troupes nouvelles sont arrivées Paris, les régiments qui s'y trouvent ont été épurés. Hier, deux membres du comité de l'artillerie ont visité Vincennes avec le plus grand soin pour inspecter l'artillerie de la place qui se trouve dans un excellent état. IMPORTANTES NOUVELLES DE LA JOURNÉE. Nous avons espéré ce matin que la journée serait calme malgré les bruits divers qui circulaient, mais vers une heure de l'après-midi nous avons dû renoncer cet espoir. Une masse assez compacte d'ouvriers en blouse et 3 ou 400 gardes nationaux sans armes, se sont mis en mouve ment la hauteur du château d'Eau près le boulevard du Temple. Parmi ces gardes nationaux, il y avait un certain nombre d'officierset nous avons cru reconnaître M. Arago (Étienne), en uniforme de chef de bataillon. Un person nage, que nous croyons être un ancien membre de la constituante, marchait en avant sur le boulevard et criait A bas les traîtres. Les hommes du peuple répétaient: A bas les traîtres 1 Vive la constitution A mesure que la colonne s'avançait, les magasins se fermaientet comme il n'y avait pas un sergent de ville pour arrêter sa mar che, elle est arrivée en très-peu de temps sur le boulevard de la Madeleine, grossie par une foule de curieux. Un piquet de gardes nationaux en armes, s'étant avancé l'extrémité de la rue du Sentier, qui touche au boulevard quelques ouvriers les ont sommé de crier A bas les traî tres et vive la constitution! et de retirer les baïonnettes de leurs fusils. Ces gardes nationaux ont évité toute col lision en se repliant vers le milieu de la rue où était le bataillon dont ils faisaient partie. La manifestation était arrivée toute entière en vue de la Madeleine, se dirigeant toujours vers l'assemblée légis lative. Quand tout-à-coup un régiment de dragons est arrivé au grand galop, un autre régiment le suivait, puis venaient des gendarmes mobiles pied et des tirailleurs de Vincennes au nombre de 3 4,000. En un instant, les Boulevards ont été envahis dans toute leur étendue, ainsi que les rues adjaçantes et la colonne de la manifes tation a été cernée de toute part. Il nous est impossible de dire ce qui s'est passé en ce moment, toutes sortes de bruits ont circulé. On dit que les dragons ont sabré. On assure même que M. Étienne Arago est dangereusement blessé. Chacun a pris la fuite dans tous les sens au milieu d'un immense tumulte. 3 heures. La place de la Concordela place du Car rousel, sont encombrées de troupes. Nous apercevons aux Champs-Élysées et aux abords du palais de l'assem blée des régimens de lanciers et de dragons, les Quais et les Boulevards jusqu'à l'Hôtel de ville et la Bastille sont, comme par enchantement, garnis de troupes. Les gardes nationaux descendent dans la rue et reprennent les me sures de précaution qui furent prises par ordre du général Cavaignac, dans les journées de juin. Néanmoins une boutique d'armurier de la rue Jocquelet est complète ment dévastée sans que les gardes nationaux du quartier aient pu s'y opposer. Nous avons vu de nos yeux des chasseurs de Vincennes, ayant un officier en tète, monter dans des maisons et particulièrement dans celles qui ont une valour straté gique et dont les croisées ont vue sur toute l'étendue d'une rue. On dit que les tirailleurs y prennent position pour balayer la rue, dans le cas où l'on essaierait de faire des barricades. Paris est tranquille. Néanmoins les magasins se ferment de tout côté. On fait courir le bruit de l'arrestation de M. Ledru- Rollin et de plusieurs autres re(îrésentants de la Mon tagne; mais ce bruit nous parait sans fondement. On parle aussi de la mise en état de siège de Paris mais comme il n'y a pas de séance aujourd'hui l'as semblée, nous ignorons quels peuvent être les projets du gouvernement. 4 heures 1/2. Dans quelques quartiers, notamment dans la rue Montmartre, les individus delà manifestation, qui étaient repoussés par la troupe, descendent la rue en criant: Aux armes! aux armes! on assassine nos frères! D'un autre côtéon nous assure que le sang n'a pas coulé. 11 y a eu b?aucoup d'arrestations. On nous assure que deux représentants, dont M. Faure, représentant du Rhône, ont été arrêtés. Jusqu'ici nous n'avons pas encore entendu parler de barricades. Un individu qui arrive l'instant du Palais-National, nous assure que MM. Ledru-Rollin et Guinard, que l'on disait arrêtés, viennent d'être portés en triomphe, par des individus, dans le jardin du Palais-National. M. Étienne Arago, en uniforme de chef de bataillon de la 3e légion, était au nombre des meneurs. Vers midi, M. Lacrosse, ministre des travaux publics, passait cheval sur le Boulevard, suivi d'un lancier; quelque distance venait un chef d'eseadron d'état-major de la garde na tionale, avec un ordonnance. Les quatre cavaliers étaient au grand trot, la hauteur du Chateau-d'Eau. M. La crosse fut arrêté par la foule, qui luidéchira ses habits. M. Lacrossegrâce l'intervention de quelques gardes nationaux, put continuer sa route. 2 heures 1/2.)On assure que les émeutiers ont déjà enfoncé des boutiques d'armuriers; des barricades se construisent sur plusieurs points de Paris. La capitale va être mise en état de siège. Le général Changarnier est monté cheval et suivi de 4 régiments il se dirige vers les lieux où dit-on se réunissent les groupes les plus exaltés. Marché b'ïpres, du 16 Juin. Une légère différence en plus de 10 centimes l'hec tolitre s'est produite sur les prix du froment au marché d'aujourd'hui. Ces prix ont varié de 18 fr. 18-80, prix moyen fr. 18-40 l'hectolitre. 311 hectolitres ont été ex posés en vente. Les prix du seigle ont baissé de 20 centimes l'hec tolitre. 74 hectolitres se sont vendus de 10 fr. 10-80, en moyenne fr. 10-40 l'hectolitre. L'avoine s'est vendue avec une hausse de 12 centimes l'hectolitre. 50 hectolitres ont été exposés en vente. Les prix ont varié de fr. 6-75 7 fr., prix moyen fr. 6-75 l'hectolitre. Les prix des fèves ont monté de 60 centimes l'hec tolitre. 51 hectolitres se sont écoulés au prix de fr. 11-60 l'hectolitre, en moyenne. Les pommes de terre se sont vendues raison de 11 fr. les 100 kilogrammes différence avec le marché précé dent, 50 centimes par 100 kilogrammes. 1,000 kilo grammes ont été exposés en vente.

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Le Progrès (1841-1914) | 1849 | | pagina 3