EXTÉRIEUR.
cond, se trouvant en état de récidive, aux travaux forcés
perpétuité, l'exposition et la marque TP.
FRANCE. Paris, 20 juin. Voilà déjà deux
jours qu'il est question de graves dissentiments survenus
dans le sein du cabinet entre M. Od. Barrot etM. Dufaure,
et par suite desquels le ministère se trouverait divisé en
deux camps. On a pu remarquer que c'est toujours M.
Od. Barrot qui a soutenu le poids de la discussion sur la
question relative la suspension des journaux.
M. Dufaure s'est tenu constamment l'écart. Hier
seulementce dernier a prononcé quelques paroles qui
forment un contraste avec le langage de M. Od. Barrot
lorsqu'il a dit: Nous respectons le droit de discussion
dans toute sa liberté... Rires ironiques et rumeurs
gauche.) Faites de la polémique aussi ardente que vous
le voulez, mais une condition de ne pas violer le
principe de toute société libre et civiliséele respect
des majorités, le respect de la cause souverainement
jugée.
On nous assure que M. Od. Barrot, M. de Falloux,
M. Rulhières et les hommes les plus ardents de l'Élysée-
National, voulaient qu'on suspendit immédiatement le
Siècle, la Presse et le National.
Les autres ministres s'y sont opposés formellement.
La loi sur les clubs a été une autre cause de dissidence
parmi les ministres.
L'opinion la plus ardente du conseil voulait que l'on
brusquât l'interdiction formelle et immédiate des clubs.
M. Dufaure s'est refusé proposer autre chose que
leur suspension provisoire pendant un an et c'est par
suite d'une discussion qu'il ne s'est pas opposé l'a
mendement de la commission, portant qu'avant le délai
d'un an, un projet de loi sera présenté pour interdire les
clubs, tout en réglant l'exercice du droit de réunion.
L'Élysée-National paraît disposé maintenant accepter
la démission de M. Dufaure dont on n'aurait accepté le
concours que par crainte de la Montagne.
Le gouvernement vient, dit-on, de décider l'expulsion
de France d'un certain nombre d'étrangers principale
ment parmi les Italiens, les Polonais et les Allemands,
connus par l'exaltation de leurs opinions et qui entre
tiennent des correspondances regardées comme incen
diaires avec les pays étrangers.
On sait que la princesse Bclgiojoso craignant que les
biens considérables qu'elle possède en Lombardie ne
fussent aussi saisis par le gouvernement Autrichien, en a
fait une donation M. Victor Considérant. Mais comme
M. V. Considérant se trouve en ce moment compromis
dans les affaires de la journée du 13 juinla fortune de
la princesse Bclgiojoso pourrait bien servir payer les
frais du procès qui s'instruit en ce moment.
On dit aussi que l'un des condamnés du 15 mai, avait
passé sa fortune sur la tète d'une personne qui se trou
verait gravement compromise dans les événements du
13 juin.
Le Siècle prétend ce matin qu'on aurait décidé en
principe dans un conseil de 24 membres, tenu hier la
chancellerie, la suspension de ce journal.
Fnnérallles tin maréchal Bngcaud.
A 10 heures, comme on l'avait annoncé, ont eu lieu,
aux Invalides, les funérailles du maréchal Bugeaudavec
la plus grande pompe militaire et religieuse.
Dès 9 heures, 30 ou 40,000 hommes de troupes de
toutes armes entouraient les Invalides, sous le comman
dement du général Dulac.
Le service militaire l'intérieur était fait par les Inva
lides.
Quand Hugues n'était pas là, je vivais de son souvenir.
Toutes mes pensées étaient lui comme les anges
Dieu... et voilà qu'un jour, la suite d'un tournois au
quel j'assistais, il me prend envie d'essayer d'une frayeur
mystique sur l'âme d'un chevalier... et, depuis ce temps,
ma vieestpartagéeentre un remords et un nouvel amour
ballotée entre deux idées fixes, permanentes, l'une de bon
heur et l'autre de suicide...
Elle en était là de ses réflexions faites mots entre
coupés, lorsque Rapide, relèvant la tcle, prêta d'abord
l'oreille un léger bruit de pas venu du dehorspuis se
mit aboyer.
Quelqu'un, qui eut alors regardé la jeune femme, l'eut
vue pâlir affreusement. Elle avait deviné, l'expression
de grondement étouffé du lévrier, quelle était la personne
qui allait entrer.
Un instinct particulier d'anthipathie animait le fidèle
animal contre celui qu'il flairait; il paraissait le détester
cordialement en raison inverse de tout l'attachement qu'il
portait Hugues de Clisson, son premier et véritable maî
tre. Il se mit enfin japper avec des marques de si vif
mécontentement que c'était peine s'il parvenait se
modérer quand la jeune femme lui disait:
Tais-toi, Rapide!... tais-toi!
Bientôt la portièrefut soulevée et le baron Archambaud
se montra.
Archambaud détacha en entrant le ceinturon de son
poignard, qu'il plaça sur le dossier du prie-Dieu après
quoi, s'avançant vers la jeune femmeil lui dit d'un ton
qui respirait la franchise
L'entrée de l'hôtel, le portail, le choeur de la nef de l'é
glise S1 Louis étaient richement tendus de noir liseré et
galonné d'argent.
Des trophées, l'écu du maréchal et les boucliers portant
les noms des batailles et des combatsétaient appendus
de tous côtés.
Un magnifique catafalque s'élevait couvert de cierges,
sous un riche dais hermine et cmplumé au milieu de
l'église.
Devant le portail était le magnifique char funèbre pa
voisé et attelé de G chevaux blancs richement capara
çonnés. Derrière le chœur était le cheval de bataille.
A 10 heures, la nef était encombrée de représentants,
de généraux, de grands dignitaires, d'officiers de tous
grades de la garde nationale et de l'armée.
M. le président de l'assemblée nationale, les membres
du bureau et la grande députation ont pris place auprès
du catafalque.
M. le président de la république a pris place dans le
chœur.
M. le gouverneur des Invalides occupe sa tribune avec
sa famille.
La musique était devant l'orgue.
Mgr l'archevêque a pris place près et droite de l'autel,
entouré de ses grands vicaires.
M. le curé suivi de ses vicaires est venu faire la levée
du corps placé en chapelle ardentedroite au bas de
l'église. Les cordons du poêle ont été tenus et portés par
M. Dupinprésident de la législative, les maréchaux
Molitor Dode de la Brunerie, Odilon Barrot, le général
Changarnier, le ministre de la guerre et le général Bedeau.
Le service a été commencé et exécuté en musique, avec
accompagnement de la musique militaire et l'orgue.
Une batterie d'artillerie placée sur le quai d'Orsay de
vant le pont des Invalides n'a cessé de tonner lout durant
le service.
Après l'absoute qui a été donnée par l'archevêque de
Paris, M. le président de la république s'est retiré. M. le
président de l'assemblée nationale le barreau et le curé
des Invalides l'ont reconduit jusqu'au seuil de l'église.
Après le départ du chef du pouvoir exécutif, le cer
cueil a été placé sur le charpuis le convoi précédé du
clergé est venu devant l'arbre de la liberté qui est l'en
trée de la grille de l'Esplanade; là le char s'est arrêté et
toutes les troupes du cortège ont défilé. Il était onze
heures et demie quand le service a fini.
Le défilé a duré plus d'une heureensuite le cortège
est rentré et le cercueil a été descendu dans le caveau
des maréchaux dont l'entrée est au milieu de la nef, en
face de la chaire.
Plusieurs discours ont été prononcés avant la clôture
de la tombe.
Les journaux de Paris publient titre de document
pour l'enquête qui doit s'ouvrirla lettre suivante qu'ils
ont reçue des ouvriers de l'imprimerie Boulé
M. le rédacteur
Permettez aux ouvriers de l'imprimerie Boulé de vous
faire connaître les faits relatifs l'envahissement.
L'un de nous était dans la cour, lorsque parut un offi
cier d'état-major, suivi d'un tirailleur de Vincennes.
Aussitôt la maison fut envahie. Arrivé au 1" étage, l'offi
cier donna cet ordre Ici il n'y a que des gueuxdes
scélérats Montez répandez-vous dans les chambres et
la moindre résistance, chargez la baïonnette et faites
feu.
Au 2" étage toutes les portes étaient fermées et il n'y
avait aucun ouvrier. On enfonça les portes coups de
hache et de crosse de fusil; on brisa dans une demi obscu
rité, les presses, les treteaux, les casses; on succagea les
caractères, les bureaux du chef d'atelier; puis on monta
au troisième où étaient les compositeurs de l'Estafette,
du Temps et de la République. On les fit descendre et la
dévastation commença. Tout a été anéanti.
J'étais mandé la cour pour le lever de la reine,
mais j'ai préféré me rendre l'appel de Jehanne d'Oisy
la seule reine de mes pensées.
Et il prit une des mains de Jehanne sur laquelle il dé
posa un baiser. 11 sentit sous sa lèvre un frémissement.
Il attacha sur Jehanne d'Oisy ses yeux où se lisait un
amour sincère. Jehanne ne put supporter longtemps ce
regard, et se sentant faiblir, elle se renversa sur son fau
teuil.
Archambaud, un genou en terre, continua la fixer
avec obstination comme s'il n'eût pas voulu perdre une
seule de ses sensations. Il y avait quelque chose de grave
dans cet examen.
Pendant ce temps, Rapide, qui était maussadement
allé s'établir dans le coin opposé, ne cessait, chaque
mouvement d'Archambaud, de faire entendre un gronde
ment significatif.
Archambaud s'assit sur le coussin où reposaient les
pieds de Jehanne, et, posant sa tête sur ses genoux la
place même qu'occupait primitivement le lcvrier, il sembla
son tour faire quête d'un mot encourageant.
Jehannedit Archambaud avec un soupir perfec
tionné, regarde-moi, afin que je perde le souvenir du
monde dans une étincelle de tes yeux
La jeune femme, dont le sein vivement agité, trahissait
les impressions, lui tendit une main dont le bras nu allait
se perdre dans les manches de sa cotte d'azur. Archam
baud sans ajouter un seul moty posa de nouveau sa
lèvre et dit avec énergie je donnerais volontiers ma part
de bonheur dans ce mondepour voir enfin dissiper ce
Pendant que ces actes de vandalisme avaient lieu
l'officier d'état-major redescendit au 1" étage, où il entra
suivi de tirailleurs qu'il plaça tout lelong de la chambre,
occupée par environ 56 compositeursqui travaillaient
tranquillement.
S'adressant aux soldats, il leur dit: Au moindre mou
vement faites feu sans hésiter.
Les imprimeurs de l'imprimerie Boulé n'ont fait aucune
résistance, ne se sont barricadés comme on l'a avancé, et
ceux d'entre nous qui ont été arrêtés, l'ont été arbitrai
rement et en vertu du droit le plus fort.
Nous demandons au ministre de la justice la mise en
liberté de nos ouvriers illégalement emprisonnéset une
indemnité pour nous donner les moyens de nous procurer
des outils pour tâcher de travailler dans des maisons non
dévastées. Les ouvriers de la maison Boulé.
On lit dans la Sentinelle de Toulon, du 17 juin: -
La frégate vapeur Montezuma, parti le 13 de Civita-
Vecchia, est arrivée aujourd'hui, ramenant 50 fiévreux,
50 blessés et 54 vénériens, provenant de l'armée expé
ditionnaire.
Le 12 juin, le général en chef a envoyé un ultimatum
l'assemblée nationale et une proclamation au peuple
romain, restées sans réponse. Le 13, 9 heures du ma
tin, les batteries de brèches ont commencé le feu.
Le 14, le feu de la place était peu près éteint sur
toute la ligne, et la brèche ouverte. Les remparts ne
tiennent pas contre nos batteries de siège. Très-certaine
ment nos soldats ont dù donner l'assaut le 15.
Toutes les sorties tentées par l'ennemi ont été repous
sées avec vigueur. Il y a perdu beaucoup de monde, tan
dis que nous ne comptons pas, en moyenne, pendant
toute la durée des travaux, plus de 5 hommes tués par
jour.
On lit dans l'Alsacien, de Strasbourg, du 17 juin De
nouveaux rassemblements ont eu lieu hier soir, toujours
la place de llroglie. Il était question de tenir un club
en plein vent, attendu que celui de la rue des Juifs a été
fermé par l'autorité. M. le général de division Bougenel,
accompagné de M. le général d'artillerie Thouvenirs et de
quelques officiers d'élat-majorest venu sur le lieu du
x'assemblement. Il a été immédiatement entouré par une
foule de gamins et d'hommes en blouse; il a été sifflé,
hué de la manière la plus indigne; on a entendu pro
férer les cris les plus infâmes et les plus dégoûtants.
Le général est rentré chez luiaccompagné par une
partie de ces sauvages. Enfin le tumulte est allé en crois
sant et est arrivé au point que l'intervention de la garde
nationale et de la troupe a été jugée nécessaire. On a fait
alors des sommations et l'évacuation de la place de
Broglie a été effectuée immédiatement par la force armée.
Les promeneurs tranquilles ont été obligés de rentrer
chez eux tout aussi bien que les tapageurs.
Le tumulte s'est prolongé devant l'hôtel-de-ville jusque
vers onze heures du soir, et ce n'est qu'à minuit que l'on
a pu renvoyer la garde nationale et la troupe.
Le gouvernement a reçu, dit-on, des nouvelles d'Italie
qui annoncent que le général Oudinot est maître d'une
grande partie de Rome. Quelques démagogues armés
continuent de s'y défendre, mais on attend d'un instant
l'autre la reddition définitive. Le pape entrerait Rome
aussitôt que les anarchistes l'auraient abandonnée, et
toute la chrétienté concourrerait, par une souscription
générale, au rétablissement des monuments qui auraient
été endommagés.
PRUSSE. Telle est, la date du 19, dit la Gazette
de Cologne, la situation dans le Palatinat.
Les troupes prussiennes occupent déjà toute la partie
septentrionale de cette, province quelques divisions
séparées s'étendent au Sud jusqu'à Ilombourg, Durk-
lieim, Landstuhl et Ludwigshafen. Au Sud de cette ligne,
nuage qui assombrit ton front, Jehanne!.. Je donnerais
dans l'autre ma part de paradis pour que tu n'aies que
des sourires me prodiguer. Le sourire te va si bien
qu'il y a crime ne pas me toujours sourire... Jehanne,
souris-moi
Et dans une attitude supplianteses yeux suspendus
la bouche de Jehanne, il attendait.
Au lieu d'un sourire sur les lèvres de Jehanne une
larme brûlante trembla claire ses cils.
Oh! qu'as-tu? s'écria tout coup Archambaud. Si
quelqu'un te gêne, dis-le moi, et je saurai lui faire crier
merci si tu as un désirtu n'as qu'à l'exprimer pour
qu'il soit aussitôt satisfait. J'ai des remords! Archam
baud, répondit la jeune femme en laissant languissamment
retomber sa tête sur sa poitrine. Des remords répéta
Archambaud. Écoutez-moi, monseigneur, reprit péni
blement Jehanne en relevant la tète. Il y a trois ans, j'en
avais alors quinzej'habitais avec mon père et ma mère
une pauvre maison de la rue Saint-Denis: quoique l'état
de mon père ne nous procurât pas toujours le bien-être
nous vivions néanmoins exempts de soucis, parce que nos
besoins s'accommodaient la mesure de nos ressources.
J étais insouciante et folle quand le dimanche je pouvais
mettre une robe plus propre que celle de la semaineil
me semblaitquele bonheur répandait sur moi ses rayons,
et que l'avenir ne pouvait me menacer. Un matin cepen
dant, mon père, qui s'était, pour m'élever, usé au travail,
resta au lit en proie une fièvre terrible. Un mois après,
M allait réclamer sa place au champ de repos
La suite au prochain n".