V «51. 9' Année. Dimanche, l?r Juillet 1349. ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 3 francs 30 c. Provinces, 4- francs. Le Progrès parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit INSERTIONS Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne 50 centimes. être adresse l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies. JOIRML D'ÏPRES ET DE L'ARR0\ DISSEMEYT. i Vires acqumt eundo. IKTÉIMELR. YPRES, le 30 Jluin. LA DÉFAITE DE PARTI LIBÉRAL EST-ELLE EX AI AL EST-ELLE EX BIEX? L'élection du 19 Juin a produit une si pro- fonde sensation daos le pays, qu'elle ne peut manquer d'être un utile avertissement pour le pouvoir. Depuis les événements de Février 1848 beaucoup de libéraux semblaient croire en effet la sincérité des protestations de paix et de conciliation de nos adversaires^ ils espéraient sans doute que ceux-ci rendraient hommage l'impartialité dont a fait preuve le parti libéral, depuis son arrivée au pouvoir. C'était une illusion que nous n'avons jamais partagée et que les événements se chargeraient de détruire. Nous avons toujours protesté contre ces ap parences de conciliation nous avons toujours dit que nos adversaires ne cessaient de conspirer dans l'ombre partout ils organisaient une presse hostile au ministère partout ils entretenaient les populations dans un état de défiance et tous leurs efforts ont tendu jusqu'à ce jour exercer sur les administrations, sur les ministres mêmes une pression occulte en vue de conserver leur influence et de ressaisir le pouvoir. Line grande épreuve était nécessaire pour révéler ces tendances aux plus incrédules et pour démontrer que nos adversaires n'avaient abandonné aucune de leurs anciennes préten tions; nous devons le reconnaître, l'épreuve a été complète. Deux faits sont venus y concourir le premier est la discussion de la loi sur l'en seignement, l'autre est l'élection du 19 Juin dernier; l'un et l'autre sont venus démontrer lévidence que le parti clérical n'a rien appris, ni rien oublié. Jamais, en effet, depuis 1830, l'intervention du clergé n'avait été aussi directe aussi osten sible nous avons vu la plupart de ses membres avoir l'impudence de parcourir les campagnes, Le neveu d'un Connéfalrie. Suite.) III. LE LABORATOIRE DE MAITRE JACQUES MOULU. Le soir de ce même jour, lorsque l'horloge de l'église Saint-Germain-l'Auxerrois, sonnait neuf heures, Jehanne, enveloppée d'une mantille au capulct rabattu, sortait seule et avec discrétion de la petite maison qu'elle occupait. Ellescdirigea précipitamment, travers un brouillard, condense, vers la rue Saint-llonoré après l'avoir remontée d'un pas pressé, elle arriva la rue de la Ferronnerie. Une seule fenêtre de l'hôtel du Donjon était éclairée. Jehanne s'arrêta pour la contempler avec recueillement. Ce fut alors qu'elle s'aperçut qu'elle n'était pas seule. Son lévrier qui s'était furtivement glissé sa suite, s'assit sur ses pattes de derrière vis vis de sa maîtresse, et là, 1? museau allongé, il la fixait en faisant entendre le petit cri plaintif que nous lui connaissons. Te voila Rapide, dit Jehanne, en se penchant vers lui. Tu ne me quittes jamais, toi, n'est-ce pas? Le chien tout en s'abandonnant aux caresses qu'il re cevait, continuait regarder Jehanne avec des yeux qui protestaient de son dévouement. Jehanne, quand elle eut jeté un dernier coup d'œil sur la croisée de l'hôtel du Donjon d'où sortait une vive lu mière, reprit sa course, traversa la place des Innocents et atteignit la rue de la Grande-Truanderie. Durant ce trajet, elle n'avait pas rencontré un être vi vant. On eût pu croire que la ville entière dormait, bercée par le chant plaintif du vent. allant d'électeur en électeur et ne ménageant aucune espèce d obsession; des prêtres étran gers étaient venus au nom de leurs anciennes relations réchauffer la ferveur électorale, et jus- qu un certain inspecteur provincial ecclésias tique, qui depuis plus de deux années n'avait pas mis les pieds dans l'arrondissement, était venu inspecter les écoles pendant les huit jours qui ont précédé les élections. Nous pourrions révéler mille moyens rais en œuvre pour réussir; il nous suffit d'en citer deux qui donneront au pays entier, la mesure de la bonne foi qui a présidé celte lutte. L'on a osé imprimer plusieurs milliers d'exem plaires, que c'était l'élimination de M. Jules Malou, que la ville d'Ypres devait d'avoir perdu sa garnison et de ne pas avoir de chemin de fer, alors que ces faits étaient antérieurs l'éli mination de l'ex-minislre et doivent être attri bués sou incurie et sa vengeance. Mais on a fait plus: l'on a fait colporter, Poperinghe, une lettre dans laquelle on repré sentait M. De Langhe comme atteint d'aliéna tion mentale. Tous les moyens, du reste, étaient empreints de la même déloyauté, ils contrastaient avec le caractère vénérable de ceux qui y avaient re cours et sont venus déchirer le masque dont se couvraient nos adversaires aujourd'hui leurs paroles de paix et de conciliation ne tromperont plus personne. Non, le parti catholique n'a ab diqué aucun de ses rêves d'ambition non, il n'a point renoncé ses projets d'intolérance; l'élection du 19 Juin est l'expression exacte de ses espérances et elle sera, nous l'espérons, une utile leçon pour les hommes qui sont au pou voir sous ce rapport, nous ne savons si notre défaite est un bien ou un mal. Cet article était composé quand nous avons trouvé dans la Patriejournal de l'évêché de Bruges, une réponse un article de VÉclaireitr de Namurqui accusait l'évêque de Bruges d'avoir toléré que son clergéque les prêtres relevant immédiatement de luiaillent de porte Jehanne entrevit pourtantla lueur incertaine d'une lanterne, une face humaincappartenant un corps écloppé, qui s'avançait tortueusement vers elle. Quand il fut assez près, cet homme, qui s'aidait de deux béquilles pour marcherprit une voix larmoyante et lui dit: La charités'il vous plaît, ma bonne dame. Jehanne, apitoyée, tendit une pièce qui passa inconti nent dans l'énorme sachet du mendiant. Celui-ci, rejetant aussitôt ses béquilles, et se tenant droit et ferme sur ses jambes, s'approcha de Jehanne et lui prit la taille deux mains. Où allez-vous? lui dit-il. Guillaume Grétry saurait bien mal son métier, s'il laissait échapper une aussi riche proie. Jehanne essaya vainement de se débattre. Pâques-Dieu? Quand on trouve une perle, on la ramasse! Continua le faux boiteux, tenant toujours entre ses mains, la taille de la jeune femme. Jehanne poussa un cri qui alla se perdre dans le silence. Tout coup, Rapide s'élança la gorge du truand et y enfonçant profondément ses longs crocs, il se suspendit luien même temps que ses griffes recourbées comme la serre d'un oiseau de proie, lui déchiraient la poitrine. Ce fut le tour du manant essayer d'un cri étranglé. Mais son cri, comme celui de Jehanne, devait rester sans écho; les paisibles habitants de ce quartier, étant trop accoutumés ces accidents de nuit, pour se donner la peine de passer leur tête en dehors de leurs vitrières. Avant que le Bohémien eût le temps de tirer son eu porte mendier les suffrages des électeurs dans l'intérêt du père de leur évêque et au nom de la religion! L'Eclaireur de Namur n'a dit exactement que la vérité et ce qui est de notoriété pu blique. Nous pourrions au besoin signaler les ecclésiastiques de l'arrondissement et de la ville qui se sont mis en mouvement qui ont visité un grand nombre d'électeurs, probablement pour prendre l'air et faire une promenade de santé. Une pression énergique a été exercée sur les électeurs des cantons ruraux au nom de la religion en péril. Une correspondance inces sante a existé entre les doyennés et les desservants pendant les jours qui ont précédé l'élection. Quaud la Patrie a l'impudeur de soutenir que les membres du clergé sont simplement venus déposer leurs votes en qualité d'électeurs, elle dit la chose qui n'est pas et ment comme' un organe officiel. C'est par voie d'autorité que le clergé est intervenu, comme aux beaux jours de son omnipotence. Nous savons que des prê tres qui jusqu'ici ne s'étaient jamais mêlés d'é lection, sont descendus dans l'arène, et n'ont négligé nul moyen pour forcer les électeurs voler en faveur du Père de l'Evêque. Nous engageons la Patriequoique journal clérical, ne plus insérer les notes que lui envoie l'évêché, sans information préalable, car on lui a fait dire une contrevérité flagrante et qui n abusera personne. On n'ignore pas que tout mauvais cas est niable et le clergé s'est démasqué avec trop d'éclat, pour ne pas avoir attiré l'attention du pays sur ses faits et gestes. Qu il essaie d'allénuer son immixtion dans la lutte électorale du 19 Juin, cela se comprend mais qu'il fasse encore des dupes, c'est impos sible. LA LOI SER L'ENSEIGNEMENT SEPÉRIEER. Depuis quinze jours, la Chambre des repré sentants discute le projet de loi sur l'enseigne ment supérieur. Celte discussion offre un exemple nouveau de la sincérité et de la loyauté du parti catholique, et combien est franc et poignard de dessous sa houppelande il tombait étourdi. Jehanne, qui s'était dégagée, courut frapper une porte voisine qui disparaissait sous un auvent. Quand on ou vrit, Rapide, abandonnant le corps humain sur lequel il s'était rué, se précipita la suite de sa maî tresse. La porte se referma sur eux. Ce n'était point au hasard, que Jehanne avait demandé asile. C'était là qu'elle se rendait, lorsqu'elle avait fait la rencontre du béquillard. Nous l'accompagnerons maintenant dans la maison où elle venait d'entrer. Un corridor, sans pavé ni dalle, se déployait dans 1 ombre, qui s échappait aux points lumineux d'une lampe que portait, devant elle, l'homme qui avait ouvert. La pente du terrain, allait toujours en augmentant; les murs latéraux étaient gras et formaient au-dessus de la tète une voûte humide et surplombée. L'éclaireur, qui marchait de quelques pas en avant était un homme dont on ne pouvait d'abord spécifier 1 âge ni le caractère. Sa teteen ce moment découverte était totalement dépouillée de cheveux, ce qui lui donnait une expression de décrépitude, qui n'était nullement en rapport avec sa taille haute et droitesa figure encore jeune, ses sourcils et sa barbe noireses yeux incisifs et pénétrants. Son costume se composait d'une robe de velours aux manches fendues et pendantes, doublée d'hermine mais dont la couleur, primitivement noire, était devenue grise par l'usage.

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Le Progrès (1841-1914) | 1849 | | pagina 1