réel l'appui que l'ancienne majorité donoe au
cabinet libéral. L'article relatif la composi
tion du jury d'examen souleva, dans le camp ca
tholique. un toile général, un hourra effrayant.
Pendant la discussion, les feuilles catholiques
et les orateurs de la même nuance poussèrent
des cris d'indignation. La liberté d'enseigne
ment. exclamaient-ils d'une voix lamentable,
est méconnue; la Constitution est violée, pro
fanée, déchirée le ministère veut faire renaî
tre le régime hollandais et qui pis est nationa
liser le système universitaire français.
Comme Jérémie, le Journal de Bruxelles
s'écriait: le jour de l'abomination de la désola
tion va luire, la Belgique, libre hier, sera sou
mise demain la plus affreuse tyrannie; les
Belges seront traités comme des turcs, car le
ministère libéral s'arme contre eux d'un cime
terre musulman.
Eh! bien, qu'est-il arrivé? la Chambre ne
s'est pas laissée émouvoir par toutes ces criail-
leries. L'article du gouvernement mis aux voix
a été adopté par 95 voix contre deux, c'est-à-
dire que non-seulement les libéraux, mais en
core les catholiques ont approuvé le système
du gouvernement. Mais que veut dire alors tout
ce bruit, tout ce vacarme, ces cris d'indigna
tion, ces jérémiades?
Ou bien le projet du gouvernement était
mauvais et attentatoire la liberté d'enseigne
ment, comme les catholiques l'ont soutenu
pendant quinze jours, et alors pourquoi l'ont-
ils sanctionné par leur vole?
Ou bien ce projet était bon et constitution
nel, et dans ce cas, pourquoi l ont-ils si vive
ment combattu par leurs paroles?
Pourquoi? le voici il est dans le catéchisme
politique du parti catholique un principe qui
dit calomniez, calomniez, il en restera toujours
quelque chose. Ce principe a reçu son appli
cation.
Le projet du gouvernement était beaucoup
plus favorable que le parti catholique n'osait
l'espérer, beaucoup plus impartial qu il ne l'eut
fait lui-même, s'il avait étégouvernement. Mais
l'occasiou était trop belle, trop favorable pour
ne pas calomnier le parti libéral. D'ailleurs, le
moment de commencer la réaction est venu,
nos seigneurs les évèques l'ont ainsi décidé et
l'ordre en a été donné, il est exécuté en con
séquence. Voilà pourquoi le parti catholique a
fait beaucoup de bruit et de tapage l'occasion
d'une disposition qu'il a approuvée par son vote
unanime. Il espère que ces flots d'éloquence
anti-libérale, ces myriades d'articles empreints
de fiel calomnieux, porteront leurs fruits et
qu'il en restera quelque chose Voilà pourquoi
cet honnête parti a crié contre et voté pour
l'article de la loi relatif la composition du jury
d'examen. Voilà bien ce parti astucieux qui
adopte tous les moyens pour arriver ses fins
et dont en Belgique quelques libéraux-dupes
soutiennent les projets réactionnaires et les
rêves du moyen-âge.
ASSOCIATION AGRICOLE
DE L'ARRONDISSEMENT D'YPRES.
Les membres de l'Association agricole se sont
réunis en assemblée, aujourd'hui Samedi, 3o Jnin
1849. Plusieurs objets étaient portés l'ordre du
jour de la séance.
En premier lieu, il a été décidé qu'une pétition
serait adressée au conseil provincial pour demander
des modifications au règlement pour l'amélioration
de la race bovine. On désire une seconde expertise
et la faculté de pouvoir admettre la saillie les
taureaux dès l'âge de 14 mois. Cette seconde ex
pertise faite par des délégués qui n'ont droit
aucune indemnité, aurait lieu dans le mois de
Juillet. On y ajoute que les dispositions du règle-
mentsont si défa vorablesà l'arrondissement d'Y près,
qu'il y a eu, pendant un certain temps, détresse de
taureaux reproducteurs.
On s'est occupé également de la caisse d'assurance
contre les dégâts occasionnés par la grêle. L'assem
blée entière s'est prononcée pour l'abolition de cette
institution qui, telle qu'elle est constituée, ne pourra
jamais subvenir indemniser les pertes subies par
les cultivateurs.
En dernier lieu, l'Assemblée a décidé la création
d'une caisse de prévoyance et de secours pour les
ouvriers agricoles qui ont mérité, par leur zèle et
leur bonne conduite, une marque de distinction et
pourceuxquien recevraienta l'avenir tantdu gouver
nement que de l'association. Cette institution qui
serait soutenue par le gouvernement, la province
et lescommunes, donnerait des secours temporaires
ou permanents des ouvriers malheureux de cette
catégorie, de façon améliorer leur condition. C'est
notre avis une heureuse idée et le germe d'une
institution de bienfaisance qui pourrait plus tard
douner des fruits féconds.
Lundi prochain, cinq heures précises de relevée, M.
de Flor, fils d'un ancien officier supérieur, que de longues
infortunes ont obligé d'aborder la carrière des arts,
donnera dans la Salle de l'hôtel de ville, une séance où il
se fera entendre sur la flûte. Son talent, dit-on, est des
plus remarquables et il a ceci de particulier, qu'il est le
résultat de sa seule volonté, M. de Flor n'ayant jamais eu
de maître pour le diriger dans ses études.
La commission provinciale d'examen, de la Flandre-
Occidentale, dans sa session du 24 Juin 1849, a accordé
le diplôme de géomètre-arpenteur,
MM. J. Terry, commis de notaireNeuve-Église,
(arrondissement d'Ypres),
L. Brunooghe, écrivain, Ghistelles,
Al. Tailly, employé du cadastre, Menin,
Ch. Calewacrt, de Cruyshauthem, et
Em. Lanncau, d'Avelghem; ces deux derniers, élèves
du pensionnat de M. Vanrobays, NVaereghem.
C'est dimanche, lr juillet, que commenceront les fêtes
de la ville de Malines, l'occasion de l'inauguration de la
statue de Marguerite d Autriche. Nous avons dit déjà que
rien n'était épargné par les habitants, pour embellir les
rues et les façades de leurs maisons, pour donner aux
costumes des enfants qui figureront dans la cavalcade, la
sévérité historique la plus complète.
Lundi 2, le roi, accompagné de LL. AA. RR. le duc de
Brabant, le comte de Flandre et la princesse, ainsi que
des ministres, se rendront dans la matinée Malines.
S. M. passera en revue la garde civique et de là se rendra
vers midi la Grand'Place midi les cloches de toutes
les églises sonneront toute volée et des salves d artil
lerie annonceront la chute du voile de la statue. Immé
diatement après, un chœur de 500 voix entonnera une
cantate, due la plume de M. François Wittman.
Après cette cérémoniele roiaccompagné de sa fa
mille, ira visiter les expositions, et vers les trois heures
la cavalcade se mettra en marche. Les personnes de notre
pays, et elles sont nombreuses, qui ont gardé le souvenir
des jubilés de 1825 et de 1830, n'auront qu'une faible
idée de la fête actuelle.
Tout le monde s'étonne qu'on donne le plus brillant
bal de société la veille du jour où la famille royale hono
rera de sa présence les fêtes de Malines et où les étrangers
désireux de voir la cavalcade afflueront dans cette ville.
On lit dans la Gazette de Liège:
Le choléra continue sévir dans les environs de Liège.
On nous rapporte que dans le village de Votlhem il a
depuis son apparition jusqua ce jour, enlevé 25 personnes.
La commune de Tilleur, que le fléau avait épargné lors
de sa première apparition, est maintenant cruellement
éprouvée. Hier, il y a eu cinq décès; dans un des jours
de la semaine passée, on a compté jusqu'à huit morts.
A la demande de M. le curé de la paroisse, deux reli
gieuses appartenant la digne et sainte congrégation des
Filles de la Croixsont arrivées dans la commune pour
soigner les malades elles ont reçu l'hospitalité au pres
bytère. L'école communale est transformée en hôpital
temporaire.
La discussion du projet de loi sur l'instruction supé
rieure a fait hier un grand pas. Le système proposé par
le gouvernement pour la nomination du jury d'examen a
triomphé la majorité de 65 voix contre 32. Quatre mem
bres se sont abstenus.
La Chambre était presque au complet. Il y avait plus
de cent votants. C'est la première fois, croyons-nous,
depuis la réforme électorale, que le nombre des membres
présents la séanee dépasse ce chiffre.
Traitement contre le choléra. Un jeune médecin
français vient de faire connaître, par la voie de la presse,
un traitement contre le choléra, dont il a, dit-il, retiré
de très-bons effets et auquel il croit devoir le bonheur
de n'avoir perdu jusqu'à présent aucun des malades aux
quels il a donné ies soins.
Voici en quoi consiste ce traitement
Dès le début de l'un ou de plusieurs des symptômes
de la maladie, il administre la potion suivante: infusion
de tilleul (un tiers de verre environ)chloroforme pur
8 12 gouttes. Cette potion doit être donnée au malade
en deux foiscinq ou dix minutes d'intervalle. Sous
l'influence de cette médication, assure ce médecin, il
survient toujours une heureuse réaction dans la demi-
heure qui suit l'ingestion du médicament, et, une rémis
sion très-remarquable des plus graves accidens.
Lorsque la réaction ne marche pas franchement, on
administre de nouveau le chloroforme. Seulement la dose
indiquée ci-dessus doit être diminuée de moitié. Ainsi,
au bout de vingt minutes, on en donne au malade cinq
six gouttes dans 40 grammes d'infusion de tilleul.
Il est bien entendu que cette médication doit être aidée
fait qui doit se passer demain. Vous qui avez la puissance
de soulever d'un mot le voile de l'avenir vous me direz
ce qui adviendra et ma générosité vous dédommagera
selon votre volonté.
Parlez fit le magicien dont le corps resta immo
bile, mais dont les yeux ardemment fixés sur la jeune
femme, paraissaient s'animer.
Maître reprit Jehanne en s'enhardissant comme
dans un accès de fièvre, demain une heure de relevée
deux jeunes seigneurs se battent outrance...
Le comte Hugues et le comte Archambaud! inter
rompit Jacques Moulu.
Puis se levant avec gravité, il alla prendre une poudre
blanche dans le compartiment d'un coffre et la jeta dans
le brasier.
Une flamme vivemonta en colonne spirale vers la
voûte, trembla un instant indécise et s'éteignit.
En même tempsJacques Moulu prononça quelques
paroles cabalistiques, et évoqua l'ombre de sa divinité
inconnue, dans une langue aussi inconnue.
Sa physionomie s'animait progressivement, et lorsqu'il
lança ensuite sur les charbons ardents du fourneau une
pincée de sels alcalis, ses traits exprimèrent une telle
animation que Jehanne, altérée, le regarda comme on
regarderait une apparition.
Les sels pétillèrent avec éclat.
Jacques Moulu traça terre des signes inintelligibles
avec la pointe d'une veille lame.
Cette opération achevée, il se tourna vers le foyer et
parut écouter avec attention.
Un grain d'alcali éclata avec bruit.
Alors on eut vu une chose étrange.
(La suite au prochain
Les seuls objets qu'il eut de vraiment propres et qu'il
portait même avec certaines prétentionsc'étaient des
pantalons collants vert d'eau et des souliers grande
poulaine.
Cet homme qu'il eût été difficile, nous le répétons, de
classer exactement, allait toujours au milieu d'un silence
profond.
Jehanne le suivait avec anxiété. Le motif qui l'attirait
devait être puissamment gràve, puisqu'elle n'avait pas dit
un seul mot, en entrant, de l'aventure qui lui était sur
venue, ni de la manière dont le lévrier l'avait sauvée.
Enfinl'homme la tète chauve s'arrêta pour faire
remarquer Jehanne un soubassement qu'il fallait en
jamber.
Derrière ce soubassement se trouvait une sorte de ves
tibule au fond duquel était un escalier conduisant aux
étages supérieurs de la maison il offrait celle singularité
qu'il était assez élégamment meublé.
L'homme la suite duquel s'était engagée Jehanne fit
alors glisser un énorme bahut adossé au côté gauche du
mur et qui reposait sur des roulettes; son déplacement
mit découvert une ouverture assez bassequ'ils fran
chirent.
Quand ils furent entrésl'un et l'autre dans l'espace
qui faisait suite, le bahut fut rerais sa place.
Cette fois la scène changea totalement d'aspect.
Qu'on se figure un vaste entonnoir renversé, aux par-
rois de briques, et l'on aura une idée de cette pièce sou
terraine. La voûte arrondie, laissait parsou milieu passage
une cheminée circulaire. II n'arrivait là ni air ni jour;
il n'y avait ni fenêtre ni soupirailrien qui rappelât les
besoins de la vie.
Au centre de cette espèce de cavedans un immense
fourneau brûlait un grand feu. A terre étaient des cor
nues, des creusets, des chaudières rongées d'oxide, des
flacons de toute forme, de toute grandeur.
Les murailles noirâtres disparaissaient presque entiè
rement, une hauteur d'à peu près de sept pieds, sous
le détail multiple des objets les plus hideuxles plus re
poussants. Il y avait les charpentes osseuses de toute sorte
d'animaux informes qu'on aurait pu attribuer des gnô-
racs ou de farfadets. Il y avait des squelettes humains
tout tordus, comme s'ils eussent obéi des contorsions
douloureuses. De grandes chauves-souris, vampires af
freux étaient clouées aux murs par leurs ailes membra
neuses. Voilà pour ce qui avait vécu et ne ne vivait plus.
Dans un coin obscur, étaient placées des cages de fer
travers les barreaux desquelles des serpents chatoyaient.
Quelques hibous, fuyant la lumière, se retranchaient dans
les parties ombreuses ne laissant apercevoir d'eux que
leurs yeux phosphorescents. De temps en temps, des cra-
peaux la peaugluante et rugueuse, traînaient leur venin
par la chambre.
Voilà pour ce qui n'était pas squelette et vivait.
En un mot, on était dans le laboratoire de maître
Jacques Moulu qui remplissait la ville pour pouvoir
avouer une profession, les hautes fonctions de tourinen-
tcur-juré.
Jehanne se laissa tomber plutôt qu'elle ne s'assit sur un
fauteuil que lui avait approché le tortureur-nécromanien.
Ce dernier prit place en f3ce d'elle sur un escabeau.
Je vous écoute dit-il ensuiteen croisant ses
jambes et ramenant ses bras en croix sur sa poitrine.
Jehanne répondit d'une voix douce et mal affermie qui
faisait contraste avec la sèche fermeté de Jacques Moulu
Maître je suis venu consulter votre science sur un