JOIRAAL D'APRES ET DE L'ARROADISSEJIEiVT. 854. 9e Année Jeudi, 12 Juillet 1849. Vires acquirit eundo. IXTÉIUEIR. Le neveu d'un Connétable. ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 3 francs 50 c. Provinces, 4 francs. I Le Progrès parait Je Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit INSERTIONS Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames la ligne 50 centimes. être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies. YPRES, le 11 Juillet. Le Journal des Jésuites, fidèle son système de dénigrement et de calomnie dit que nos réflexions sur les élections du 19 Juin sont dic tées par une haine implacable contre la religion et contre ses ministres. Pourquoi donc toujours mettre la religion en avant? Qu'a-t-elle de commun avec nos débats politiques? Avons-nous jamais attaqué ou ses dogmes ou ses ministres raison de l'exercice de leurs fonctions? Non, et plus fidèles au commandemens de Dieu que la plupart de ceux qui sont chargés de les enseigner et de les faire aimer, nous n'avons de haine contre personne, et bien moins encore contre une religion dont nous admirons les préceptes d'amour, de morale et de charité. Non! mille fois non! nous savons que celte religion n'est en aucune manière responsable des écarts de quelques-uns de ses ministres, et qu'elle a droit notre respect, parce qu'elle est la pierre fon damentale de la morale le lien de la société le soutien des faibles, la consolation des affligés et souvent le refuge des criminels. Aussi, pour la centième fois, nous défions nos adversaires de trouver dans une seule de nos colonnes une phrase, un mot, qui puisse porter atteinte aux dogmes ou aux principes de la foi que nous professons. Ceux qui compromettent cette religion ce sont ces prêtres qui s'en servent comme d un instrument pour rétablir leur domination; ce sont ces prêtres qui se font, de ce qu'il y a de plus sacré au monde, un bouclier pour cacher leurs turpitudes et leurs projets ambitieux et vindicatifs, contre ceux qui ont aidé les re fouler dans le cercle de leurs attributions. Oui, ceux-là seuls portent une atteinte la foi, qui la veille distillent leur fiel dans des pamphlets diffamatoires, disent la messe le matin et calom nient de nouveau l'après-diner! Mais ne con fondons pas le grain avec l'ivraie; il y a des prêtres, nous en connaissons, qui déplorent, aussi profondément que nous, la conduite poli tique de leurs collègues, qui comprennent que leur place est l'église, au chevet du lit du ma lade, là où il y a des consolations porter, du bien faire ou du mal empêcher, en un mot, qui comprennent la sainte mission dont ils sont Suite,) IV. COMBAT A OUTRANCE. Le lendemain matin, un hérault d'armes la saye parfilée d'or aux armes de France, précédé de deux clai rons, parcourait cheval la ville de Paris. Il allait par les carrefours et les rues criant, afin que personne ne l'ignorât, qu'à une heure de relevée combat outrance aurait lieu entre les très-hauts chevaliers Archambaud, fils de Guy-Durennel, comte du Donjon, et Hugues de Clisson, comte de Tangrcs, seigneur de la Tour. A dix heuresune foule considérable d'hommesde femmes et d'enfantsencombrait les abords du Pré-aux- Cleres, où devait avoir lieu la rencontre chacun rendant avec usure les horions qu'il recevait, mettant son plus grand soin accaparer une place avantageuse d'où l'on put aisément tout voir. L'immense emplacement choisi débordait comme un vase trop plein. Les toitures terminées en pointe des maisons voisines craquaient sous le poids de l'encombre- chargés. Ceux-là ont toutes nos sympathies, nous leur vouons toute la vénération qu'ils mé ritent et, nous le répétons, quand nous atta quons le parti prêtre, nous ne nous adressons pas au sacerdoce en général, mais bien aux en- fans d Escobar, ces disciples de Machiavel, pour qui le but justifie les moyens, et qui parleur conduite et leurs basses intrigues compromet tent la religion sous prétexte de la défendre, tuent la liberté par la licence, et insultent la morale publique en affichant un cinysme, une mauvaise foi et une impudence dont les époques les plus néfastes de nos révolutions n'offrent même pas d'exemple. Nous avons établi dans notre dernier n", que c'est la participation active du clergé que M. Malou doit les cent et des voix de majorité qu'il a obtenues sur son concurrent M. de Langhe Toutefois, nous devons celte justice une partie des électeurs de l'arrondissement, que jamais ils n'ont montré plus d'indépendance que lors de l'élection du 19. Trois cent soixante cinq voix, sur 890, sont venues témoigner que bon nombre délecteurs ont su résister la pression qu'on a voulu exercer sur eux au nom de la religion en péril, qu'ils ont fait bonne justice des calomnies déversées par des hommes revêtus d'un caractère sacré sur un citoyen ho norablequi n'en peut mais, quoi qu'on ait osé l'insinuer, de ce que nous n'ayons pas de chemin de fer, qui, surtout n'a jamais été en mesure de déshériter sa ville natale dans la répartition de faveurs qu'elle a achetées au prix d'énormes sacrifices, et de la mettre, qu'on nous passe l'expression, au ban de la justice distributive. Les voles que les électeurs des villes et com munes voisines sont venus déposer dans l'urne en faveur de M. de Langhe, sont une énergique protestation contre d'odieuses ménées, et, ce titre, elles sont d'un heureux présage pour l'avenir. On a tellement abusé de l'influence religieuse, dans les choses où elle n'avait que faire, que le peuple en est venu ne plus croire sur parole ceux qui en font un si noble usage. Ne se rappelle-t-on pas que peu de temps après l'avènement de l'opinion libérale aux affaires, et vers l'époque de la débâcle du 8 Juin, nos amis politiques étaient des anarchistes, des clubistes, des sans-culottes, la queue de Robes- ment. Sur les nervures de l'abbaye de S1 Germain-des- Prés, sur ses plus petits entablements, ses moindres figurines, bon nombre d'écoliers et de pousse-cailloux s'étaient adroitement établis. Le porche se perdait sous l'avalanche de l'écoleriesous l'averse des jeunes clercs riant du rire le plus expansif, le plus homérique, le plus inextinguible, se dédommageant, par des colibets, de ce qu'ils ne pouvaient jouer aux mérelles. Au milieu de la place, chacun s'élevait, allongeait le cou pour dépasser son voisin c'était une lutte au plus grand. Nobles et truandsarchers et vide-boursesbourreaux et coupe-jarrets, étaient confondus comme de vrais amis, ayant fait, par pacte provisoirecondition expresse du droit de franchise. L'attentionles oreilles et le cœur, tout se confondait dans les yeux. Le myope eut donné volontiers, en ce moment, dix ans de sa vie pour devenir presbyte les plus petits eus sent voulu grandir de six pieds. Pour donner p us de solennité cette espèce de fête publique, le roi Charles VI, malgré ses retours inces sants de foliey assistait avec la coursous un dais de pierre? II fallait alors se croiser contre nous, car le pouvoir entre nos mains, c'était, la fer meture des églises, la proscription des prêtres, la conversion des cloches en gros sous, etc. L'influence libérale prévaut aujourd'hui dans la direction des affaires, un ministère composé d'hommes de notre opinion a succédé au cabi net du 1er Avril, et aucune des sinistres pré dictions de la caste cléricale ne s'est réalisée ce ministère a sauvé le pays des calamités dont nos adversaires étalaient si complaisamment le mensonger tableau aux yeux des crédules. Il semble que, dans les circonstances présen tes, la prudence, si ce n'est la gratitude, devait commander plus de circonspection nos ad versaires, il n'en a point été ainsi; ils sont venus se jeter résolument, corps perdu, en travers de l'élection du 19, au risque de réveil ler des querelles un instant assoupies, et cela dans un moment où, dans l'intérêt général, les vieilles discordes auraient dù se taire. Ces réflexions nous ont été inspirées par la polémique soulevée depuis quelque temps en tre divers organes de la presse, au sujet de l'élection d'Ypres. Nous dirons cette occa sion que nous ne sommes point étonné de nous voir taxé, par certaines feuilles, d'exagération, voire même de calomnie, cela ne fait que cor roborer ce que nous avons déjà dit, savoir que les plus huppés ne croient pas encore le moment opportun, pour rompre ouvertement en visière l'opinion libérale. Le Journal de Bruxelles est surtout explicite cet égard; il n'hésite pas condamner les démarches des siens, au cas où elues'auraient eu lieu. C'est quelque chose, et nous en concluons que le chef de file du parti sent parfaitement ce que le zèle de ses adeptes a de compromet tant pour sa cause. Ypres, le 11 juillet 1849. Monsieur le rédacteur du Progrès, Ma correspondance de mercredi dernier m'a valu un double honneurcelui de passer pour un lettré remplis sant des fonctions auxquelles je me fusse estimé trop heureux de pouvoir aspirer, et celui plus grand encore, d'être injurié par des gens qui, en fait d'insultes et de provocations, doivent se connaître mieux que personne, et qui ignorent ou feignent d'ignorer qu'une fois arrivés sur ce terrainils méritent qu'on leur rende pleine main les outrages qu'ils nous jettent. Je ne dirai pas qu'il est des injures qui honorent, comme il est des louanges qui flétrissent. Si, pour repousser une accusa tion il suffit de puiser sa défense dans un répertoire de tapisserie ondoyante. A côté de la reine Isabelle de Bavière se trouvaient la duchesse de Berry, tante du roi, la duchesse Valentine d'Orléans, les duchesses de Bourgogne et de Bar, les dames de Coucy et de Préaux. Auprès du roise tenaient Tanneguy-Duchâtel, le comte de la Marchele duc de Gueldrele marquis de Pont, le comte de Montaigu,et plusieurs autres dont les noms nous échappent. En face de la tente royale, un vaste emplacement, pro tégé par des cordes, avait été ménagé pour la lice. C'était grand'peine si les huissiers parvenaient maintenir la foule et l'empêchaient d'envahir l'enceinte réservée. Le populaire avait voulu dévorer l'espace de temps qui le séparait encore du moment désigné, pour arriver plus vite un aussi beau spectacle la rencontre de deux che valiers si renommés ne pouvant produire qu'un choc terrible, de même que deux triangles de fer qui ne se heurtent jamais sans un épouvantable fracas. A sa grande satisfaction l'horloge de l'abbaye S* Ger main, sonna enfin l'heure solennelle. Parurent alorsbrillamment arméspressants leurs

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Le Progrès (1841-1914) | 1849 | | pagina 1