D ÉLOQUEÎICE CLERICOIÎ1DBSTRÏELLE. Cette restriction mise au pouvoir, accordée au gouver nement, offre-t-el!e oui ou non une garantie l'enseigne ment libre Tout homme impartial et de bonne foi répondra allirmativement, et le parti catholique l'a si bien compris qu'il a voté la presqu'unanimité cetarticle qui a été adopté par 95 voix contre deux. Le système nouveau offre infiniment plus de garanties d'impartialité que celui qù'il remplace. D'après la loi de 1855, lesjurvs étaient composés de sept membres; deux étaient nommés par la chambre, deux par le sénat, et trois par le gouvernement; rien ne limitait le droit de la législature et du cabinet de sorte que lesjurys pouvaient être composés exclusivement de professeurs appartenant une seule université. De plus, les assemblées législati ves sont nécessairement des assemblées politiques, et les choix qu'elles font se ressentent inévitablement de l'opi nion de la majorité. C'est là, non pas une théorie, mais un fait dont l'expé rience a prouvé la vérité, et que M. Dumortier que nos adversaires n'accuseront pas d'être libéral), a démontré de la manière la plus claire et la plus irréfutable. Depuis 1835 jusqu'en 1847 le parti catholique était en majorité la Chambre; ce parti éprouve peu de sympathies pour l'université libre de Bruxelles, une grande prédilection, au contrairepour l'université catholique de Louvain, eh bien durant ces douze années, pas un seul professeur de l'université de Bruxelles n'a été nommé parla Chambre, d'un jury. Ce. fait qui est une preuve sans réplique de la partialité révoltante du parti catholique, quand il était au pouvoir, ne démontre-t-il pas qu'il est dangereux de confier des assemblées politiques irresponsables des choix que le ta lent et la science devraient seuls dicter, et qu'il vaut infiniment mieux donner au gouvernement qui doit compte de ses actes la législature et au pays, le pouvoir de désigner, sous sa responsabilité, les hommes dignes de siéger dans lesjurys d'examen. La chambre actuelle pouvait maintenir la loi de 1855, conserver le droit de nommer deux membres dans chaque jury, et la majorité pouvait aujourd'hui user de ce droit comme le parti catholique en avait usé, quand il était ma jorité. Mais le parti libéral est essentiellement généreux, il sait que les excès tuent, et que les partis politiques se suicident en abusant de leur force. Au lieu donc d'user de représailles, en nommant membres du jury d'examen des professeurs des universités de Gand, de Liège et de Bruxelles, l'exclusion de ceux de l'université de Louvain, la majorité a préféré abdiquer un droit qui lui paraissait dangereux, et adopter, son détriment même, un système basé sur les vrais principes. Mais, s'écrient les feuilles catholiques, la loi sur l'en seignement viole la Constitution, elle entrave la liberté de l'instruction! Et en quoi, s'il vous plait? L'art. 17 de la Constitution dit que l'enseignement est libre, que toute mesure préventive est interdite. La loi nouvelle dit-elle le contraire? En effet, qu'est-ce que la liberté d'enseigne ment? La faculté accordée tous les citoyens d'enseigner telles doctrines qu'ils jugentconvenables, sans qu il puisse être mis la moindre entrave ce droit. Cette faculté d'enseigner continue exister dans toute sa plénitude, dans toute sa véritédemain l'on pourrait établir une université socialiste, communiste, prudhommiste, comme on a établi une université catholique, et une université libérale. Mais côté de ce droit illimité d'enseigner que la so ciété Belge reconnaît tous il existe pour elle un devoir, celui de constater les capacités de l'homme appelé défendre les intérêts de ses concitoyens, soulager les maux de ses semblables. Avant d'autoriser l'exercice de ces professions délicates et difficiles, la société doit con stater l'aptitude de celui qui demande les remplir. Elle doit garantir tous que l'homme en qui l'on place sa confiance en est digne sous tous les rapports. L'autorité seule peut remplir ce devoir social, elle le remplit en appelant aux jurys d'examen des hommes spéciaux dont les rapports amènent la délivrance ou le refus des diplômes. Il est vrai qu'en composant les jurys avec partialité, on pourrait nuire indirectement certains établissements d'instruction, mais cette partialité est-elle possible en présence des déclarations formelles du gouvernement qui s'est engagé nommer, en nombre égal, des profes seurs d'un établissement libre et d'un établissement de l'état. Nous allons même plus loin, et nous soutenons que le système des jurys dits d'accouplement, offre au parti catholique plus de garanties réelles que celui du jury central qui peut-être eut été préférable en principe; dans le premier système l'université catholique aura autant de jurés qu'une université de l'état, la moitié du jury sera composé de ses professeurs; dans le second système, au contraire, du jury central, cette université n'eut été re présentée que pour un quart, puisque les deux univer sités gouvernementales et l'université libre eussent fourni les trois autres quarts. Quant la question de savoir si le gouvernement tien dra les promesses qu'il a faites, la surveillance de la législation, le contrôle de la presse, l'action de l'opinion publique sont des garanties réelles. Pour notre part, nous .serions les premiers combattre énergiquement le mi nistère qui fausserait ses promesses en abusant d'un pou voir qui ne lui a été confié qu'à certaines conditions, nous le combatterions avec autant de vivacité et de persévé rance que nous avons combattu le pouvoir émané d'une majorité qui pendant douze années, la Chambre des représentants, n'a pas nommé membre d'un jury d'exa men, un seul professeur de l'universitélibrcde Bruxelles, établissement d'instruction auquel cette majorité était notoirement hostile. Dans un de nos prochains n°*nous nous occuperons de la question des bourses. Tandis que dans un grand nombre de localités du pays et même de notre province, l'épidémie régnante fait cha que jour de nouvelles victimes, Ypres, grâce Dieu, non-seulement le fléau ne sévit point, mais l'état sanitaire de la population a été rarement plus satisfaisant qu'au jourd'hui, et le nombre des décès moindre que durant le premier sémestre de 1849. Depuis le l" Janvier jusqu'au 50 Juin de cette année, 286 décès ont élé constatés. Durant les mêmes mois de 1848, le nombre de décès avait été de 504, et de458, du rant le 1" sémestre de 1847, de sorte que pendant les six premiers mois de 1849, il y a eu 18 décès de moins que durant les mois correspondants de 1848, et 152 de moins que durant la même période de 1847. Nul n'ignore que la propreté des habitations est une condition essentielle de la salubrité publique, c'est là un fait qu'on ne peut trop répéter. Il importe surtout que la classe ouvrière soit bien convaincue de cette vérité. Nous engageons donc les administrations publi ques et les particuliers faire tout ce qui est en leur pouvoir pour atteindre ce résultat. Le badigeonnage au lait de chaux tant l'intérieur qu'à l'extérieur des habitations est prescrit par tous les comités de salubrité publique. Ce travail peu coûteux prévient souvent de grandes dépenses de maladie, etc. Nous pensons donc que ce moyen ne peut être négligé. Quand la providence qui dispose du sort de l'humanité nous accorde ses faveurs, n'est-ce pas un devoir sacré pour nous tous de seconder de nos faibles moyens sa volonté bienfaisante? reste plus qu'à plier armes et bagages, faire un éternel adieu aux agréments de la scienceaux émotions de la politiqueaux droits de l'humanité. C'est Don Quichotte dont l'esprit transcendant et sublimement inspiré prévoit si bien.... dans le passé, c'est Don Quichotte qui en a décidé ainsi de notre présent et de notre avenir et son fidèle Sanclw plein d'admiration pour son maître qu'il se garderait bien de contredire a fait suivre (le cruel!) sa sentence d'un amen enthousiaste et joyeux, mais qu'on dit cependant être sorti avec peine de sa faible poitrine, au point de compromettre un instant sa florissante et radieuse existence. AgréezMonsieur le rédacteur, l'assurance de mon sincère dévouement. R- Le journal du sieur Lambin-MORTIER, le représen tant des vrais principes et de beaucoup d'autres choses, contient, dans son numéro dernier, un article que termi nent ces mots ces ventres proéhivevs qui dé notent si bien la matérialitéla voracité et Yégoïsme de ceux qui les portent. Trop bien élevé pour reprocher ces vilains défauts notre frugal adversaire, nous nous permettrons cependant de lui demander, lui, catholique farceur, lui en qui dame Nature semble vouloir prouver que le cuir abdo minal est extensible l'infini, s'il a oublié l'histoire de la baleine enfantant Jaunas-, s'il a perdu de vue l'apologie de Monlfort enfantant une souris poitrinaire; s'il ne revendique pas enfin l'honneur d'avoir accouché, après un travail qui a dû altérer l'enveloppe matérielle du pro duit d'une, belle et généreuse INTELLIGENCE. Libre lui de parler de nos appétits; liberté pour nous de mettre en relief ses produits. Ypre$, le 12 Juillet 1849. Monsieur le rédacteur du Progrés En livrant la publicité de votre journal ma corres pondance du 11 Juillet, je ne me doutais pas qu'elle allait servir de réponse péremptoirc une diatribe grotesque- ment fulminante qui s'imprimait en même temps. Que vos lecteurs impartiaux intelligents et honnêtes veuil lent bien mettre en regard les deux écrits, les parcourir attentivement et sans prévention, et j'accepte d'avance le jugement qu'on pourra en faire ressortir. Certes jamais meilleure occasion ne s'est présentée pour discerner le vrai du faux, la raison de l'odieux et de l'injuste. Mes réflexions, que reproduisait votre journal, peuvent se résumer en ces termes: La colère et les injures ne prouvent rien; la modération est le privilège d'une cause juste. Le même jour, la même heure, nos adversaires con firment d'eux-mêmes cette assertion en tous points. Leur fidèle allié ou plutôt le respectable patron sa doublure ne paraissant que le dimanche) accueille leur communi cation dont, entr'autres arguments, nous recommandons, tout avocat d une cause aux abois, les gracieusetés sui vantes parti taré infame journalgros monstre feuille immonde, fonctionnaire barbu, orgie, chiffon, mirabeau de l'yperlée, stipendiés, abrutis, infames me nées, avilissement, ame corrompue, impudeur, ventre proéminent, matérialité, voracité, etc., clc. Quelques esprits stupidement aveuglés ou quelques partisans quand même, peuvent appeler cela de l'habilité et y applaudir. Pour notre part, nous y applaudissons de tout notre cœur et, dans notre intérêt, nous ne pou vons donner nos adversaires de meilleur conseil que de persister dans cette voie. Allez Messieurs, enflez bien vos poumons, donnez-vous pleine gorgée de cris, de mu gissements et de rage. Faites-nous surtout quelquês petites scènes en public, fut-ce même contre un innocent, de ces scènes où votre insolence, votre brutalité, votre fureur montrent une fois pour toutes de quel côté est le calme et la modération inséparables de la justice et du droit! (1) En définitive, pourquoi cette colère? Les premiers vous êtes descendus sur le terrain des grossières personnalités. Nous ne vous y avons pas suivis, nous ne vous avons pas infligé le châtiment du talion car on ne peut pas perdre de vue cette circonstance que le portrait que nous avons fait n'a rien de faux, ni d'exagéré, l'original étant connu de tout le monde et 1 impitoyable chronique rétrospective étant non-seulement pleine de faits, mais nous donnant encore l'avantage de citer des textes authentiques. Com ment vous auriez le droit de nous honnirconspuer ridiculiser par toutes sortes de peintures mensongères calomnieuses et stupidement grossières et vous refuseriez celui de nous défendre par la seule arme que vous savez manier avec succès, arme, qu'on ne peut pas nous accuser d avoir maniée avec cette absence de vérité et de ressem blance, avec ce talent dont vous seuls possédez le secret Ma foi! tout bien examiné, nous avons faire des gens qui ne prétendent rien moins qu'au monopole de 1 universalité et l'universalité du monopole. Forcément ils ont arraché au commun des mortels le monopole du désintéressement, de Il logique et de l'élocution. Par la barbe de M. de la Palisse, Messieurs les indépendants, vous devenez bien exigeants il vous faut encore le droit sans répliqué delà satyre outrageante. Et nous, pauvres heres, victimes d un destin injuste et courroucé, il ne 1 La rédaction ne doit pas ignorer que hier au soir M. Gorrissen a été attaqué d une manière indigne ^ar le Sr Begerem. au café du Saumon. Tout le monde ne lit pas la feuille cléricale qui s'imprime chez Lambin-Mortier. C'est tort cependant, car en se laissant dominer ou tre mesure par des idées propagaloriphobes, on se prive parfois de passe-temps fort agréables. Nous avons résolu, dans l'intérêt îles menus- plaisirs de nos lecteurs, et pour réparer, autant qu'il est eu nous le tort volontaire qu'ils se font, de publier désormais, de temps autre, sous forme de variétés, les élucubrations du saint journal. Voir ci-dessous un premier morceau de sa façon. SPÉCIMEN Dans un numéro de la feuille cartonnée, feuille que je ne lis jamais, et qui, par hasard, est tombée entre mes mains, je vois les mots avorton de la nature capri cieuse et je me demande qui ces mots peuvent s'adres ser. Serait-ce peut-être cet enseigneur de lthétorique, naguère jugé inepte conduire les élèves de sixième Guy, et recueilli par nos faiseurs pour propager leurs principes délétères au miiieu de la génération nouvelle qu'un dé plorable aveuglement confie encore un établissement destitué de tout enseignement religieuxet pour exciter les enfants contre leurs pères et Tes pères contre leurs enfants dans le cas où ils ne partageraient pas la même opinion au sujet d'un candidat qu'un parti taré ose met tre sur les rangs pour la représentation nationale? Ou 1 infâme journal aurait-il voulu faire allusion ec gros monstre qui, trop jeune encore pour distiller son venin sur la société, fit bon marché des égards, de l'affection et du respect que les enfants ont ordinairement et d'in stinct pour les auteurs de leurs jours? Ou bien cette feuille immonde aurait-elle cherché faire, connaître le fonctionnaire barbu et ses dignes acolytes, qui, l'avant- veille du 19 Juin dernier, dans un chef-lieu de canton, se faisaient, en pleine orgie, conspuer par les électeurs devenus honteux d'avoir été jusque-là, les dupes de ces charlatans dont ils n'avaient pas encore pu apprécier les allures, les tendances et le but? Quelque bas que soit tombé le Chiffon Cartonné qui s'intitule Progrès, et cela en dépit des inspirations plus ou inoins anodines du Mirabeau de l' Y perlée, il est permis de supposer que ses stipendiâmes ne sont pas cependant assez abrutis pour ne pas comprendre combien devait retomber d'aplomb sur eux-mêmes cette qualification d'avorton de la nature, qualification inventée par la vanité et la sottise. Oui, trop famé triumvirat, soyez tranquille, nous vous avons compris dans votre délire vous avez voulu frapper d'es- toe et de taille, et vos perfides coups ne pouvant at teindre une belle et généreuse intelligence, qui sacrifie santé et intérêts pour éclairer ses concitoyens sur vos inlâmes menées, ont brisé le peu de crédit que vous te niez encore de l'ignorance et de l'avilissement. Médi tez, malheureux, et si de votre âme corrompue il peut encore s'élever une pensée raisonnable, vous comprendrez que si nous voulions manier la plume avec cette impu deur devant laquelle vous ne reculez jamais, c'est dans vos rangs et chez les vôtres qu'on découvrirait en grand nombre les avortons de la nature capricieusetandis qu autour de nous se groupent les hommes courageux et conséquents, les hommes heureusement doués qui, il est vrai, se distinguent plus par l'honneur et par la dignité avec lesquels ils défendent les droits de leurs eon-

HISTORISCHE KRANTEN

Le Progrès (1841-1914) | 1849 | | pagina 2