JOIRWL D'YPRES ET DE L'ARROAD1SSEMEIVT. .V 858. 9e Année. Jemll, 26 Juillet 1849. Vires acquirit euado. Le neveu «l'un Connétable. ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 3 francs 50 c. Provinces, 4 francs. INSERTIONS Annonces, la ligne 15 centimes. Réclahes la ligne 30 centimes. Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies. lYTIlCIELIt. YPRES, le 25 Juillet. Après le cataclysme de Février, le parti clé rical comme la secte d'Ignace de Loyola était rentré sous terre. On ne voulait plus entendre parler d'un parti catholique, le nom devait en être effacé des annales belges. L'union, la conciliation devaient inspirer la Belgique et lier étroitement tous ses enfants dans une im mense étreinte, en signe d'oubli des anciennes divisions politiques. Pendant longtemps, quand le danger paraissait imminent, la presse catho lique entonnait un hymne, en l'honneur de l'union, de la conciliation. Ce jeu a fait quelques dupes. On commence ouvrir les yeux. Le courant politique est la réaction. Vite, voilà nos bénins cléricaux l'œuvre. L'Europe commence avoir raison de la démagogie qui l'a tourmentée depuis Février 1848, et nos rétrogrades, toujours les mêmes, nos réaction naires incorrigibles veulent faire payer la Bel gique, calme dans sa liberté, fière de ses institu tions, ayant su les conserver, les folies d'aulres pays qui se sont jetés dans les bras de l'anar chie, en poursuivant la conquête de la liberté. Il est évident que le parti clérical remonte ses ressorts, ajuste les ficelles pour rentrer dans l'arène politique, d'où le 24 Février et la cou ardise l'avaient expulsé. Mais la réaction, dirigée par le jésuitisme, commence poindre et l'oc casion paraît trop favorable l'opinion cléri cale de rentrer dans le domaine politique en despote, pour la négliger. L'élection d'Ypres a fait voir que la religion sera bientôt encore une fois prostituée des intrigues électorales. Un haut dignitaire ecclésiastique, peine préco nisé évêque, n'a—t—il pas abusé de son influence religieuse pour faire élire sénateur, l'auteur de ses jours, en attendant que le frère de févêque soit présenté aux électeurs comme l'élu du seigneurpuisque l'évêque est du même sang que lui. Au moyen-âge, on appelait cela du népotisme et de la simonie, aujourd hui le clergé en est arrivé avoir assez peu de souci de sa dignité, que ces peccadilles n attirent pas V. VALCHIMISTE. Suite.) Une pâleur livide vint couvrir les joues jusqu'alors empourprées de Goldussarina. C'est alors qu'on put voir ce que savait exprimer d'animation ses yeux expressifs; ce que dénotaient de frémissement ses lèvres minces, re levées leurs extrémitésce qu'il y avait enfin dans toute sa personne, d'énergique et de menaçant. Vois donc, dit-elle, en lançant sur Jacques Moulu un regard de feu vois donc comme nous savons mer- veilcusement nous comprendre: j'ai eu peine le temps de te formuler ma pensée que tu t'empresses de la mettre exécution. Elle s'arrêta suffoquée. Jacques reprit-elle, tu n'as poor moi aucune affec tion; loin de là, tu me méprises... L'alchimiste, tourmenté de voir se prolonger cette con versation, haussa les épaules en hochant la tète d'une manière approbative. Alors, se rapprochant encore davantage, elle lui dit d'un ton haut et ferme: - Tu as comprisn'est-ce pas que moipauvre ver misseau de terreje ne pouvais rien contre toi par la force,et la lame que je t'ai montrée ne t'a pas fait pâlir; tu as comprisque je n'étais qu'une misérable, et tu n'as pas hésité me faire l'aveu de ton indifférence! Tu t'es dit que la femme qui avait eu un partage de tes secrets son attention, tandis qu'il se lamente sur l'af faissement de l'esprit religieux, sans songer qu il peut s'en attribuer la bonne part résul tant de ses menées politiques et électorales. Ces réflexions nous sont venues l'occasion de la candidature de M. D'Anethan pour la place vacante de sénateur Thielt. L'ancien ministre de la justice, de la mixture et du cabi net des Six-DIalouveut rentrer tout prix dans la vie politique. En attendant, il a fait des brochures dans lesquelles il s'est fait le champion des plus exorbitantes prétentions du parti clérical en matière de donations charitables. Lui, M. D'Anethan, ancien substi tut du procureur-général, s'est oublié jus qu'à prétendre qu'un donateur pouvait faire des dispositions contraires aux lois. Le tout pour être agréable un parti insatiable qui, aidé d'un côté, veut tourner les difficultés et couvrir la Belgique de main-morte, sous pré texte de charité. Espérons que l'opinion libérale sera plus heureuse Thielt qu'à Y près, d'autant plus que là, elle n'aura pas lutter contre le père de l'évêque. Le Propagateur dans son dernier n° donne la relation d une fête célébrée au collège Saint- Vincent de Paul, le 18 de ce mois. On lit dans le compte-rendu Un beau feu d'artifice compléta cette paisible fête de famille et c'est peine si les menaces assez intem- pestives d'un agent de police faillirent troubler un instant cette délicieuse soirée. On reconnut fort pro- pos l'impulsion d'où parlait un si étrange veto, car pour son malheur, Ypres n'a déjà pu que trop appré- cicr la triste intolérance de certaine coterie libéràtre.... Eh! bien... qu'ils prodiguent pleines mains leurs pitoyables tracasseries quiconque n'a pas d'encens pour eux; qu'ils aillent jusqu'à flétrir, jusqu'à empoi- sonner les joies pures du jeune âge; qu'ils se bâtent, h le temps presse pour qui n'a pas de lendemain! Four répoudre ces déclamations, il suffit de présenter les faits dans toute leur simplicité. Des règlements (D interdisent de tirer dans l'intérieur des villes, et sans autorisation préa lable,des coups de feu, des artifices, etc., nul (1) Airêlédu 17 ventôse an xm. Arrêté du sous-préfet, 20 février 1806. Code pénal, art. 471, n® 2 n'irait pas dénoncer le magicien, parce que elle aussi serait brûlée comme sorcière. Eh bien! c'est vrai, Jacques, je n'aurai ni la force de te frapper, ni le courage de me perdre avec toi en te livrant la justice du pays; mais je te hais maintenantJacques mais il faudra une ven geance ma haine; parce que tant que je ne serai pas vengéema haine me rongera le cœurparce que tant que lu vivras, je saurai qu'une autre m'a remplacée dans ton affection... Je ne suis pas femme corse, née d'un père et d'une mère corses, pour tolérer les successions en ma tière d'amour. Adieu Jacques, acheva-t-elle, en lui lançant un coup- d'œil perçant, et se dirigeant vers l'ouverture du labora toire. L'alchimiste bondit jusqu'à elle, et la saisit par un bras: Eh bien soitdit-il la guerre... mais une guerre franche dans laquelle le plus habile triomphera. N'oublie cependant pas en sortant d'icique si tu possèdes assez de mes secrets pour me pouvoir envoyer au gibet de mon côté, je n'ignore, moi, rien de ta vie... Le beau mérite, monsieur le devin, interrompit avec hauteur Goldussarina en se dégageant de l'étreinte de Jacques Moulu. Ma vie n'est un secret pour personne. Je pense et je parle tout haut. J'agis en plein jour, sans jamais redouter un reproche car je ne relève que de ma conscience. Le tourmenteur juré se pencha vers elle et lui glissa ces mots l'oreille ne contestera l'utilité de pareille disposition, qui a été inscrite par nos ancêtres dans les cou tumes d'Ypres, 33. En effet, il est des quar tiers tels que ceux proximité desquels se trouvent des dépôts de poudre, de bois et d'au tres matières inflammables, etc.où il serait très-dangereux de tirer des feux d'artifices, et l'autorité seule peut juger si ce danger existe, donc la nécessité de l'autorisation préalable est évidente. Les agents de police sont chargés de veiller l'exécution des lois et règlements. Qu'est-il arrivé? Le 18 courant, un feu d'ar tifice a été tiré au collège S'-Vincent de Paul sans autorisation préalable. Un agent de police s'est rendu audit établissement; il a demandé si une permission avait été accordée; qu'y a-t-il d'intempestif dans la démarche de cet agent, qui faisait son devoir? L'incident dont se plaint si amèrement le Propagateur est donc un fait bien simple. Le veto n'a rien d'étrange, ne constitue pas une tracasserie pitoyable et l'on n'a ni flétri ni em poisonné les joies pures du jeune âge, car après tout, ces joies ne sont pas pures, lorsqu'une contravention aux lois les fait naître. Qu'on nous permette de faire une simple observation, que les circonstances au milieu desquelles nous vivons, nous suggèrent. La cause principale des maux dont souffre aujourd'hui la société, est l'abaissement de tout pouvoir, l'avilissement de toute autorité. Nous pensons doncen thèse généraleque si l'on veut asseoir la société et l'ordre sur une base solide, si l'on veut assurer l'avenir surtout, tous les hommes qui est donnée l'honorable mis sion de former la jeunesse, doivent enseigner non-seulement la sciencemais encore la mo rale qui prescrit comme un premier devoir l'obéissance la loi, mais la religion dont l'un des préceptes dit rendez César ce qui est Césard Dieu ce qui est Dieu. La soumission aux lois est une nécessité so ciale. Ce principe doit être aujourd'hui plus que jamais enseigné dans toutes les écoles par tous les maîtres, et le seul moyen pour eux de Jean Macbeth t'écoute-t-il quand tu penses tout haut? Goldussarina se troubla. Jacques Moulu poursuivit: Te regarde-t-il quand tu agis en plein jour? Le trouble de Goldussarina devint un malaise. Ne relèverais-tu pas plutôt de lui que de ta con science? acheva l'alchimiste. Cependant le visage de Goldussarina se rasséréna assez pour faire croire Jacques Moulu qu'il n'avait pas frappe juste. Oh reprit ce dernier, ne cherche pas lutter avec moi. Quoique tu l'aies toujours formellement nié, je sais, n'en plus douter, qu'il y a deux ans, le jour de Noël tu as juré, en présence de l'archidiacre, Macbeth, que tu prenais son frère pour époux: Et ce frère, tu ne l'ignores pas, dispose d'une couronne plus solide son front que 1 celle de tous les rois de la chrétienté; car la sienne du j moins est de fer et ne peut tenter aucun usurpateur. Or, j sa royauté lui donne d'immenses prérogatives: il a droit de vie ou de mort... et, dans son palais, qui n'est pour tant qu'une masureil n'a qu'à faire un signe de la main pour faire rouer ou pendre... Conclus! interrompit Goldussarina en feignant le calme. La conclusion, la voici: crois-tu que Jean Macbeth ne te ferait pas subir une une toutes les douleurs hu maines? hein! termina Jacques Moulu d'un air trioia-

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Le Progrès (1841-1914) | 1849 | | pagina 1