citoyens et estimé cause de son caractère conciliant et affectueux Cette mort prématurée a répandu la tristesse parmi les amis de M. Van- dervlist et il en comptait beaucoup en notre ville. M. Bcnoit-Amand Butave clerc de notaire, Pope- ringhea subi dernièrement devant la chambre des notaires Ypres, l'examen prescrit par la loi organique du notariat il a clé admis comme candidat-notaire et la chambre lui a délivré un certificat de capacité et de mo ralité. Ypres, le 31 Juillet 1849. Monsieur le rédacteur du Progrès, L'un des caractères distinctifs de la feuille dont vous avez pris tache de combattre les funestes tendances, est, sans contredit, la persistance qu'elle met pivoter inva riablement dans les mêmes errements. Sans égard pour l'évidence des faits qu'on lui oppose, et alors même qu'on lui fait, comme on dit, toucher ses écarts du doigt, elle y revient incontinent comme par instinct. C'est cet esprit d'indomptable ténacité qui récemment encore l'a brouillée avec les règlements de police, et c'est lui que nous devons la jésuitique lettre insérée dans son numéro de samedi. Il est notoire que cette feuille a toujours saisi avec un empressement frénétique tout ce qu'elle croyait propre nuire au collège d'enseignement de la ville partant de cette considération, on conçoit les attaques auxquelles elle se livre en ce moment l'égard d'un des professeurs de ecttc institution, on conçoit qu'après lui avoir attribué certaine correspondance publiée par le Progrès, elle épi logue aujourd'hui perte de vue sur une idée émise par le même professeur. Ou je me trompe fort, ou la lettre que j'ai eu l'honneur de vous adresser jeudi dernier, et laquelle ou a jugé prudent de ne pas répondre, tout en ravivant la dévote colère du journal des socius, lui a inspiré l'idée qu'elle émanait de la même source que certaine réclame. Cela nous paraît ressortir de certains passages de la corres pondance de la béate feuille. S'il en est ainsi, il faut qu'elle se hâte de se détromper. Désireux d'abord de demeurer étranger la polémique qui, dans ces derniers temps, a rempli notre ville de bruit, je ne suis entré en lice que le dernier, et c'est, grâce aux coups d'encensoir donnés par l'organe jésuitique une secte qui le patronne, et que je n'aime [tas, que je suis sorti de ma torpeur, et suis venu, moi aussi, rompre une lance. Je ne suis point de ceux qui accueillent sans examen les reproches adressés aux jésuites, comme aussi je n'ac cepte pas d'emblée leurs justifications; ennemi de toute exagération, je cherche la vérité dans les faits accomplis, et c'est cette seule doctrine que j'entends opposer aux déclamations spécieuses de notre Ciceron plaidant pro domo suà. Presque, tous les théologiens qui ont combattu dans leurs écrits la morale des successeurs d'Ignace, nous les montrent comme mus d'un esprit de présomption outrée, la Compagnie est comparée par eux celui qui, selon l'apôtre saint Paul, s'enfle d'orgueil et ne sait rien, mais est possédé d'une maladie d'esprit qui l'emporte en des questions et des combats de paroles, d'où naissent l'envie les contestations, les mauvais soupçonsles disputes pernicieuses de personnes qui ont l'esprit corrompu, qui sont privées de ta connaissance de la vérité, et qui s'ima ginent que la piété doit leur servir de moyen pour s'en richir. Ce tableau dépeint parfaitement, et nos apprentis- jésuites, et leurs gestes. Dans leur orgueilleux langage ils se posent les civilisa teurs du monde, ee sont eux qui ont porté les lumières de la foi par de là l'Atlantique. cule commençaient se jouer dans les vitraux, quelqu'un parut sous le large auvent cintré qu'elle ne perdait pas de vue. C'était Jacques Moulu, lui-même. Goldussarinaainsi qu'une lionne laquelle on a enlevé ses lionceaux, s'é lança vers la porte qu'il venait de quitter, en faisant tourner une seconde clef dans le pêne de la serrure elle entra chez lui en murmurant: On est de précaution, maître Jacques et le premier acte de ma vengeance va commencer. Elle arriva bientôt dans le laboratoire. Après avoir avidement promené ses yeux autour d'elle, elle poussa un soupir rauque. Rien fit-elle avec une sorte de délire. Ses regards, qui inspectaient encore les recoins, s'arrê tèrent fixes, flamboyans sur la porte du cachot. D'un élan rapide comme la pensée, elle s'y précipita et fit glisser la planche du vasistas. Alors on eût entendu un vrai rugissement. Ses doigts rassemblés s'accrochèrent aux grilles du guichet, les secouant avec vigueur pour les briser. Goldussarina blasphémait. Jehanne d'Oisy, voyant par cette ouverture une tète éclievelée menaçante tomber deux genouxleva au ciel ses yeux humides de larmes, et pria, croyant sa der nière heure venue. Goldussarina secouait toujours les grilles du guichet avec un délire qui avait quelque chose d'infernal. Com- Ne savent-ils donc pas que le continent américain fut découvert la fin du xv* siècle, et que l'institut d'Ignace ne fut approuvé que vers le milieu du xvi", par bulle de Paul 111? Depuis près d'un demi siècle une foule de mis sionnaires, notamment ceux de l'ordre de S'-François, travaillaient avec zèle répandre parmi les peuplades américaines les dogmes de la croyance évangélique, lorsque les jésuites se mirent de la partie, ils n arrivèrent que lorsque le troupeau avait déjà ses pasteurs. L histoire d'ailleurs nous représente généralement les nouveaux missionnaires comme des courtisans captant avec ardeur la faveur des vice-rois et des grands, toujours hostiles au clergé régulier comme séculier, et sémant le trouble dans la nouvelle vigne. Mais puisque nous en sommes aux missions de la com pagnie, que ne nous parle-t-on de celle du Japon? Voici ce que le P. Diègue Callado dit dans un mémo rial présenté au conseil royal des Indes Les Japonais étaient persuadés dès l'année 1363, qu'en quelque lieu qu'allassent les prédicateurs de l'évangileils détruisaient tout par les guerres et les séditions mais il est remarquer que dans ce temps là, et même jusqu'en 1395, ils ne virent que des jésuites. C'est cet esprit remuant qui les fit bientôt chasser de l'archipel, et il importe de remarquer qu'alors l'empe reur ne leur laissait que le port de Nangasaqui pour y vaquer aux soins que réclamaient leurs opérations commerciales il permit aux x-eligieux de l'ordre de S'-François de circuler librement dans toute l'étendue de ses états. De leur comptoir de Nangasaqui ils ne cessèrent de souffler la discorde dans toutes les provinces de l'empire, et les séditions qu'ils excitèrent amenèrent une violente persécution qui étouffa tout jamais dans le sang et les ruines l'église japonaise naissante. Je ne relèverai pas les fatuités du correspondant en ce qui concerne les jésuites de Suisse; les faits qui sont ré cents encore, prouvent que nos RR. PP. d'aujourd'hui n'ont point dégénéré de leurs prédécesseurs. Là aussi, il y a eu guerres et séditions, cause d'eux, et ils ont été contraints d'évacuer le sol de l'Ilelvétie, le front tâché de sang. Agréez, monsieur le rédacteur, l'assurance de ma parfaite considération. Ypres, le 29 juillet. Monsieur le rédacteur du Progrès, Je n'ai pas le moins du monde l'habitude d'écrire. Mes mains calleuses sont bien plus habiles manier la pelle que la plume. Aussi ai-jc dû recourir mon voisin Jacques, notre maître d'école, pour avoir une plume capable de vous sasser la petite missive que j'ai l'honneur de vous adresser. Et d'abord commençons par le commencement. Les affaires de mon petit négoce m'avaient appelé au dernier marché d'Ypres. Les affaires terminées, je me rendis, suivant mon habitude, au Matelot, pour y at tendre le passage du tapecul qui devait me ramener dans mon village. Tout en savourant une pipe d'excellent Wervicq, l'envie me prit, et je vous prie de croire que cette envie ne me prend pas souventde risquer un œil sur les gazettes qui étaient là devant moi. Je vous avoue que je ne fus guère édifié. Dans mon pays, lorsque deux hommes se précipitent sur un seul, on crie la lâcheté. Il est vrai que dans mon paysnous sommes tous des paysans, et que dans votre ville, vous êtes tous des vil..., ce que c'est que de ne pas avoir l'habitude d'é crire, la terminaison allait m'échappervous êtes tous des bourgeois. Or donc, je ne pus voir, sans une rustique indignation, deux de ces gazettes se ruer d'une manière peu polie sur la 5e, c'est-à-dire la votre. Je vous avoue aussi que je ne comprenais pas bien pourquoi le Propagateur et sa sœur la Commune cherchaient, coups de dents, coups de griffes, vous arracher les chairs. Fort heureusement pour me tirer d'embarras, survint un bon bourgeois de prenant son impuissance, elle lança Jehanne un regard chargé d'une haine si implacable, si électrique que celle- ci, comme attirée par le fluide brûlant, tourna vers elle sa tète empreinte de désespoir, puis levant au ciel ses yeux baignés de larmes Oh mon Dieuarticula-t-elle d'un ton déchirant que vous ai-je donc fait? A qui en veux-tu donc, dit Goldussarina, feignant la modération. Est-ce. Dieu ou moi? Que vous ai-jc donc fait? répéta Jehanne en joignint les mains. Ce que tu m'as fait? hurla Goldussarina en donnant de nouveau du développement sa fureur qui s'exhalait d'autant plus impétueuse qu'elle avait été longtemps con tenue. Elle ose le demander ce qu'elle m'a fait Mais, ne m'as-tu pas remplacée auprès de mon gra cieux alchimiste, de mon bien-aimé tourmenteur; ne m'as-tu pas chassé de ce laboratoirepour y trôner en souveraine. A ces mots, Jehanne se redressa grande et fière, comme illuminée d'un rayon divin. La colère de Guldussarina tomba subitement. Il s'opéra tout coup en elle une réaction complète ses traits, aux lignes fortement accusées, se tendirent au lieu de la haine qu ils exprimaient, ses yeux ne dénotèrent plus que de la pitié. Elle venait de comprendre, au mouvement seul de Je hanne, que ceUedernière était une victime et non une rivale. votre ville, petit marchand comme moi, qui me mit bientôt au fait. Je vous livre notre conversation, traduite de l'Yprois en français aussi littéralement que possible: Le Propagateur est un journal catholique, ce qui ne veut pas dire que les deux autres sont gueux mais ça signifie que le Propagateur prêche toujours le bon vieux temps, le temps ou, vous autres paysans, vous étiez con sidérés comme rien du tout. Je comprends, dis-je mon bourgeois: dans ce temps là, et je l'appclcrai, ma foi, mauvais, n'en déplaise au Propagateurnous avions le droit de payer la dime au curé, d'acquitter les corvées au seigneur nous avions aussi le droit de ne pas avoir de routes, ni de chemins vicinaux, pour le transport de nos denrees. En revanche, le seigneur avait le droit, lui, de ravager nos moissons, et d'autres choses encore, quaud il lui prenait fantaisie de chasser. Pour ne rien oublier, nous avions dans notre village une école, dirigée par M' le cure. Mon père qui, dans son temps, passait pour un des malins du villagey avait été dix ans. Le brave homme en avait retenu force patenôtres en flamand, en latin; le talent de suivre les offices l'églisede eompter la longue craie, et puis... c'est tout. Aussi mon père, que Dieu lui fasse paix, ayant acquis quelque aisancela suite de l'abolition de la dîme et des droits seigneuriaux, m'envoya-t-il au collège de Furnes où j'ai appris en quatre ans beaucoup plus que mon père en dix. Un bon petit collège que les prêtres ont fait fermer, parce que les enfans y devenaient plus savans que dans l'école de Mr le curé. Et la sœur du Propagateurla Commune, qu'est-ce qu'elle veut, celle-là? Ah fit mon bourgeois, la Commune, voyez-vous, c'est une autre paire, de manches. Je ferais peut-être bien de ne vous en rien direparce que si elle le savait, elle ne manquerait pas de me traiter d'aristo crate. Mais vous êtes une bonne pâte de paysan pas ba vard, je dois vous dire mon sentiment sur elle: Après la révolution des Risquons-Tout, vous savez, celle qui voulait tout partagernourrir les fainéants comme des chanoines, et traiter les gens laborieux comme des larrons, la sociale, quoi Dix-huit bourgeois, non pas des fainéants prenez y garde, mais des bourgeois comme il faut, des bourgeois qui par leur travail ont acquis une certaine aisance, flairant la sociale, et espérant qu'elle ne ferait la guerre qu'aux plus richesaux gros rentiers, se réunirent pour fonder un journal. Ce journalc'est la Commune. Tout ce que je me rappelle, de ces premiers temps de la Commune, c'est qu'elle parlait souvent d'un certain bœuf, nommé Béhémoth qui mangeait lui seul l'herbe de trente six mille montagnes. Permettez, mon bourgeois; ce compte-là les autres bœufs, il est pro bable que votre Commune n'avait pas que celui-là devaient avoir le ventre moins bien garni que le chef. Insensiblement, le zèle se refroiditla sociale fran çaise tombant en quenouille. Une liquidation eut lieu, et, etes-vous bien discret? Un fondateur fit quelque difficulté livrer ses dix-huit francs pour combler le déficit. Ainsi finit l'histoire de cette première Commune. Ma foi, mon bourgeois, tout franc parler, je n'aime pas plus vos partageurs que les seigneurs du bon vieux temps. La deuxième Commune, celle d'aujourd'hui, voici son his toire: Le gouvernement avait mis quelque chose comme 30 ou 60,000 fr. la disposition de la régence pour donner du travail aux ouvriers sans ouvragé. Certains industriels réduits aux abois par suite de la crise com merciale espéraient partager ce petit gâteau entre eux. La régence crut plus opportun de faire exécuter certains travaux d'utilité publique. De là la colère. On cria sur tous les tons que la régence, ou la clique, comme ils di sent, voulaient la ruine du commerce et de l'industrie. M. Malou, le sénateur d'aujourd'hui, voyant l'occasion belle se laissa d'abord quelque peu tirer l'oreillepuis consentit encaisser, moyennant un honnête bénéfice, les billets des industriels. Quelques-uns disent qu'il ajouta quelques autres conditions, et entre autres, celle de porter M. son fils, le patron du Propagateuraux prochaines élections, etc. Mais je ne vous garantis pas le fait. Quoi Jehanne d'Oisyfrappée de ce changement brusque s'écria d'une voix qui eût suffi pour dissiper les doutes, s'il en était resté dans l'âme de Goldussarina Vous n'êtes donc pas une ennemie? Non, répondit-elle doucement, puisque vous êtes ici retenue de force. Alors, dit Jehanne, s'approchant du guichet, oh! alors, sauvez-moi Il y avaitdans ces simples paroles quelque chose de déchirant qui allait droit au cœur. Goldussarina, profondément touchée, rassembla toute son ardeur et saisit les barreaux qu'elle secoua avec une incroyable puissance. Rien encore ne céda. Courage, courage! lui dit Jehanne. Goldussarina recommença son attaque. Enfer cria-t-elle en voyant l'inutilité de ses efforts. Oh! sauvez-moi, sauvez-moi! reprenait Jehanne, les mains unies comme pour une prière. Une troisième fois, Goldussarina essaya d'ébranler les ferrures. G est peinemalgré la furie de ce dernier assaut, si 1 on entendit un imperceptible craquement. Goldussarina, laissant retomber ses bras le long de son corps, dans l'attitude du plus grand découragement, baissa la tête et se mit réfléchir. La suite au prochain n°. -m i*

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Le Progrès (1841-1914) | 1849 | | pagina 2