bleue, avec ses tableaux de Wouters et Bossuet, sa
fontaine rafraîchissante, ses parterres de verdure et
ses deux cent bougies! Quel luxe dans la salle
rouge, qui peut aujourd'hui supporter le nom de
Salle du Trône, parce qu'elle est digne de recevoir
un Roi, entourée qu'elle est de tentures et de doru
res; et puis partout le portrait de notre Roi; dans
la Salle bleue,c'est un buste, dans la Salledu Trône,
le beau portrait par Bolnn, d'après Wiiilerhalten.
Vers 9 heures et demi, le gouverneur et M"* la
baronne De Vrière arrivèrent la fêle, et les danses
commencèrent elles furent joyeuses et animées
comme elles le sont chaque fois que le bonheur et
la joie président une tète. Hâtons-nous d'ajouter
toutefois qu'un bon orchestre ne nuit jamais
l'animation des quadrilles et polkas et que mardi
dernier cet orchestre composé de vingt bous musi
ciens et dirigé par M. Otto, était excellent. Ce bal a
été ravissant, M. le gouverneur ne l'a quitté que vers
uue heure, trois heures on dansait encore, et nos
jeunes et charmantes danseuses disaient, en se reti
rant quand aurons-nous encore un bal comme
celui-ci
Mercredi maliu, M. le gouverneur a visité les
communes de Gheluvelt, beceiaere Passe hendaele
et Zoiuiebeke nous espérons pouvoir donner plus
tard quelques détails sur ces visites.
A trois heures de relevée, M. le gouverneur a
inspecté les établissements |de bienfaisance admi
nistrés par les Hospices le Nazareth, l'hospice de
Belle, deS' Jean, des aliénés, l'hôpital civil, les deux
écoles et le Mont-de-piété. Partout, paraît-il, il
a reçu l'accueil le plus sympathique, partout il a
adressé des paroles d'encouragement aux religieuses,
des paroles de consolation aux malades, des compli
ments mérités aux administrateurs.
Enfin, 6 heures etdemie du soir, un grand ban-
quel a été offert h l'hôlel-de-ville, au premier ma
gistrat de la province. Ce banquet était de 7 6 cou verts.
Tous les ioncliuunaires ciwls, les quatre curés, le
commandant de la place, des olliciers du 5° régi
ment, du cours d'équitation et un grand nombre de
personnes notables de la ville assistaient ce ban
quet offert au représentant du roi et de son gouver
nement dans notre province. Le coup d'oeil était
magnifique. La musique des Pompiers a joué durant
le repas. Divers toast ont été portés; il nous serait
diflicile de reprodui.e exactement les improvisa
tions qui fes oui précédées. Nous nous contenterons
d'indiquer ces toast:
Par M. le gouverneur Au Roi.
Par M. le bourgmestre: Au Gouverneur.
Par M. le gouverneur: Au Bourgmestre et l'au
torité communale de la ville d'âpres.
M. le président de lu chambre decotnmerce a prié
M. le gouverneur de favoriser le commerce de l'ar
rondissement et de contribuer a le doter d'un che
min de fer.
M. le gouverneur a répondu en substance: que
tous ses efforts tendraient vers ce but.
Apres le banquetl'assemblée s'est retirée dans
les salons: catholiques, libéraux, prêtres, fonction
naires civils, officiers, etc., etc., ontloriné desgrou
pes, des conversations franches et gaies ont lait les
Irais du reste de la soirée, qui 11e s'est terminée qu'a
11 heures et demi. Un eut dit alors que tout esprit
d'aoiuiosilé, de haine, de parti même était éteint et
que tous enfants ou habitants d'une même cité, ou
11'avait qu'un cœur pour se porter uue mutuelle et
sincère affection. Etait-ce une réalité ou bien uii
lève que le réveil doit luire évanouir?
M- le gouverneur s'est retiré vers 11 heures et
quart, après avoir uffeclueuseineut remercié les
diverses autorités du brillant accueil qui lui a été
l'ait.
Espérons que la manière digne et sympathique
dont le chef de la province a été reçu Y pies,
portera ses iruils, que la ville et l'arrondissement
auront su se concilier sa bienveillance et que bien
des injustices seront réparées avant peu.
DUTIhlillIO.X l»LS l'IÎIX AUX. ÉLÈVLS
I>1 COLLÈGE COMMUNAL.
Celte solennité avait cette année une importance
particulière par suite de la présence de M. le gou
verneur de la province et de Mme la baronne De
rière. C'est une marque de sympathie que le chef
de l'administration provinciale a bien voulu donner
un établissement exclusivement laïc. Un nom
breux concours de personnes s'étaient donc donné
rendez-vous aux Halles pour assister cette céré
monie si touchante et dont une intéressante jeu
nesse lait tous les Irais. Rarement autant de monde
Y près, a concouiu former uu auditoire aussi
nombreux h une disiribul ion de prix.
Un élève de rhétorique, M. Alexis, a prononcé une
allocution au gouverneur avec beaucoup d'aplomb
et en très-bons termes pour le remercier de 1 hon
neur quiil faisait au collège d'Ypres, en daignant
assister une cérémonie qui ne pouvait qu'acquérir
une plus haute signification par sa présence.
Lus Plaideurs, de Racine, ont été exécutés avec
beaucoup de succès. Plusieurs élèves ont parfaite
ment rendu leurs rôles. M. Iweins a joué celui de
Dandin avec beaucoup de verve, ainsi que M. Alexis
celui de Petit-Jean. La pièce a été très-bien exécutée
et elle a fait plaisir.
M. le professeur de rhétorique Gorrisseu a pro
noncé ensuite le discours d'usage, que nous repro
duisons textuellement:
Messieurs,
S'il est une question qui préoccupe vivement les esprits,
c'est coup sur celle de l'instruction publique. L'intérêt
qu'elle soulève, loin de se concentrer dans nos étroites
barrières, se répand partout où l'esprit, dégagé des en
traves qui l'étreignaient, tend prendre un libre essor.
Pourquoi cette sollicitude pour une question qui est loin
d'être neuve, bien qu'elle ait eu le mérite de rester de
bout au milieu de toutes celles qu'a fait éclore le génie
révolutionnaire; bien qu'elle ait le mérite de les dominer
de toute la hauteur de sa puissante individualité? Serait-
ce, Messieurs, qu'à sa solution se lierait l'existence de tel
ou tel parti politique; ou bien serait-elle une de ces
questions vivaces,fondamentales qui apportent avec elles
leur raison d'être, qui se lient de la manière la plus in
time avecles intérêts de l'humanité! Serait-elle de nature,
cette grave question de l'instruction publique, enrayer
momentanément, selon qu'elle recevrait telle ou telle
solution, le char de la civilisation humaine, pour le pré
cipiter ensuite dans les voies de l'inconnu; ou le faire
avancer, exempt de tout secours dans les voies pacifiques
de la perfectibilité humaine? Serait-elle de nature enfin
résoudre le grand problême des temps modernes l'a
mélioration générale, mais successive, des individus sous
le rapport moral, intellectuel et physique?
Telle est, Messieurs, l'importante question sur laquelle
nous appelons un instant votre bienveillante attention.
Réduire les questions les plus graves aux proportions
les plus minimes; faire d'une question générale une affaire
de personnes, de localité, de parti, c'est là 1111 mal qui
n'estque trop commun. Pour nous, l'instruction publique
n'en est pas réduite de mesquines proportions. Pour
nous, elle se lie aux intérêts vitaux de la société humaine.
Et qu'est-clle enfin? Nous n'hésitons pas répondre: une
puissance qui doit ramener l'ordre au sein des masses;
qui doit y remplacer le paupérisme par l'aisance, la dé
gradation par la dignité une puissance qui doit arracher
aux erreurs sans limites de l'utopie, tous les hommes d'é
lite, pour donner leur activité, leur intelligence, une
direction utile tous. Une puissance qui doit donner
chacun la mesure de ses devoirs, la mesure de ses droits.
Oui, Messieurs, l'instruction publique, et ici j'entends
parler de l'instruction éducative, doit donner l'enfant
du pauvre ce qu'il ne trouve malheureusement pas tou
jours chez lui, cette haute moralité qui, tout en lui fesant
une loi d'améliorer sans cesse, par son travailpar son
intelligence, sa position matérielle, lui fasse comprendre
l'obligation de ne pas jeter un regard de convoitise sur
le bien d'autrui; de ne pas se précipiter, la première
occasion, dans la rue, pour tenter la réalisation de chi
mériques espérances.
L'instruction publique, au point de vue professionnel,
doit indiquer l'ouvrier, l'artisan, au fabricant, au pro
priétaire terrien les procédés les plus utiles pour pro
duire le mieux et le plus. Produire beaucoup, et très-
bon marché, est le moyen le plus sûr d'occuper le plus
grand nombre de bras, de mettre la portée de tous, les
objets de première nécessité. Occuper le plus grand nom
bre, mettre le plus grand nombre l'abri des premières
nécessités, est le moyen le plus certain d'assurer la mar
che régulière des sociétés. Et ce problème, nous croyons
qu'à l'instruction seule il appartient de le résoudre.
A ce point de vue esthétique, l'instruction doit faire
naître et développer ce goût qui donne aux choses dé
pourvues de valeur intrinsèque, une valeur artistique
qui, en charmant l'œil du consommateur, en assure le
débit. Cet art de donner de la valeur aux choses les plus
futiles, amène pour ceux qui s'y consacrent, une rémuné
ration abondante, et devient pour tous la source de jouis
sances aussi pures que nobles. Chez les anciens, les Grecs,
les Athéniens surtout, possédaient un degré éminent
cet art séduisant, résultat du goût le plus pur, du tact le
plus exquis. Chez les modernes, il a rendu tributaire* de
Paris tous les peuples policés. Et sous plus d'un rapport
les belges peuvent revendiquer une supériorité incon
testée.
L'instruction humanitaire, ainsi nommée parce qu'elle
a pour but le développement régulier et complet de nos
facultés, s'adressant, non pas exclusivement aux classes
favorisées de la fortune, mais toutes les intelligences
d élite, est appelée, au moyen de l'élude réfléchie de
l'histoire et des langues de 1 antiquité, indiquer le point
de départ de 1 humanité; elle doit, par la comparaison
de 1 histoire et des langues anciennes avec l'histoire et les
langues modernes montrer la filiation des idées, la chaîne
non interrompue de la civilisation générale; elle indique
la jeunesse, par quels efforts incessants, l'homme se
développant, s'améliorant sans cesse, est arrivé aux temps
contemporains. Eile indique, chemin faisant, toutes les
couquêtes du génie humain. Elle établit que la civilisa
tion modernequi proclame l'égalité de tous devant la
loi, l'accessibilité de tous tous les emplois, toutes les
fonctions, basée sur le christianisme qui, il y a tantôt
2,000 ans, a proclame le principe si féeond de l'égalité
humaine, l'emporte autant sur la civilisation antique que
cette dernière l'emporte sur la barbarie. Elle prouve par
l'examen attentif des constitutions politiques de l'anti
quité, par leur comparaison avec les formes gouverne
mentales actuelles, que la véritable liberté ne dépend pas,
d'une manière absoluede telle ou telle forme donnée.
En présence d'iutérèts aussi graves, disparaissent
jamais tout intérêt de parti Que le seul intérêt de la
société, de l'humanité reste debout Qu'on ne s'y trompe
pas en effet ce n'est que lorsque les hommes, arrachés
aux instincts grossiers qui les dégradent, rendus leur
dignité native, profondément pénétrés de leurs droits et
de leurs devoirs, cultiveront, tous, les dons qu'ils ont
reçu de la nature, s'abandonneront sans crainte leurs
aptitudes personnelles, ce n'est qu'alors que l'humanité,
assise sur ses véritables bases, le travail, l'amour, l'in
telligence, pourra se reposer en paix, n'ayant plus
redouter ces terribles commotions qui viennent périodi
quement la réveiller en sursaut.
Et si les intérêts de parti 11e méritent nul égard, les
questions d'argent ne doivent pas obtenir plus de consi
dération. Que sont-elles en effet, lorsqu'il s'agit d'appeler
toutes les intelligences d'élite au banquet des jouissances
intellectuelles; d'en former un faisceau capable de con
duire les sociétés dans les voies de l'amour que sont-
elles, ces questions d'argent, lorsqu'il s'agit de relever,
leurs propres yeux, les classes inférieures de la société
de leur faire sentir leur valeur; de les rendre capables
de servir utilement la patrie, en multipliant l'infini, et
par conséquent en mettant ia portée de tous, les pro
duits perfectionnés des arts, de l'industrie, de l'agri
culture?
Vouloir lésiner, alors que des intérêts aussi graves
sont en jeu, serait plus que de l'imprudence, ce serait
une faute. Mais rassurons-nous. L'immense majorité de
ia nation, avec ce tact qui rarement fait défaut au peuple
belge, a compris toute la portée de la question. Partout
les essais tentés en matière d'enseignement professionnel,
agricole, ont été accueillis avec faveur, avec empresse
ment. Les nombreuses populations qu'un génie malfai
sant semblait avoir rivées l'aveugle routine, ont secoué
leurs lisières. Nous ne voulons pour preuve que l'expo
sition industrielle qui vient d'être close dans la vieille
cité des Arteveldc et des Bauwens, ces deux illustrer
personnifications du génie flamand, liberté, industrie.
Cette exposition a montré tout ce qu'on pouvait attendre
de ces Flandres aujourd'hui en voie de régénération
industriellenaguère vouées toutes les terreurs du
paupérisme.
Que les écoles donc, que les ateliers-modèles se mul
tiplient, que l'instruction primaire, sagement organisée,,
répande ses bienfaits jusque dans le plus humble hameau,
et dans un avenir peu éloigné, la Belgique aura résolu,
pacifiquement, sans secousses aucunes, le'plus grand pro
blème des temps modernes: l'amélioration physique et
morale, des niasses. Que le gouvernement réparateur qui
préside aux destinées de la patrie; que les chambres
législatives, qui viennent de réviser la loi sur l'enseigne
ment supérieur se hâtent d'organiser l'enseignement
moyen, et l'avenir intellectuel du pays est assuré.
Jeunes élèves, avant de céder la parole l'honorable
conseiller qui entoure de sa sollicitude éclairée l'établis
sement où vous devez puiser l'instruction, il me reste un
mot vous dire:
Quelle que soit votre position de famille, de fortune,
n'oubliez jamais que dans un pays libre le mérite seul
distingue les citoyens. Travaillez, travaillez sans relâche;
mettez-vous en état de servir utilement ia patrie. Uu
jour, elle vous demandera compte de vos travaux. Si
vous doutez, jetez les yeux vers cette tribune, et la pré
sence de l'homme éminent, qui a voulu honorer de sa
présence cette fête de famille, vous dira quel point vous
êtes l'objet des sollicitudes gouvernementales.
Après M. Gorrissen est monté sue l'estrade M.
iVlerghelynck conseiller communal et membre de
la commission directrice du collège communal, li a
prononce un diseours sur la nécessité de pourvoir
au plutôt l'organisation de l'enseignement
moyen et a fini en remerciant M. le gouverneur
d'avoir bien voulu honorer celte solennité de sa
présence.
Ensuite toutes les autorités sont montées sur
l'estrade et la distribution des récompenses aux
élèves a commencé. Les livres qui servaient de prix
étaient remis par les professeurs aux fonctionnaires
qui étaient assis sur le théâtre et décernés par eux
aux elèves. Cette solennité a marché avec beaucoup
d'ordre et de dignité, elle a été terminée vers six
heures.
Voici la liste des élèves qui ont obtenu des prix
DOCTRINE CHRÉTIENNE.
Professeur, M. ÎIIaertens, fils.
Ie division. 1. L. Dujardin; 2. I. Bossaert.
2e division. 1. S. Ferryn; 2. L. Garnier.
3e division. 1. E. Iweins; 2. A. Carpentier.
APPLICATION ET BONNE CONDUITE.
Prix décernés d'après le suffrage des élèves.)
1. J. Kilsdonk, 2. L. Peckel, de Boesioghe.