IV 0 879. 9e Année.
Dimanche, 7 Octobre 1849.
JOEUUL DÏPRES ET DE L AlillOVDlSSEUEXT.
Vires acquint eundo.
1HTÉ1UEIB.
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YPRES, le 0 Octobre.
LES JÉSUITES.
Nous trouvons dans un journal français
l'article suivant. Il concerne la fameuse société
de Loyola dont le rôle devient de plus en plus
actif, en l'époque de trouble et d'anarchie
que nous traversons. On verra que celle milice
sacrée est partout la même, en France comme
en Belgique, et que ses allures et ses moyens
d action sont partout frappés au même coiu de
fourberie et de déloyauté.
Au-dessus des couciliabulcs réactionnaires et des co
mités anti-socialistesen dehors du clergé ordinaire qui
renferme des éléments démocratiques il existe une as
sociation puissante, animant de son esprit et protégeant
de sou influence, partout présente, les efforts du vieux
monde conlre le progrès, lu liberté, le véritable évangile.
Cette associationchassée de tous les lieux où elle s'est
dévoilée sous son vrai jour, reconstruit ses réseaux
brisés avec une persévérance d'araignée aucune révo
lution ne la décourage, elle suit plier dans l'orage comme
le roseau pour redresser bientôt sa tête; c'est la Compa
gnie de Jésus.
Indépendamment de sa milice organisée, portant uni
forme, elle est ardemment servie par des laïques, libraires,
colporteurs, marchands d'images, publicistes hommes
d'État. Souvent, dans les plus hautes régions de lu poli
tique, la clameur publique signale un meinbrede la Com
pagnie de Jésus, membre non séparé du monde, jésuite
de robe courte, d'autant plus utile la Compagnie que
son costume n'alarme pas. Après la révolution de 1848,
qui semblait être la ruine de leurs dernières espérances,
on a vu paraître dans les conseils de l'aristocratie euro
péenne plus d'un fidèle champion de Loyola qui venait
relever la bannière de son ordre et soutenir un dernier
combat contre la science le progrès, la liberté, lu jus
tice, en un mot contre l'émancipation du monde.
La sincérité ne figure pas dans les qualités que la noto
riété publique attribue aux auxiliaires de la Compagnie
de Jésus. On leur accorde beaucoup de persévérance et
d'obstination cachées sous les dehors les plus agréables
elles plus simples, beaucoup d'habileté, de ténacité dans
la pratique et les procédés de détailbeaucoup d'élroi-
tesse et de stérilité dans les vues d'ensembleun admi
rable talent enfin pour marcher reculons, obliquement,
les yeux en coulisseposant le pied avec mille précau
tions, jusqu'à ce qu'ils lassent en arrière une chute af
freuse dans un précipice.
Quand nous disons que les Jésuites haut placés influent
aujourd'hui sur la politique de 1 Europe, cela ne veut pas
dire seulement, dans notre pensée, que certains hommes
d'État reproduisent toutes les allures de cet ordre et qu'ils
en servent indirectement les intérêts; la Compagnie de
Jésus est pour nous autre chose qu'une métaphore, c'est
une organisation parfaitement réelle, la dernière force
dont la liberté ait triompher.
Où tend la politique de l'Univers et autres journaux
de même couleur? C'est au monopole de l'enseignement
pour les Jésuites et les Frères leurs alliés. Qu'est-ce que
la liberté d'enseignement, non pour nous, qui la voulons
sincèrement, mais pour le parti catholique? C'est la ruine
de l'Université, des instituteurs primaires et la multipli
cation des jésuitières. Que veut M. de Montaleinbert? la
domination des jésuites. Ne se souvient-on pas des colè
res de ecl orateur et de son parti quand MM. Quinet et
Miehelct dévoilèrent en chaire les maximes de l'Ordre,
ou quand M. Thiers, toujours avide de jouer un rôle
quelconque, réclama l'expulsion des jésuites pour aboutir
leur déménagement d'un quartier de Paris dans l'autre?
Qu'était-ce que Mont-Rouge? Qu'était-ce que Saint-
Acheul? N'avons-nous pas entre les mains les livres du
père Loriquel? Les congrégations, les missions étaient-
elles des mythes? Qu'était-ee Lyon que la maison de la
rue Sala? Quel élément promoteur de discorde a-t-on
trouvé au fond du Sondcrbund? Les jésuites
Quelle influence dominait en 1847 les gouvernants
laïques de Fribourg et les transformaient en bedeaux.
C'étaient les jésuites. Qui a propagé l'histoire miracu
leuse du soldat Vecarnoz et de la balle amortie par une
médaille de la Vierge? les jésuites. Qui a combattu par
tous les moyens, Turin, Gènes, Naples, la cause de
l'émancipation italienne, en provoquant la colère du peu
ple? les jésuites. Qui inspire monsignor Cocle, confesseur
du roi liumba? les jésuites. Qui a séparé Pie IX du peu
ple romain pourlui luire embrasser la cause autrichienne?
toujours les jésuites. Us ont tendu sur l'Europe entière
un filet dans lequel la démocratie trébuche tous
les pas.
Une de leurs grandes habiletés consiste dire: nous
n'existons pas. Y a-t-il des jésuites? Eh non vraiment
personne n'en a vu, excepté le Constitutionnel avant sa
conversion, et M. Eugène Sue, qui tous deux les prenaient
dans leur imagination. Le Constitutionnelpendant de
longues années, a vu partout des jésuites, mais c'est qu'il
était alors un grand pécheur, et le ciel pour le punir
l'avait affligé de ces visions noires; mais depuis qu'il est
converti, depuis qu'il a fait pénitence et pèlerinage aux
eaux d'Ems, la providence lui a fait grâce de cette
épreuve. Il ne voit plus de jésuites nulle part. Il vous
dira lui-même qu'il n'y en a jamais eu, pas inème au
collège de Clermont, sous Henri IV, ni aux alentours du
ministère d'instruction publique, en 1849.
Voilà ce que vous répètent les jésuites, c'est leur moyen
de parer les coups. Us tâchent de tourner en ridicule
ceux qui éclairent leurs intrigues fatales; et quand on va
frapper leur porte, ils viennent eux-mêmes dire au
visiteur avec beaucoup d'aplomb je n'y suis pas.
La lettre que le docteur Dalmote vient de publier
dans le n° précédent decette feuille, est trop iiigénue
pour ne pas intéresser, trop logique pour ne pas
être persuasive. Il u'y a qu'un peu d'incohérence,
YuBiiho.
V. [Suite.)
Il fallait pourtant se résoudre poursuivre sa route
ou revenir sur ses pas; rester était impossible. La nuit
approchait, et les nuits sont glaciales dans les montagnes
bleues, sur une terre que ne caresse jamais un rayon du
soleil, humectée et refroidie au contraire par une rosée
abondante et malsaine. Dans l'ctat où se trouvait D.
Gaspar, c'eût été se vouer une mort certaine.
Après une heure de repos, il se remit donc la rude
tâche qu'il avait entreprise, s'excitant de sa propre voix,
se traînant sur les genoux quand ses pieds endoloris re
fusaient de le porter, il passa ainsi toute la nuit, faisant
une centaine, de pas, se reposant un quart-d'heure, puis
recommençant marcher, ayant lutter, taulôt contre
des douleurs intolérables, tantôt contre un irrésistible
besoin de sommeil, et plongé au milieu d'une obscurité
profonde qui ne lui laissait aucun moyen de s'orienter.
Au moment où le soleil parut 1 horizon, D. Gaspar
approchait enfin de la lisière de cette inextricable forêt
dont le passage venait de lui coûter tant d'efforts; la lu
mière arrivait jusqu'à lui, belle, dorée, éclatante; les
halliers n'obstruaient plus sa route; le terrain s aplanis
sait; encore quelques pas, il allait, sinon trouver le terme
de son voyage, au moins respirer un air plus pur et
goûter sans crainte la jouissance d'un sommeil réparateur.
A travers les arbres de plus en plus clairsemés, se dessi
nait un riant paysage d'un effet aussi gracieux qu'inat
tendu c'était un plateau circulaire d'environ deux milles
de diamètre, entouré de collines verdoyantes dont la
chaîne était comme coupée l'endroit où la forêt formait,
en se rétrécissant, l'entrée de ce nouvel Eden. Au milieu
de ce plateau, s'élevait la ville dont Yarnbo avait parlé
D. Gaspar, ville bâtie par les nègres et qui ne le cédait
en rien celles que les Anglais occupaient dans la plaine.
Des champs de maïsde calbauzos et de riz, des cacao-
yères, des plantations de bananiers et d'yames s'éten
daient aulourdesrempartsetse prolongeaient en montant
jusque sur le versant des collines. De frais ruisseaux cou
raient en serpentant sur cette terre favorisée dont ils
contribuaient accroître la richésse. En un mot, on eût
pu mettre au défi l'imagination la plus poétique de créer
un site plus beau plus pittoresque, plus attrayant que
celui de Nauny tel était le nom que la ville des nègres
avait reçu de ses fondateurs.
Tout le charme de ce délicieux tableau fut perdu pour
D. Gaspar; les premiers rayons du soleil l'avaient un mo
ment ranimé force d'énergie, il était parvenu gagner
la limite du bois mais la fatigue et la souffrance repri-
un tanlinet de confusion qui la rendent parfois
obscure, quelques lapsus culami qui en font uri
vrai modèle d'exercice cacographique; un peu de
flan-flan qui pourrait altérer la bonne foi des lec
teurs en outre quelques insinuations y sont glissées,
qui, malgré le désaveu de l'auteur, tiennent encore
de la propagande censoriale.
Mais comme tout ceci tient un peu sa nature,
nous ne sommes pas disposés lui en faire des péchés
qui dans tous les cas, ne peuvent être qu'involon
taires.
Nous avons d'ailleurs une justice lui rendre,
celle que les rédacteurs de la Gazette médicaledu
Propagateur etde la Commune paraissentêtre restés
en dehors de la rédaction de son œuvre, dont l'hon
neur lui revient intégralement. Il n'est pas déjà si
facile de se lancer sur un terrain nouveau avec cette
précision, qu'apportent l'habitude et la connaissance
des lieux.
11 n'est qu'un dommage, c'est d'être sevré sitôt
de ces friands morceaux, car le docteur a promis
de no plus prendre la plume c'est ce dont nous dé
sisterons de notre côté, jusqu'à ce qu'un autre ano
nyme vienne tambouriner quelques nouveauxrevers
de profession, dignes d'ëlucidation.
Le barreau de Gand vient de perdre un de ses mem
bres. M. l'avocat De Souter, né Ypres, est mort hier au
siège de la cour d'appel des deux Flandres, d'une attaque
d'apoplexie foudroyante.
On écrit de Menin, l" octobre
Aujourd'hui, est décédé en notre ville, l'âge de 64
ans et 9 mois, M. VanAekere, notaire, conseiller com
munal, syndic de la chambre de discipline et ancien
bourgmestre. Cette mort a plongé dans la consternation
toute la ville de Menin, car M. VanAekere était estimé
de ses concitoyens au-delà de toute expression.
A l'époque où il était bourgmestre, si difficiles et si
ingrates qu'étaient ces fonctions, il avait su se concilier
l'estime et l'affection de tous ses administrés. Une inté
grité sans exemple faisail sa ligne de conduite. Comme
notaire, il réunissait des capacités très-étendues une
probité qui peut servir d'exemple tous les notaires.
C'est là le plus bel héritage qu'il laisse sa famille,
plongée dans la douleur. Son fils, candidat-notaire, a eu
pour exemple un maître en qui se personnifiait la justice.
Incendie Lcnze.
Au moment de mettre sous presse, nous apprenons
qu'un incendie a éclaté, dans la nuit, Leuze. Le tonnerre
est tombé sur l'église et y a mis le feu. De prompts se
cours ont été organisés, niais la fureur de l'ouragan qui a
régné constamment, doit les avoir rendus impuissants
maîtriser le feu. La bourgeoisie de Leuze a fait un appel
aux volontaires-pompiers de Tournai, en leur dépêchant
un courrier, et ceux-ci sont partisen toute hâte au milieu
rciit bientôt le dessus; il se traîna quelques pas encore,
jusqu'au bord d'un chemin planté d'arbres puis il sentit
défaillir son cœur; il crut voir tourner les objets qui l'en-
virounaient; to .t-à-coup un nuage épais voiia ses yeux;
il tomba sans mouvement au pied d'un oranger.
VI.
Pendant que nous suivions D. Gaspar dans son pénible
voyage, il se passait sur un autre point de la montagne
une scène où figuraient trois des principaux personnages
de notre histoire.
Celait vers le milieu du jour; la chaleur était acca
blante dans une gorge étroite et sinueuseformée par
deux rochers qui s'élevaient en surplombant, ou plutôt
dans une de ces longues et profondes déchirures, résul
tats des tremblements de terre qui ont si souvent boule
versé dans la Jamaïque la configuration du sol, s'avançait
lentement et avec précaution une compagnie de soldats
anglais. Us étaient deux cents environ; la sueur dont leur
visage était inondé la pesanteur de leur marche, l'ab
sence de cet alignement irréprochable dont ils se mon
traient si fiers, lorsqu ils avaient l'honneur de défiler le
dimanche, la sortie du prêche, en présence des belles
dames de Kingston, attestaient suffisamment qu'ils étaient
encore peu exercés ce genre d'expédition. Aussi n'eut-il
pas été indispensable d être un physionomiste bien ex-