s
S
ÀLMANACH DROLATIQUE,
1 S
Uixmidk. Marché aux grains du 8 Octobre 1849.
ASECU0T1QIE, DRAMATIQUE ET SATIRIQUE,
e
e
Le journal de Tockomst (l'Avenir), de la Haye, an
nonce que le Roi des Pays-Bas, suivant l'exemple donne
dans le temps par le Roi Louis-Philippe, fait suivre ses
fils les cours du collège royal de la Haye, alin que tout en
faisant leur éducation, ils apprennent connaître l'opi
nion et les besoins du peuple qu'ils pourront un jour être
appelés gouverner.
On écrit de Gibraltar, le 20 septembre, au Times:
On croit que le vaisseau de ligne français et les deux
bateaux vapeur qui ont jeté l'ancre dans la baie de Tan
ger le 26, sont arrivés de Toulon, et que leur présence
a trait au règlement de la dispute entre la France et le
Maroc.
Un bateau h vapeur français avec un bateau vapeur
espagnol sont en vue d'Algésiras.
Suivant une lettre de Smyrnc, du 24 septembre, on y
avait, reçu par le bateau vapeur de Constantinople la
nouvelle que cette capitale était dans une vive agitation
et que des placards incendiaires étaient affichés aux coins
des rues.
11 y a quelques jours, Château Chinon, dans la même
maison, et la même heure, naissaient deux enfants
mâles un oncle et un neveu, l'un fils de la mère, l'autre
fils de la fille.
Direincme approximativementquel est l'aîné des
deux, nul ne le peut Dieu seul le sait. Toutefoisle fils
de la fille est le premier-né de sa branchele fils de la
mère, très-probablement, sera le dernier de la sienne.
Cette fortuité nuptiale, comme bien on pense, a quel
que peu fait rire les habitants de la capitale du Morvand.
Heureux grand-père! disent-ils, le ciel lui envoie
la fois un fils et un petit-fils
Plus heureux gendre! le tout-puissant lui donne en
même temps un fils et un beau-frère!
Toute la famille est dans la joie. Les deux mères et les
deux filles se portent bien bientôt le double baptême
ces enfants s'appeleront, dit-on, tous deux Félix Cyprien.
On écrit de New-York, le 5 septembre
Les journaux du Kenlucky racontent tout au long les
détails d'un duel nouveau genre qui a failli avoir lieu
dans la ville d'Owcnsburg.
Un jeune homme, nommé Traey, mécontent des assi-
duitésd'un monsieurSpright auprès desa sœur,et, ayant
vainement cherché plusieurs fois l'éloigner, prit le parti
de lui envoyer un cartel.
M. Spright se souciait médiocrement de se couper la
gorge avec le frère de celle qu'il aimait; vainqueur ou
vaincu, l'affaire devait avoir pour lui un triste dénoûmcnt.
Réfléchissant cependant qu'il avait le choix des armes, il
se décida accepter le cartel, et, le jour du combat venu,
il alla au rendez-vous avec ses armes. Son adversaire y
était déjà avec deux témoins qui tenaient, l'un une boite
de pistolets, l'autre de solides épées.
Le choléra sévissait alors avec vigueur dans la ville
d'Owcnsburg. M. Spright jeta un regard dédaigneux sur
Kn vcialc chez L
les rapières et revolvers, et découvrant une sorte de petit
coffre, il exposa la vue des spectateurs une magnifique
salade de concombres dont il avait fait deux parts égales,
et une douzaine de pommes vertes. Voilà nies armes,
s'écria-t-il triomphalement; le choléra sévit; l'un de nous
mourra sûrément après avoir fait ce déjeuner. Asseyez-
vous là, Monsieur, et croisez la fourchette; en garde
Mais son adversaire, si brave lorsqu'il ne s'agissait que
d'épées et de pistolets, se prit trembler de tous ses
membres. Les témoins s'abouchèrent et ils convinrent
d'un commun accord qu'un duel aussi meurtrier n'aurait
pas lieu. L'affaire fut donc arrangée l'amiable, et l'in
trépide Spright continue ses visites la sœur de Traey.
Sir Jlohn Francklin.
Les journaux anglais continuent donner des nou
velles reçues par la voie de Hulldes navigateurs qui
ont eu dans les mers polaires quelques indices sur l'ex
pédition de John Francklin.
Ces nouvelles sônt toujours très-confuses. Le proprié
taire du Truelove écrit aux lords de l'amirauté pour leur
envoyer des notes reçues de la baie de Baffindesquelles
il résulte que d'après les rapports faits par deux Esqui
maux, deux navires seraient pris dans les glaces depuis
quatre ans au passage du Prince-Régentet deux autres
depuis un an, l'est du même passage que les deux pre
miers bâtimens ont fait un effort pour atteindre le cap
Rennel, sans pouvoir y réussir; et qu'enfin, au mois de
mars dernier, ces quatre bâtiments étaient encore dans
la même position, et que tout le monde se portait bien
bord.
En recevant ces informations, le capitaine Parker, du
Truelove, aurait pris ses dispositions pour se diriger du
côté du passage du Prince-Régent, ou du moins d'atteindre
le détroit de Lancester pour y prendre des informations
sur l'état des localités. Partant en compagnie de l'Advice,
capitaine Permy, il aurait, le 5 août, avancé jusqu'à la
hauteur de Crocker's-Bay, où un banc de glace l'aurait
arrêté. Après d'inutiles efforts pour aller plus loin, il au
rait mis terre un approvisionnement de conserves, 30
balles de charbon que lady Franklin avait fait mettre
son bordtout événement, ainsi que les lettres et pa
piers qu'il avait reçus de l'amirauté, et, après avoir planté
sur un point élevé un mât de signaux, il aurait regagné
le lieu de pêche le 17 août.
Le Manchesler-Guardian contient, au sujet des recher
ches dont l'expédition du capitaine Francklin est l'objet,
la note suivante sur les visions d'une somnambule de
Boston
Celte femme, dit le correspondant, ayant été mise dans
létal mesmérique, a affirmé que sir John Franklin était
encore vivant, et dans une position relativement bonne.
11 a traversé de rudes épreuves, mais il en est sorti, et il
espère bien revenir dans neuf mois et demimoins de
catastrophes nouvelles. La différence au méridien, et le
lieu où il se trouve et Boston, est de six heures environ.
Invitée indiquer sur une carte de très-petite échelle le
lieu ou elle voyait sir John Franklin, la somuambulc a dé
signé le nord-ouest de la baie d'iludson.
Fille déclare toutefois que si des hommes de sir John
ranklin sont avec lui, d'autres en sont séparés mais vi
Flls, hii|>i*hHCiir-lihrairc, M?
vent encore. Elle voitsousla neige les cadavres de plusieurs
d'entre'eux.
Cette femme donne aussi des nouvelles de sir James
Ross et de ses compagnons.
Dans sa dernière séance, la chambre de commerce
d'Anvers a décidé qu'elle appellerait l'attention de M. le
ministre des finances sur la loi qui vient d'être adoptée
par les chambres législatives des Pays-Bas, portant démo
nétisation des pièces de 3 et de 10 fl. et leur conversion
en récépissés qui, plus tard, seront échangés contre la
monnaie d'argent.
La chambre, considérant que cette mesure a été prise
dans la prévision que l'or pourrait subir une grande
dépréciation une époque plus ou moins rapprochée, a
décidé d'engager M. le ministre décréter, conformément
l'art. 8 de la loi du 31 mars 1847, qu'à une epoque
coïncidant avec celle où les pièces susdites seront reçues
en échange en Hollande, elles cesseront également d avoir
cours légal en Belgique. Elle décide de soumettre en mê
me temps l'attention de M. le ministre si, pour les mêmes
raisons, il ne serait pas prudent de surseoir toute émis
sion ultérieure de monnaie d'or national.
On assure que le journal la Révolution Démocratique
et Sociale doit reparaître sous peu.
La commission des congés s'est encore réunie aujour-
d'hufpour examiner quatre-vingts nouvelles demandes de
congé, sur lesquelles elle n'en aaccordé que dix, motivees
par des maladies et sur l'attestation des certificats de
médecins.
Le steamer le Niagara est arrivé Liverpool avec les
dépêches et les journaux de New-York, jusqu'au 9 sep
tembre. Un fait d'une certaine gravité s'est produit
Washington. Le ministre de France avait adressé au pré
cédent cabinet une note pour réclamer de un deux mil
lions de dollars pour indemnité des pertes essuyées par
le commerce français par suite du blocus de Verra-Cruz,
dans la guerre du Mexique.
Le gouvernement américain s'est plaint au gouverne
ment français du ton de cette notedont il ne pouvait
admettre "le fondement. Le cabinet de Paris aurait ap
prouvé la conduite de son agent dans cette affaire. La
gouvernement des États-Unis a envoyé ses passeports au
ministre français. Cet événement inattendu a produit une
très-grande sensation New-York.
SORTE
NOMBRE
PRIX
DE CRAINS.
d'hectolitres
PAR HECTOLITRE
FR. C.
PR. C.
79
16 50
18 50
27
10
10 50
56
7 58
8 76
63
4 90
5 71
16
9 50
10
Sarrasin
6
7 10
7 23
•clic an Beurre, lprcs.
E=!
ccJ
H S O
S-
H
S S as
w B
'-3 o
w -S
s
s
Cl
o
w
O
H
-
U
-i m
s
e
^5
o
o
_i
o
ce
h*
V)
1
X
S
O
—m
■mt
Afï
m
OD
Q
O
«o
c
fil
S
a,
o
H
b
o
S*
s-
pour 1850,
l'.xn ixe soriKTi: d'a.\ov„.viies.
Prix 60 centimes.
DES JEUX,
Académie nouvellecomprenant les règles des princi
paux jeux de cartes, etc., avec un traité du jeu de wisht;
1 volume de 190 pages;
Prix 60 centimes.
"8 -
1 n
S_
Ci ce>
§-
S
2
s o
B
m
O S
-
M
t-1
SO
cm-
m rM
O» ta
O "-ri
S»
on
en
o
o
A
A
©-
CL
B
O
e3
SB
63
u
cS
CS
tu
t® g
(3 M-
P
o
•d
ct>,
5-
s S
O O
55
c?
GO C3
o K
(3 M
t£ -*
K)
03
Une tente fut dressée en quelques minutes autour d'un
quartier de rocher destiné tenir lieu de table. Stevens
et Mary, invités par le capitaine, vinrent y prendre place
auprès des jeunes officiers: la jeune fille, avec cet air
de résignation distraite auquel on reeonnait que l'esprit
abattu n'a plus ni direction ni volonté Stevens au con
traire, avec un empressement suffisamment expliqué par
une longue privation de tout un jour, et peut-être aussi
par un besoin instinctif de noyer pour quelques instants
le souvenir de sa ruine.
Les soldats s'étendirent et là sur l'herbe, autour de
la tentepar groupes de douze ou quinze; au centre de
chacun de ces groupes, figurait, comme héros de la fête,
un des soldats du détachement; et les oreilles avides des
nouveaux venus prêtaient une attention religieuse au récit
infiniment détaillé des exploits de la veille.
Chaque coup de sabre ou de fusil était accueilli par un
hurrah admiratif, suivi d'une pause, pendant laquelle les
bouteilles passaient dextrement d'une main l'autre, si
bien qu'en moins d'une heure, rassasiés de hauts faits,
d'admiration et de rhum, auditeurs et narrateurs senti
rent se fermer leurs paupières apesanties. Au choc des
bouteilles succéda le silence le plus absolu tous s'étaient
endormis de ce sommeil aux songes dores, qui fait
de chaque soldat un héros et de chaque tambour un
colonel.
Sous la tenteles choses n'étaient pas arrivées tout
fait ce point; mais tandis que Mary rêvait, que Stevens
buvait, une discussion profonde sur la manière d'engager
un combat en plaine ou dans les montagnes absorbait
complètement l'attention du lieutenant et du capitaine,
lequel ne manquait pas de terminer tous ses arguments
par l'invariable formule: ce sont deux choses essentielle
ment distinctes.
11 ne restait donc, pour veiller la sûreté du camp,
qu'une demi douzaine de sentinelles qui se promenaient
de long en large, le fusil sur l'épaule, regardant d'un œil
d'envie trois ou quatre bouteilles imparfaitement vidées
par leurs camarades. C'était, comme on va le voir, une
précaution bien insuffisante.
Au milieu d'une de ces phrases interminables qu'il
construisait avec un art tout particulier, le capitaine Ivy
fut soudainement interrompu par une explosion de cris
suivie de quelques coups de feu.
Qu'est-ce donc que j'entends là? fit le capitaine avec
un léger mouvement de surprise si la chose était vrai
semblable je serais tenté de croire une visite de l'en
nemi.
Ce sont en effet les noirs qui nous attaquent, dit
Edmunds en se levant je reconnais leur signal en
juger par l'intensité du cri, ils ne sont pas moins de cinq
cents.
Je voudrais, pardieu, que cela fût, pour en finir
une bonne fois avec cette canaille.
Mais 1 assurance du capitaine fit place une indicible
stupéfaction, lorsque, sortant de la tente, il vit une mul
titude de noirs armés de fusils et de sabres, déboucher de
différents côtés dans le vallon et ses soldats moitié ré
veillés se presser dans une déplorable confusion autour
de leurs armes en faisceaux qu'ils ne pouvaient parvenir
reconnaître. Un coup-d'œil lui suffit pour apprécier le
danger de sa position et pour combiner son plan de dé
fense car c'était un excellent officier, d'un courage l'é
preuve, d'un jugement sûr et aussi prompt prendre son
parti que prolixe dans ses discours. Sa voix formidable
eut bientôt rallie autour de lui un noyau d'environ cent
hommes subitement dégrisés par l'attaque imprévue des
noirs les autres, sourds la voix du chef, courant ça et
là,, pêle-mêle, et trébuchant chaque pas, se jetaient en
aveugles au-devant des coups de l'ennemi qui en fit un
horrible carnagesans éprouver la moindre résistance.
(La suite au prochain n°.