EXTÉRIEUR. lui l'opinion publique, ce souverain des gouvernements libres. En rappelant la frayeur du parli catholique, nous ne nions pas ce que celle émotion put avoir d'honorable, puisque celte lois elle le conduisait placer les intérêts de la patrie avant ceux de son ambition. Qu il nous soit cependant permis de le dire, c'est une triste condition pour un parti de ne voir clair que lors- qu il a peur, car, la peur cessant, la sécurité ramène d ordinaire la cécité première et pou-.sc de nouvelles déceptions. t'est une nécessité non moins triste pour lui de devoir ainsi reconnaître que s'il peut conduire le char gouver nemental pendant des époques de calmeil doit se fé liciter d'eu voir la direction eonliée des mains plus robustesau jour des complications et du péril. Il est facile pour quiconque a observé les faits accomplis au dehors dans le cours de cette année, et les faits qui s'accomplis sent chaque jour chez nous, de reconnaître que le parli clérical, mesure que le péril lui semble s'éloigner, re prend con/iunce en lui-mêmerevient ses anciennes illusions, oublie pour deux choix sans importance la répulsion profonde dont depuis 1841 il est frappe par le corps électoral, cl voit déjà la restauration patente ou anonyme de M. de Theux en Belgique, la suite d'une restauration légitimiste en France, d'une restauration tliéocralique Rome, et d'une restauration absolutiste Vienne, Berlin, etc. Ainsi donc le parti est toujours le même, toujours ce que nous l'avons vu depuis la révolu tion de 1850. Rappelons encore les faits. En 1831 il avait peur de la Hollande, peur de la France, peur de la démagogie. Il laisse des libéraux conjurer le danger, constituer le pays et la dynastie. Plus tard, en face de difficultés qui l'effrayent et qui lui paraissent insolubles, ses hommes quittent le pouvoir, ils laissent un cabinetoù l'élément est prépondérant, la tâche d'assurer la libération du territoire et de notre métropole commerciale. En 1833, après la convention du 21 mai, prenant pour éternel un armistice indéfini, il se rassure, et n'ayant plus peur, il démolit souterrainementil mine les mi nistres libéraux. Le péril n'est-il pas tout jamais écarté Pauvres aveugles qui n'avaient pas prévus les événements de 1839 et qui y ont fait face avec l'habileté qu'on con naît. A la suite de cette triste campagne diplomatique, le ministère, disloqué moralement, comme il l'était maté riellement par la retraite de deux de ses membres, tombe aussi dignement qu'il s'était élevé, c'est-à-dire sur un mi sérable incident attestant chez lui une telle absence de sens moralque ses plus honorables amis en sont eux- mêmes révoltés et contribuent l'en punir. Les libéraux arrivent au pouvoir. L'humeur avec la quelle on les accueille perce visiblement. Cependant un danger apparaît, l'horizon politique se rembrunit; la question d'Orient peut mettre l'Europe en feu, les atta ques tombent et le cabinet achève paisiblement la session. A la rentrée des Chambres, le péril a cessé, M. Guiiot a remplacé M. Thiera; la majorité parlementait- se pro nonce en faveur de son successeur; ou craint peu le re tour de l'ancien président du conseil, on croit chaque jour davantugs la consolidation du nouveau système ministériel dont le programme est le retour de la France dans le concert européen et le raffermissement de la paix un moment menacée. Faut-il s'étonner que dès lors les mauvais vouloirs commencent revenir, qu'on songe renverser le cabinet libéral, ressaisir le pouvoir, l'exercer, non plus il est vaui par les chefs naturels du parti, par l'ancien président du conseil, ee ministre si confiunt dans ses forces et qui s'était chargé sans hésita tion des deux portefeuilles les plus politiques et qui avait si tristement fléchi sous ce poids! Bientôt il fut aisé de voir qu'une campagne cléricale allait commencer contre le cabinet. Ce qui embarrassait et peut-être retardait l'attaque c'était la nécessité de trouver un grief quelcon que, un motif avouable, un prétexte au moins, on choisit ce qu'il y avait de plus futile l'homogénéité du cabinet qu'on ne lui avait pas reprochée jusque-là et qu'on de vait plus lard adopter soi-mêmeet quelques articles d'une Revue politique écrite en dehors de toute influence ministérielle et qui avait le tort de dire tout haut ce que tout le monde peu près disait tout bas. On sait la campagne parlementaire de 1841 et quel point l'inanité des griefs articulés contre le cabinet libé ral souleva l'indignation du pays, traduite depuis en ostracismes électoraux contre les meneurs de l'intrigue. Cette petite revue rétrospective était nécessaire pour expliquer, pour rendre facile comprendre tous, la nou\ elle levée de boucliers que semblent préparer les ardents, les incorrigibles membres du parti clérical, aigris, les uns par la perle du pouvoir, les autres par l'ostracisme dont les a frappés le corps électoral, d'autres par d'aveugles préventions et de folles frayeurs pour des droits que personne ne menace, que tout le inouïe res pecte. Rien en général, dans des pays peu familiarisés en core avec le régime constitutionnel, ne se décourage et ne se rassure plus aisément, plus promptement, qu'un parti politique. Chez nous cela est vrai pour tous les partis, mais surtout par l'opinion cléricale. Chaque fois qu'une crise a éclaté on l'a vu autant qu il 1 a pu, non-seulement s'effacer, mais se féliciter que le pouvoir ue lut pas en ses mains, comme si elle avait le sentiment de son insuffi sance et de son peu-d'action sur les esprits. Mais le dan- s'éloigne-t-il, la sécurité renaît-elle, cette opinion passe brusquement d'un extrême l'autre, reprend con- tiance au moindre symptôme de réaction le grossit, 1 exagère, y voit< toute une transformation de l'opinion p ublique en sa faveur. Produisons encore d'autres exemples. Quelques conversions au catholicisme se montrent- elles au-delà de la Manche, le royaume-uni ne tardera abjurer la religion protestante. Vingt fois depuis deux ou trois ans on a écrit cela dans nos revues catholiques. Quelques motions d'opposition ont-elles lieu connut toujours, dans ce même pays; se forment-elles contre la liberté du commerce des denrées alimentaires c'en est l'ait en Angleterre des lois de libre échange; le régime de la prohibition va de nouveau triompher au-delà du détroit. Pauvres aveugles, qui ne s'aperçoivent pas qui' la conviction seule d'une catastrophe politique a arraché celle concession l'aristocratie britannique, et qu'il est mille fois moins dangereux pour un gouvernement de refuser, de retarder une concession, que de la retirer après l'avoir faite, alors que la classe la plus nombreuse l'a accueillie comme un acte de justice et d'humanité Dans des élections partielles, arrivc-l-il d'aventure un ou deux succès au parti; comme s'il s'était attendu être éliminé par leus les collèges, le voilà passant du décou ragement une confiance immodérée. C'en est fait, dit-il, le pays ne veut plus de nos adversaires, desabusé il re vient nous comme si depuis bientôt vingt ans, cer tains collèges n'avaient pas constamment volé (tour eux Comme si une opinion, quelque prépondérante qu'elle soit dans un pays, a jamais accaparé tous les sièges par lementaires, ou comme si la répartition qui se fait dans les Chambres entre divers partis, n'existait pas dans des proportions analogues au sein du pouvoir électoral C'est toujours par l'attention concentrée sur quelques faits isolés, sans importance, et jamais par l'élude des symptômes généraux caractéristiques de l'opinion, que le parti clérical se laisse entraîner. Ne l'a-t-oit pas vu il y a peu d'années encore, se réjouir et croire une longue domination, parce qu'il avait réussi embaucher succes sivement dans nos rangs des hommes de quelque valeur, sans se douter que bien peu d'années après, ucs transfu ges allaient se briser avec lui contre l'opinion publique, contre cette puissance qu'il niait, qu'il qualifiait de my the inconnu, et pour laquelle les beaux esprits du parti n'avaient pus assez d'épigrammes. La peur s'éloigne, la lutte renaît. Qui s'en étonnerait, quand on a attentivement étudié les faits que nous avons cru devoir rappeler, et quand on connaît les antécédents et le caractère du parti clérical? Soyons-en sûrs, jusque dans sa stratégie il se montrera ce qu'il fut toujours, et c'est ce (pie nous lui reprochons surtout, c'est ce qui perd tous les partis. Il se montrera dépourvu de franchise, n'osant dire ee qu'il est, ce qu'il veut s'appelant de tous les noms, sauf du sien, parti conservateur, parti modéré, parti mixte, parti de la conciliation, parti des libéraux modérés, des vrais libé raux, etc. il sera tout ce qu'on voudra, excepté le parli catholique, se flattant ainsi avec une rare impunité de donner le change au public. La lutte même il la niera. Lui, lutter, lui, la concilia- lion, la mansuétude même! A-t-il lutté quand, pour écarter le probe, l'honorable M. de Langhe, aux patrio tiques antécédents, quand, pour faire élire le parrain du trop fameux Relzin il n'a reculé devant aucun moyen? Non, vraiment; il a l'ait de la conciliation! A-t-il lutté quand il a prclcré un nom inconnu dans nos débats politiques, par conséquent sans signification agressive, un nom qui, lui seul, est une déclaration de guerre contre l'opinion libérale et contre le cabinet, et cela, comme toujours, en risquant de compromettre une autorité qui n'exercera jamais une influence plus profonde et plus sa lutaire que le jour où elle échappera au soupçon de se mêler nos querelles. Oh non, il a fait encore de la con ciliation, toujours de la conciliation Oh luttez si tel est le cri de votre conscience ou de votre umbition. C'est votre droit, ce peut être votre de voir. Mais n'abdiquez pas toute franchise, tout respect de vous-même. Ne dites pas en nous attaquant que vous êtes de nos ainis. Dites nettement notre exemple, quand vous étiez pouvoir et nous oppositionque vous nous faites la guerre, que vous voulez nous renversernous remplacer, parce que nous gouvernons mal, parce que vous voulez gouverner autrement. Faites ce que font ail leurs de grands partis qui, après avoir dirigé le gouver nement, savent accepter ouvertement et loyalement leur rôle d'opposition, disent franchement ce qu'ils sont, ce qu'ils veulent, ce qu'ils repoussent. Si vous aspirez pouvoir vous appeler des conservateurs, soyez, on vous l'a déjà dit, les imitateurs des torys anglais, n'en soyez pas la caricature. C'est la seule chance que vous ayez de remonter jamais au pouvoir, s'il vous en reste une. C'est en tous cas l'unique moyen de retenir dans vos rangs les hommes de valeur qui pourraient s y trouver et de com mander l'estime de vos adversaires. Agréez, etc. FRANCE. Paris, 14 Octobre. Ce matin quatre heures, Hubcr, condamné hier la déportation, était extrait de la maison de justice de Versailles. Une escorte de gendarmerie accompagnait la voiture cellu laire dans laquelle il avait pris place. A six heures il arri vait la Conciergerie pour être mis la disposition de M. le préfet de police. En vertu d'un arrêté du préfet de police, approuvé par le ministre de l'intérieur, M. Mauroywiez, ancien nonce delà Diète allemandeet réfugié polonais, qui depuis quinze ans rervait l'hospitalité de notre pays, vient defre expulsé «lu territoire français, par mesure d'ordre public, et comme ayant pris part des manifestations politiques. Le ministère hésite en ce moment pour savoir s'il ac ceptera la conduite tracée par le rapport de M. Tliiers et qui, nous pouvons le déclarer d'après les autorités les plus sûres, est celle delà majorité. Le cabinet a délibéré sur celte question grave dans un conseil qui a été tenu l'Elysée. La partie avancéeou plutôt équivoque du ministère, voudrait bien ne pas accepter entièrement celte politique franche et nette qui s'éloigne des voies tortueuses aux quelles il est habitué. Mais il y a pour lui un immense danger tenter ce hazard D'abord il se sépare de la ma jorité et il est broyé dans la lutte, sans pouvoir compter sur l'appui de la gauche ni de la montagne, mais ce n'est point là pour lui le plus grand danger. 11 existe, dit-on, entre les mains d'un de ses membres, l'illustre général Oudinot, un dossier de documents qui tous suffiraient pour confondre et clouer honteux leur banc, les mi nistres qui ont dirigé l'affaire de Rome. Il y a des ordres allant jusqu'à la violence contre le gouvernement du pape, et des contre-ordres presque im médiats allant presque jusqu'à la faiblesse. Ces pièces existent, les ministres le savent; on n'en fera pas d'usage tant «pi'ils se tiendront dans 1& publique proprio molu, comme ils en ont fait la promesse lu commission. Mais s'ils manquaient cette promesse, s'ils sortaient de la po litique d'abnégatiou et d'humilité qui leur convient, les révélations surgiraient et leur position deviendrait pi toyable. On pensait donc aujourd'hui dans les nombreuses réunions des représentants qui ont eu lieu, que le minis tère accepterait la politique que la majorité lui impose, qu'il tacherait de faire couvrir de l'oubli et du voile con fidentiel le déplorable tableau de ses tergiversations et qu'il ne hasarderait pas de se poser en contradicteur «lu rapport. Seulement les amis du ministère disaient que pour sauver ce qu'il appelle sa popularité, il ferait des réserves sur la question de l'amnistie romaine et sur quelques autres concessions dont il déclarerait qu'il pour suivra l'élargissement. Mais il était bien entendu que les réserves seraient purement nominales. Dans toute cette affaire, disent les représentants les plus énergiques «le la majorité, le plus triste rôle a été rempli pur M. Odilon Barrot qui a manqué du courage nécessaire pour dire la vérité. Quand cette question est venue la tribune des deux assemblées et qui ne peut pas lier sur ce sujet deux idées véritablement politiques, mais au fond M. Odilon Barrot poussé, harcelé parla Montagne, craignait de se trouver pris entre deux feux, finira par se rallier non-sculcment aux conclusions, mais la politique du rapport. L'événement du jour Paris, c'est le rapport de M. Thiers sur cette affaire de Rome. On ne s'occupe partout que de ce document qui est en même temps de l'avis de de tout le monde et même des ennemis les plus ardens de l'honorable rapporteur une magnifique page d'histoire et un travail politique de la plus haute portée. Les rcprcscntantsdela majorité.rcunis au conseil d'état paraissent décidés adopter l'ajournement sur les pro positions relatives l'abrogation des lois de proscription contre les princes de la maison de Bourbon. Cette déci sion n'est pas encore positive, mais elle est arrêtée d'a vance sur l'avis des hommes les plus influens du parti modéré qui pensent qu'il serait extrêmement dangereux de jeter dans les embarras de la situation une complica tion aussi grave. Une correspondance de l'Europe Monarchique an nonce que Bcra va prendre du service dans l'armée russe cl que son activité sera employée dans la guerre «lu Cau case. Ainsi Nicolas oublierait pour Bem seul ses rancunes contre ceux «|ui servirent la cause polonaise, et Bem, l'un des plus fervents défenseurs de cette cause, consentirait servir l'empereur de Russie Cela nous parait im possible. DI.\Efl t RGK. CopKxntGCE9 octobre. La vente des ouvrages en marbre et de gepsy de Torwaldsen a commencé hier. Le ministre espagnol Gueto a acheté 2,000 thalcrs le Mercure de marbre le musée a conservé le Ganymède. L'académie française a fait acheter par M. Rlanc nombre d'ouvrages en gcpsv. Une tempête effroyable, et surtout une trombe de mer, ont occasionne de grands ravages non loin de Storehed- dinge, le a. Divsuni:. Marché aux grains du 15 Octobre 1849. SOnTE »K VB.IIXS. NOMBRE d'hectolitre: PMX PAS HKi.T01.lTRK FR. C. F a. c. 104 16 80 18 50 Seigle 38 9 30 10 90 8 62 9 30 99 4 90 6 16 9 9 80 10 7 10 8 23

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Le Progrès (1841-1914) | 1849 | | pagina 3