JOIRML D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. I\° 9' Aimée. Jeudi. 1er Novembre 1849 Vires acquint eundo. INTÉRIEUR. YaiiiJio. ABONNEMENTS: Ypbes (franco), par trimestre, 5 francs 50 c. Provinces,4francs. INSERTIONS: Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne: 50 centimes. Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres a branchies. YPRES, le 31 Octobre. Il serait difficile d imaginer un parti d'une immoralité aussi effrontée que le parti clérical. Souvent nous avons eu l'occasion de démontrer qu'il ne recule devant aucun moyen et que pour lui la fin justifie les moyens. Les preuves évidentes de cette absence de sens moral, dans la conduite politique de nos adversaires, depuis qu'ils sont minorité, deviennent plus nombreu ses de jour en jour. M. Henri De Brouckere nommé l'ambas sade de Rome, donne sa démission de représen tant de l'arrondissement de Bruxelles, en vertu de la loi sur les incompatibilités. Une élection devra donc avoir lieu le 9 Novembre prochain. Jusqu'ici le parti libéral ne s'est pas encore prononcé. L'association libérale se réunira dans quelques Jours pour arrêter le choix du can didat. L'Emancipation, journal catholique, ré digé par des étrangers, au profit de la fraction des caméléons sans conviction et des roués sans sympathies politiques, mais clérical parce que c'est le parti qui rémunère le mieux les services rendus au dépens du pays, a pris l'initiative, et dit qu'on propose M. Roussel pour candidat la Chambre des représentants. Oui, le journal métis, le roquet du parti catholique, met en avant un adorateur de l'art. 131 de la Consti tution, un républicain déguisé, un radical qu'en 11(30, le parti clérical s'est empressé de mettre de côtépareeque ses opinions étaient trop avancées. M. Mosselman, conseiller communal de la ville de Bruxelles, a donné sa démission et le même journal propose, comme candidat, M Jules Rarlbels, autre adorateur de l'art. 131 de la Constitution, un des meneurs de l'Al liance, quand elle a pris des allures républi caines. Notez bien que quand ces hommes étaient dans les rangs libéraux et luttaient avec le libéralisme, les journaux catholiques n'avaient pas assez de calomnies, ne trouvaient pas des termes assez injurieux pour blâmer cette alliance, et maintenant ce parti se coalise avec le radicalisme pour battre en brèche le seul parti national, modéré, qui puisse gou verner dans les limites de la Constitution de 11130, car le parti catholique veut aller en ar rière et restreindre les garanties inscrites dans la Constitution, et le radicalisme veut aller plus loin que les libertés sanctionnées par elle. Soit, nous sommes destinés voir une coali tion entre le parti clérical, représentant de! ab solutisme, et le parti républicain, voulant le suffrage universel et autres modifications aussi heureuses. Ces deux alliés, ennemis de la veille, vont lutter pour démolir, car, en supposant qu'ils parviennent ensemble obtenir la majo rité, la lutte recommencera dès cet instant entre eux, jusqu'à ce que le plus fort triom phe, et nous croyons que les radicaux seront les dupes. On lit dans le Propagateur Ce fut toujours pour nous un devoir bien doux d'en registrer les succès littéraires d'une jeunesse que nous avons vu grandir dans nos murs, et qui s'est formée dans nos collèges aux carrières savantes. L'année 1849 a vu décerner la palme académique plusieurs d'entre nos jeunes concitoyens. Nous nous plaisons ici signaler leurs noms aux hommages de tous; et s'il arrivait d'avoir com mis quelque omission, nous nous ferions un plaisir de réparer au plus têt un oubli bien involontaire. Ont passé devant le jury MM. Jules Iwcins, le doc torat en droit; Emile Lagrangc, le doctorat en médecine Gustave Dcgrave, la candidature en droit Jules Struye et Arnaud Peene, la candidature rn philosophie et lettres; Florimond Vandcrghotccl Louis Hennion, la candidature en sciences naturelles; Théophile Cornette, Charles Dau- chy et Marcel Courts, l'épreuve préparatoire en philo sophie; Ilippolite Cornette, Jules Kilsdonk, Jules Alexis et Alfred Vandewallc, le grade d'élève universitaire. Espoir naissant de la cité, puissent-ils toujours faire son bonheur et sa gloire! Que, réunis aujourd'hui dans un même triomphe, [dus tard un amour égal de la patrie les unisse de nouveau dans un noble dévouement la prospérité et la concorde publiques Nous ne pouvions nous douter que le journal clérical eut saisi l'occasion du triomphe des élèves du collège communal devant le jury (Suite.) IX. Deux ou trois fuyards apportèrent Santiogo de la Véga la première nouvelle de l'affaire de Nauny ils n'y rencontrèrent d'abord qu'une incrédulité moqueuse;leurs récits furent traités de tables on s'imagina qu'ayant Lâché pied dès le début de l'action ils cherchaient pallier la lâcheté de leur conduite. Mais lorsqu'on vit arriver suc cessivement, dans l'état le plus déplorable, des détache ments de dix, de vingt, de trente hommes, qui tous racontaient de la même manière le désastre de la nuit précédente, il fallut pourtant se rendre l'évidence. Ce fut alors une consternation générale; toutes les affaires, tous les travaux furent immédiatement sus pendus. La Place d'Armes, où était situé le palais du gouverneur, se trouva en peu d'instants encombrée de curieux et de conteurs, d'esprits-forts et d'alarmistes, divisés par groupes, pérorant, gesticulant et criant tous la fois. Le Conseil et l'Assemblée qui sont, la Jamaïque, la représentation de la chambre-haute et de la chambre des communes, avaient été convoqués par le gouverneur. La Cour souveraine elle-même était réunie, bien que ce ne fût pas l'époque ordinaire de ses séances. Dans les édifices publics, dans les maisons particulièresdans les rues, partout on s'occupait d'une catastrophe dont les suites étaient incalculables. Eu effet, la situation était loin detre rassurante; aux d'examen, pour rendre cet établissement ses sympathies et faire un éloge brillant des jeunes gens qui y ont fait leurs éludes. A dessein, cependant, il a entremêlé quelques sujets du collège épiscopal parmi les lauréats. Mais s'il a nommé tous ceux sortis de l'institution de Sl- Vincent de Paul il en a oublié du collège communal et nous en citerons quelques-uns MM. Gustave De Steurs, Félix Geurts. Il en est d'autres dont les noms ne nous reviennent pas. Nous croyions les patrons du Propagateur implacables; il paraît que nous nous sommes abusés et qu'une justice tardive est rendue un établissement qui ne pouvait guère comp ter sur l'impartialité delà feuille jésuitique. Directement, elle ne fait pas l'éloge du colléga communal, cela jurerait trop avec les diatribes qu'elle a publiées si souvent. Mais quand on exalte le triomphe des jeunes gens, il faut bien qu'il en rejaillisse un peu d'honneur sur l'éta blissement où ils ont puisé leur instruction. Des mauvaises langues ont prétendu que c'était pour cacher le non-succès des élèves du collège de S'-Vincent de Paul qui se sont pré sentés devant lejury, que la Feuille des Baziles s'est empressée de faire cet éloge de la jeunesse qui sest formée dans ses collèges aux carrières savantes. Effectivement il est malheureux pour des jeunes gens, pour des pères de fa mille d'avoir été induit en erreur; les uns, d'avoir été sacrifiés par l'esprit de parti, les autres, de voir éprouver leurs enfants, au début de leur carrière, un échec dont ils se relèveront difficilement, pour avoir fait acte de dévouement certaine opinion qui veut acca parer l'enseignement public et qui n'est pas capable de répondre aux exigences de l'instruc tion, telles que le progrès de lumières en fait sentir 1 indispensable nécessité. Nous aimons mieux croire la bonne foi, la sincérité du Propagateurd'autant plus qu'une fois n'est pas coutume et que nous au rons bien encore occasion de lui rappeler l'ar ticle élogieux que nous reproduisons plus haut. yeux même des plus optimistes les deux mille hommes envoyés contre les nègres représentaient l'élite des trou pes du pays; le commandement de l'expédition avait été confié aux officiers les plus braves et les plus expérimentés; or, il n'était revenu que cinq ou six officiers et environ deux cents soldats nul doute que le reste n'eût été mas sacré; c'était une perte irréparable. D'un autre côté les esclaves n'auraient pas plutôt connaissance de la victoire remportée par leurs frères, que la désertion se mettrait dans toutes les plantations; le nombre des ennemis, déjà plus que suffisant pour répandre la terreur dans l'île, al lait donc s'accroître encore dans une proportion effrayante. Qu'à tout cela l'on ajoute, comme suites inévitables du dernier événement, la confiance et l'audace des vain queurs, la démoralisation des vaincus, et l'on conviendra qu'il était permis de trembler pour le salut de la colonie. La première journée se passa tout entière dans les gé missements; ce n'étaient que sombres prédictions, mu tuels reproches. Les hommes de tous les pays et de tous les gouvernements ne manquent jamais, lorsqu'un revers (les a frappés, d'employer s'en accuser réciproquement un temps qu'il serait bien plus urgent et plus rationnel de consacrer y porter remède. Le lendemain, on commença délibérer; mais les avis furent tellement partagés, on proposa des moyens si im praticables ou si violents que le gouverneur désespéra de pouvoir arriver une solution. Cependant il l'obtint au moment où il devait le moins y compter soutenues et combattues avec une égale opiniâtreté, les diverses opi nions émises reconnurent qu'elles ne pouvaient toutes l'emporter et se mirent toutes céder alors plein pouvoir fut donné au gouverneur de ne prendre conseil que de lui-même et des circonstances. C'était assurément le parti le plus sage la preuve ne s'en fit pas attendre longtemps. M. Trelaunay, rentré dans son appartement, venait de s'asseoir son bureau et se préparait expédier des or dres pour les différents quartiers de l'îlelorsqu'on lui annonça le colonel Charleton. Sa joie fut vive en appre nant le retour de cet officier dont il croyait avoir dé plorer la perte; il se leva, alla au-devant de lui jusqu'à la porte, et lui serrant la main avec émotion Je suis heureux, dit-il, bien heureux de vous revoir, colonel tout n'est pas perdu, puisque vous voici revenu parmi nousmais quel est ce nègre qui vous accom pagne? un prisonnier, sans doute? Le nègre auquel s'appliquait l'observation de M. Tre launay était Yarabo qui venait d'entrer la suite du colonel. Celui-ci répondit avec un triste sourire: Pardon, monsieur le gouverneur, Yambo n'est pas mon prisonnier; c'est moi qui suis le sien. Et sans donner M. Trelaunay le temps d'exprimer un étonnement bien naturel Mon Dieu, oui, poorsuivit-iL, ces noirs dont nous nous sommes tant de fois raillés, nous ont donné une sé vère leçon de prudence et de modestie ils nous ont com plètement battus; ils nous retiennent prisonniers au nombre de quinje cents, et cela, grâce au stratagème le plus infernal et en même temps le mieux combiné que l'on puisse concevoir. La suite au prochain n°.

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Le Progrès (1841-1914) | 1849 | | pagina 1