Faits divers.
ANGLETERRE. Londres, 22 octobre. La
reine a reçu en audience de congé sir Henry Lytton
Bulwer, qui va partir pour l'Amérique, en qualité de mi
nistre plénipotentiaire et envoyé extraordinaire de la
Grande-Brétagne près le gouvernement des États-Unis.
L'état de la reine douairière de la Grande Bretagne
est toujours extrêmement grave. Le bulletin publié ce
matin donne peu d'espoir de guérison.
Le Times rapporte, comme un des symptômes de la
désorganisation sociale de l'Irlande, que l'un des pro
priétaires les plus honorables du comté de Meath M.
James Grattanvient de vendre ses propriétés pour se
retirer aux États-Unis, où il a déjà acheté, dans l'État de
Virginie, 5,000 acres de terres.
On lit dans le Morning Chronicle:
Lesystèmcdu pillage des récoltes continue en Irlande.
On écrit de Carrick, le 18 Octobre: Hier, sur la route,
près de Carriekberg, a été assassiné M. John Phelan, bailli
de la propriété de .M. Lane. Il retournait chez lui, lors
qu'à plus d'un quart de mille du poste de police il fut
arrêté par une nombreuse bande qui l'attendait. La nuit
était obscure et humide: lorsque Phelan fut peu de dis
tance de l'embuscade, deux coups de feu partirent la
fois. La première balle avait traversé son chapeau ladcux-
ième le blessa mortellement. Le commandant du poste de
police avait entendu les détonations, il se rendit vers l'en
droit d'où les coups étaient partis, il ne trouva que la
malheureuse victime baignée dans son sang. On donna
avis de ce meurtre Carrick. Deux hommes ont été arrêtés
Power et Aroldy,
Phelan avait fait récemment saisir leurs récoltes, et,
la semaine dernière, elles avaient été vendues pour payer
les fermages. Ces deux hommes, qui avaient des fermes
considérables, devaient 500 fr. Il parait que la mort de
Phelan avait été résolue dans des conciliabules qui se
tiennent la nuit.
Deux baillis de Mullinalionc ont été battus récemment
pour avoir fait des significations des fermiers en retard
de payer. Une maison inhabitée dans le voisinage de
Ballyneal a été brûlée. 11 est craindre que la troupe et
la police ne soient tenues sur pied pendant l'hiver par des
violences de cette nature.
A Tullamore, le sous-constable Glccson, qui avait été
blessé l'affaire de Kilongby, est mort des suites de sa
blessure. Dix-huit individus sont en état d'arrestation.
ITALIE. Rome, 15 octobre. L'irritation et la
désaffection augmentent chaque jour dans toutes les
classes; on peut lire en grosses lettres sur tous lès murs:
Mort aux trium virs rouges -, mort a ux prêtres, aux ins-
trumens des vengeances. Les généraux emploient tous les
soins empêcher celte irritation de se faire traduire en
fait qui pourrait peut-être bien montrer que la majorité
des soldats sympathise avec la cause du peuple romain.
Les jeunes femmes arrêtées pour avoir chanté dans
les rues sont encore au château Sl-Ange.
Au lieu de chanterles Romains se livrent de
simples déclamations en prose, en se promenant dans les
rues. Ces déclamations seront sans doute défendues com
me les chants.
Les vols sont très-nombreux; on n'en compte pas
moins de cinquante soixante par jour. La nuit dernière,
un officier français, qui rentrait chez luifut averti pâl
ies voleurs même, au moment où il frappait sa porte,
de vouloir attendre un instant, qu'ils auraient bientôt fini.
Le pape et le roi de Naples sont rentrés dans les
murs de Gaëte, où Sa Sainteté passera probablement
l'hiver.
Livita-Vecchia, 18 octobre. On écrit au Slatuto:
Les officiers français disent qu'ils partiront avant peu
et qu'ils en sont, enchantés, étant très fatigués, du rôle
qu'on leur fait jouer. Il y a quelques jours un détache
ment de troupes a assisté au spectacle de la peine du
chevalet, que M. Savelli a rétablie dans le bagne par or
donnance disciplinaire. I! a voulu que, pour la première
fois, la peine fût appliquée en pompe.
L'état sanitaire ici est parfait, quoiqu'il n'y ait pas
de quarantaine.
On écrit au Nazionale:
•i On prétend que les Français se retirent; je puis vous
assurer que ce matin ils ont démandé changer de ca
serne, se trouvant très mal dans celles qu'ils occupent
en ce moment.
La cour de Gaëte veut absolument avoir la direction
de la police. Les Français ont répondu qu'ils étaient prêts
la céder; mais la condition expresse qu'on destituerait
Mgr. Savelli avec qui ils ne peuvent pas s'entendre.
ESPAGNE. ilUaiu», 20 octobre. Mille bruits
ont couru sur la brusque et étrange chute du ministère-
Narvaez dans plusieurs commentaires hasardés sur cet
événement, la Reine-Mère n'a pas été épargnée On a
dit que le cabinet était tombé par suite d'intrigues que
la Reine Christine et le due de Rianzarès auraient our
dies habilement et secrètement. Cette assertion est dé
nuée de fondement. La Reine-Mère a été complètement
étrangère ce qui vient de se passer elle dément hau
tement toute participation cette sorte de révolution de
Palais. Le véritable auteur de ce bouleversement inat
tendu est, ce qu'on assure, leconfesseur du Roi, le père
Fulgenlio, père carliste fort dangereux.
Le capitaine général de Madrid, le gouverneur mili
taire, le chef politique et le corrégidor se sont empressés
de donner leur démission.
Les employés du ministère de la justice et un grand
nombre d employés des ministères de l'intérieur et des
finances ont également fait démission. Le tribunal su
prême de justice veut en faire autant c'est une désor
ganisation générale; il n'en pouvait pas être autrement:
dans la nuit des courriers extraordinaires ont été expé
diés pour les provinces. On ne sait vraiment que penser
de tout ceci.
21 octhore. Pendant que le ministère Cléonard-
Balboa se préparait prendre la direction des affaires
publiques, la Reine Isabelle II, ayant réfléchi, et effrayée
des conséquences que pouvait avoir pour ses intérêts
personnels l'éloignement d'un ministère qui l'a toujours
fidèlement et puissamment servie, résolut de mander la
Reine-Mère au palais, désirant la consulter dans ces gra
ves perplexités. La Reine Christine fit répondre au mes
sage qu'elle ne rentrerait pas au palais tant que le mi
nistère Cléonard-Balboa resterait au pouvoir. La Reine
Isabelle II, se fesant alors accompagner par Mme la du
chesse de Gor, se rendit en personne au palais de la
Reine-mère. La conférence entre la Reine-mère et son
auguste fille dura une demi-heure, et lorsque la Reine
Isabelle quitta le palais de sa mère, on remarqua sur ses
traits qu'elle était moins soucieuse qu'en allant faire sa
visite son auguste mère.
Le général Narvaez, l'issue de cette royale confé
rence, avait été mandé auprès de la Reine-mère. La
Reine Christine, au nom de sa fille offrit au général de
le réintégrer immédiatement dans la présidence du con
seil. Le général Narvaez avait d'abord refusé; mais
cédant aux vives instances de la Reine Christineet
prenant en considération les circonstances critiques où
se trouve le pays, il se décida reprendre en mains la
direction des affaires publiques.
Le généx-al Cléonard, qui n'avait été prévenu de rien
encore, se rendait pendant ce temps auprès de la Reine
Isabelle II pour lui demander quelques signatures des
actes administratifs. La Reine pria le général d'ajourner
ce travail, prenant rendez-vous pour une conférence
quelques heures plus tard. Le général Narvaez, mandé
par la Reine ne tarda pas venir au palais, et vivement
pressé par la Reine de reprendre la présidence du con
seil, il y consentit.
Le général Cléonard étant de retour au palais l'heure
qui lui avait été assignée par la Reine, S. M. lui enjoi
gnit de contresigner une ordonnance qui destituait le
général Balhoa, nommant sa place, comme ministre
de 1 intérieur, M. le comte de San Luis.
La Reine qui s'attendait la résistance que mettrait le
général Cléonard destituer ainsi son collègue, signait
au même moment tous les décrets qui réintégraient le
général Narvaez et les autres ministres dans leurs fonc
tions officielles.
L'ancien cabinet, réhabilité de cette manière, prêta
aussitôt serment entre les mains de la Reine. Le général
Narvaez réunit sur-le-champ ses collègues et tint conseil.
Dans ce conseil il fut décidé que l'on procéderait immé
diatement l'arrestation du général Balboa, du père
Fulgcncio, confesseur du Roi, de il. Buena,de M. Rodon,
de M. Melgar, de la sœur Patroeinio et de plusieurs au
tres personnages influents de la camarilla du Roi D.
François d'Assises.
On dit que quelques-uns de ces personnages, et le Roi
lui-même ont fait des révélations importantes, de nature
compromettre beaucoup de monde.
Le général Balhoa est dirigé sur Ccuta; le père Ful
gcncio est envoyé dans un couvent d'Archidona (Anda
lousie la sœur Patroeinio se retirera dans un couvent
de religieuses Cuença; les autres personnages compro
mis ont été éloigués également.
Le général Cléonard a été destitué de ses fonctions de
directeur du collège militaire.
Une enquête est déjà ouverte sur les ramifications de
ce complot, conçu, dit-on, dans un esprit d'absolutisme
pur.
On assure que le Roi D. François d'Assises a demandé
d'être autorisé se retirer auprès de son père Valla-
dolid. 11 est difficile que le gouvernement accède cette
demande.
L'administration du palais sera certainement retirée
au Roi. M. le comte de Vista Ilermosa sera de nouveau
nommé intendant du palais.
Tous les employés qui avaient donné leur démission,
sont réintégrés dans leurs fonctions.
Madrid, en proie hier la surprise et même la con
sternation, a repris aujourd'hui sa physionomie ordi
naire. Quoiqu'il n'y ait pas de bourse aujourd'hui, les
fonds ont monté: le 5 p. c. a été fait 27
Le conseil des ministres siège en ce moment sous la
présidence du général Narvaez.
CHINE. D'horribles nouvelles nous arrivent au
jourd'hui par le courrier de la Chine, du 29 août. Le
gouverneur de Macao, M. Ferreira do Amaral, a été lâ
chement assassiné parles Chinois; et les Portugais,
leur tour, se sont livrés aux plus déplorables représailles.
Les journaux du pays, qui naguère n'étaient pas assez
grands pour rendre compte de la sérieuse affaire entre
l'infortuné Amaral et le commandant anglais Kcppel,
consacrent aujourd'hui toutes leurs colonnes aux détails
de ce funeste événement. Nous, qui l'espace manque,
nous nous contenterons d'exposer succinctement les faits
tels que nous les raconte la personne qui, la première,
estarrivéesur leslieux, quelques minutesaprèsle meurtre.
Le 22 août, six heures et demie du soir, M. Amaral,
suivi de son aide-de-camp, revenait cheval de la pro
menade qu'il avait l'habitude do faire du côté de Casa-
Branca, au delà de la barrière qui sépare Macao du
territoire chinois proprement dit.
Il venait de passer sous la voûte du mur de séparation
et de faire quelques pas sur le territoire portugais, lors
qu'un Chinois qui se trouvait seul au milieu du chemin
lui salit le visage avec un long balai d'osier plein d'ordure
et prend la fuite.
Irascible par sa nature et enflammé de colère par cette
insulte, M. Amaral pique son cheval et court la pour
suite du fuyard; mais au moment où il croit se procurer
avec sa cravache le plaisir d'une juste vengeance sept
ou huit Chinois, embusqués près de là dans des buissons
de pandanus, l'assaillirent simultanément, le renversè
rent de son cheval avec de longs bambous dont ils étaient
armés, et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire,
lui curent coupé la tête et la main, qu'ils emportèrent
avec eux. Quant l'aide-de-camp, qui s'était lancé fond
de train au secours de son chef, il fut également jeté par
terre et blessé en deux endroits mais les ruades de son
cheval éloignèrent les assassins, lesquels, d'ailleurs n'en
voulaient probablement pas sa vie.
Le ministre plénipotentiaire d'Espagne, qui était près
de l'endroit, se promenant avec son secrétaire, fut le pre
mier porter secours l"aide-de-camp quine pouvant
remonter cheval, s'était traîné tout ensanglanté leur
rencontre; et un renfort de soldats ayant été immédiate
ment requis, on alla recueillir le cadavre mutilé, qu'une
calèche bourgeoise rapporta Macao.
Le soir mèine, les principales autorités de la ville tin
rent un conseil, auquel furent invités tous les représen
tants des nations étrangères; et avec l'assentiment de ces
derniers, il fut convenu que, pour se prémunir contre le
danger d'une attaque imprévue, la ville recevrait des ren
forts des navires de guerre anglais et américains mouillés
dans la rade, ce qui fut immédiatement mis exécution.
Ceci se passait le 22 août. Trois jours après, lorsque
l'irritation causée par cet assassinat devait être en partie
calmée, la garnison portugaise se dirige avec deux pièces
de canon vers la barrière chinoise et s'en empare. La for
teresse chinoise de Pac-sa-Lian, située sur un monticule
peu éloigné de là riposte aux assaillans par un feu bien
nourri.
Les Portugais, qui ne demandaient pas mieux que d'a
voir dans la résistance un prétexte plus ou moins plau
sible pour se venger, n'importe sur qui, se précipitent au
pas de course, donnent l'assaut la forteresse, s'en em
parent, y égorgent soixante soldats, et, après avoir en-
cloué trente pièces de gros calibre, ils saisissent le
commandant, lui coupent la tête et les mains, qu'ils
attachent au bout d'une pique, et, munis de ces sanglans
trophées, ils rentrent dans Macao au milieu des acclama
tions d'une multitude enthousiasmée.
Suivant une correspondance d'Haïti, datée du 7 sep-
tembre, de nombreuses pétitions encombrent les bureaux
du secrétaire des commandements de S. M. Faustin Ier.
Elles ont pour but d'obtenir la charge de Fou de la Cour
que l'empereur vient de rétablir en même temps que les
charges des dames d'honneur, d'atours, etc. D'après la
même correspondance, on assure que de. fortes com
mandes sont parties d'Haïti pour Paris et Lyon. Il s'agit
de pièces d'étoffes convenables pour des habillements de
cour, culottes-courtes, veste et habits la française, bas
de soie, manteaux de velours, etc. Une armée de coiffeurs
est très-particulièrement commandée aussi bien que des
perruques stylc-Pompadouret de forts approvisionne
ments de poudre poudrereaux de santeur, mouches
en taffetas rose, car le taffetas noir, en effet, ne tranche
rait pas assez sur les joues des nouvelles marquises
haïtiennes. Des inaîtres-à-danser sont aussi commandés
pour enseigner les bonnes manières, les révérencesla
gavotte et la façon de se tenir la cour.
Une difficulté vient de s'élever entre l'Autriche et
l'Angleterre au sujet des exécutions de Céphalonie. Deux
Arméniens habitant Argostoli, chef-lieu de l'île et sujets
de l'Autriche, ayant été maltraités par ordre des autori-
tée anglaises, l'agent consulaire autrichien a réclamé
contre cet acte d'une manière énergique. Sa protestation,
envoyée Vienne, a été l'objet d'une note spéciale du
gouvernement autrichien au cabinet de Londres.
Le chef du gouvernement républicain de Venise, M.
Manin, est arrivé samedi Paris. Il est accompagné de
quelques-uns de ses collègues. M. Manin paraît âgé de
45 50 ans. C'est un homme d'une grande affabilité de
manières et d'une simplicité digne. Il parle des malheurs
de sa patrie dans les termes les plus touchants. Ses
compagnons, qui sont des hommes jeunes, pleins de feu,
d'intelligence, d'enthousiasme et de loyauté, semblent
l'environner d'une vénération profonde.
Dixmdbe. Marché aux grains du 29 Octobre 1849.
SORTE
NOMBRE
PRIX
d'hectolitres
PAR HECTOLITRE.
FR. C.
FR. C.
Froment
75
16 50
18
Seigle
53
9 25
10 50
108
10
10 18
Avoine
85
5 03
6
21
9 25
10
20
6 75
7 50