Faits divers.
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le terme fixé toutes les lignes rencédées. Un nouveau
délai fut donc accordé par la législature.
Le chemin de fer de Courtray Bruges par Roulers fut
livré la circulation le 15 Juillet 1847, mais depuis cette
époque aucun travail n'a été entrepris sur les autres
lignes; cependant d'immenses travaux restent exécuter,
et si la rompagnie ne se hâte de les entreprendre, il est
certain dèféaujourd hui qu'elles ne pourront être termi
nées l'époque fixée. Les contrées que le chemin de fer
devait parcourir ont accueilli avec enthousiasme la loi de
concession mais cet enthousiasme suecèdp aujourd'hui
le découragement qu'un espoir déçu doit faire naître.
Il serait superflu, Messieurs, d'énumérer ici les avan
tages que l'exécution de ce chemin de fer doit procurer
aux localités qu'il est destiné relier entre elles, ainsi
qu'au chemin de fer de l'Etat.
Ces contrées, éloignées du centre du pays, éprouvent,
plus vivement que d'autres provinces du royaume mieux
situées, le besoin de ces communications rapides et faciles
qui contribuent avec tant de puissance au développement
de la richesse agricole et industrielle. La position qui leur
est faite aujourd'hui rend impossible la vente des produits
de leur sol si riche, toute concurrence avec les localités
dotées d'un chemin de fer; le'haut prix des transports, la
difficulté des communications ne permettent pas d'y im
planter des industries nouvelles, et les industries ancien
nes, qui jadis fournissaient la classe ouvrière des moyens
d'existence, tendent se déplacer et prendre racine dans
des localités voisines des chemins de Ter.
•C'est ainsi, Messieurs, qu'il est vrai de dire que les
chemins de fer sont plutôt un mal qu'un bien pour les
localités qui en sont privés, car le» bienfaits indirects que
ces chemins de fer leur procurent, ne compensent pas le
désavantage qu'ils leur occasionnent.
Avant la construction du chemin de fer de l'Etat, nos
provinces se trouvaient dans des conditions de concur
rence plus égales «pj'aujourd'bui car aujourd'hui toute
Jutte industrielle est impossible entre les villes dotées
d'un chemin de fer et eeJles qui en sont privées, et cepen
dant, toutes ont paye leur part dans les dépenses que ce
grand travail a nécessitées, toutes, même celles qui, par
suite de son exécution, se trouvent placées dans des con
ditions infiniment pius défavorables qu'autrefois.
Loin de moi, Messieurs, la pensée de contester la haute
utilité du grand travail national que notre pays a exécuté.
Partisan dévoué du chemin de fer, j'en apprécie tous les
avantages c'est parce que je les apprécie que j'eu vou
drais voir jouir toutes les villes de quelque importance
du royaume et j'ai cru devoir appeler spécialement l'at
tention du gouvernement sur le chemin de fer concédé de
la Flandre occidentale.
Je suis convaincu que M. le ministre des travaux pu
blies comprendra toute l'importance de celte voie ferrée,
et je le prie de bien vouloir faciliter, par tous les moyens
-en son pouvoir, l'exécution de cette communication si
utile et se montrer favorable, au besoin, aux propositions
acceptables que la compagnie concessionnaire .peut lui
avoir faites ou pourrait lui faire ultérieurement.
VILLE D'fPstES. Coxsr.iL conui\\i..
Séante publique dn Jeudi27 Décembre 1849.
Présents MM. le Baron Vanderstic-uku: ®e Mac bus,
Bourgmestre président Théodore Vahden Bogaeiioe
Piehre Beke, Gérard Vakderheersch Charles Vande
Broche, Lkgraverand, Martin Shaelen Auguste De
Gaelcke, Ernest Meughelynck, Boedt, avocat, Louis
Annoot, Conseillers.
M. le secrétaire donne lecture du proccs-verbal de la
séance du 8 Novembre 18*49} la rédaction en est ap
prouvée.
M. le président fait-rapport an Conseil que le compte
de l'exercice 1849 de la Bibliothèque publique, lui a été
adressé. Il présenteen recettesunesommede fr. 1,866-10,
et en dépenses celle de fr. 1,601-29. 11 offre donc un
excédant de fr. *264-81.
M. le secrétaire donne lecture d'une lettre adressée au
Conseil par l'administration communale de Zillebeke,
nous attendait peut-être. C'était pourtant là ce qui,
tout prendre, é'ait le plus probable. A notre sortie de
Toulon nous avions rencontré une frégate turque qui
se rendait en France. Le salut de l'amiral, qui avait pré
cédé le sien, nous avait appris qu'elle était montée par un
personnage de distinction, et -notre séjour prolongé dans
la baie de Palme nous donnait croire, avec quelque
vraisemblance, que le personnage était un envoyé de la
Porte, porteur de quelques propositions d'accommode
ment sur lesquelles on délibérait Paris.
Pendant tout ce temps, s'il ventait, nous gagnions la
pleine inerà force de voiles, pour revenir peu d'heures
après chercher de nouveau l'abri de 1a côte. Par les jours
de calme et de soleil, nous incitions aussi toutes nos
voiles dehors; puis, de même que l'oiseau qui étend
quelquefois les ailes, sans quitter la branche où il se
balance, nous demeurions immobiles, cela près d'un
léger langage. C'était vraiment un de ces mauvais rêves,
où l'on veut s'enfuir, où l'on croit s'élancer; mais où l'on
•se débat vainement sous une force invisible, qui paralyse
vos efforts et vous cloue en plaee.
Ce ne fut qu'an bout de dix jours que nous sortîmes
enfin de cet état de doute et d'anexiélé. Le général en
chef appela ses officiera-généraux une conférence. J'y
accompagnai le lieutenant-général, et là nous apprîmes
les nouvelles. Notre relâche dans la baie de Panne avait
eu pour unique inotif la nécessité xie rallier nos bàteaux
tendant obtenir de la ville d'Ypres, un subside pour
parfaire l'empierrement du chemin de grande communi-'
cation de Comines Ypres. Il ne s'élève qu'à la somme
de 600 francs. Le Conseil est d'avis de mettre cette de
mande r l'ordre du jour de sa prochaine séance et prie
M. le président de vouloir faire prendre quelques rensei
gnements indispensables pour pouvoir donner, cette
affaire, une solution.
Surles rapports de M. le conseiller Pierre Beke, organe
du comité des finances, le compte de l'exercice 1848, de
l'établissement nommé Salle des syphilitiques, et le bud
get de 1850, sont approuvés. Le Conseil est néanmoins
effrayé du grand nombre de journées d'entretien dues
par des communes très-solvables et pouvant payer sans
se gêner. Il décide qu'il sera fait d'activés démarches
près de l'autorité provinciale pour faire rentrer dans la
caisse de cet établissement, ce qui a été avancé pour un
grand nombre de communes, avances qui, depuis 1830,
s'élèvent plus de 8,000 fr. 11 est de toute urgence que
des moyens efficaces soient mis en usage pour contrain
dre les communes débitrices satisfaire aux obligations
que In loi leur impose, sinon l'administration communale
sera obligée de fermer cet hôpital par suite des dépenses
non restituées faites pour compte d'autres communes.
Sur les conclusions de deux rapports lus par M. le
conseiller Beke-, au nom du eomité des financesle Con
seil approuve la comptabilité de l'administration des
Hospices pour l'exercice 1848 il donne son approbation
au compte spécial de la caisse d'assurances et arrête le
budget pour 1850, avec quelques légères modifications.
Le Conseil sur la demande du Bureau de bienfaisance,
émet un avis favorable l'acceptation d'un legs évalué
100 francs, fait par M. Ernest-Louis-Joseph Bouchcry,
cette institution charitable.
Il est donné lecture d'une requête du conseil de fabri
que de l'église S'-Jacques, tendant prier le Conseil
d'émettre un avis favorable la donation entre vifs faite
la dite fabrique, par Mlle Marie Van Acker, d'un jardin,
nommé Augustynen-Hof. d'une étendue de 36 ares, loué
au prix de 200 francs par an, sans autre charge que d'en
laisser l'usufruit la donatrice. Comme celte libéralité
parait favorable l'évêque et qu'il est disposé prêter
son concours dans cette affaire au conseil de fabrique,
le ConseH, tout disposé par la générosité du cadeau
juger cette donation au même point de vue que le chef
diocésain, émet un avis favorable et décide qu'on enverra
immédiatement celte affaire l'examen de la députalion
permanente, afin d'en bâter la conclusion, de crainte,
comme il est dit dans la requête, qu'un accident imprévu
ne vienne empêcher le conseil de fabrique de jouir de
cette libéralité.
Le Conseil appelé par l'ordre du jour discuter le rè
glement du Mont-de-piété, croitdevoir, avanld'examiner
le projet soumis sa sanction, faire une tentative pour
donner cette institution charitable des moyens d'opérer
aux meilleures conditions possibles. Il est décidé qu'une
négociation sera entamée avec l'administration des Hos
pices qui fournirait la dotation de cet établissement et que
le règlement sera discuté, après que l'issue en aurait été
communiquée au Conseil.
Le procès-verbal de la location de quelques locaux sous
les Halles est approuvé, ainsi que celui du droit de place
le long du côté-ouest du bassin. La séance publique est
terminée par l'approbation que donne l'assemblée au
procès-verbal de l'adjudication publique de la fourniture
du pain pour l'établissement syphilitique, accordé au
boulanger Vande Castelle.
Par arrêté royal du 24 décembre 1849, les subsides
indiqués ci-après, et prélever sur l'avance faite en 1848
pour concourir au maintien du travail industriel, sont
accordés l'administration communale d'Ypres (Flandre
occidentale
1° Un subside de seize mille trois cent trente-trois francs
(16,353 fr.), pour aider l'administration communale de
cette ville couvrir les frais résulter du curage de
l'élang de Zillebeke
de débarquement. Ces bàteaux étaient déjà Palme
notre passage devant les Baléares. Sur l'ordre de l'ami
ral, ils étaient allés nous attendre au cap de Caxine, sur
lequel nous marchions, et s'y trouvaient le jour où nous
y parûmes; mais comme ce jour-là le temps n'avait pas
paru l'amiral convenable pour le débarquement, il
s'é ait décidé venir attendre Palme qu'il le devint,
et leur avait assigné ce nouveau rendez-vous. Ils s'y ren
daient, lorsqu'un coup de vent les ayant dispersés, il leur
avait fallu plusieurs jours pour se rallier; tous ne l'étaient
même pas encore. La frégate égyptienne portait Ta-
h. r-Paeha grand amiral de Turquiequi, empêché par
notre croisière de pénétrer Alger où il avait remplir
une mission de la Porte, se rendait Toulon pour atten
dre les événemens. Il n'avait d'ailleurs aucun caractère
officiel aupiès de notre gouvernement. L'armée con
tinuait montrer les meilleures dispositions; son état
sanitairepar suite peut-être de l'excitation morale où
vivait le soldat, était plus satisfaisant qu'il n'aurait été
possible de l'espérer elle ne comptait pas quatre-vingts
malades. Toutes les dépêches du ministère pressaient
l'expédition au lieu de la retarder, et l'amiral se décidait
agir imméd.atement, bien qu'il ne pût encore, je crois,
disposer de tous ses moyens.
Le général en chef donna une dernière fois aux officiers-
généraux ses instructions sur le débarquement elles fu
rent discutées, convenues de nouveau, puis l'on se sépara.
2° Un subside de quatre mille cinq cent trente-trois
francs, (4,533 fr.), pour l'aider faire achever le voùtage
de l'Yperlée, dans la traverse de cette ville.
Le même arrêté autorise, par modification aux dispo
sitions de la convention approuvée par arrêté royal du 9
août 1848, l'administration communale précitée différer,
jusqu'en 1852, le remboursement d'une somme de quinze
mille francs (15,000 fr.), prendre sur le restant de
l'avance de soixante mille francs (60,000 fr.) qui a été
accordée cette ville en vertu de l'arrêté royal précité.
La totalité des houblons étrangers, importés en Angle
terre qui ont payé les droits cette année, jusqu'au 15
décembre, s'est élevée 1707 quintaux, dont un tiers de
provenance belge et le reste venant d'Amérique.
Les bancs de la police correctionnelle sont occupés par
une collection complète de mendians, types curieux, vé
ritables échantillons du genre, que Lesage eut trouvé
digne de sa plume, et que dès longtemps a deviné le pin
ceau dc§,Goya, des Callot et des Charlet. C'est le même
délit qui es! reproché toute cette tourbe, mais si un seul
article de loi les atteint, que de moyens différais ne
mettent-ils pas en usage pour pratiquer la mendicité.
S'il faut s'en rapporter la science statisticienne de
M. Charles Dupin, sur dix mendians, Paris on compte
trois pauvres véritables, trois quêteurs par procuration,
et quatre paresseux plongés dans le vice et l'ivrognerie.
Ce serait donc une curieuse étude que celle de la mendi
cité telle qu'elle se pratique aujourd'hui. Le seul amphi
théâtre où elle se puisse faire avec fruit, la police correc
tionnelle, présente, ainsi que nous l'avons dit, toutes les
variétés du genre dans son audience de ce jour.
D'abord, c'est le classique mendiant de la rue Ma
bonne dame, mon bon monsieur, n'oubliez pas, etc.
Celui-là ne vaut pas qu'on s'y arrête. Puis, le mendiant
mystérieux, qui glisse dans l'oreille sa demande de se
cours, non pas avec un compliment gracieux, comme
celui qu'esquissa Sterne dans le Voyage sentimental,
mais d'une voix rauque, presque toujours avinée et même
par fois menaçante.
Vient ensuite le mendiant musical, dont la famille
Nathan est le type, imitant le glapissement, le chant, le
cri des animaux, et se livrant aussice que constatent
les sommiers judiciaires un genre de vol qui n'a rien de
commun avec celui des rossignols et des Canaries.
Puis voici les illustrations du genre, les mendiants
imagination. Ceux-là ne se traînent plus dans l'ornière
vulgaire; ils innovent et perfectionnent chaque jour. Ce
sont les poètes, les prolées de la gueuscrie. Vous les
trouvez le matin affaissés sur eux-mêmes dans quelque
coin écarté; ils ont le visage défaitles cheveux épars,
leur casquette, leur mouchoir traînent sur le pavé. Ils ne
prononcent pas une parole, et bientôt cependant le
bouillon salutaire, le verre de vin réconfortant leur sont
apportés, tandis que l'aumône du passant, celle du pro
létaire, de l'ouvrier, se glissent discrètement dans les
poches béantes de ses vêtements.
A mididans un quartier différent, le même homme
parcourt d'un air égaré une rue des plus passantes; il
porte sous le bras un paquet enveloppé d'un mauvais
mouchoir Madame potivez-vous m'indiquer le bureau
du Mont-dc-Piélé? demande-t-il d'une voix troublée
une élégante promeneuse qui n'a su jamais que dans
Eugène Sue que le Mont-de-Piété existât et sans attendre
une réponse impossible Ma femme vient d'accoucher,
poursuit-il.,
11 reçoit une large aumône et jette deux pas de là le
pavé qui simulait un paquet, pour tirer de sa poche une
paire de rasoirs qu'il offre aux passans, en se donnant
pour un malheureux voyageur revenant de l'Iearie, et
n'ayant d'autre ressource,après les déceptions de l'apôtre
Cabet, que de vendre ses rasoirs, pour inanger du pain,
ou se couper le cou avec leur lame d'excellente trempe
ang'aisc.
Le lendemain au lever du soleil, cette fois pour tout
de bon, nous miines la voile, et le matin du troisième
jour nous étions en vue des côtes d'Afrique. Sur le riv.ige
se montra une espèce ne roche crayeuse qui, sur la ver
dure dont elle était entourée, se projetait en découpures
singulières. A mesure que nous en approchions, elle sa
revêtait de formes bizarres, et peut-être allait-elle enfin
nous apparaître comme une ville, car c'était Alger; mais
la laissant notre gauche et longeant la eôie, nous inlines
le cap sur Sidi-Feruch. Celte presqu'île, l'heure qu'il
est, jouit encore d'un grand renom chez les Arabes
cause du tombeau d'un marabout qu'elle renferme. Alors
elle était célèbre aussiquoique beaucoup moins, ce
second titre qu'au premier, par une batterie de pièces de
gros calibre qui en défendait les approches. Dans ce mo
ment, toutefois, c'était la batterie, non le marabout qui
nous occupait. Aussi fûmes-nous tout yeux et tout oreilles
au moment où nos vaisseaux, tètes de colonnes, la dou
blèrent. Mais nous n'entendîmes, malgré cela aucune
détonnation; nous ne vîmes s'élever dans les airs aucun
nuage de fumée. L'escadre se rangea tout entière dans la
baie sans essuyer un coup de canon. Alors seulement des
bombes nous arrivèrent d'une batterie cachée dans les
broussailles. Leur effet fut peu meurtrier.
[La suite au prochain n°.