JOIB.ML D'Yl'RES ET DE lèllIRDMHSSEIIEYT."
n i
- :ià:<
j
Jeudi. 11 JFiifflel 1950,
Il l"
- t- -l wÉÈm m mm
*fjr
V-ir es acqumt-euiido.
3 franes'o0.ci -^■PnoviSçESîMranes. 1. Progrèsparaît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal ^lait
être adresséa l'éditeur. Marché au Beurre. On ne reçoit que le? lettres affranchies.
trimesti
15 centime RÉCLArfqs, la ligne: 50 centimes
JST1
iressé a l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que
r. e de la mo-
avec un sàng-froid,
ables. défendant avec
Tê, propageant avec passion les erreurs les
aalpables. Ce parti ne cesse d injurier les.
,s liant placés qui oui rendu au pays les
les plus signalés,
tus si chacun se demande en lisant ces dia-
de richesse et de biçn-êlre pouf je portion'la.
plnil-iiouTt>reyse de uotre population,
Bien que pareilles assertions se détruisent
«lié?-nié m es paç4l fait-anême de l'évidence,
en que le'pnys qyi raisonne, compare êt juge,
tjen fasse écladaAle ej bonne justice, nous croyons
•pouvoir reproduire une partie du remarquable
discours prononce par le premier magistrat de
fijjire prbv1f(Èe,joçS de l'ouverture de la session
ordinaire du conseil provincial M lé baron
De \rrière,< cet homme, ami de l'ordre, par le
progrès, et qui par sa position est si bien
même d'apprécier la.situalion actuelle de notre
P Fja/ldre,constate laAraasformalion heureusequi
v5is'èSt opérée sous une administration libérale et
r pulvérise par la puissance même des faits évi-
u e i dents qu'il cite, et"les mensonges péniblement
amoncelés par les ennemis du gouvernement,
et les hommes qui, guidés par le génie du
mal, par [esprit des ténèbres, ont accepté Ja
triste et honteuse mission d'irriter des popula
tions paisibles, et de battre en brèche le principe
d'autorité qui seul peut sauver la société me
nacée par la tempête sociale qui mugit autour
de nous.
tribes systématiquement! lancées par les feuilles
catholiques, si ces gens-là sont frappés de cécité,
ar, on ne peut croire tant de mauvaise
oi on aime toujours se persuader encore que
le vers
Tant de fiel cntrc-t-il dans l'âme des dévots.
a'esl pas une vérité.
N'est-ce pas, en effet, nier la lumière, pro
clamer le mensonge le plus saisissg^j c que uc
soutenir aujourd bui la tisi-iiique inaugurée en
1847? r-a-tci-aii loui^a
-• .n d'nul souci, dit-on, de nos Flandres, déci
mées par le paupérisme, sous le ministère ca
tholique; on néglige les intérêts industriels et
commerciaux on n'a aucune sympathie pour
l'agriculture elle-même, celte source de tant
©iLipm
1. la retraite.
La chaîne de montagnes qui borde l'orient le bassin
de la Limagne, conserve encore, dans ces gorges retirées
et inaecessiblesau mouvement du monde, un grand nom
bre de châteaux-forts, que le temps seul fait lentement
tomber en ruines; même dans les parties les plus sau
vages de cette contrée, on parcourt souvent un long
rspace de cbemin en ne rencontrant d'autres traces
d'habitations que des tourelles sortant des hauts bois de
sapins, et des toits de chaume épars dans d'agrestes
pacages.
C'est dans l'un de ces espèces de déserts qu'est situé le
château de Monlrol, entre le penchant d'une montagne
et les rives de la Dore.
Ce castel qui date de la fin des guerres de la féodalité,
avec ses tourelles, ses petites ouvertures, ressemblerait
une véritanle forteresse, si la porte cintrée qui y donne
accès n'était toujours ouverte tout venant; du reste
point de murs d'enceinte, et ses fossés, s'il y en eût
autrefois, furent bientôt comblés pour la plantation d'un
parc; on aperçoit encore des deux côtés de l'avenue de
grosses roches, et le sol tourmenté y déroule des bois
antiques que la guerre n'a jamais dévastés et dont, depuis
longtemps, la citasse même n'a pas interrompu le repos.
Dans un après-midi d'avril de l'année 1805, et comme
les dernières neiges tombaient encore sur la campagne
d'alentour, une jeune femme était assise dans la salle
basse de cette habitation, sous le manteau d'une vaste
cheminée.
Sa taille souple et élancée reposait gracieusement sur
Extrait du discours prononcé par M. le baron
De Prièregouverneur de la provincel'ou
verture de la session ordinaire du conseil provin
cial de la Flandre occidentale.
Messieurs,
Lorsqu'à pareille époque, l'année dernière, j'eus l'hon
neur de prendre pour la première fois, la parole dans
cette enceinte, notre province, si récemment frappée
dans ta nlus précieuse de ses industries, était loin encore
de voir cicatrisées toutes les blessures que lui avait faites
une crise dont les temps les plus désastreux fournissent
peine un exemple.
Quel que prompt que soit le cœur des malheureux
s'ouvrir l'espérance, on semblait alors se complaire
redouter de nouvelles épreuves, bien plus qu'à espérer
des jours meilleurs.
Cette industrie pourtant, remontait dès-lors, avec une
vigueur toujours croissante, la pente sur laquelle elle
le siège gothique; sa tête parée de beaux cheveux blonds
se détachait en tons clairs sur le dossier d'ébène sculpté
qui s élevait en ogive; mais son attitude était empreinte
d affaissement et de langueur ses grands yeux bleus,
ses traits fins et réguliers,avaientcett.e morne fixité d'une
longue tristesse, arrivée au découragement.
Avec sa beauté d'un ensemble harmonieux, sa pâleur
et son immobilité, elle était peu dissemblable des figures
des saintes arlistement travaillées sur la précieuse tapis
serie qui tendait les murailles la souffrance avait effacé
en quelques jours les couleurs de son teint, comme les
siècles avaient fait pâlir les nuances animées des images
bibliques.
Autour d'elle l'habitation fermée pendant longtemps
gardait encore le cachet des anciennes mœurs et des aïeux
les plus reculés. Un grand sablier y marquait seul le
temps; des portraits de famille parés de leur vétusté
occupaient les places d'honneur des paysages remplis
saient au lieu de glaces le centre des trumeaux des armes
de chasse suspendues aux lambris surmontaient un
bahut inerustéd'émaux,sur lequel reposait encore le rouet
de quelque laborieuse châtelaine; d'épais rideaux de
damas demi-relevés découvraient des vitraux en lo
sanges, garnis de plomb, dont la transparence douteuse
laissait apercevoir comme dans un rêve le vaste horizon
d'une magnifique campagne.
Mademoiselle Delphine de Kergoël, assise en ce mo
ment, au coin du loyer rempli de fougères dont les vives
lueurs éclairaient mieux sa figure que le dimi-jour ré
pandu dans la chambre, était arrivée depuis un mois
seulement dajis celte terre de ses ancêtres, dont elle était
alors la seule héritière, et d'après la lenteur extrême
<jes habitudes de campagne, son installation d'y était pas
avait glissé pendant vingt ans, avant de toucher l'abîme
où elle était enfin fUyiWe.
Plus pcutiêlrc qu'aucun de vous, j'avais foi, dès ce
moment, daris'Ia continuité de cette marche ascendante,
parce que, mieu*qu personne, j'étais en position d'aper
cevoir lé phare qui éclairait notre route et l'impulsion
puissante qui rhnimlitIncessamment tous les courages,
en prêtant des C^cs a tous ceux qui en manquaient.
Toutefois, Messieurs, ce ne fut pas, sans une légère
appréhension d'être soupçonné d'optimisme, que je vins
celte époque, vous communiquer mes appréciations
aussi me bornai-je, laisser parler les faits que j'avais
recueillis, pour que chacun de vous put juger si l'avenir
que j'entrevoyais, était celui que nous pouvions attendre.
En effet, Messieurs, le court espace d'une année seule
ment s'était écoulé, depuis que le haut fonctionnaire
auquel j'ai eu l'honneur de succéder, avait laissé tomber
ici ces lugubres, mais trop véridiques paroles: Les
Flandres sont en proie un mal qui les ronge; lepau-
pèrisme a fixé son siège aux lieux où jadis régnaient
l'aisance et la prospérité.
A ce poignant aveu l'honorable représentant du Gou
vernement avait ajouté ce qui suit: L'industrie linière
qui faisait le bonheur et la richesse de nos contrées les
plus populeuses, se débat péniblement dans une crise
dont il est craindre qu'elle ne puisse joutait se rele-
ver tout entière. Si grave était doue en 1848, la
position de celte industrie, si complet était le découra
gement des hommes les mieux placés pour sonder la
profondeur de cette plaie du paupérisme, qui menaçait
de pénétrer jusqu'au cœur de notre société, que l'avenir
même était pour eux vide d'espérance.
Oui, Messieurs, l'espérance semblait bannie pour
jamais, car alors on supputait avec inquiétude la quantité
d'aliments que le sol de la patrie pouvait produire, et on
arrivait cet arrêt fatal, qu'en Flandre, la terre man
quait l'homme.
Messieurs, si je remets devant vos yeux, quelques
traits du tableau déchirant qui vous fut présenté, il y a
deux ans,-c'est pour vous faire saisir l'immense distance
que nous avons franchie depuis lors; c'est pour que votre
patriotique orgueil puisse s'associer au mien, quand,
cette même tribune où si récemment encore de pénibles
convictions vous firent entendre le langage désespérant
que je viens de rappeler, je puis enfin venir vous dire,
que notre antique industrie flamande, naguères agoni
sante, est aujourd'hui pleine de sève et de vie.
Je le dis, Messieurs, sans crainte d'être contredit par
personne: nos populeuses contrées, où la mise en œuvre
du lin constitue la principale ressource, sont revenues
encore entièrement terminée.
Elle venait de faire appeler auprès d'elle le peu de
personnes qui composaient sa maison.
C'était d'abord un homme d'une quarantaine d'années,
au teint/brun, aux traits fortement accusés et sillonnés
de cicatrices, la physionomie austère, qui habituelle
ment au service de M,lede Kergoël, était arrivé Montrol
avec elle; puis un jeune garçon du pays et une jolie petite
villageoise, appelés pour servir de valet et de femme de
chambre, et enfin le jardinier et le vieux gardien, qui
résidait constamment au château.
Vous savez que je vous ai recommandé, dit M11* de
Kergoël, en s'adressant ses gens; je tiens absolument
ce que mon séjour ici reste inconnu dans le pays... le
château est assez isolé pour que ce soit facile... mais je
voudrais m'en assurer davantage... D'abord, Toby
ajouta-t-clle en parlant au jeune paysan, tu te souviens
de ce que je t'ai ordonné en arrivant, de ne plus recevoir
personne et de répondre que je suis absente tous ceux
qui se présenteraient pour me voir.
J'ai bien exécuté les ordres de mademoiselle, dit
Toby. J'ai renvoyé hier la laitière qui venait apporter des
fromages la crème, et, ce matin encore, le jardinier-
fleuriste de Montbrison,que mademoiselle avait demandé
pour planter le parterre.
'Imbécile! prononça la jolie villageoise d'un air de
supériorité quand on dit que la porte de mademoiselle
est fermée, il s'agit seulement de ne pas recevoir des
visites.
Tu as raison ma petite Etiennette, dit sa mailresse.
Mais, laisse le faire, j'aime mieux qu'il renvoie le jardi
nier-fleuriste et ses orangers que de laisser pénétrer ici...
quelque étranger... maintenant, écoute Toby, tu tiendras