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Vires acquini eurn
©HLM a Mil.
t.francs. 1 jLé Progrès paraît le Jeudi M le Dimanche.Tout ce qui concerne le journal doit
«adres^Là l'éditeur, Marthe au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
'i' p—
les
u-
assis-
civi-
aitisi
venue
îee par la represen-
uucieiine, mais rangée
ci Heure* des auteurs comiques de
m;; elle est intitulée: l'Avocat Pa-
,«7. par cfe '.trueys et l'alapral Jolie pièce
»ns laquelle règne cette verve gauloise que les
auteurs modernes ont tort l air.de dédaiimer.
v jeunes acteurs se sont parfaitement bien
îillt's de leurs rôles et avec beaucoup
>lomb. Nous avons remarqué parmi les ac-
Irs principaux, MM. Ch lweins, Verschaeve
ercaemer, comme ayant mérité spécialement
;s éloges pour la verve et l'entrain dont ils
bit donné îles preuves dans celle représentation
Bcénique.
Ap rès la comédie, M. Gorrisseri, professeur de
rhéloiique, a prononcé un discours sur le mé
rite littéraire de la langue flamande et la né
cessité de son enseignement ce point de vue.
V. POUR TROP AIMER. (Suite.)
C'est un prétexte, dit Georges avec l'obstination
de la colère, un prétexte pour cacher une peur ignoble.
Peur ici, dans ce parc! peur de vous! dit Yvon, en
haussant les épaules. Regardez donc les cicatrices que je
porte au front: elles vous montreront que je n'ai pas eu
peur devant les armées de la république.
Alors, vous voulez vivre pour accomplir quelque
nouveau crime.
Pensez, dites tout ce qu'il vous plaira... Vous
m'avez accusé d'assassinat, moi!., un soldat!., et je n'ai
pas levé le fer sur vous. Vous voyez bien que je ne me
battrai pas.
Il le faut, dit Georges, avcc.un cri de rage.
Non.
Il le faut, répéta Georges, en regardant l'épcc
restée sur la terre, car autrement...
Eli bien?
Il se passerait ici... une chose horrible.
Silence! qu'on ne vous entende pas!
Oh! battez-vous. Après avoir tué le père, ne faites
pas du fils un assassin.
Ce serait"impossible.
Ici même, si vous ne vous défendez pas, je vous
plonge cette lame dans le cœur.
Il ramassa l'épée et la serra convulsivement dans sa
main.
Vous êtes insensé, répondit Yvon avec dédain.
Georges, transporte de fureur et animé en ce moment
d'une force surhumaine, d'une main saisit Yvon, le jette
contre le socle de la statue, l'y tient demi renversé, de
l'autre lève l'cpéc sur sa poitrine...
Mais l'instant Delphine, éperdue, s'élance devant lui
et s'ccrie
Quoique wallon d'oi igiiff, M. Gorrissen. est
'avis que la langue flamande <ioit être cultivée
ec autant de soir> qve la langue française, et
idées s adressaijt un auditoire flamand ne
vaiervt manquer d'être accueillie^ avec
up de-syttvpalhie. 'Aussi son discours
oiis"reproduisons en enlier^-t-il été for-
t et sTncèrement applaudi.
Messieurs,
éi essaijle solennité, qui nous rassemble de
'au, nous a fourni, différentes fois déjà, l'oc-
.d;e\poser nos idées sur quelques parties de
gneuient public.
s avons dit que l'enseignement de l'histoire ne
peut, sous peine de forfaiyjre, consister en une
sèche et aride nomenclature';- que, tout en donnant
l'enfant la connaissance des laits les plus intéres
sants, il doit, non pas fatiguer sa mémoire, mais
l'exercer dans Une certaine mesure, et l'initier
iiisehsiblement, toujours en restant sa portée,
l'art si commun, et pourtant si difficile, de la dis
cussion, du raisonnement.
Nous avons établi que les langues anciennes, loin
d'être une afi'aire de mots, d'être tout au plus utiles
ceux qui se destinent aux professions savantes,
ress >tl issaient au raisonnement, étaient du domaine
de l'intelligence; que çes langues, si belles, si bien
faites, riches d'une impérissable littérature, sur
laquelle se sont entées toute' les littératures moder
nes, étaient éminemment propres exercer, déve
lopper toutes les facultés htimairies. Et nous avons
conclu: amener le développement régulier et simul
tané de toutes les facultés, former l'homme moral
et intellectuel, tel est le but, telle est la mission des
humanités.
Nous nous proposons de vous entretenir aujour
d'hui, Messieurs, des langues vivantes, ou plutôt des
langues parlées en Belgique.
Ces langues sont au nombre de deux; elles se par
tagent peu près également les populations Belges.
Ici règne le flamand qui se rattache aux vieux idio
mes du nord; là dominent différents dialectes de
cette langue romane, souice du français moderne.
Dans' les provinces wallonnes, l'usage 7m al
romaîf familiarise de bonne heure l'enfant avec
la connaissance des mots des tours des construc
tion dq français moderne. Là, le français, ancien ou
moderne, est pour tous la langue maternelle.
Dans les provinces flamandes,]'! n'en e>t pas airi^i
la langue maternelle, celle que l'enfant apprend
bégayer sur les genoux de sa nourrice, est le fla-
mand et ce flamand n'est pas celui qu'uni illustré
tant de poètes, d'historiens, de savants, c'est la
langue vulgaire,aux mille dialectes, se modifiant de
ville en ville, de village en village, se corrompant
ici par le voisinage des contrées romanes,là des ou
trées germaniques. C'est enfin cette même variété
que l'on signale, pour le roman, dans les provinces
walonnes. Je sais, Messieurs, tout ce que cette ariété
de langage donne de pittoresque à.nos populations;
je sais combien elle offre île charme an touriste
instruit, de ressources au philologue. Je suis loin,
comme l'ont fait les niveleurs d'une autre époque,
d'en demander la destruction-: défaut de monu-
mens écrits, c'est dans ces dialectes, dans ces
patois, que l'on retrouve les origines du langage.1
Conservons les religieusement comme une partie
intéressante de notre nationalité.
Mais, plus tard, au sortir des liras de sa nourrice,
l'enfant flamand est-il initié la connaissance du
flamand littéraire, comme l'enfant wallon l'est la
connaissance du français moderne. Nous croyons,
Messieurs, qu'en général, il n'en est pas ainsi. L'en
seignement régulier, bien entendu du flamand
littéraire n'existe guère. En général, on se borne
faire traduire du français ou du latin dans le dialecte
local. Il en lésultc que les populations flamandes,
si on en excepte q uelques érudits, quelques littéra
teurs,qui ne cessent de faire les plus louables efforts
en faveur de la langue de Van Maerlant, restent
toute leur vie étrangères la connaissance de la
'langue maternelle littéraire. Si, tenu par nous, le
langage devait rencontrer quelque critique peu bien
veillante nous répondrionsvolontiers que, nous
Un meurtre!.. Toi, Georges?
Non, je veux venger mon père.
Ton père! dit-elle de l'accent d'une révélation
suprême; ton père, c'est moi qui j'ai tué.
Georges, pèle comme un inort, laisse tomber son arme
et se relire pas pas en arrière.
Pourtant l'horrible vérité qui se dévoile n'a pas
encore pénétré en lui.
Vous! dit-il avec un accent dont rien ne peut
rendre la stupeur égarée, vous une femme... en ce
temps-là une enfant...
Moi, reprend-elle les yeux fixes, la voix solennelle;
cette vallce du Real où tu m'as rencontrée, où tu m'as
aimcc, est le lieu où il est tombé mort. Et le coup fatal,
c'est 111a main qui l'a tire.
Georgestoujours regardant Delphinetoujours recu
lant lentement, est allé tomber sur un banc de pierre.
Un silence morne, terrible, a succédé l'aveu de
Delphine, jeté dans un mouvement d'épouvante. Les
domestiques de la maison, attirés par le son des voix
élevées qui se sont fait entendre un instant auparavant,
arrivent bientôt auprès de leur maîtresse: mais en voyant
Georges si pâle et si défait, immobile sur ce banc,
mademoiselle de Kcrgoël et Yvon debout, sans mouve
ment devant lui, ils s'arrêtent aussistupéfaits et
sileneieux.
Georges tenait la tête penchée sur sa poitrine, mais
la fixité de son regard attaché sur la terre, la teinte
morbide de son visage, la décomposition extraordinaire
de ses traits, montraient qu'un sourd ravage s'opérait
en lui dans l'excès du désespoir.
Delphine attendait, palpitante, quelle décision sortirait
de ses lèvres, après le secret foudrovant qu'il venait
d'apprendre. Elle avait cesse de respirer, dans l'angoisse
qui la dévorait.
Enfin, après quelques moments de cette attente insup
portable, elle s'agenouilla devant Georges, prit sa main
pendante ses côtés, et laissa tomber sur cette main sa
tète éplorée.
Le même silence durait toujours; l'anxiété de Del
phine avait passé dans fàine de ceux .qui l'entouraient;
Yvon ressentait toutes les douleurs de la jeune femme;
et ceux même qui en ignoraient la cause restaient im
mobiles et tremblants près d'elle.
Par instants Georges tressaillait, des frémissements
nerveux parcouraient son corps, et il entrouvrait les
lèvres.
Enfin, il dit d'une voix brève, saccadée, et qui parais
sait étrangère son'organe ordinaire:
Gusinand... mon bon cheval... lève-toi, viens...
Mort! tu es mort... moi aussi... Mais, viens, viens,
partons d'ici
Autour de lui, tout le monde tressaillit, sans rien
comprendre encore ces paroles.
Il regarda dans l'espace d'un air égare, et dit encore:
Entrons dans ce pays désert... cherchons le che
min... Delphine! je croyais l'avoir retrouvée... mais non,
c'étaitquelque chose d'horrible... Allons plus loin...'
plus loin!..
Alors il se leva et se mit marcher dans le parc pas
lents.
Delphine le suivit instinctivement, se tenant sans
bruit ses côtés.
Les témoins de cette scène, retenus par le respect,
n'osèrent se joindre eux, mais chacun les accompagna
du regard avec une émotion muette et attentive.
On vit Georges sortir de l'enceinte du parc, Delphine
le suivit. Georges prit le chemin escarpé du côtrau, et
Delphine le suivit encore. Us montèrent quelque temps.
On ne vit plus le léger mouvement des branches sur leur
passage, et une robe blanche dans la verdure. Ensuite
ils disparurent tous deux dans les sentiersdes montagnes.
(La suite au prochain .V".)