N0 fl.OlO. 10e Année.
Jeudi, 9 Janvier 1851.
JOURNAL DYP1ÎES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Vires acquirit eundo.
INTÉRIEUR.
ABONNEMENTS: Ypres (franco), par trimestre, 3 francs 30 c. —Provinces, 4 francs.
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être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
Ypres, 8 Janvier.
La panique produite par la démonélisalion
successive de l'or hollandais et belge, commence
se calmer. Une légère reprise a eu lieu sur les
Guillaumes, et les pièces françaises de vingt
francs commencent être très-recherchées
jpème il V a une légère prime de 25 50 cen
times pour mille francs; tout dénote que les dé
tenteurs commencent apprécier le retrait de
toute tarification légale de l'or, avec plus de sang-
froid etque la perlesurlesmonna'esdémonélisées
au lieu d'augmenter, tendra devenir moindre,
du moment que les quantités d'or déplacées
inopinément, se classeront régulièrement dans
la circulation.
Lundi dernier, ont eu lieu les obsèques de M.
Jean-ChaklesVandelannoitte, préposé en chef et
receveur des taxes communales de la ville
d'Yp res, au milieu d'un nombreux concours de
concitoyens. Celait un dernier témoignage
d'estime rendre un fonctionnaire estimable
sous tous les rapporls et dont la perte inopinée
a causé bien des regrets Une allocution rappe
lant les hautes qualités du défunt a été pronon
cée sur sa tombe par M. Louis Claeys, préposé
de l'octroi, avec une émolion qu il a su faire
partager ses auditeurs. Nous croyons rendre
un dernier hommage la mémoire de feu M.
Yande Lannoille en reproduisant ce discours
bien pensé cl qui rend un juste tribut d'éloges
l'ancien receveur de l'octroi de la ville d'Ypres
Messieurs
En présence de la dépouille mortelle d'un
homme austère et vertueux, dont toute la vie
fut consacrée l'exercice de son devoir, nous
n'avons pas seulement pleurer celui qui n est
plus la famille du défunt et I intérêt de l'ad
ministration locale d'Ypres réclament une large
part dans notre sollicitude.
Jean-CharusVandelannoitte naquitàYpres, le
25 Février 1794 Après avoir fréquenté le col
lège municipal, il fut admis comme commis
aux écritures au bureau de l'étal-civil d'Ypres.
Son zèle et son aptitude ne tardèrent pas le
signaler aux administrateurs d Ypres, comme
un de ces serviteurs précieux sur les soins
duqueM'aulorilé peut avoir une entière eon-
l'auberge de la tonne, (suite.)
Puis, se penchant sur l'épaule du chevalier, il lui dit:
Dormez, je n'ai plus rien dire, je ne parle plus,
dormez, reposez-vous, au nom de Marguerite qui vous
aime.
Et le charmant enfant gazouilla plus de dix fois
l'oreille de son ami et son cœur Marguerite Margue
rite
Puis, quand il vit le chevalier profondément endormi,
il se redressa lentement, avec précaution, et, après avoir
baisé la main qui pendait hors de sa couchette, il se
dirigea vers la sienne, préparée l'angle opposé, ouvrit
son pourpoint de velours, prit une croix d'argent qui
pendait son cou, et la baisant avec un soupir i
Pauvre et seul bijou que m'ait laissé ma mère,
murmura-t-il tout bas, toi qui fus mis là par mon vieux
père, reste toujours sur ce pauvre cœur pour le préscr-
vér, pour le consoler de ses disgrâces. Et jetant un regard
sur son ami Il dort, lui il court au bonheur; il touche
aux plus beaux rêves. Et moi, oùvais-jc? Je le suis parce
fiance. Admis comme employé de l'oclroi en
1814, il fut bientôt nommé receveur principal
des taxes municipales d'Ypres, en 1824. Dans
l'exercice de cet emploi on ne reconnut pas
seulement en lui les qualités supérieures d'un
excellent comptable, mais encore les vertus
d'un homme respectable qui a le talent de
réduire l'obéissance, sàns employer la con
trainte. Aussi s'aperçut-l-on bientôt que le
receveur Vandelannoille pouvait réunir en sa
personne la sur veillance des employés de l'oc
troi; et, par la suppression de l'emploi de direc
teur, il fut nommé chef des employés. Dans ce
poste complexe et difficile, il justifia pleinement
la haute idée qu'on avait conçue de son talent
et de son attachement inviolable aux intérêts
de la ville. Nul mieux que lui ne sut réunir
plus d'aptitude, d'activité, de dignité, d'abné
gation et de modestie et par conséquentnul
plus que lui ne mérite sa mort les justes
éloges auxquels, pendant toute sa vie, il cher
cha se soustraire. Aussi bon père qu'adminis
trateur zélé et infatigable, il s'appliqua élever
sa nombreuse famille dans les mêmes principes
qui l'ont guidé dans toute sa carrière, et déjà
son fils aîué, formé son école, marche digne
ment sur les traces et céflèle les émiiieules
qualités du père.
Digue et vertueux Vandelannoille! il n'est,
hélas donné personne de te rappeler la
vie, de te rendre la famille éplorée, et la
ville d'Ypres dont lu as si bien mérité; la cou
ronne civique ne l'as pas été connue mais il
est une récompense plus digne de loi et une
douce consolation pour nous, c'est que tu
vivras dans nos cœurs comme un modèle sui
vre dans la carrière administrative que tu as
parcourue. Adieu, digne chef, adieu, que ton
âme repose en paix
pièces
VILLE D'YPRES. conseil communiai..
Séance publique du Mardi3i Décembre 1800.
Présents MM. le baron Vanderslichele- de
Maubns, bourgmestre, président; Alphonse
Vanden Peereboom, Henri Iweins-Fonleyne,
échevins Théodore Vanden Bogaerde, Pierre
Beke, Charles Vande Brouke, Boedl-Lucien,
Legraverand, Martin Smaelen, Edouard Cardi-
nael, Ernest Merghelytiek, Boedl, avocat, Louis
Annoot, conseillers.
que je l'aime, et que je veux honorer mon nom avec le
sien. Mais quand il sera aux genoux de sa Marguerite,
m'aimera-t-il toujours comme aujourd'hui Hélas com
ment dormir Père chéri, tu pleures en ce moment; moi
aussi, je pleure. Plus heureux, mon frère a pu du moins
remettre au sien un gage de tendresse. Moi, je suis parti
comme un méchant, un maudit... Non, non, il en esl:
temps encore, je veux te consoler, pauvre père que
j'aime tant
A ces mots, marchant pas de loup vers le lit du che
valier, Ange prit le poignard de son frère, le tira de son
étui, et souriant avec ivresse la pensée d'amour que le
ciel venait de lui inspirer, il coupa une longue boucle de
ses cheveux blonds, la baisa plusieurs fois, et s'échappa
de la chambre en étouffant le bruit de ses moindres mou
vements. Arrivé dans la salle où se tenait 1 hôtelier, il
courutà maître Gaspard, et lui dit d'un petit air boudeur:
Vous m'avez toujours pris pour un diable, n'est-ce;
pas? Ma foi, on pourrait s'y tromper, monsieur le
page, comprenez-vous. Et moi je vous dis que je suis
un ange, comprenez-vous ajouta le petit espiègle en
imitant la grosse voix du bonhomme. Bah fit l'hôte—
lier. Eh bien sachez donc, maître la Tonne, que je
suis un grand coupable. Un petit enragé voyons qu'y
M. lechevin Iweins, ayant rempli les fonctions
(Jesecrélaire en l'absencedu titulaire,donne lec
ture du procès-verbal de la dernière séance. La
rédaction en est approuvée avec une légère
modification, concernant le compte-rendu de
I entrevue de la dépulalion du conseil avec le
ministre de l'intérieur.
M. le secrétaire donne lecture des
adressées au Conseil
D'une lettre de M. Popp, éditeur des plans
des communes de la province d'après le cadas
tre, qui demande une somme de 650 francs
pour la fourniture de 75 plans de la ville
d Ypres. Le Conseil manifeste l'intention de
traiter avec M. Popp pour un nombrejplus con
sidérable d exemplaires au prix indiqué par lui.
Dix exemplaires de la lithographie exécutée
par les soins et sous la direction de la commis
sion formée pour l'encouragement de la pein
ture historique et de la sculpture, sont envoyés
au Conseil qui a souscrit pour dix actions.
Le compte de l'administration des Hospices
civils, pour l'exercice 1849, est adressé au Con
seil qui le renvoie l'examen de la section des
finances.*
Il est donné lecture d'une lettre de M. Au
guste de Beaucoiirlqui demande être dé
chargé des fonctions de membre du bureau de
bienfaisance^ motivant sa démission sur les
absences fréquentes de la ville qu'il se trouve
dans l obliga lion de faire, par suite d'événements
de famille. Le Conseil accepte la démission avec
regret, car dans toutes les occasions, M. de
Beaucourt s'est prêté avec beaucoup de bonne
volonté, d'aptitude et de zèle, remplir les de
voirs, souvent difficiles et désagréables, qui in
combent au membre «l'un bureau charitable.
M. le secrétaire donne lecture d'une missive
de M. le Gouverneur, qui rappelle l'adminis
tration communale que la loi sur l'enseignement
moyen l'a mise en demeure de prendre une dé
cision l'égard de la catégorie dans laquelle elle
pourrait vouloir ranger son établissement d'ins
truction secondaire. Cette question sera placée
l ordre du jour d'une prochaine séance.
La comptabilité de 1 a Bibliothèque publique
pour l'année 1850 est communiquée au Conseil.
Elle offre en recelte fr. 1,664-81, et en dépense
fr. 1,264-65. Elle est arrêtée avec un excédant
de fr. 400-16.
a-t-il 11 y a que je vous quitterai demain pour
toujours. Grand Dieu ne dites pas ces choses-là,
monsieur de Lamorge Puisque c'est vrai, il faut bien
le dire. Et où allez-vous ,A Amhoisc. Saint-
Denis et qu'y faire demanda tout effaré le brave caba-
l'etier. Je n'en sais rien, gagner mes éperons ou un
coup d'arquebuse mais je laisse mon père derrière moi,
cl malgré tout, je sens là, dans mon cœur, que j'ai envie
de pleurer. Comment monsieur l'intendant a-t-il pu
consentir
Ici deux coups retentirent la grande porte.
Rolà lié Pierre Jacquelin fainéants, allez donc
ouvrir. N'entendez -vous pas hé viendrez-vous C'est
fort heureux ils dorment comme au sermon.
On frappa de nouveau...
Mais parlez donc, coquins...
La porte était ouverte et les voyageurs introduits, que
le gros homme jurait et criait encore.
La salle où trônait Gaspard la Tonne était vaste et fort
somlrrc; une seule lampe' brillait dans l'énorme cheminée,
laissant dans l'obscurité la plus grande partie de l'appar
tement. Deux moines de l'ordre des carmes de Saint-
Jérome saluèrent, sans montrer leur visage, et s'assirent
dans le coin le plus noir sans proférer uu seul mot.