être sur celui-là que le clergé exige l'exécution
d'une loi libérale.
Dès lors il ne s'agit plus de conciliation ou
d'inconcilialion, mais d'une exécution judaïque
ou consciencieuse d'une loi.
(Reçue de Namur.)
a a g --
On lit dans le Modérateur
Les observations que nous avons consignées
dans notre numéro du 3 de ce mois, propos
de la nouvelle, émise par Y Indépendance, que
le comte et la comtesse de Bocariné ne seraient
pas jugés par la cour d'assises du Hainaut, et
cela pour cause de suspicion légitime, ont
trouvé de l'écho sur tous les points de la pro
vince. Un journal de cette ville, la Gazette.
revient aujourd'hui sur ce sujet et se rallie, en
ces termes, notre manière de voir
Dans notre numéro du 3 de ce mois, nous
avons annoncé, d'après le journal I Indépen
dance.que le procès du comte de Bocarmé et
de sa femme, propriétaires Bury, serait déféré
au jury d'une autre province, pour cause de
suspicion légitime.
Nous croyons cette nouvelle dénuée de
fondement. On ne comprendrait pas une me
sure pareille l'égard d'une accusation qui ne
se distingue de tant d'autres que par la posi
tion élevée que les prévenus occupent dans la
société.
Nous le déclarons formellement, le renvoi
des époux de Bocarmé devant une cour d'assi
ses d'une province autre que celle de leur do
micile, en venant les distraire de leurs juges
naturels, serait non-seulement anormal, mais
constituerait une insulte gratuite, imméritée,
au jury du Hainaut, qui, dans toutes les cir
constances. a fait preuve d'une fermeté et
d'une impartialité que lui méritent la plus ab-
sojue confiance.
Ajoutons qu'en reproduisant celte nou
velle sans commentaires nous avons voulu
voir si le public confirmerait nos prévisions.
Aujourd'hui nous sommes parfaitement
renseignés cet égard, et nous croyons pou
voir dire que s'il y a jamais suspicion elle
sera toute entière contre un arrêt de renvoi
que, pour notre part, nous persistons consi
dérer comme étant impossible.
Dn arrêté royal autorise
t» La commission administrative des hospices de Pope-
ringhe, (Flandre-occidentale), accoter le legs qui lui
est fait par le testament olographe du sieur DeSodt,
(Ives-Dominique-François), en date du 30 novembre
4844, de la nue-propriété de tous ses biens meubles et
immeubles, pour un tiers, sous réserve de l'usufruit en
faveur de ses sœurs Colette et Marie DeSodt, et du mari
de cette dernière, De Bur (Philippe-Jacques), lesquels
dits biens, évalués d'après la déclaration de succession
la somme totale de 81,991 francs 89 centimes dont 2,314
francs 80 centimes pour les rentes et obligations, cl
79,G80 francs pour les immeubles, le tout sous les con
ditions suivantes
A. D'entretenir des vieillards rétablissement ce
destiné aussi longtemps qu'il existera, et domicile si
cet établissement est supprimé;
B. Dans l'un et l'autre cas, d'accorder la préférence
aux pauvres parents paternels et maternels du testateur,
et s'il ne s'en présente pas, aux persoanes nées Pope-
riughc;
grande pompe la plus grande des reines, la plus malheu
reuse des femmes.
Loin de ce bruit, le lecteur rencontrera une petite
scène touchante, digne en tout point du frais pinceau de
Greuze, s'il se rappelle qu'Ange de Lamorgc était évanoui
entre les bras d'un vieux moine déchaussé de l'ordre de
Saint-Jérôme, et que celui-ci employait tous ses soins
ranimer le plus délicieux visage qui fût sorti des mains
du créateur.
Le pauvre page n'avait pas encore ouvert les yeux. Le
vieillard, pour tenir plus douillettement son malade, et
aussi pour préserver ses beaux habits, s'était assis sur
l'herbe, et avait couché le gracieux enfant sur ses genoux,
le pressant dans ses bras, sur son cœur. Dans cette posi
tion, il ne quittait pas de vue un instant ses paupières,
lui baisait le front, lui frappait dans les mains, et frot
tait sa poitrine mise nu, et blanche délier le sein de
femme le plus éclatant.
Tout près de là, un paysan joufflu tenait nonchalam
ment le cheval du page, et regardait avec une expression
pleine de bonhomie tantôt le visage du moine, tantôt
celui de l'enfant. Le cheval, après avoir longtemps frémi
C. De payer, après le décès des usufruitiers, la pension
annuelle et viagère de deux cents francs, léguée Ver-
racire (Colette), domestique;
D. De payer, également après la mort des usufruitiers,
les frais d'exonération des services religieux mentionnés
ci-aprcs; les autres frais et charges de la succession, ainsi
que de tous droits quelconques du chef de l'hérédité du
défunt, demeurant la charge de ses deux sœurs, DeSodt
(Marie et Colette), auxquels sont légués celte fin des
biens meubles et immeubles particuliers.
2° Le conseil de fabrique de l'église de S' Berlin Po-
peringhe, accepter la fondation de sept inesses célé
brer perpétuité vers l'époque anniversaire du décès du
sieur DeSodt jlves-Dominiquc-François), pour le repos des
âmes des parents, frères et sœurs du testateur, lesquelles
messes sont la charge des usufruitiers prénommés, et,
après leur décès, la charge de la commission adminis
trative des hospices eivils de Poperinghe.
On lit dans le Modérateur
L'idée de faire juger le comte et la comtesse
de Bocarmé, par la cour d'assises du Brabanl,
avait, assure t-on, undouble but, celui d'avan
tager le commerce de Bruxelles par affluence
d'étrangers, que les débats de cette affaire atti
reront nécessairement, et celui de permettre
\1. le procureur-général d'occuper le siège du
ministère public sans blesser aucune suscepti
bilité.
Nous ne comprenons pas, d'une part, celte
obstination faire tout pour la capitale au
détriment des chefs-lieux de province et nous
ne voyons d'autre part nul inconvénient ce
que M. de Bavay quitte quelques jours sa rési
dence royale pour venir lutter d'éloquence
avec les membres de notre parquet. Nous sou
haitons seulement que la comparaison qui ne
manquera pas de s'établir soit toute son avan
tage, tant sous le rapport de la logique que
sous celui de l'élocution; mais ce quoi nous
tenons beaucoup, c'est qu aucune avanie ne
soit faite notre province au profit de tel ou
tel intérêt privé, sous prétexte d'une suspicion
que rien ne justifie.
On lit dans le Courrier de l'Escaut Quel
ques journaux du pays ont parlé de la décou
verte faite au château de Bury, d'une cachette
renfermant une quantité considérable d'instru
ments et d'appareils de chimie. Nous croyons
être même de compléter cet égard les ren
seignements de nos confrères.
Dès les premiers jours de l'accident tragique
arrivé au château de Bury, la justice avait
acquis la conviction qu'il renfermait un labo
ratoire de chimie Des gendarmes, laissés com
me gardiens du château, avaient reçu l'ordre
de faire toutes les recherches nécessaires pour
le découvrir. Ces recherches furent vaines. Ils
avaient inutilement visité tous les apparte
ments, creusé les terrasses du château, vidé les
étangs, dans l'espoir d'y trouver quelques-uns
des instruments qui avaient dû, dans la suppo
sition d'un crime, servir la préparation du
poison. On sut bientôt pourtant dans quelle
chambre se tiouvait l'entrée de la précieuse
cachette. Mais ce fut inutilement encore que
les magistrats instructeurs, qui s'étaient rendus
sur les lieux, examinèrent attentivement tou
tes les parties de cet appartement dont le par
quet, fait en bois de deux couleurs, ne laissait
d'impatience et d'ardeur en voyant s'éloigner les caval
cades, s'était enfin résigné, et, le cou tendu vers son
maître, il le flairait de ses larges naseaux, comme pour
le réveiller.
Tout-à-couple visage du vieillard se couvrit de lumière;
ses lèvres exprimèrent un sourire ineffable les beaux
yeux du page s'étaient ouverts, et leur doux rayon avait
jeté la joie sur les traits du moine. Ange de Lamorge
voulut parler il se redressa vivcmpnt, et jetant les bras
au cou de son sauveur, il le serra de toutes ses forces,
sans trouver un seul mot lui dire.
Le moine posa un doigt sur sa bouche, en signe de
silence, et le cher enfant y répondit par un sourire plein
d'intelligence et de tendresse.
Où suis-je demanda-t-il. Vous vous êtes
évanoui lors du passage de la reine, mon fils, et j'ai eu
le bonheur de vous secourir. Voilà votre beau cheval,
que ce brave homme vous a gardé. Courez au château
rassurer votre maître, qui m'a donné cette pièce d'or
pour vous bien soigner. Tenez, reprenez-la une si grande
richesse m'est interdite.
Ange passa ses mains sur son front, et dit
deviner aucune issue.
On dut comme dernier moyen, recourir la
pioche, et, après quelques coups donnés dans
le parquet, on découvrit enfin une première
cachette haute de 4 pieds environ, large et
longue de 9 10 pieds, qui se trouvait entre
le plancher de l étage et le plafond du rez-de-
chaussée. Mais pas un seul instrument, pas une
seule substance ne fut trouvée dans cette ca
chette. On -constata facilement que, dans un
coin de celte cachette, naissait une ouverture
horizontale longue d'uue vingtaine de pieds,
large et haute d'un pied et demi.
Un corps brillant y fut aperçu et un gen
darme s'y étant introduit plat ventre, armé
d'une lumière, en tira une corne de grande
dimension. Un des magistrats, s'y étant intro
duit son tour, trouva le passage obstrué par
la présence d'une gitle fort épaisse et que tout
semble indiquer être contemporaine du reste
de l'édifice. 11 lui fut possible pourtant de con
stater qu'au-delà de cette poutre était un nou
veau réduit rempli d'appareilset d'instruments,
La poutre fut sciée et l'on put entrer dans cette
deuxième cachette dont les dimensions, en
hauteur, et en longueur, sont les mêmes que
celles de la première et qui se trouve entre
deux étages d'une des tours romaines du
château.
Cent cinquante deux cents instruments de
chimie, bocaux, appareils, etc y firent
trouvés, tous, du reste, dans un état surpre
nant de propreté et complètement vides de
toute substance. Ce qui ajoute au mystérieux
de ces détails, c'est que, jusqu ici, il a été im
possible de découvrir l'entrée particulière de
ce laboratoire, malgré les recherches les plus
actives. Ce qui a lieu de surprendre également
cest qu'on n'ait trouvé'aueuii livre, aucun ou
vrage de chimie dans le château.
Quelques journaux ont affirmé que M'"8 de
Bqcarmé est en aveu. Nous croyons pouvoir
démentir ce bruit. Tout ce qui est vrai, c'est
que peu peu elle a perdu son indifférence
qu'elle manifestait dans les premiers jours de
son emprisonnement, et qu'elle paraît aujourd'
hui fortement affectée, ce qui s'explique, du
reste, parfaitement, sans qu'il faille en déduire
nécessairement la preuve d'uue culpabilité qu'il
n'appartient qu la justice de couslater.
Quant ,\1. de Bocarmé, le seul sentiment
qu'il éprouve, dit-on, est un ennui profond II
s'étonne de la durée de sa détentiou et semble
espérer qu'elle finira bientôt.
Enfin après quatre jours de pénible enfan
tement, l'Elysée a avorté d'un cabinet composé
comme suit
M. Rouher reste la Justice, M. Baroche
l'Intérieur, M. de Parieu l'Instruction publi
que, et M. Achille Fould aux Finances, M.
Drouyn de L'Huys est nommé ministre des
Affaires étrangères; M. le général Regnaud de
Sl-Jean d'Augely, ministre de la Guerre; M.
Théodore Ducos, ministre de la Marine et des
Colonies; M. Magne, ministre des Travaux pu
blics et M. Boujean remplace M Dumas au
ministère de l'Agriculture et du Commerce.
C'est vraije me souviens maintenant... Permettez
que je haise vos mains, mon bon père. Et, déposant deux
baisers sur les mains tremblantes, mais heureuses, de
Pierre de Lamorge, le page lui dit en souriant C'est
donc toujours toi, cher bon père! Où te reverrai-je?
Comment te quitter? Je t'aime tant Maintenant re
partez, mon ami, et reprenez cet or, dit tout haut le
vieil intendant, sans répondre la question de son fils.
Ange était debout. Il jeta la double couronne au paysan,
qui en demeura tout ébahi, et détachant un ruban rouge
et noir qui pendait son épaule, il le donna son père
en lui disant tout bas Souvenez-vous de moi... Puis il
sauta sur son cheval avec la légèreté d'un oiseau, salua
le bourgeois avec une grâce toute mignonne, mit sa
petite main sur ses lèvres en regardant le moine, et
partit avec la rapidité du vent, soulevant, comme lui,
des (lots de poussière.
Sainte Vierge, s'écria le bonhomme, je n'ai jamais
rien vu de si beau
Le moine répondit par un gros soupir, et regagna la
ville pas lents.
(La suite au prochain N°.)