EXTÉRIEUR.
LE CURÉ D'EVERGHEM.
Nous avons dans le temps exposé nos lec
teurs comment une loterie ayant été ouverte
Evergliem, pour l'érection d un hôpital, le pré
sident de la commission a reçu les fonds et leur
a donné une destination contraire l'intention
des donateurs.
Les habitants d'Everghem avaient cru, en
prenant des lots, contribuer la fondation d'un
hôpital, et M. le curé a, du produit de la lote
rie. bati une école.
Ils croyaientenrichirla communed'un établis
sement public auquel aurait été assurée celte
perpétuité de destination qui est le caractère
desjpropriétés de l'Etat, des communes ou des
administrations civiles de bienfaisance et
au lieu de cela il n'ont fait qu'enrichir un par
ticulier; ou pour mieux dire, un particulier
s'est enrichi leurs dépensd'une somme de
douze ou quinze mille francs, dont il a disposé
en propriétaire.
Et s'il est vrai de dire que ce particulier n'a
pas détourné la somme, pour l'appliquer ses
besoins personnels, puisqu'il a ouvert une
école publique dans un bâtiment élevé sur son
terrain, l'aide des sommes produites par la
loterie, il faut aussi ajouter que dans l'état
actuel des choses, ce détournement peut avoir
lieu du jour au lendemain, puisque l'école est
une propriété privée que M. le curé peut affec-
ter aujourd'hui des besoins publics et demain
des besoins personnels.
Depuis que nous avons exposé ces faits, ils
ont été l'objet d'une polémique entre le moni
teur et les journaux pour qui tout prêtre est
infaillible.
M. le ministre de la justice ayant dit la
Chambre que des ôiu'es'Svaient été empêchés,
par leurs supérieurs ecclésiastiques, de réaliser
leurs donations lisez xïstitutions) dans les formes
autorisées par les lois civilesYOryane des
Flandreia déclaré cette assertion radicalement
fausse.
Alors le Moniteur a prouvé par preuves offi
cielles ce qui s'était passé dans l'affaire du curé
d'Everghem, et toute personne impartiale a dû
reconnaître qu'il n'y avait fausseté et mensonge
que dans les dénégations de YOryane.
M. le curé dEoeryhem n a plus devers lui
les 12,000 francs produits par l'exposition;
dit ce journal.
S'il ne les a pas, c'est qu'il les a dépensés;
est-ce un motif pour ne pas les rendre
M. le curé ne le croit pas lui-même, car lors
qu'on lui a demandé de. les restituer, il a offert
de céder l'école comme un équivalent des
12,000 francs; mais lorsqu'on s'est agi d'arrêter
les clauses et conditions de la cession, il n'a
consenti la faire que sous des conditions inac
ceptables pour l'autorité civile, ce qui était
précisément comme s'il n'eut point consenti du
tout. Ceci se passait en 1848.
En 1850, nouvelles plaintes et celle fois-ci
le curé se montre plus traitable. Le gouverne
ment fait savoir M. le curé quelles condi
tions la resliluation (que YOryane s'obstine
appeler donationpourra se faire, le curé dé
clare qu'il n'y trouve rien de contraire la
religionmais que l'évêque doit être consulté.
M. Te bourgmestre se rend donc, d'après les
instances de M. le curé, chez Mgr. l'évêque,
auprès duquel il essuie le refus le plus formel
d'accéder aux propositions du gouvernement.
C'est dans ces circonstances que YOryane a
osé imprimer qu'il n'était pas vrai que des curés
auraient été empêchés, par leurs supérieurs ec
clésiastiques, de réaliser leurs donations lisez
toujours restitutions) dans les conditions pro
posées par le gouvernement. Qu'on juge
d après cela de la bonne foi d'un journal du
parti. [Messager.)
Le Courrier de Louvainrédigé sous l'influ
ence de l'université catholique, et qui doit être
assez bien informé, annonce que les évêque9 se
sont réunis le28 décembre, et qu'ils ont rédigé,
de commun accord, une lettre par laquelle ils
déclarent inacceptable l'invitation qui leur a
été faite par le gouvernement, conformément
l'article 8 de la loi sur l'enseignement moyen.
Il va de soi que le Courrier de Louvain accuse
le gouvernement d'avoir posé au clergé des
conditions intolérantes. L'opinion publique ap
préciera.
Les orateurs inscrits dans la discussion sur
l'ensembledu budgetde la guerre, sont jusqu'
ici, MM. Thiéfry, de Chimay. Osy, A. Duinon,
Liedekerke, A. Vanden Peereboom, Dumorlier,
Lelièvre et Manilius.
Quelques journaux ont fait courir des bruits
de dissentiments entre les différents membres
du cabinet, sur la question du budget de la
guerre. La somme de vingt-cinq millions fixée
par M. Brialmont comme le minimum auquel
pourrait descendre ce budget dans l'espace de
trois ans, n'avait pas, disait-on, rallié M. Frère,
qui penchait pour une réforme radicale, non
plus que M. le ministre de l'intérieur qui voyait
avec peine la désorganisation laquelle de
folles économies exposaient l'armée.
La déclaration si franche et si claire faite par
M. Rogier en réponse l'honorable prince de
Chimay, ne peut laisser subsister aucun doute
cet égard.
Le chiffre de 25 millions est, comme nous
venons de le dire, le minimum fixé par le mi
nistère; le budget ne pourra, en aucun cas, lui
être inférieur, mais ce chiffre, M. de Brialmont,
pas plus que M. Bogier ne le déterminent d'une
manière irrévocable, il reste entièrement su
bordonné l'avis qu'émettra une commission
composée d'hommes spéciaux chargée de l'ex
amen de cette question. si les conclusions de
cette commission, dit M. Rogier, démontraient
clairement au cabinet qu'on ne peut pas,
sans porter une grave atteinte la force or-
gaaique de l'armée, descendre au chiffre de
25 millions, eh bien, le cabinet restera libre
de délibérer.
Nous applaudissons franchement aux paroles
du ministre, elles attestent que jamais il n'est
entré, comme on l'avait dit, dans l'esprit d'un
membre du gouvernement, île sacrifier l'armée
la question financière. Quoiqu'en dise M.
Thiéfry, les chances de guerre sont loin de di
minuer chaque année et lés derniers événe-
nements qui se sont passes en France sont, pour
l'avenir, tristement significatifs. En ces circon
stances difficiles, il serait dangereux de jetter la
désorganisation dans notre belle armée. Tel
sera sans doute aussi l'avis de la commission.
(Gazette de Mons.)
La discussion qui s'est ouverte hier en
séance publique, sur le rapport de la commis
sion extraordinaire présenté par M. Lanjuinais,
ne laisse prévoir aucunement la solution de ce
débat. MM. de Goulard, Fresnau, Monet, ont
tour tour occupé la tribune, sans parvenir
passionner l'assemblée Deux discours, celui de
M Baroche et celui de M. Jules de Lasteyrie,
ont seuls produit quelque impression. M.
Baroche a été habile et a, assez adroitement,
arrangé les affaires du ministère. Mais M. de
Lasteyrie a détruit eu partie l'effet obtenu par
le ministre de l'intérieur. Sa harangue n'a été
qu'une longue récrimination contre le pouvoir
exécutif, une énuméralion des griefs de ras
semblée, où il a fait appel aux rancunes de
celte dernière.
Il est cependant impossible de rien préjuger
et il ne faudrait pas s'étonner, au milieu des
divisions qui se manifestent au sein de l'assem
blée, que l'ordre du jour pur et simple fut
adopté.
Ce qui est positif c'est que les conclusions
du rapport Lanjuinais paraissent moins que
jamais avoir des chances d'adoption, la gauche
ne voulant aucun prix voter la glorification
du général Changarnier. On parle de la pré
sentation, au dernier moment, d'un ordre du
jour où il ne scraif pas question du général et
qui se bornerait exprimer la défiance de
l'Assemblée envers le ministère. Mais cela ne
suffit pas la gauche qui voudrait motiver
expressément cette défiaace par les teudances
anti-républicaines du cabinet. Comment obte
nir ce vole des deux fractions monarchiques
qui doivent s'unir la gauche pour former la
majorité contre l'Elysée.
Dans le camp modéré la division n'est pas
moindre.-Le parti légitimiste est celui qui, en
ce moment, paraît offrir le plus d'union. Peut-
être encore cette union est-elle plus appa rente
que réelle.
Quoiqu'il en soit, si le ministère ne sort pas
très-glorieux de la bataille engagée en ce mo
ment au sein de l'assemblée, celle dernière, de
son côté, y aura plus perdu que gagné
Quant l'attitude des masses, elle est tou
jours calme, mais ses sentiments pour le prési
dent se traduisent plus vifs et plus ardents que
jamais. Dans une seconde visite que le prince
Louis a faite avant-hier l'exposition de pein
ture, |a foule l'a salué avec des témoignages
d'une sympathie si énergiquement spontanée
qu'il n'était pas difficile d'y reconnaître une
approbation nette et décidée de la conduite du
président dans les circonstances actuelles.
On écrit de Liège, 14 janvier
M. Jacques-Hyacinthe Fabry, président ho
noraire la cour d'appel de Liège, est mort
hier, l'âge de 92 ans. C'était le dernier débris
de cette phalange d'anciens Liégeois qui em
brassèrent, les premiers, dans notre vieille cité,
les principes glorieux de la révolution de 89,
et qui les firent triompher par la fermeté de
leur patriotisme et par l'ascendant de leurs ta
lents et de leurs lumières. Mêlé aux grandes
luttes de celte époque, il sut toujours se conci
lier le respect et les sympathies de ses conci
toyens par l'intégrité de son caractère, par son
désintéressement et par l'aménité de ses mœurs.
^annni^
On lit dans Y Ami de l'Ordre
On assure que le pont de Ham, qui est main
tenant assis sur les deux anciennes culées,
subira l'expérience définitive jeudi prochain,
pour être enfin livré la circulation.
La pose définitive de ce pont s'est exécutée
d'une manière forte et sans aucun accident.
Comme nous l'avons dit,il setrouvail placé au-
dessus de la rivière, sur un plancher provisoire
et sur de forts rouleaux. Pour l'enlever de ce
aoinl d'appui et le laisser descendre sur les an
ciennes culées, on a amené en-dessous du pont
un bateau rempli d'eau et portant une forte
charpente élevée la hauteur exigée. Ce bateau,
aarfailement placé en-dessous du pont, a été
vidé et est venu soulever le pont d'un côté
immédiatement on a dégagé tous les points
d'appui provisoiresle bateau a été rempli
d'eau, et le pont est descendu d'un côté sur sa
aase définitive. La même opération s'est faite de
'autre côté et le pont a été descendu au niveau
voulu.
FRANCE. Ptuis, 14 JanvierOn dit que les
représentants du parti légitimiste reçoivent tous les jours
des lettres pressantes, venues de tous les départements.
M. Berryer, entr'autres en est littéralement accablé. On
attribue, ces encouragements, l'excitation du parti légi
timiste et les paroles significatives prononcées par M.
Berryer la tribune Le moment est venu de dire la
vérité au pays.
On commence craindre que le mot attribué au pré
sident depuis longtemps Si la majorité me manque,
je passerai aux rouges, soit autre chose qu'une boutade.
Plusieurs insinuations des journaux élyséens et l'article
de la Presse de ce matin, viennent confirmer, en quelque
sorte, ces soupçons; c'est ce qui explique la méfiance du
conclave sctcialistc.
Les amis du président, je parle de ceux qui poussent
en avant, croient que le général Changarnier sera bientôt
oublié. On avait, disent-ils, parlé de démission et il n'en
est plus question. Tous les officiers d'état-niajor de la
garde nationale restent, même ceux qui par leur position
de fortune devraient être les plus indépendants.
Le Constitutionnel donne l'étrange nouvelle que voici:
Le sieur Allais a envoyé son désistement du pourvoi
qu'il avait formé contre le jugement du tribunal de
police correctionnelle qui l'a condamné un an de
prison pour dénonciation calomnieuse. On annonce que,
dans la lettre qui accompagne cc désistement, il décla
rerait avoir été l'instrument et la victime d'une intrigue
conduite par M. Yon. On ajoute que le sieur Allais doit