JOURNAL DTPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. M01,014. 10e Année Jeudi, 23 Janvier 1851. Vires acquirit eundo. INTÉRIEUR. LUS DEftNIËlKS KERVgN. ABONNEMENTS: Ypres (franco), par trimestre, 5 francs 50 c. Provinces, 4 francs. INSERTIONS: Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne: 50 centimes. Le Progrès parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies. Ypres, 33 Janvier. 21 Janvier 1851, 4 heures de relevée. La démission du général Brialmont, de ses fonctions de Ministre de la guerre, vient d'être acceptée par le Roi, et M. le Ministre de l'intérieur, Rogier, est chargé, provisoirement, du portefeuille de la guerre. Lescinq ministres, collègues de M. Brialmont, conservent donc leurs fonctions. Mais toutes les difficultés ne sont pas aplanies par suite de l'exercice de la prérogative royale. C'est dans le parlement qu'il faudra, de nouveau, engager nos amis politiques ne plusse laisser dominer par leurs inspirations personnelles ou par des idées préconçues, mais les inviter, au nom des intérêts du parti dont ils sont les mandatai res concilier mieux les exigences de la politique générale et les vœux de l'opinion pu blique, qui, quoiqu'on en puisse dire, ne veutpas l'annihilation, ni la désorganisation de l'armée. On lit dans le Moniteur z. Hier, la chambre s'est réunie une heure et demie. M. le ministre de l'intérieur a fait con naître que ses collègues et lui ont eu l'honneur de signaler au Roi la divergence qui existait entre eux et M. le ministre de la guerre. La chambre a ajourné mardi la suite de la dis cussion du budget de la guerre. Voici comment VIndépendance rend compte de cet événement Par suite des divers incidents qui ont signalé jusqu'ici la discussion du budget de la guerre, les ministres viennent d'adresser leur démission au roi. Voici les leimes de la déclaration dont M. le ministre de l'intérieur a donné lecture l'ou verture de la séance M. Rogier, ministre de l'intérieur. Au début de cette discussion, M. le ministre de la guerre a donné lecture la chambre d'une déclaration qui avait été, après mûre délibération, rédigée et arrêtée de commun accord entre ses collè gues et lui. le serment. Après avoir poussé les verroux derrière elle, Margaret, se tournant vers le page, qui la regardait en silence et tête nue, mit le petit doigt de sa main gauche sur ses lèvres, et dit, d'une voix émue: Venez Le page s'avança jusqu'au milieu de la chambre. L'appartement de la comtesse était situé dans la tour qui formait l'angle nord-ouest de l'aîle du château habité par la reine. Deux fenêtres ogives, précieusement ornées de vitreaux peints, s'ouvraient snr le fleuve. Les tentures étaient de damas, les meubles de velours, et les pieds mignons de la divinité de ce petit temple marchaient sur un épais tapis. La comtesse s'accouda contre la croisée, et dit au page: Je vous écoute. Peut-on parler sans danger, Madame?Oui, nous sommes seuls, et l'épaisseur de. celte muraille la rend sourde parlez... Mademoiselle de Rosières baissa les yeux malgré elle devant le bel enfant. Oh je comprends, je comprends tout maintenant, D'après les discours qu a prononcés ensuite M. le ministre de la guerre, nous avons eu le regret d'avoir constater entre lui et nous une divergence qui n'a pu échapper la chambre elle-même. A la suite de la séancef d'hier, nous avons eu l'honneur de signaler S. M. cet incident, en la priant de vouloir bien aviser. La chambre appréciera, si dans l'état actuel des choses, il ne serait pas convenable d'ajour ner la discussion du budget de la guerre un jour qui sera fixé ultérieurement. La chambre ne tiendra pas séance lundi. Mardi, elle procédera la nomination d'un membre de la cour des comptes en remplace ment de M. Hubert. Elle abordera ensuite l'examen des traités de commerce conclus avec les républiques de l'Amérique du sud, et, s'il y a lieu, celui de la loi sur le régime hypothécaire. Hier, une heure, les ministres l'exception de M. le ministre dé la guerre, se sont réunis au ministère de l'intérieur. A deux heures, M. le ministre de l'intérieur s'est rendu Laeken auprès du Roi, appelé par S. M. On lit dans le Messager L'inexpérience politique du général Brial mont et les actives obsessions dont il a été l'objet ont porté leur fruit la démission du ministère est aujourd'hui officielle. Il ne faut cependant pas s'exagérer lo carac tère de cette crise, ni sa gravité, ni sa portée. Si la démission de M. Brialmont est irrévo cable, parce qu'elle était nécessaire, il n'en est pas de même de la démission de ses cinq col lègues. Celle-ci n'est qu'un acte de déférence, exagérée peut-être envers le Roi, auquel on a voulu laisser ainsi la plus complète liberté de décision. Mais lorsque cinq ministres sur six persistent invariablement dans les vues qui ont présidé la formation Hu cabinet; lorsque cinq ministres sur six maintiennent fermement le programme qui a reçu l'assentiment du Roi lorsque, der rière ces ministres, se presse la majorité la plus nombreuse, la plus compacte, la plus populaire qui ait jamais été en Belgique, certes l issue de la crise ne saurait être douteuse. Madame, et je l'excuse en tout... sa place, je serais déjà fou comme lui. De qui parlez-vous, Monsieur? De mon ficre De votre frère? répéta Margaret avec ctonnement... Oui, Madame, d'un frère que j'aime autant que vous l'aimez. Margaret mit sa main sur ses yeux et soupira. Son nom dcmanda-t-èlle avec effort. Le che valier de Kerven. C'est bien, c'est bien, s'empressa de dire la comtesse... Vous l'avez vu Je le vois tous les jours. Tous les jours s'écria Margaret, tous les jours Et, après une pause Mais le chevalier n'a pas de frère. Il en a un qui lui tient par le cœur, si ce n'est par le sang; et c'est moi, Madame, moi son ami, son confident. Son confident Ne vous troublez pas il me connaît, lui. Vous êtes si jeune? Chacun le dit mais je sens là que je peux tenter bien des choses et mon frère, qui a déjà éprouvé ce cœur, m'a donné sa confiance, comme vous son amour. Mais, la preuve? demand. Margaret voix basse. Tenez, répondit le page en offrant la comtesse une petite bague de turquoise encadrée de brillants. Ah bonheur bonheur s'écria la jeune tille. Régulièrement, il.eût suffi que M. Brialmont se retirât. Il était le seul dissident au sein du cabinet. Personne n'a varié, personne ne s'est rétracté si ce n'est lui. La politique du cabinet, laquelle il s'est librement associé, n'a été désavouée que par lui. Il est impossible de supposer qu'une volonté plus haute a pesé sur la conduite du général de Brialmont, puisqu'il est notoire que le Roi lui-même l'a engagé entreprendre la tâche patriotique et intelligente de réduire le budget de la guerre au chiffre transactionnel de vingt-cinq millions. Tout se réduit donc remplacer M. Brial mont. Mais c'est ici que la difficulté commence, s'il faut en croire des rumeurs qui circulent. Il y aurait, dit-on, une coalition entre les géné raux de l'armée, qui tous refuseraient le porte feuille de la guerre. Pour notre part, cette difficulté nous effraie fort peu. Elle n'a rien de nouveau d'ailleurs. Elle s'est présentée lorsque le général De Liem a été renversé en 1843, par MM. Brabant, de Theux et consors sur le refus de divers géné raux, M. le colonel Dupont a été nomméministre de la guerre. Ce qui s'est fait alors, se fera aujourd'hui. S'il en était autrement, qu'arriverait-il? un changement de cabinet? Il n'est pas possible sans un changement de politique. Un change ment de politique Il n'est pas possible sans un changement de majorité. Or. un changement de majorité suppose trois choses corrélatives, intimement et fatalement enchaînées, mais, grâce Dieu, également impossibles une dis solution faite contre les libéraux par un minis tère catholique la résurrection d'une majorité cléricale dans les chambres; le soulèvement de toutes les forces vives du pays contre un gou vernement qui serait plus encore qu'un ana chronisme et un défi. Nous apprenons que M. Verhaegen a été appelé aujourd'hui chez le Roi. Nous reproduisons textuellement, d'après le Moniteurles deux lettres communiquées, hier, la chambre, par M. le miriistie des finances, relatives aux conditions sous lesquelles le portefeuille de la guerre a été offert au général Brialmont et accepté par lui, en août i85o Elle pressa la bague sur ses lèvres, la couvrit de bai sers, et, s'emparant des mains délicates de l'ange qui lui parlaitelle les s^rra convulsivement dans ses mains velou tées; puis une pensée triste vint l'assaillir, et ses deux bras retombèrent, en même temps que, d'une voix cha grine, elle murmura ce reproche d'amour Comment a-t-il pu s'en séparer Pour que vous puissiez me croire... Parlez, parlez donc oui, je vous crois. A votre âge, avec votre candeur, pourrait-on tromper une pauvre femme aussi malheureuse que moi? Parlez, petit ami, ajouta tendrement la douce comtesse, qui, dans l'élan de son âme, caressait le messager de son bonheur. Comment vous noinme-t-on d'abord Ange... Ange de Lamorge. Quel nom et comme il vous va bien! Pouvait-on vous en donner un autre? D'où êtes-vous Du château de Kerven. Grand Dieu s'écria la comtesse, où me transportez-vous c'est devenir folle. Comment, vous êtes chez la reine Page du vieux comte de Kerven, dont mon père est le plus ancien compagnon de guerre et de malheur... Oui, de malheur, interrompit Margaret. Je suis parti du château la suite du chevalier; nous avons tous deux abandonné nos vieux pères... nous avons commis ce crime, Madame, lui pour vous, moi pour lui. Pauvre

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Le Progrès (1841-1914) | 1851 | | pagina 1